Rechercher dans ce blog
lundi 26 août 2013
26 août***Nous, les vieux
C'est le jour du départ : Strasbourg - Paris avec une étape réjouissante à Saint-Dié pour déjeuner avec G et A, qui sont venus nous voir à Lisbonne au printemps. Le ciel est rempli d'un gris d'hiver peu engageant. Je suis chez I et P dans un petit village pas loin de Strasbourg. Heureusement, le vert mouillé de la campagne compense un peu la grisaille de l'espace. Je me suis réveillé comme tous les matins depuis un mois environ avec des douleurs sciatiques à gauche assez handicapantes : les premiers mouvements sont difficiles. J'ai pris mon Ibuprofène habituel et maintenant ça commence à aller mieux.
Hier et avant-hier nous avons célébré les 70 ans de Martine. Nous étions une quarantaine dont beaucoup d'enfants, la troisième génération. Ce fut gai et chaleureux avec des mets délicieux et des vins choisis par D en fin connaisseur et qui furent très appréciés par toute la famille. Dans cette assemblée, nous étions les "vieux", nous discutions de nos problèmes de santé, de nos corps qui s'usent et se fatiguent plus vite, bref, nous discutions de ce dont les vieux discutent. Et de bien d'autres choses également, bien sûr. Mais le ton de ces discussions est intéressant. Un peu distancié, avec une sorte d'ironie latente et tranquille.
vendredi 23 août 2013
23 août
Réveil vers 7h30 aujourd'hui, avec ces douleurs sciatiques qui ne cessent pas. J'ai fini aujourd'hui la boîte de 30 comprimés d'Ibuprofène que j'avais achetée à Burgos au début de notre périple. Un comprimé le matin et un autre le soir. Les comprimés sont très efficaces mais je ne sais pas si c'est très bon de se bourrer ainsi d'Ibuprofène. C'est le jour du départ. Nous allons à Barr, voir nos amis, D & D. Isabel tient beaucoup à manger une tarte flambée. Et Charlotte pourra retrouver son amie Clara. Dernière étape avant Strasbourg.
jeudi 22 août 2013
Le bois de cade
Voilà : j'ai apparemment résolu le problème de l'écriture sur iPad. Nous sommes toujours chez Francis et Madeleine à Margerie dans la Drôme provençale. La maison est magnifique. Elle est habitée par des amis merveilleux. Derrière la maison, il y a des bois de chênes qui sentent bon la Provence. Francis m'a montré arbustes et arbres appartenant à l'espèce cade dont j'adore le parfum boisé. C'est dommage que l'Occitane ait abandonné la fabrication de son eau de toilette "cade". Je vais en ramener quelques cubes, que Francis m'a découpés à la machine, à Lisbonne. À mettre dans les armoires pour parfumer délicatement les pulls et les chemises.
Les ennuis associés au traitement de mon cancer semblent se réduire peu à peu. Je n'ose pas encore faire de grandes ballades mais je progresse.
J'ai repris la lecture de Tristram Shandy de L. Sterne, en anglais. Sterne était un grand ami de Diderot semble-t-il. Dans Tristram Shandy, l'auteur s'adresse en effet au lecteur, un peu à la manière de Diderot. C'est tout à fait fascinant. Je reviendrai sans doute sur ce point ultérieurement.
jeudi 15 août 2013
15 août : Nice
Notre première nuit à Nice. Nous sommes dans un endroit magnifique avec une vue splendide sur la ville et la mer. Charlotte est ravie. Isabel l'a emmenée à la plage. Elle trouve la température de l'eau trop élevée. Ça la change de la mer à Lisbonne. Je me sens de plus en plus à l'aise avec l'état de mes tripes. Je mange décidément de tout et c'est généralement délicieux.
Je ne me sens pas encore suffisamment familier avec l'usage de l'iPad pour reprendre l'histoire du vieux grigou. Dès que je pourrai reprendre l'histoire, je m'y remettrai.
mercredi 14 août 2013
Marseille
Ce matin, nous allons quitter Arles pour nous diriger vers Marseille où nous irons voir le nouveau musée, le Musée européen des Cultures d'Europe et de la Méditerranée. Cela va nous prendre un certain temps, évidemment. La journée s'annonce très belle. Il faudrait cependant qu'Isabel et Charlotte se bougent un peu si l'on veut ne pas arriver trop tard à Nice. Finalement ce voyage se passe plutôt bien malgré quelques déboires dont celui de la noyade de mon MacBook Air. Dés que j'en aurai la possibilité je téléphonerai à C.
mardi 13 août 2013
Arles
Nous sommes maintenant à Arles chez une cousine germaine d'Isabel. Il fait très chaud. Nous avons visité le centre ville très rapidement et maintenant je vais me mettre à la cuisine pour préparer une salade liégeoise. Ma santé est encore quelque peu problématique. Je me fatigue plus vite que d'habitude. Et j'ai toujours des problèmes d'élimination. Vivement que cela revienne un peu plus nettement à la normale.
dimanche 11 août 2013
11 août 2013 : Données perdues ?
