Une très belle émission d’Adèle van Reeth ce matin sur la manière dont Platon nous raconte la mort de Socrate dans le Phédon. Et juste auparavant, nous avions également une belle émission sur l’histoire de l’Arménie, premier pays chrétien. Dans « les chemins de la philosophie » nous reprenons la formule attribuée d’habitude à Montaigne mais qui nous vient tout droit de Platon : « Philosopher, c’est apprendre à mourir. » Mais apprendre à mourir, c’est surtout vivre d’une certaine manière en vue de cette déliaison de l’âme et du corps qui surviendra à notre mort mais à laquelle on peut se préparer en philosophant. Apprendre à mourir, c’est apprendre à se déprendre de tous les particularismes de notre identité aussi bien physique que mentale pour ne retenir de nous-mêmes que ce qui relève de la raison, et donc, de l’universel. C’est ici que l’âme intervient. Nous n’avons pas une âme qui, en nous appartenant en propre, serait le reflet de notre personnalité particulière. Notre âme serait cette part d’universel que tout être humain possède à travers l’exercice de la raison. En cela, notre âme ne nous ressemble pas le moins du monde. Dans la vie ordinaire, notre âme s’agrippe à notre corps, elle ne le lâche pas, et dans la souffrance surtout, l’âme se perd dans les tourments du corps. Philosopher, ce serait réussir à se détacher de toutes ces contingences qui nous singularisent pour rejoindre cette part d’universel qui nous revient. Pas simple !
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lundi 30 novembre 2020
dimanche 29 novembre 2020
Orage
Un gros orage cet après-midi avec quelques coups de tonnerre et une forte pluie qui, au bord de la terrasse sud, a déclenché une fuite à l’intérieur de la maison. Il faudra revoir l’étanchéité de la maison à cet endroit. Je n’ai rien en lecture pour l’instant. Je pense que je vais commencer à lire sur min iPad plutôt que sur mon Kindle qui, de toute manière, ne veut plus rien entendre de moi. J’ai eu beau mettre à jour mes coordonnées bancaires, l’appareil ne veut rien savoir et se refuse à relayer mes commandes d’ouvrages. J’ai très envie de lire le roman que Josiane m’a recommandé : Apeirogon de Colum Mccann, auteur dont j’ai lu récemment le beau roman Zoli (voir 19 juillet 2020).
samedi 28 novembre 2020
Pas de nouvelles
Nous avons déjeuné aujourd’hui avec Lucia et Pedro, nos chers amis portugais, adorables, intelligents, cultivés, superbes...
Nous n’avons pas de nouvelles de Charlotte qui est allée manifester contre les violences policières. Cela m’inquiète un peu. En principe elle devait être avec Louis et Ian, et Constantin... J’ai essayé d’appeler Louis, sans succès.
vendredi 27 novembre 2020
Home
Je suis enfin rentré à la maison. En quittant l’hôpital, j’avais un peu peur que les choses se gâtent parce que j’étais loin d’être à l’aise avec mon appareil urinaire. Mais le médecin m’a convaincu en disant qu’en cas de problème, je pourrais aller directement dans son service. Mais je n’ai pas eu besoin de retourner à l’hôpital, dieu merci ! Je viens de faire une flambée dans notre cheminée parce qu’il fait assez froid. En fait, j’ai souvent froid actuellement.
Le VAE que j’ai offert à Isabel est très beau. Une marque belge : le Vanilu. Nous avons téléphone au producteur de ce vélo et il nous assuré qu’on pouvait baisser la selle au delà des limites indiquées. Cela permettra à Isabel de l’utiliser. Nous sommes très contents de cette possibilité.
jeudi 26 novembre 2020
Vide
L’infirmière vient de m’enlever le tube. Ça sent la quille ! En principe, Isabel venir me chercher vers midi. Je me réjouis de retrouver mes lieux. C’est bizarre : je suis resté deux jours à l’hôpital et pourtant, j’ai l’impression que cela a duré beaucoup plus longtemps. Sans doute que les attentes donnent un poids supplémentaire aux journées. Celles-ci sont lourdes de vide. Cela doit être à peu près pareil en prison : des journées qui n’en finissent pas. À moins que l’on se trouve un rythme à soi, pour donner une scansion au temps.
