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jeudi 22 juillet 2021

Inégalité

 J’ai terminé hier soir la biographie de George Orwell de Bernard Crick. J’ai trouvé intéressant, en tant que fils d’écrivain, d’entrer ainsi dans la vie de quelqu’un pour qui l’écriture était une passion dévorante. Pas n’importe quelle écriture évidemment parce qu’Orwell est l’auteur qui a le plus approfondi les rapports entre littérature et politique. Son message le plus clair est de nous avertir des dérives totalitaires que notre civilisation occidentale recèle, comme on l’a vu tout au long du XXe siècle. Comment se prémunir contre de telles tendances ? Orwell avait des sympathies pour l’anarchisme. En fait c’est la critique de toute forme de pouvoir qu’il défend. Et je le suivrais volontiers sur cette voie. Le pouvoir est mauvais en soi. À ne pas confondre avec la puissance ou l’autorité. Le pouvoir est intrinsèquement lié à la manipulation d’autrui. Une communauté humaine pourrait-elle subsister sans que certains de ses membres ne soient animés d’un volonté de pouvoir sur les autres ? Pourrait-elle subsister sans la garantie d’un ordre qu’il est difficile de concevoir sans faire appel au pouvoir ? L’anarchisme prétend que oui : le pouvoir n’est pas nécessaire à la survie d’une communauté humaine, pourvu qu’il y ait généralisation de la « décence ordinaire », celle qu’Orwell identifiait dans le fonctionnement de la classe ouvrière. Ce qui s’oppose à cette généralisation c’est l’inégalité. 

En lisant cette biographie détaillée de George Orwell, j’ai beaucoup pensé à mon père et aux différences de leur parcours. Le problème avec mon père, c’est qu’il était croyant et que sa morale était rattachée à sa foi. Elle venait de l’extérieur. Chez Orwell, on a l’impression que son sens moral était immanent, comme faisant intégralement partie de sa personnalité étrange, comme tous ceux qui l’ont rencontré en témoignent. Certains voyaient lui un « saint » en raison de cette droiture austère qui caractérisait son comportement. Ce qui est clair c’est qu’il ne faisait jamais rien pour la galerie. Jamais le moindre comportement de séduction, de mise en spectacle de son propre personnage. Cette austérité l’a condamné à beaucoup de solitude mais il semblait s’en accommoder sans jamais s’en plaindre. 

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