Nous sommes toujours à Pont de l'Arn. Il fait très beau et les cigales se font entendre. Charlotte et Isabel profitent bien de la piscine. Sur le plan santé, je continue à me réparer. Mon corps réagit bien aux changements de régime. Je mange maintenant tout à fait normalement. Je ne fais plus attention.
Malheureusement, mon ordinateur est toujours bien malade et je crains fort qu'il faille en changer. Cela m'embête beaucoup aussi bien sur le plan financier que sur le plan des données que je vais perdre. Il y a mon travail de traduction en cours, mais aussi et surtout, tous mes emails depuis deux ans. Je n'ai aucune idée sur ce que je vais pouvoir récupérer.
samedi 10 août 2013
Chez Geneviève
J'ai passé une très bonne nuit à Pont de l'Arn. Ce qui est problématique, c'est le réveil et le nerf sciatique de ma jambe gauche qui me fait cruellement souffrir. Je combats la douleur avec de l'Ibuprofène mais ce n'est pas idéal. Le ciel est tout gris mais d'après la météo cela devrait se lever dans la journée. Il est déjà dix heures et rien ne se passe.
Nous avons retrouvé ici la maison où nous avons passé le dernier Noël en famille. C'est tout différent en été. Les arbres ont restauré l'épaisseur de leur feuillages ce qui limite l'horizon. On se sent plus chez soi. Les fleurs sont magnifiques et on ne voit plus les chevaux du voisin. Par contre il y a beaucoup de mouches, sans doute en raison de la proximité des chevaux.
Un sosie de 77 ans ? Mon double ! Marié à cette jeune femme de toute beauté ? Je me demandais comment cela pouvait être possible d'avoir un double, un "même que moi" qui ne soit pas moi. Comme quoi il est difficile de ne pas se sentir unique, absolument singulier, ce que nous sommes sans doute.
Nous avons retrouvé ici la maison où nous avons passé le dernier Noël en famille. C'est tout différent en été. Les arbres ont restauré l'épaisseur de leur feuillages ce qui limite l'horizon. On se sent plus chez soi. Les fleurs sont magnifiques et on ne voit plus les chevaux du voisin. Par contre il y a beaucoup de mouches, sans doute en raison de la proximité des chevaux.
Un sosie de 77 ans ? Mon double ! Marié à cette jeune femme de toute beauté ? Je me demandais comment cela pouvait être possible d'avoir un double, un "même que moi" qui ne soit pas moi. Comme quoi il est difficile de ne pas se sentir unique, absolument singulier, ce que nous sommes sans doute.
vendredi 9 août 2013
Le vieux grigou
Grâce aux deux informaticiens qui existent dans cette maison où nous venons d'être accueillis, je vais pouvoir reprendre l'écriture de mon blog à partir de mon iPad car mon ordinateur n'est plus vraiment praticable. Mais maintenant il est un peu tard et je vais aller me coucher. Demain, très certainement je poursuivrai les aventures du vieux grigou de 77 ans qui se prend pour Tintin.
mardi 6 août 2013
Burgos
Nous sommes arrivés hier soir vers 20h à Burgos, ville que je ne connaissais pas et qui a une magnifique cathédrale que vous pouvez admirer sur la photo ci-jointe. J'avais choisi un hôtel pas cher, juste pour dormir, tout près de l'Université, l'Hôtel Campus Tavern avec parking et tout ce qu'il faut. Un peu bruyant peut-être mais comme nous étions fatigués nous avons dormi comme des loirs, dorminoir de dorminoir.
Avant de nous coucher nous sommes allés au centre ville pour manger, en fait grignoter des tapas. Charlotte a pris une glace au yogourt comme dessert et Isabel a pris des churros trempés dans une tasse de chocolat fondu.
Avant de nous coucher nous sommes allés au centre ville pour manger, en fait grignoter des tapas. Charlotte a pris une glace au yogourt comme dessert et Isabel a pris des churros trempés dans une tasse de chocolat fondu.
* * *
Koktowicz et Mareskov sortirent de la voiture et entamèrent un long dialogue philosophique sans queue ni tête pour savoir si la beauté pouvait s'apprivoiser ou non. Pendant ce temps-là, j'abordais l'inconnue aux yeux d'émeraude et je lui demandais si elle connaissait les deux olibrius qu'elle semblait craindre si intensément, comme je l'avais cru à l'aéroport.
