J'ai tellement aimé le roman de Simenon que j'en ai lu un autre dans la foulée, Le Train (1941). Ici, on est loin des intrigues artificiellement compliquées des auteurs modernes de polars. On est dans la France du Nord-Est en 1939. Les Allemands envahissent la Hollande. Et des vagues de Belges et de Français quittent leurs villages pour se réfugier dans le Sud, en France en l'occurrence. Simenon nous raconte ce voyage d'un homme habitant tout près de la frontière belge, dans les Ardennes. Il s'en va avec sa femme enceinte de sept mois et sa fille. Ils montent dans un train de réfugiés mais l'homme est séparé de son épouse et de sa fille. Il fait connaissance avec une femme dont on apprendra plus tard qu'elle est juive. Ils s'aiment, passionnément. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'exil de notre mère en 1940, avec mes deux frères aînés. Les descriptions de Simenon résonnent de façon incroyable en moi : le fatalisme des réfugiés qui sont ballotés par des forces qu'ils ne contrôlent pas, la suspension du temps, la résignation qui pourtant n'affecte pas la possibilité d'un bonheur imprévu, le défilé des gares encombrées ou désertes, la vision des soldats en marche, les arrêts incompréhensibles, les changements de locomotives, les bruits... C'est un livre magnifique, que je recommande vivement à mes sœurs.
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