Il est 16 heures et je ne suis toujours pas à la maison. Avant de pouvoir partir, je dois faire un pipi normal. J’ai bu plus de deux litres d’eau pour remplir ma vessie mais celle-ci ne veut pas se vider. Pourquoi ? Nul ne le sait. j’ai demandé à ce qu’on prévienne le médecin mais les infirmières ne semblent pas s’affoler. En tout cas c’est un peu angoissant !
mercredi 25 novembre 2020
Noctis...
Noctis horribile : un sommeil peu profond de minuit à 4 heures ; ensuite une succession de spasmes très très éprouvants suivie par l’ingestion par voie intraveineuse de métamisol, un pain killer qui s’est révélé assez efficace. J’ai vu le chirurgien vers 10 heures. Il m’a annoncé que je devrais rester à l’hôpital un jour de plus; mais quand je sortirai, je n’aurai plus de tube pour pisser. Hier, j’ai terminé le roman de Dostoïevski. C’est un roman inachevé qui, finalement, ne m’a pas passionné.
lundi 23 novembre 2020
Sang
Nous avons de nouveau passé plusieurs heures à l’hôpital, non seulement pour passer le test du Covid dont j’aurai les résultats ce soir, mais encore pour aller aux urgences signaler ce qui nous semblait être une anomalie dans le petit sac de plastique qui recueille mes urines. En effet il y avait vraiment beaucoup de sang. Aux urgences, comme on leur a dit que de toute manière je me faisais opérer le lendemain, on pouvait sans doute attendre pour régler cette anomalie. Le médecin a été d’accord ce qui fait que j’écris ici de la maison où je viens de rentrer.
À la maison, surprise, le vélo d’Isabel est arrivé. Nous le déballerons tout à l’heure. Je me réjouis de voir de quoi ce vélo électrique pliant qui nous a été recommandé par Fred, a l’air.
dimanche 22 novembre 2020
Écritures
« L’Odyssée de l’écriture » tel était le titre du programme d’Arte, hier soir, que j’ai voulu regarder du début à la fin. Il y avait trois épisodes. Ce fut un beau programme qui ne m’a pas appris grand chose quoique l’insistance du réalisateur sur les conditions matérielles de l’écriture —ses supports les plus anciens en Égypte avec le papyrus, au Moyen-Âge avec le parchemin, en Chine avec le papier, etc.— m’a beaucoup plu. On nous offre une vision rapprochée des processus de fabrication de ces différents supports. Merveilleux ! On ne peut qu’être fasciné par les graphies chinoises et arabes illustrées par des personnes de l’art qui tracent, comme en dansant, des caractères au pinceau, parfois avec de l’eau sur le trottoir : les caractères s’estompent alors peu à peu en sèchant.
samedi 21 novembre 2020
Dostoïevski
Samantha m’a envoyé l’adresse d’une vidéo qui fait le point sur le documentaire Hold up. J’ai trouvé cette mise au point excellente : intelligence, lucidité, absence de tout catastrophisme, clarté et précision. Bravo ! Voici l’adresse du site. Et dites-moi ce que vous en pensez.
vendredi 20 novembre 2020
Branco
Toujours sur ce documentaire controversé, je voudrais quand même dire que ce film a un mérite important : il nous met en garde contre la peur. Il me parait indubitable que nos gouvernants ont misé sur la peur pour faire passer leurs mesures les plus coercitives alors qu’ils auraient dû miser sur la responsabilité des citoyens ce qui est toujours possible quand on traite ces citoyens correctement. Ce qui m’étonne c’est que les attaques de ce film que l’on peut lire dans les médias ne relèvent jamais les aspects positifs de cette mise en question critique —parfois exagérée, certes— de la gestion de l’épidémie, oublient complètement la mise en évidence des conflits d’intérêts entre la pratique de la médecine en France et Big Pharma, négligent totalement cette dénonciation de la corruption, pourtant attestée par toutes les enquêtes les plus sérieuses. Les accusations de complotisme me semblent bien peu de choses à côté de cette nouvelle alerte contre la corruption à tous les niveaux.
* * *
Hier soir j’ai vu l’entretien que Juan Branco, l’auteur du livre Crépuscule, que je n’ai pas lu mais que j’ai envie de lire, a donné sur Thinkerview, un site qui s’est sans doute spécialisé dans la diffusion de la parole critique en France. Branco est apparemment également accusé de complotisme —décidément, il semblerait que ce soit le crime à la mode— parce qu’il rue dans les brancards du « petit Paris » dont il dénonce la fatuité, le vide abyssal d’idées, l’arrogance inversement proportionnelle à leur nullité, l’avidité. On a aucune difficulté à croire ce qu’il dit.
jeudi 19 novembre 2020
Complot ?
