C'était hier soir. Tout ce qui reste de notre famille à part Dominique. Beaucoup de discussions qui s'en prennent à notre passé familial justement. Difficile de résister à ces références communes qui nous renvoient à l'enfance et à notre rapport aux parents. D'autant plus difficile que l'avenir est court pour chacun d'entre nous. Nous aurions pu discuter de nos projets respectifs, de notre vision des choses qui nous restent à faire. Mais non, c'est le passé qui s'impose avec des souvenirs que l'on croit communs et plus ou moins factuels alors que l'on s'aperçoit très vite qu'ils ne sont ni partagés ni partageables. Les événements ont des couleurs très différentes selon l'âge où on les a vécus, les lieux qu'ils évoquent, les rapports que l'on avait les uns avec les autres.
Il y a de quoi réfléchir surtout après la lecture de Sorj Chalandon, Profession du père. Cette catégorie que les élèves doivent remplir au cours des premiers jours de classe. Je me souviens du problème que cela posait à Fabien, Célia et Charlotte. "Socio-épistémologue" écrivaient-ils sans doute. Leurs professeurs demandaient des précisions. Mes enfants ne savaient quoi répondre. Quel embarras. Le livre de Sorj Chalandon est assez terrifiant : comment un père embrigade son seul enfant, son fils, son "conneau" comme il l'appelait, dans son délire, son goût des complots et des mystères, les services secrets, l'espionnage, l'assassinat de Charles de Gaulle... Un père délirant, fou. Et son fils qui finit par s'en tirer à peu près. Réparateur de tableaux malades.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire