Allongé sur la table en métal du vétérinaire, Zuki me regardait de ses beaux yeux verts. Il y a eu une première injection qui devait ralentir ses fonction vitales. Je plongeais dans ses pupilles qu'on ne peut pas imaginer sans pensées, qu'on ne peut pas imaginer comme des billes de verre pour bêtes en plastique. Une deuxième injection est intervenue peu après. Les pupilles de Zuki se sont dilatées complètement jusqu'à ce que son regard ne soit plus que du noir, sans pensées, sans plus rien. C'était fini. Ensuite, le corps a été emballé dans des sacs poubelles que nous sommes allés porter au lieu d'incinération des animaux de la ville de Lisbonne.
Même la mort d'un chat nous embarrasse, nous secoue, nous fait pleurer. Pendant plus de 12 ans, il fut notre compagnon silencieux, ronronnant doucement quand on le caressait à la naissance du cou. Il est maintenant l'une des figures du vide pour moi. C'est comme quand, il y a quelques jours, j'ai rencontré les membres de ma famille. En chacun, je rencontrais la manière dont mon frère manquait. Nous savons bien qu'il ne manquerait pas de la même manière à ses fils, sa femme, ses sœurs, ses frères, ses collègues... En parlant de lui aux uns et aux autres on essaye de faire se rencontrer nos manques de lui. Ce n'est pas facile. On aimerait pouvoir s'accorder sur ce qui nous manque après sa mort. Mais c'est impossible. Nous restons seuls avec avec la manière dont il nous manqera à jamais, de façon tout-à-fait singulière
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