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vendredi 30 juillet 2021

Tubeuf

 Mon ancien professeur de philo, André Tubeuf, vient de mourir à l’âge de 90 ans. Ce que ne dit pas Le Monde dans son article d’aujourd’hui, c’est comment ce philosophe charmait ses élèves avec des vocalises en voix de tête dignes des plus célèbres « divas » du moment. Il nous avait déjà dit un jour que son plus grand espoir, c’était qu’une « diva » tombe malade juste avant la représentation d’un opéra à Strasbourg pour qu’on fasse appel à lui pour la remplacer ! J’avoue que je regrette de n’avoir pas su profiter complètement de ses cours. J’ai déjà évoqué le souvenir de ce grand professeur le 24 janvier 2019 alors que j’écoutais une émission qu’il animait sur France Culture. Il avait été nommé au Lycée Fustel de Coulanges de Strasbourg en 1957 et c’est à la rentrée 59 que j’ai commencé à suivre son enseignement. J’avais 17 ans. Je me souviens de ce premier trimestre difficile. C’était l’époque de la maladie de ma mère ; elle souffrait beaucoup. Nous nous relayions à l’hôpital pour la veiller jour et nuit. C’est l’une des périodes les plus sombres de ma vie. Je ne m’intéressais plus à rien et j’étais pris par les démons de la testostérone. Après le lycée j’allais au café, l’Italia, écouter les leçons d’un certain Alain Lévy, grand gaillard un peu pontifiant et voûté comme un vieillard, légèrement plus âgé que nous et qui réunissait autour de sa « sagesse », des adolescents comme moi, qui passaient leur temps à refaire le monde dans de mémorables discussions. Je me souviens que j’écoutais plus que je ne parlais. Une asymétrie communicationnelle qui m’est restée, ce qui n’est pas ce qu’il y a de mieux pour un enseignant.

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