Je repense souvent à ce que j'ai ressenti après ma chute en janvier dernier dans la rue, chute qui m'a valu de nombreux points de suture juste sous mon œil droit. Quand Isabel, toute affolée, est venue me relever avec d'autres inconnus compatissants, j'étais tout ensanglané. Je n'avais pas mal mais j'étais hébété, dans l'incapacité de dire quoi que ce soit, dans l'incapacité de ressentir quoi que ce soit. Cette hébétude me tracasse. Je présume que c'est ce que l'on ressent quand, au cours d'un accident grave, on subit totalement ce qui vous arrive. On voit tout à coup le monde comme si on l'avait déjà quitté, avec un regard qui ne fait plus attention aux choses ou aux êtres, un regard vide, un regard de bête blessée. Comme celui de ce cheval embourbé qu'un couple de paysans américains essaie de sauver et que Marianne a publié sur sa page Facebook. Ce n'est pas un regard de peur, un regard effrayé... non. L'hébétude nous renvoit à une sorte de fatalité assumée.
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