Je voudrais revenir sur le documentaire que j’ai enfin pu voir en entier hier soir. Il s’agit de Hold up. C’est vrai qu’à la fin, ce film verse quelque peu dans une sorte de paranoïa peu propice à l’exercice de l’esprit critique. Je ne suis pas un adepte du Great Reset que les riches participants aux séminaires de Davos évoquent en vue d’une amélioration de l’organisation du monde. De toute manière, dès que l’on parle d’ « amélioration » à initier à partir de tous ceux qui n’ont pas besoin de cette amélioration parce que, soit ils sont très riches, soit ils sont au pouvoir, il n’y a pas grand chose à espérer. Mais revenons sur cette « paranoia » évoquée précédemment. Nous savons tous que les dernières années ont vu un accroissement sans précédent des inégalités économiques, sociales et culturelles dans presque tous les pays du monde. David Graeber a également dénoncé depuis longtemps ce qu’il a appelé les bullshit jobs, les travaux inutiles et il y a quelque temps je me souviens d’une conférence d’Alain Badiou qui faisait le constat du fait qu’au moins un tiers de l’humanité peut être considérée comme inutile : 3 milliards d’individus qui ne servent à rien. (Voir mon article du 30 novembre 2014) Tous ces éléments ne nous autorisent aucunement à imaginer un complot des riches contre les pauvres, mais il n’y a pas besoin de complot. Il n’y a pas besoin de l’intention malveillante ou diabolique qui, seule, permettrait d’imaginer un véritable complot, pour que, néanmoins, l’état actuel du monde soit de nature à nous faire frémir. (Je poursuivrai plus tard car j’ai une réunion sur Zoom maintenant.)
mercredi 18 novembre 2020
Varia
De retour de l’hôpital —où l’intervention s’est déroulée relativement bien même si, comme la dernière fois, cela n’a pas été une partie de plaisir. Les médecins ont découvert une inflammation à l’intérieur de ma vessie, apparemment due au fait que je ne bois pas assez. En tout cas, ils ont finalement réussi à insérer un tube plus large qui devrait permettre l’opération. Celle-ci aura lieu mardi prochain. Il faut que je passe un test Covid au préalable. Cela se passera lundi prochain. Mardi matin je vais à l’hôpital pour une opération qui se déroulera mardi après-midi. Espérons que tout se passera bien. J’ai un peu l’impression que toutes ces interventions ne finiront jamais. Je suis de plus en plus tenté par un jeûne hydrique d’une trentaine de jours mais pas tout de suite. Il faut d’abord que je me rétablisse complètement des interventions chirurgicales que je vais devoir subir.
On ne peut pas s’empêcher d’observer la manière dont le personnel hospitalier traite vos maux. Certes, il y a une certaine empathie, en particulier chez les infirmières et les aides-soignants. Même les médecins sont parfois sensibles à l’expression de détresse que l’on peut parfois avoir. Mais il est clair que pour eux, mon corps est une sorte de machine qui présente des dangers de panne auxquels il faut remédier avec des solutions locales. Entre leurs mains, je ne suis plus une personne, mais un bout de corps abîmé, sans plus. Ils peuvent faire usage de dispositifs particuliers adaptés à mon cas. Alors, je me retrouve les jambes écartées, mon appareil génital bien exposé au regard scrutateur du médecin, sans réelle possibilité de voir ce qui se passe. Et les voilà, avec des tubes de sections plus ou moins larges, des petites caméras qui peuvent manifestement se faufiler partout, des seringues pleines d’anesthésiants, one voit d’eux que les yeux qui, sans le reste du visage, ont du mal à transmettre leurs inquiétudes ou leur soulagement. Avec les masques, nos yeux sont comme ceux des chats, qui ne transmettent rien d’autre que le fait qu’ils voient.
