Quel plaisir de rencontrer, au détour d’une page du roman que je suis en train de lire —Lutetia de Pierre Assouline (Gallimard, 2005)— ce qui pourrait passer pour un portrait, certes très incomplet, de mon ami Richard : « J’avoue que sa spécialité me laissait songeur, du moins celle à laquelle il vouait désormais toutes ses recherches avec un enthousiasme que le grand âge n’émoussait en rien. Si j’avais bien compris, son érudition était entièrement focalisée sur les plus belles portes de maisons et d’immeubles. Il photographiait les décors sculptés avec son Leica, puis étudiait centimètre par centimètre volutes et rosaces, rinceaux et cariatides, guirlandes et acanthes en se délectant déjà de la sonorité de ce lexique reflétant l’influence néoclassique. Un univers dont, pour être franc, je ne savais rien et dont il m’apprit tout. Je me demande si la nuit il ne se transportait pas sur les lieux pour faire déposer les portes clandestinement par des artisans afin de les examiner vraiment sous toutes les coutures ; il en aurait certainement été capable. Le travail d’ornementation sur les vantaux, panneaux et oeil-de-bœuf le passionnait au-delà du raisonnable. » (p.63)
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