Je suis rarement en désaccord avec mon fils Fabien mais le dernier article qu'il a posté sur son blog [voir ici] sous le titre Foreign m'a surpris. Tout d'abord la stratégie qu'il préconise de répudier le mot pour abolir la pensée qu'il est en mesure de susciter me semble appartenir à un courant qui, de Platon à Orwell, est caractéristique de toute tentation totalitaire. Bien entendu, je ne soupçonne pas mon fils d'avoir la moindre sympathie pour un tel courant. Mais il n'y a pas que cet aspect qui m'a fait sursauter en le lisant. Où qu'on se trouve, dit-il, il n'y a pas lieu de se sentir "étranger". Et pour illustrer son propos, il cite quelques grandes villes : Paris, Londres et Montréal, pour finir avec Tokyo. Et c'est vrai que dans l'anonymat des grandes villes, on peut très bien ne pas se sentir étranger notamment parce que ces grandes villes se ressemblent. Mais quand je me suis retrouvé dans un petit village hispanisant sur la frontière du Belize avec le Guatemala au printemps de 1970, j'ai ressenti ce que c'était que d'être un étranger, un gringo, en l'occurrence, tout comme à Tokyo d'ailleurs où je n'étais rien d'autre qu'un gaijin. On peut même parfois se sentir étranger dans son propre monde familier. Et le fait d'être ou de se sentir un étranger peut avoir des aspects très positifs. Cela nous donne l'occasion de mettre en question ce qui nous semblait évident dans le pays d'où l'on vient. L'étranger est presque toujours celui qui réfléchit, parce qu'il est différent. Et nous le sommes tous d'une manière ou d'une autre. Bon ! j'arrête là ma réflexion bien qu'il y aurait beaucoup de choses à évoquer autour de ce terme. En tout cas, je remercie Fabien de m'avoir donné un thème intéressant pour mon propre blog.
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