Hier soir, j’ai vu l’entretien avec le Pr Peronne du film Hold up. Je n’ai pas pu voir tout le film, car il semblerait qu’il ait été retiré de la circulation sur les réseaux sociaux. J’ai ensuite vu une interview d’une des scientifiques qui avait été sollicitée dans le film, le Pr Alexandra Henrion Caude. J’aimerais beaucoup parler de cette histoire avec mes amis pour savoir ce qu’ils en pensent. Les accusations de complotisme qui prolifèrent dans la plupart des médias me semblent un peu trop unanimes pour ne pas susciter quelque méfiance. Bien sûr le complotisme me fait horreur mais nous sommes tous un peu tentés par ce besoin de cohérence qui nous fait établir des liens entre des faits apparemment isolés. J’ai connu ça dans ma propre recherche de thèse sur l’écriture. Mes lectures m’ont fait concevoir une hypothèse sur les liens entre l‘apparition de l’écriture alphabétique et l‘émergence aussi bien de la connaissance scientifique que de la connaissance historique. Une fois l’hypothèse posée, mon effort a consisté à vouloir la vérifier en faisant feu de tout bois plutôt que de vouloir la réfuter. On aime bien avoir raison encore que, dans mon cas, je ne suis pas absolument sûr que j’aime avoir raison. Comme si je craignais les responsabilités que cela me forcerait à assumer. Le fait d’avoir tort vous dégage des conséquences de la vérité. Il y a une sorte de lâcheté dans une telle attitude, j’en suis bien conscient.
mardi 17 novembre 2020
Bref
Je suis plutôt bref, ces jours-ci. Ce n’est pas facile d’écrire du fond de mon lit. Certes, je me lève de temps en temps, et je pourrais peut-être m’installer à mon bureau à l’étage au dessus, mais ce n’est pas commode. Hier j’ai lu le livre de François Cheng ainsi que celui de Baptiste Morizot, Pister les créatures fabuleuses, Bayard, 2019, transcription d’une petite conférence adressée aux enfants. Le livre se lit facilement mais je l’ai trouvé moins bien que les autres dont j’ai déjà parlé dans ce blog.
lundi 16 novembre 2020
Fin de série
Juste avant d’éteindre, je voudrais signaler l’excellent article de Simon Blin dans Libération : « Clap de fin pour Trump, les fans ont le blues ». Les quatre années qui viennent de s’écouler, avec l’envahissement médiatique de Trump, sont devenues une sorte de fiction très analogue à la fiction que les séries mettent en place.
dimanche 15 novembre 2020
Carlsen
Journée dîfficile ce dimanche : j’ai moins mal quand je suis couché, mais les spasmes continuent à me rappeler que je suis encore bien vivant ! Au lit, je passe mon temps à refaire des parties d’échecs célèbres comme celle de Carlsen - il avait treize ans - contre Kasparov. Carlsen montre une subtilité de jeu assez étonnante. Je suis plein d’admiration ! Je lis également. François Cheng, pour l’instant, Quand reviennent les âmes errantes, Albin Michel, 2020.
samedi 14 novembre 2020
Cynisme
Cette nuit, dans mon rêve, ça y était : Trump faisait assassiner Joe Biden et Kamala Harris et prenait le pouvoir pour faire des États Unis, une dictature complice de toutes celles qui existent (ou vont exister en raison même de l’exemple américain) dans le monde : Bolsonaro, Xi Jinping, Sissi, Erdogan, Poutine, Loukachenko, Bachar al Assad, Kim Jong un, Duterte, Kadyrov, Berdimuhamedow, ben Abdelaziz al-Saud,... c’est vrai que Bolsonaro n’est pas véritablement un dictateur mais il en a l’étoffe et peut-être le désir, sans doute. Dans mon rêve, Trump devenait Big Brother, délibérément, cyniquement. Il fallait absolument que je prévienne Joe Biden et qu’il prenne des mesures le plus rapidement possible pour éviter cette catastrophe. Ce qui est terrible, c’est de voir à quel point Trump a pénétré dans nos consciences, jusqu’à y susciter de tels cauchemars.
vendredi 13 novembre 2020
Cathéter
Donc... je suis allé à l’hôpital aujourd’hui pour me faire changer de cathéter afin de pouvoir, dans deux semaines sans doute, refaire l’opération qui doit me débarrasser de ce polype qui s’est aménagé un petit coin sympa au cœur de ma vessie pour prospérer. L’intervention s’est bien déroulée mais j’ai dégusté. Médecins et infirmières me disaient de me calmer et de respirer profondément mais, c’est plus facile à dire qu’à faire. Prochain rendez-vous : mercredi, pour à nouveau, changer de cathéter. Bon, d’ici là, j’aurai lu quelques uns des ouvrages que je suis allé acheter à la librairie française : Baptiste Morizot, François Cheng, Philippe Pajot et Dostoïevski, un roman que je ne connaissais pas et que je me réjouis de lire. Isabel m’a ensuite déposé à la maison pour aller à Ikea acheter deux Bylis supplémentaires pour augmenter encore un peu et à bas prix, nos surfaces de rangement.
