Je trouve une belle définition de la culture chez Viveiros de Castro (L’inconstance de l’âme sauvage, Labor et Fides, 2020, p. 67) : « Une culture n’est pas un « système de croyances », mais —si elle doit être quelque chose— un dispositif de structuration potentielle de l’expérience, capable de conserver des contenus traditionnels et d’en absorber de nouveaux : c’ est un dispositif culturant de fabrication des croyances. »
Sur les rapports entre intérieur et extérieur, (rapports que j’ai tenté d’analyser dans un article il y a longtemps « L’intérieur et l’extérieur dans les sciences » in Science dite et interdite, GERSULP, 1994, disponible sur le site de « Research Gate »), de nouveau Viveiros de Castro (ibidem, p. 83) : « La religion topinamba, enracinée dans le complexe de l’exo-cannibalisme guerrier, dessine une forme dans laquelle le socius se constitue par la relation à l’Autre, où l’incorporation à l’Autre dépend d’un sortir du soi : l’extérieur est en constant processus d’intériorisation, et l’intérieur n’est rien d’autre qu’un mouvement vers le dehors. Dans cette topologie, il n’y a pas de totalité, de monade ou de bulle identitaire qui surveille inlassablement ses frontières et fasse de l’extérieur un miroir diacritique de sa coïncidence à soi-même ; le socius est ici littéralement une « limite inférieure de la prédation » (Lévi-Strauss 1984, P. 144), le résidu indigeste ; ce qui le meut est la relation au Dehors. L’Autre ici n’est pas un miroir, c’ est un destin. [...] Les outils européens, outre leur évidente utilité, étaient aussi des indices des pouvoirs de l’extériorité qu’il fallait capturer, incorporer et faire circuler ; il en était de même des écrits, des vêtements, des salamalecs rituels des missionnaires et de la cosmologie bizarre qu’ils propageaient ; il en était de même, d’ailleurs, des valeurs contenues dans le personne des ennemis dévorés. Les Tupinamba furent toujours une « société de consommation » (p. 88).
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