Texte de Jean Cocteau. Musique de Francis Poulenc. Un opéra en un acte interprêté par Lucia Lemos avec Joao Paulo Santos au piano dans une mise en scène très particulière. Un grand écran sur la scène avec, en gros plan et en noir et blanc, pendant tout l'opéra, le visage de l'interprète en train de chanter sous des angles très différents les uns des autres : les cheveux de dos, le profil, les yeux, le nez, les lèvres déformées par le chant, les yeux encore, vus d'en bas, d'en haut, de droite et de gauche, les narines, la bouche tordue... Je n'ai pas pu ne pas repenser au chapitre de ma thèse d'Etat qui concerne précisément le visage de la mère dont l'un des paragraphes s'intitule 'Le visage ou la voix" (pp 91-101). Autrement dit, cet opéra nous plonge dans la situation archaïque où nous nous sommes trouvés un jour, infans, à devoir "choisir" entre une présence maternelle associée à sa voix ou une présence associée à son visage. Est-ce la voix de ma mère qui me rassure sur sa présence ou bien est-ce son visage aimant, qui apparaît et... disparaît ? Cocteau et Poulenc, dans cet opéra, s'adresse à l'une de nos expériences les plus archaïques de notre vie. C'est tout-à-fait fascinant.
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