jeudi 12 novembre 2020
Coup
Je me sens très concerné par ce qui se passe aux États Unis actuellement. Sur le site Alternet beaucoup d’articles nous font craindre la préparation d’un « coup » de la part de Donald Trump et ses alliés, comme Mike Pompeo qui nous annonce tranquillement, avec un petit sourire entendu, la transition en douceur de Trump à Trump. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le sentiment que les choses pourraient tourner très mal aux US. Le matraquage républicain concernant les fraudes supposées de l’élection me fait trembler parce que je sais que des millions d’Américains sont prêts à souscrire à ces affabulations. C’est une véritable catastrophe politique qui s’annonce. J’ai regardé hier le programme d’Arte sur Huxley et Orwell et je n’arrive pas à comprendre comment il est possible que des gens puissent choisir une voie qui mènerait au monde d’Orwell. Il y a là un véritable mystère : les gens ne peuvent ne pas être conscients des conséquences d’un Trump tenté par sa propre identification à Big Brother.
Mon attention est également très sollicitée par ce qui se passe en Arménie. Il me semble que Pachinian a capitulé. Au fond, l’Arménie a perdu la guerre que l’Azerbaïdjan avait déclarée avec le soutien du tyran Erdogan. Pachinian pense sans doute qu’il vaut mieux ne perdre qu’un peu, plutôt que de tout perdre. J’aurais tendance à penser comme lui dans un premier temps mais n’est-ce pas comme ça que la France s’est ralliée à une collaboration honteuse avec les Nazis ? Je sais que les situations ne sont pas les mêmes et que Pachinian n’a rien à voir avec Pétain. Que va-t-il se passer ?
mercredi 11 novembre 2020
Safouan
J’ai appris hier le décès, à 99 ans, de Moustapha Safouan, psychanalyste lacanien, qui a longtemps vécu à Strasbourg. Ce fut avec lui que j’entrepris une psychanalyse en 1974/75. Je revenais d’Angleterre et mon ami Jean Guir m’avait vivement conseillé de travailler avec Safouan. J’ai donc eu des entretiens préliminaires avec lui et après trois séances, il m’a accepté tout en me disant qu’il me mettait sur une liste d’attente qui reportait le début de mon analyse à plus d’un an plus tard. Cela ne me convenait pas, car je voulais commencer tout de suite. Une fois que l’on a décidé d’entamer une aventure de ce genre, tout délai devient insupportable. Du coup, Jean Guir toujours —à qui j’ai demandé à nouveau conseil— m’a dit d’aller chez Lydie Tordo, une femme qui avait fait son analyse chez Safouan justement. Pour me convaincre, Jean m’a dit : « C’est une femme qui a beaucoup souffert. Elle revient de loin. Elle est plus ou moins spécialisée dans les psychanalyses d’enfants. » Cela me convenait. J’y suis resté pendant 7 ans, à raison de deux ou trois séances par semaine. J’ai arrêté l’analyse quand j’étais en train de terminer ma thèse de doctorat sur l’écriture et la monnaie. Je lui ai dit : « Pour terminer cette thèse, je dois y croire un minimum. Or, avec l’analyse, c’est difficile de croire en ce genre de choses. » Elle fut d’accord avec moi et je l’ai quittée. Ensuite, j’ai pu rencontrer Moustapha Safouan à nouveau à Paris. Je crois qu’il a compris mieux que quiconque la position que je défendais sur les rapports de Freud avec la science, ce qui donna naissance à cette idée d’un « désir de scientificité » qui ne se structure pas au nom de ce que la science pourrait être l’objet du désir mais plutôt au nom de ce que la science serait cause d’un désir au sens de l’objet petit a de Lacan.