"— Non, non, me dit-elle, je ne les connais ni d'Eve, ni d'Adam. C'est vous qui m'avez fait peur. En effet vous êtes le sosie du détesté mari que j'ai abandonné récemment alors que nous faisions notre voyage de noces en Espagne. C'est à Burgos justement, que je l'ai laissé tomber, ce vieux grigou !"
Cet aveu m'a laissé pantois. "—Cette histoire est décidément très étrange, me disais-je."
lundi 5 août 2013
Orages ?
Il est 8h20. Isabel et Charlotte dorment encore. Nous avons préparé les valises. Elles se sont couchées très tard ce qui veut dire que nous ne pourrons sans doute pas partir avant 11h/midi. Nous prenons un minimum de bagages. Ce soir nous devrions être à Burgos et y dormir. Le lendemain, nous devons arriver chez CM. J'espère que nous n'arriverons pas trop tard.
Nous quitterons une Lisbonne nuageuse et presque fraîche. Il faut dire que cela peut changer pendant la journée. J'ai appris que des orages importants avaient noyé la Gironde et détruit 4000 hectares de vignes.
Nous quitterons une Lisbonne nuageuse et presque fraîche. Il faut dire que cela peut changer pendant la journée. J'ai appris que des orages importants avaient noyé la Gironde et détruit 4000 hectares de vignes.
* * *
C'est vrai me disais-je, la beauté ne cache rien : aucun détail ne se fait remarquer comme tel, le moindre de ses éléments participe de façon pertinente à l'ensemble sans pour autant se dévoiler en tant que tel. Bien sûr que l'on peut examiner les choses de plus près, évaluer chaque détail justement et se perdre dans cette évaluation. Séquencer l'examen, déconstruire l'intemporalité du beau, analyser ses propres émotions pour mieux comprendre ce qui les suscite, mettre en oeuvre une sorte de réflexivité esthétique propre à nous domestiquer nous-même par rapport à la beauté. Mais cela restera, malheureusement, notre affaire, exclusivement. La beauté ne se partage pas. Elle s'offre toute entière sans rien donner d'elle-même.
Koktowicz et Mareskov sortirent de la voiture à leur tour.
dimanche 4 août 2013
4 août : Départ
C'est demain le grand départ. Je ne suis pas complètement rassuré. Certes, j'ai l'impression que je vais de mieux en mieux mais, jusqu'ici, je suis principalement resté chez moi, avec de temps en temps, des sorties pour des courses ou des restaurants mais sans jamais rester très longtemps à l'extérieur. Or je sens bien que tout n'est pas revenu à la normale. Loin de là. J'ai encore de sérieux problèmes d'élimination. Bref, je crains un peu le voyage qui s'annonce. Ce qui est important c'est de rester zen. Mais parfois c'est impossible ! Or rester zen n'a d'intérêt que dans les situations où cela paraît impossible, justement.
* * *
Suite
L'écriture et la voiture s'arrêtent. Silence. Il est midi moins vingt. Un ange passe tranquillement au bras d'une belle femme aux yeux d'émeraude.
"— Est-ce elle ? demande Zvetan Koktowicz.
— Peut-être, répond le jeune homme en blue jeans.
— Arrêtez-la et demandez-lui ses papiers.
— Elle est vraiment très belle, dit Mareskov. Ce serait plutôt à nous de nous arrêter pour la contempler.
— La beauté est le contraire de l'intimité, dit Koktowicz.
La voiture étant arrêtée, je me glisse hors du coffre et me dirige en pensant vers l'inconnue.
samedi 3 août 2013
Fado
Nous sommes allés écouter le fado hier soir. De bonnes voix féminines et une cuisine très correcte. C'est une adresse à retenir pour la suite. L'endroit se situe dans le quartier de Sant'Ana, celui que nous habiterons quand nous aurons réparé la maison achetée il y a plus d'un an maintenant. Dans deux jours, nous partons pour ce voyage dans le sud et l'est de la France, à la rencontre des amis. J'espère que tout se passera bien.
* * *
Poursuivant l'écriture plutôt que la voiture, j'aurais pu me glisser subrepticement dans le coffre de la Jaguar où les trois hommes s'étaient engouffrés goulûment. Collant mon oreille à la paroi me séparant de l'habitacle, j'aurais entendu leurs propos :
"— Nous l'avons retrouvée. D'ailleurs, elle était à l'aéroport.
— Je l'ai entrevue en effet. Elle ne passe pas inaperçue. Pourquoi ne l'avez-vous pas arrêtée ?
— Elle n'a commis aucun délit, que je sache !
— Certes, mais elle pourrait se mettre à parler, comme Snowden !
