J’ai appris hier le décès, à 99 ans, de Moustapha Safouan, psychanalyste lacanien, qui a longtemps vécu à Strasbourg. Ce fut avec lui que j’entrepris une psychanalyse en 1974/75. Je revenais d’Angleterre et mon ami Jean Guir m’avait vivement conseillé de travailler avec Safouan. J’ai donc eu des entretiens préliminaires avec lui et après trois séances, il m’a accepté tout en me disant qu’il me mettait sur une liste d’attente qui reportait le début de mon analyse à plus d’un an plus tard. Cela ne me convenait pas, car je voulais commencer tout de suite. Une fois que l’on a décidé d’entamer une aventure de ce genre, tout délai devient insupportable. Du coup, Jean Guir toujours —à qui j’ai demandé à nouveau conseil— m’a dit d’aller chez Lydie Tordo, une femme qui avait fait son analyse chez Safouan justement. Pour me convaincre, Jean m’a dit : « C’est une femme qui a beaucoup souffert. Elle revient de loin. Elle est plus ou moins spécialisée dans les psychanalyses d’enfants. » Cela me convenait. J’y suis resté pendant 7 ans, à raison de deux ou trois séances par semaine. J’ai arrêté l’analyse quand j’étais en train de terminer ma thèse de doctorat sur l’écriture et la monnaie. Je lui ai dit : « Pour terminer cette thèse, je dois y croire un minimum. Or, avec l’analyse, c’est difficile de croire en ce genre de choses. » Elle fut d’accord avec moi et je l’ai quittée. Ensuite, j’ai pu rencontrer Moustapha Safouan à nouveau à Paris. Je crois qu’il a compris mieux que quiconque la position que je défendais sur les rapports de Freud avec la science, ce qui donna naissance à cette idée d’un « désir de scientificité » qui ne se structure pas au nom de ce que la science pourrait être l’objet du désir mais plutôt au nom de ce que la science serait cause d’un désir au sens de l’objet petit a de Lacan.
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