mardi 10 novembre 2020
Françoise
Hier, en fin d’après-midi, j’ai consulté, sur le conseil de mon ex, Annik Dörsdal, qui pratique dans le cadre de « l’harmonisation globale », un site que l’on peut trouver sur internet et qui, apparemment, peut fournir une aide à y voir plus clair en soi. C’est vrai que notre paysage intérieur est bien souvent plongé dans l’ombre, l’ombre que le passé projette sur notre présent sans doute. Au cours de cette consultation, je suis revenu en effet sur ma naissance en 1942 et sur le fait que mes parents attendaient une petite Françoise plutôt que ce garçon dont ils n’avaient pas anticipé la venue et pour lequel ils n’avaient pas prévu de nom, ce qui a donné « Baudouin » (voir mon article du 14 mai 2013 — en pleine radiothérapie pour mon cancer colo rectal).. Ce fut certainement une première déception pour mes parents. Mais cela a très certainement induit une sorte d’anticipation du fait de décevoir, m’inscrivant dans ce qu’on pourrait appeler un « habitus », ou une logique comportementale et émotionnelle de la déception. Bon ! Pour qu’il puisse y avoir déception, il faut qu’il y ait des attentes. C’est toute une dynamique de vie qui s’annonce à travers ces deux idées.
lundi 9 novembre 2020
Bouquetin
Je viens de parler avec Charlotte. Elle a l’air en grande forme, ce qui fait plaisir, surtout par rapport à hier après-midi : elle faisait grise mine, la mine d’un dimanche après-midi en novembre.
Pour le moment, je reviens souvent dans mon lit parce que ma mobilité est forcément assez réduite en raison des appendices en plastique auxquels mon corps doit s’habituer pour que l’opération puisse se faire dans de bonnes conditions. Mais je monte et descends les escaliers comme un bouquetin ! Pourquoi ai-je choisi de me comparer à cet animal plutôt qu’à une chèvre ? Je n’en sais rien mais cela me donne un titre pour ce petit article.
dimanche 8 novembre 2020
7000000
Article intéressant de François Bonnet dans Médiapart aujourd’hui, sur les quatre leçons à tirer de la victoire des démocrates aux États Unis, avec des informations pertinentes sur la répartition des 7 millions de votes supplémentaires par rapport à 2016 obtenus par le président sortant. C’est beaucoup. On est très loin d’une vague bleue. Je suis certainement très favorable à un retour de la « décence » —quel beau mot et quelle belle idée— dans cette vie politique américaine qui a tant d’influence sur le monde occidental. Mais cela risque de nous faire oublier trop vite à quel point la politique définit un monde brutal, violent et presque toujours totalement indécent.
samedi 7 novembre 2020
Disparaître
Je trouve l’attitude de Joe Biden intelligente dans ces élections. C’est vraiment l’anti-Trump et c’est incroyablement reposant. Le plus difficile pendant ces quatre années trumpesques, ça a été de le voir ou de l’entendre tous les jours, de voir son visage dans les médias en permanence, d’être obligé de s’indigner en permanence à cause de ses mensonges... c’est comme si l’on était forcé de ne plus faire attention qu’à lui et que tout le reste, les affaires de notre vie quotidienne, qui requièrent beaucoup plus d’attention que des images télévisées, toujours les mêmes, quel ennui ! et en même temps, combien il était difficile de négliger ce qui nous était imposé... au fond, le plus grand cadeau que pourrait nous faire l’année 2021, c’est la disparition de Trump, du nom « trump », qui est en lui-même une sorte de calamité envahissante... oui, je voudrais vraiment voir disparaître « trump », cette tromperie d’un nom qui n’en finit pas de tromper, à la fois comme un éléphant et comme une escroquerie de langue...
*. * *
Par ailleurs...
Je viens de voir une petite vidéo remarquable de Mikaël Launay sur le Nœud de Conway qui rapporte la découverte de Lisa Piccirillo concernant le fait qu’il n’est pas bordant ce qui était resté un mystère depuis cinquante ans ! Surtout, cette petite vidéo nous donne un petit aperçu sur la topologie et la théorie des nœuds, domaine qui m’a l’air d’une richesse prodigieuse. À creuser !
vendredi 6 novembre 2020
Échecs
Hier j’ai regardé (sur Netflix) les quatre premiers épisodes de The Queen’s Gambit que Charlotte m’avait vivement conseillé. C’est une série assez fascinante qui met en scène une jeune fille qui, à huit ans, alors qu’elle se retrouve brusquement orpheline, se découvre une passion, doublée d’un « don » extraordinaire pour les échecs. Je crois comprendre pourquoi Charlotte a beaucoup aimé cette série. Tout d’abord, cette jeune fille se fait harceler à l’école par des camarades assez superficielles et plutôt stupides. Je présume que Charlotte s’est émotionnellement reconnue dans la manière dont Beth (l’héroïne de la série) se débrouille pour souffrir le moins possible de ce harcèlement.
