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samedi 26 novembre 2022

Couper

C'est le verbe qui a nourri ma résilience contre l'insomnie de cette nuit. Ce qui ferait renouer avec cette œuvre inachevée que j'ai encore un tête, Le parti pris des verbes, comme me le suggérait Guychou.  Je trouve que cette idée d'obliger les verbes à nous interroger sur la langue reste intéressante même si mes tentatives me semblent assez dérisoires. 

Couper.— Il faut aiguiser cette lame dont le fil va entrer, avec élégance et délicatesse, dans ce morceau de viande argentine. Il y a une espèce de plaisir étrange à sentir le couteau sur la chair qu'il ne fait qu'effleurer pour que l'entame soit déjà là et que s'ouvre le rouge. Comment la chair peut-elle se soumettre si facilement, si gracieusement, au tranchant de la coupe ? Le geste du boucher me fascine. Il défait les adhérences graisseuses du gigot avec une efficacité qu'il ne doit sans doute qu'aux qualités de lame dont l'homme sait entretenir le fil en deux trois mouvements rapides qui font glisser le bruit dans nos yeux.  

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