— Voilà le danger : les gens font de cet espion au visage d'ange, un héros de la démocratie.
— Nous entrons dans un monde sans secret. Les lanceurs d'alerte vont se multiplier. Plus aucune honte ne retiendra le dévoilement des ombres de l'intime et des complots..."
vendredi 2 août 2013
2 août
Mauvaise nuit. Plusieurs réveils à 4h30, 4h42, 5h42, 6h42... Il faisait également trop chaud. Et puis, j'ai toujours mal à l'arrière de mes cuisses. S'agit-il de mes nerfs sciatiques ? Avant hier j'ai failli tomber à cause de ce problème. J'ai beaucoup de mal à porter des choses lourdes. Bref, à la veille d'un long voyage en France, ce n'est pas très rassurant. Je vais modifier mon régime.
* * *
(Suite)
Deux hommes aux visages patibulaires et basanés, habillés de noir passent juste derrière moi le seuil de la porte coulissante en verre dépoli. Ils sont grands comme des montagnes avec des ventres de barriques et des barbes de trois jours, gourmettes au poignet, apparemment sans bagages. D'où viennent-ils ? Où vont-ils ?
Ils sont attendus. Un jeune homme en blue jeans et T-shirt blanc, avec sa pancarte où figurent deux noms en lettres capitales : Z. Koktowicz et Y. Mareskov, s'avance vers eux interrogativement. Les deux compères hochent la tête en silence et tous trois se dirigent vers la sortie.
Entretemps, les yeux d'émeraude ont disparu dans le froufrou d'un sari tombé du ciel. Il est 11 h du matin. Je suis seul et disponible, je n'ai pas de gourmette au poignet et j'ai beaucoup de temps pour écrire ce qui va m'arriver.
Profitant des trois secondes pendant lesquelles je me prends pour Tintin, je saute dans un taxi en disant : "—Chauffeur ! Suivez cette voiture. "
jeudi 1 août 2013
1er août
Première nuit depuis longtemps sans nécessité de se lever. Première nuit également depuis au moins six mois ornementée d'un magnifique rêve érotique. C'est suffisamment rare pour que ça mérite d'être signalé. Ce matin, je vais conduire ma belle-soeur Elsa à l'aéroport. Elle s'envole avec sa fille Béatrice pour le Brésil. Et je pense qu'Isabel va passer toute sa première journée de vacances à la plage avec Charlotte et nos invités. Je me sens plutôt bien avec de l'énergie et des idées.
Toujours la même pelle qui racle le trottoir en face de notre immeuble. Lisbonne s'ébroue des fraîcheurs de la nuit pour se couler doucement dans la chaleur du jour. "Il fait déjà chaud", me disait Elsa quand je la conduisais à l'aéroport. Oui ! Nous atteindrons sans doute les 42° aujourd'hui. Mais il y a toujours de l'air à Lisbonne ce qui fait que même cette chaleur est supportable.
Toujours la même pelle qui racle le trottoir en face de notre immeuble. Lisbonne s'ébroue des fraîcheurs de la nuit pour se couler doucement dans la chaleur du jour. "Il fait déjà chaud", me disait Elsa quand je la conduisais à l'aéroport. Oui ! Nous atteindrons sans doute les 42° aujourd'hui. Mais il y a toujours de l'air à Lisbonne ce qui fait que même cette chaleur est supportable.
* * *
Pour essayer une idée de Fabien :
Lisbonne ! Une ville calme, qui ne se tourmente que de ses collines, pour une vie calme, loin des tourments professionnels qui m'ont tenu en haleine pendant 50 ans. A la sortie de la zone d'arrivée de l'aéroport, on ne peut s'empêcher de chercher du bout des yeux, dans cette foule d'accueil des voyageurs en attente de leurs proches, une personne improbable qui vous ferait des signes de bienvenue. Le prisme de mon regard scanne brièvement l'attroupement, s'attendant à rester suspendu à un regard familier. Il faut s'y résoudre : personne ! Une brève hésitation cependant en rencontrant des yeux d'émeraude dont l'expression d'attente est comme une invite à s'y perdre un instant. Une Indienne de Goha, sans doute, la goutte rouge de son bindi au centre de cette aspiration mystique qu'elle transmet. Mais... n'est-ce pas à ma vue qu'elle réagit soudain en écarquillant les yeux comme si, tout à coup, la peur transformait ses traits.
Instinctivement, je me retourne pour voir qui, à part moi-même, pourrait avoir suscité ce brusque changement d'expression, tout en prenant vaguement conscience, à l'instant même, du risque que cette curiosité sans objet me fait courir...
(à suivre)
(à suivre)
Inscription à :
Articles (Atom)