J’ai d’ailleurs téléphoné à Charlotte ce matin pour le lui dire. Elle était en train de faire un devoir d’histoire de la mondialisation en Espagne au XVIe siècle autour de Séville. En tout cas elle semble contente de sa nouvelle chambre au 6e étage de l’avenue des Gobelins.
jeudi 5 novembre 2020
Riefenstahl
Je suis dans ma chambre à l’hôpital après une opération qui, semble-t-il, n’a pas réussi comme on pouvait l’espérer. On m’a mis un cathéter en vue d’une nouvelle tentative, dans une semaine peut-être. Bref, ce n’est pas brillant. En outre j’ai terminé le livre que j’avais emporté avec moi : Lilian Auzas, Riefenstahl aux éditions Léo Scheer. C’est une biographie de cette femme qui fut une grande amie d’Hitler mais qui était surtout passionnée de cinéma. Très connue pour son film Olympia sur les jeux olympiques en 1936.
J’attends avec impatience l’annonce de la victoire de Biden. Fabien m’enverra les résultats au fur et à mesure qu’on les aura.
mercredi 4 novembre 2020
Opération
J’ai participé hier en fin d’après-midi à une réunion internet avec les membres du comité de la Fondation Feyerabend. Cela ne fonctionnait pas très bien ce qui fait que la discussion n’était pas très fluide. En fin de réunion, nous avons émis nos prognostics concernant les élections américaines qui venaient de commencer et j’ai dit que j’avais l’impression que Trump allait de nouveau gagner. En trichant peut-être mais j’avais le sentiment qu’on était bon pour quatre années de trumpisme en plus. Ce matin, les premiers résultats ne sont pas très encourageants : la Floride est rouge, l’Ohio également et on attend les résultats pour la Pensylvanie et quelques autres mais on est loin de la « vague bleue » comme certains le prédisaient. Bref, vu d’un point de vue démocrate, ce n’est pas brillant.
En fin de matinée, j’irai à l’Hôpital en vue d’une nouvelle opération à la vessie qui aura lieu demain. J’espère que tout ira bien. Cela ne m’amuse pas du tout, ce qui est normal, évidemment.
Je suis à l’Hôpital Santa Maria. Je suis assez frustré parce que je ne reçois plus mes mails. C’est curieux parce que justement j’ai mis mes mots de passe à jour. Je suis dans une chambre à deux lits. Je ne sais pas de quoi souffre l’homme, assez âgé, dont le lit est en face du mien. Il est assis sur son lit, parfaitement silencieux, et sans rien faire ; en grande méditation, semble-t-il. Je viens de recevoir un coup de fil de Martine. Cela m’a fait très plaisir. 8
lundi 2 novembre 2020
Prédictif
Ben voilà : finalement, Jason, le héros du roman de Lock, se jette volontairement sous la voiture de son voisin. C’est un suicide. On s’y attendait un peu. En réalité, j’espérais plus de surprises mais non, aussi bien dans son style que dans son récit, ce roman est totalement prédictif. C’est peut-être ce qui fait son charme très « british » !
Charlotte a repris l’avion hier en fin d’après-midi pour revenir à Paris et, surtout, déménager dans sa petite chambre de bonne au 6e étage du 22 de l’Avenue des Gobelins. Elle sera à cinq minutes de la Fac mais, à cause du Covid, cela ne lui sert pas à grand chose puisque les cours seront principalement donnés on line.
dimanche 1 novembre 2020
Suspense
Le livre de Samuel Lock est très prenant. Il raconte cette lente dérive d’un homme à l’affût de ses propres démons et qui, très doucement, se laisse aller. Je ne sais pas encore où cela va le mener mais le suspense est bien entretenu.
Hier soir, nous sommes allés manger dans le nouveau restaurant de Sarah qui était la jeune assistante d’Isabel quand elle avait monté Trocarte. Une jeune fille tout-à-fait adorable et qui a réussi à obtenir un poste de fonctionnaire dans un Institut de Sciences de l’éducation à Lisbonne. Isabel me disait hier qu’elle voulait devenir Ministre de l’Education nationale à Lisbonne. Je lui souhaite bonne chance !