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mercredi 9 décembre 2020

Serpent

Mon texte d’hier pourrait faire croire que je suis, comme beaucoup de mes semblables en cette période de confinement, un peu déprimé. C’est vrai que je suis loin de mes enfants et qu’ils me manquent. Charlotte arrive demain. Comme d’habitude, elle m’injectera une bonne dose de ce dynamisme de la jeunesse qui la caractérise. Mais je voudrais revenir à cette idée d’insignifiance que j’évoquais dans mon texte d’hier. N’est-il pas évident que la vie sur terre n’a pas beaucoup de sens ? Les humains ont inventé plein de dispositifs destinés à les pourvoir en raisons de vivre, mais c’est bien parce que, fondamentalement, ces raisons n’étaient pas données avec l’existence, qu’il a fallu les inventer, tout en cultivant l’illusion, que ces raisons venaient d’ailleurs (d’un Olympe peuplé de dieux à leur image, d’un ciel constellé de bavardages rassurants, d’un complot conçu par des anges ou des diables, d’un nœud de destinées aveugles, etc.). Il n’y a que nous, humains, à croire que ce monde dans lequel notre naissance nous a jetés, a un sens qui pourrait  dépendre d’autre chose que de nous-mêmes. C’est là que l’insignifiance se glisse, comme un serpent. 

Je lis actuellement un recueil de nouvelles de Julio Cortazar, Façons de perdre (1977), que l’on trouve dans le volume Quarto, Nouvelles, histoires et autres contes, Gallimard, 2008, pp 850-965. J’aime beaucoup l’écriture de cet auteur. 

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