Pour me défendre contre les accusations que j’ai évoquées hier d’être un grand « séducteur », j’avais l’habitude de dire : « Le séducteur est celui que l’on déduit du séduit ! » Ce qui était une manière assez séduisante de se défausser de telles accusations malveillantes. Kierkegaard associe étroitement le séducteur à l’intention de séduire, aux stratégies et aux pièges utilisés délibérément par le séducteur pour capturer sa proie innocente. Cela m’amuse de considérer mon vieux professeur de logique comme une proie innocente qui a résisté vaillamment à tous les efforts que j’étais censé avoir faits pour le séduire. Nul doute qu’à une autre époque il se serait mis à la tête d’une cabale pour m’envoyer au bûcher sous l’inculpation de sorcellerie ! Mais les choses ne sont pas aussi simples. L’intention peut très bien se satisfaire de peu pour être reconnue comme telle. Il suffit parfois d’un regard teinté d’une légère lubricité pour que les âmes s’enflamment. Mais, est-on responsable de son propre regard ? Ai-je eu parfois, à mon insu, l’œillade incendiaire des sorciers du Moyen-Âge ? Peut-être. Mais certainement pas en regardant mon professeur de logique !
Le séducteur a au moins cette qualité d’assumer pleinement sa responsabilité dans ses entreprises de séduction. Il est parfaitement conscient de ses propres manigances pour capturer sa victime. Il veut vaincre les obstacles qui s’opposent à l’accomplissement de son désir. Le séducteur « déduit du séduit » cherche à vaincre sans véritablement combattre. Il n’est pas une « bonne personne ».
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