Les membres du CEIP qui sont allés à Mersch, au Lycée Ermesinde (LEM), du 18 au 20 janvier, ont été ravis de leur séjour. Nicole me disait qu'elle trouvait remarquable cette fluidité qui caractérise le fonctionnement du lycée. Quant à Richard, qui venait pour la première fois, il a évoqué, au cours de sa discussion avec Jeannot, l'élégance de l'école. Ces deux appréciations convergent. Mais que signifient-elles exactement ? Est-ce à dire que l'école traditionnelle pourrait être soupçonnée d'un fonctionnement grossier, ou vulgaire, ou brutal ? Certainement, ne fut-ce que dans la manière dont est gèré le temps et l'espace des élèves : sonneries signalant le début et la fin des leçons, mise en rangs par deux des élèves dès qu'il y a déplacement à l'intérieur ou à l'extérieur de l'école, évaluation chiffrée des performances, toutes ces habitudes qui sentent le militaire, ont quelque chose de brutal, voire grossier. Le LEM est un "lieu de vie", un lieu où la vie s'active d'elle-même à travers des mouvements dont les élèves sont responsables : ils savent à chaque instant où aller, quoi faire, non pas au nom de contraintes extérieures mais plutôt au nom de ce qu'ils ont choisi eux-mêmes de faire. Cette grande liberté de mouvement des élèves et du personnel enseignant et administratif, oblige à une sorte d'auto-discipline spontanée, directement associée aux contenus des activités.
Je suis avec grand intérêt ce qui concerne le lycée, mais je pense (tu le sais bien d'ailleurs) qu'il y a énormément de discours très sévères, très injustes, qui ne correspondent absolument pas à la réalité vécue dans les lycées, notamment en banlieue nord, mais qui sont utilisés par les médias, les possédants, les politiques, les membres des classes bourgeoises aussi, pour contribuer à la destruction de ces lieux de vie, comme si ce qui s'y passait ne méritait même pas d'être "sauvé". Bien sûr il y a des problèmes, mais au Lycée Feyder, par exemple, un lycée ghetto comme les autres, les enseignants et les élèves avaient fait des jardins élevé des abeilles, organisé des ateliers de réflexion hors horaires de classe, car ce lycée, comme d'autres, est un lieu de vie authentique.Ce sont les pouvoirs publics qui ont détruits le jardin, empêché la suite des ateliers. Il y a une lutte constante contre le mépris. C'est désespérant de transformer les lycées publics en figures repoussoirs, les enseignants en incarnations de l'autorité excessive, les lycéens en "malheureux" ou sauvages", et de voir que les intellectuels y contribuent. J'avais organisé des visites d'étudiants du supérieur dans ces endroits pour qu'ils réalisent. Je me souviens que certains en avaient presque pleuré, tant l'écart était énorme entre les préjugés et les rencontres qu'ils avaient faites. Blanquer n'a cessé de critiquer et attaquer l'enseignement public et de promouvoir des initiatives innovantes pour accélérer le virage vers le privé. Les choses se dégradent non pas parce que le système éducatif est défaillant par nature, mais parce qu'il y a une destruction systématique des services publics, en commençant par les endroits et les populations les plus stigmatisées et les plus pauvres. Il faut bien sûr expérimenter d'autres types d'éducation, d'autres lieux, mais il faut aussi soutenir l'enseignement public!
RépondreSupprimerJ'ai écrit trop vite, désolée pour les coquilles....J'ai écrit comme on répond dans une conversation, vite, tout de suite!
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