Dans l'avion, hier, j'ai dévoré le roman de Giuliano Da Empoli, Le Mage du Kremlin (NRF, 2022), un livre d'une écriture magnifique et qui contient une réflexion très intéressante sur le pouvoir, celui de Poutine en particulier mais le propos de l'auteur dépasse, grâce à la fiction, les éléments conjoncturels liés à ce qui s'est passé en Russie après l'épisode éphémère du chaos eltsinien. Le personnage créé par Da Empoli, Vadim Baranov, sur le modèle du bien réel Vladislav Yuryevich Surkov surnommé le "Raspoutine de Poutine", dont la complexité psychologique est fascinante, est très convaincant. Bref c'est un livre à lire et à relire tant il contient de réflexions profondes sur les Russes bien sûr, mais aussi sur l'exercice du pouvoir. La scène de la rencontre entre Angela Merkel et Poutine qui, connaissant la phobie de Merkel pour les chiens, se fait accompagner de son labrador, est d'une cruauté absolue : "La chancelière pétrifiée sur sa chaise tandis que Koni s'avance, joueuse, à la recherche de câlins. La chancelière au bord de la crise de nerfs quand Koni enfile le museau dans son giron pour renifler l'odeur de sa nouvelle amie. Le Tsar, à ses côtés, sourit, relax, jambes écartées : "Vous êtes sûre que le chien ne vous dérange pas, madame Merkel ? Je pourrais le mettre dehors, mais il est tellement gentil, vous savez. Je m'en sépare difficilement." Le labrador.Voilà le moment où le Tsar a décidé d'ôter ses gants et de commencer à jouer la partie comme il l'avait apprise dans les cours de Leningrad, où tu n'avais pas le temps d'effleurer le ballon que déjà quelqu'un t'avait donné un coup de genou dans les couilles. (...) La politique de très haut niveau, c'est un peu la même chose." (p.204)
Nous avons quité Marseille, Charlotte et Constantin, hier, après un petit séjour très agréable. Nous avons eu le temps d'apprécier l'humour et la grande gentillesse de Constantin.
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