Régis Debray était reçu, ce matin, à France Culture dans l’émission « Répliques » d’Alain Finkelkraut. J’ai trouvé leurs échanges intéressants mais, pendant toute l’émission, je me suis demandé comment un homme ou une femme du peuple, comment une personne ordinaire aurait pris leurs propos. Bien qu’ils se défendissent d’être des intellectuels, ce fut pourtant une discussion susceptible d’illustrer la quintessence même de l’intellectualisme, avec citations d’auteurs appropriés (Levinas, Heidegger, Hegel, Lénine, Blanchot, etc.), évocation de thèmes polémiques mais pas trop (le voile, l’affaire Dreyfus, la technique déshumanisante, la foi, la transmission, l’école, la communication), mais surtout le ton de ces deux interlocuteurs célèbres… comment dire ? un ton familier bet lisse d’École Normale Supérieure, un ton d’entre-soi satisfait qui aurait certainement fortement déplu à George Orwell. Je ne conteste pas les qualités d’intelligence de Régis Debray dont, il y a quelques années, j’ai défendu cette « médiologie », sortie toute armée de son cerveau. Ce qui m’a manqué ? Une sorte d’inquiétude latente qui rend la parole fragile, en manque de l’autre…
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