La table était ronde et avait trois pieds. Laurent L. et Eric V. étaient assis sur de jolies chaises canelées. Ils m'invitèrent à m'asseoir, moi aussi, avec eux. Lumières tamisées, vieilles dentelles, l'endroit était propice. Les lettres, inscrites en noir sur d'anciennes cartes de visite retournées, étaient déjà disposées en cercle, près du bord de la table. Un verre au milieu, prêt à se mouvoir presque tout seul sur le bois qui, à l'évidence, venait d'être ciré. La flamme des bougies vacillait doucement. Ce fut Laurent qui entama la séance en clamant, d'une voix forte et décidée : "Esprit, es-tu là ?" comme il l'avait écrit avec Eric dans son introduction. Nous avions tous les trois posé un doigt sur le verre retourné qui se mit à bouger. Je me suis demandé, toujours un peu sceptique, qui le poussait aussi fortement vers le "o", placé juste en face de moi. Le "u" suivit, puis le "i". J'entendais presque les battements de mon coeur et je voyais les veines se gonfler sur la tempe gauche de Laurent. Ce n'est pas tous les jours qu'on va à la rencontre de Diderot, de son esprit. Mais qui, mieux que lui, aurait pu ainsi répondre à l'appel de l'alphabet ?
Il ne faut pas, avec Diderot, s'attendre à des réponses programmées par un système quelconque.
Etc., etc.
Je vais peut-être modifier mon texte pour y inclure une introduction de ce type.