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vendredi 31 mai 2019

Gaspard

C'est ma deuxième journée chez Gaspard, avec toute la famille Schlum. Atmosphère très agréable. Je regrette seulement l'absence de Pauline avec qui j'aurais bien aimé parler un peu. Il fait très beau et la maison de Gaspard est une maison comme on en rêve toute sa vie.  Grande, confortable avec une vue magnifique et de magnifiques découpages réalisés par des artistes de Haïti. Celui que je publie ici montre une sirène enceinte avec l'un de ses enfants sur le dos. Magnifique. Le repas d'hier soir a été très animé avec plein de retrouvailles : Virgile et ses deux enfants, Bielle et son mari, Romane, Benji et Alba, Maurin, Rachel, Joanna, leurs enfants, Georges, Claude évidemment, très en forme, bref, beaucoup de monde. Georges est en train de faire une partie d'échecs avec son petit fils et Danièle fait la cuisine pour tout le monde : salade de quinoa avec persil, menthe et basilic. Les parfums sont très prégnants. J'invite tout le monde au Portugal. On me répond : "Oui ! Pourquoi pas ?" 

mercredi 29 mai 2019

L'Illustration

Hier après-midi, je suis allé voir Patrick, juste avant d'aller à l'université, dans les locaux qui m'avaient été attribués pour le GERSULP. Il y avait en effet un problème. La présidence de l'université de Strasbourg a décidé de faire des travaux de réfection au toit du bâtiment où nous faisions nos recherches. Du coup il faut déblayer tout ce qui se trouve au 2ème étage du bâtiment, et donc les 150 volumes environ du journal L'illustration qui se trouvaient sur des étagères métalliques au 2ème étage justement. Que faire ? C'est à la fois quelque chose de très précieux mais aussi de tellement encombrant qu'on ne sait pas trop quoi en faire. Josiane va essayer de faire accepter ces volumes par la bibliothèque du groupe qui a pris la place du GERSULP. Mais elle craint que les responsables n'acceptent pas ce cadeau. Par ailleurs, Patrick va sans doute se charger de prospecter auprès des bouquinistes pour voir s'ils ne seraient pas intéressés par les publicités des années 1925 et 1930, retrouvées en marge de la collection des volumes reliés.

mardi 28 mai 2019

Strasbourg

Je suis allé dîner chez Célia, hier soir. Julien était là. C'était très agréable de le voir et Joacquim a été très heureux d'avoir enfin sa voiture téléguidée, une voiture qui marche bien et dont on peut recharger les piles. Il était très content. Célia avait préparé un délicieux wok avec des petits légumes et du poulet. Parfait.

La nuit dernière j'ai rêvé de Sasha. Elle conduisait une espèce de petit bateau qui glissait sur une surface d'eau très mince qui couvrait la route. J'étais à l'arrière et admirait son habileté à conduire ce véhicule très particulier. Elle évitait les camions avec une dextérité surprenante. On s'arrête devant des stands et je la vois voler un petit bracelet. Le vendeur s'en aperçoit, court derrière elle, mais elle réussit à s'échapper. Le vendeur était vêtu d'une chemise noire. Drôle de rêve qui montrait que Sasha et moi, nous étions dans le même bateau. Un bateau philosophique, sans doute.

Je suis heureusement surpris par l'évolution de Strasbourg. Toujours beaucoup d'espaces verts, les arbres du parc de l'Orangerie sont magnifiques.  Et le fait d'avoir rendu piétonnier le quai des Bateliers rend ce quartier très agréable. La multiplicité des trams dans toutes les directions est aussi très pratique. 

lundi 27 mai 2019

Écureuil



Au cours de la journée d'hier, je suis allé me promener avec Josiane dans les environs du château de Pourtalès, à la ferme Bussière plus exactement où il y avait une exposition des dessins-tableaux de Danielle Schifmann. Il faisait très beau et les senteurs de la forêt étaient superbes. À la ferme Bussière nous avons vu un adorable petit écureuil, pas du tout farouche, qui se promenait sur les margelles de la fenêtre de la ferme. J'ai pris quelques photos. 

Samedi, je suis allé déjeuner chez Françoise et nous avons passé deux bonnes heures ensemble à discuter tranquillement. Elle m'a raconté quelques épisodes de sa vie professionnelle. Une vie très intense et pleine de voyages un peu partout dans le monde. Elle a passé quelque temps au Chili pendant que le pays était dirigé par Allende. Elle a d'excellents souvenirs de cette époque où les gens montraient leur enthousiasme pour leur nouveau président.

Hier soir, je suis allé voir le dernier film des frères Dardenne, qui vient d'obtenir le prix de la mise en scène au festivak de Cannes. J'ai bien aimé ce film qui nous raconte l'histoire d'une radicalisation. Le jeune Ahmed. J'aime bien ces films sans la moindre musique, sauf celle qui est prévue par le scénario, quand par exemple, dans la voiture, l'éducateur demande à Ahmed s'il peut mettre de la musique.  La fin du film m'a déçu parce que, généralement, ce n'est pas comme ça que le processus de radicalisation se termine. Mais bon.

samedi 25 mai 2019

Un verre

Je quitte ma chambre à l'internat ce matin pour me rendre à Strasbourg. Hier soir, j'ai dîné avec Jeannot et j'ai bu un verre de vin avec mon dîner. Un verre de vin rouge avec du saumon. J'avais aussi commandé une soupe de lentilles absolument délicieuse mais dans laquelle nageaient de nombreux lardons que j'ai soigneusement évités. Ce verre de vin m'a fait du bien. Il m'a réchauffé car j'avais froid. Pourtant il ne faisait pas vraiment froid ni dans le restaurant, ni dehors. Cela venait sans doute de l'intérieur. L'après-midi, nous avons eu à la direction du lycée une bonne discussion sur les missions de l'école par rapport à l'objectif principal de l'humanité aujourd'hui : sauver la planète. 

vendredi 24 mai 2019

Extrait


« There is no negotiation. There is no alternative. They are killing the world and they will keep on killing the world and they will never change and never stop. Nothing I can do, and nothing she can do, will change their minds, because they are incapable of thinking, of seeing the world as something outside of themselves. Insofar as they see it at all, they believe themselves entitled to it. » (de « My Absolute Darling: A Novel (English Edition) » par Gabriel Tallent)

jeudi 23 mai 2019

Impôts

Juste avant de partir à Luxembourg, la veille au soir, j'ai rempli ma déclaration de revenus de 2018 pour les impôts. Ma déclaration était pré-remplie et comme rien n'a vraiment changé depuis l'année dernière, je n'y ai consacré qu'environ une demi-heure. 

*  *  *

J'ai réussi hier à faire un peu plus de 4 km à pied. Généralement, quand je vais à Luxembourg, je ne marche pas beaucoup. Je dors dans l'hôtel de l'internat et les réunions se déroulent dans le bâtiment principal du Lycée à 50 m de là où je dors. Le reste des trajets se fait en voiture. 

Pour une fois, je ne suis pas seul dans cet hôtel de l'internat. Dans les chambres voisines, résident, comme d'habitude à cette époque, les étudiants qui sont dans la dernière ligne droite des révisions avant le bac. Ce sont mes voisins mais je ne les vois pas, je ne les entends pas, je ne les rencontre pas dans les couloirs. Nous n'avons sans doute pas les mêmes horaires.

Hier soir j'ai poursuivi la lecture de My Absolute Darling après avoir été manger d'excellentes pâtes dans un restaurant chinois où nous allions pour la première fois.

mercredi 22 mai 2019

Tallent

Je viens de me voir refuser le paiement de mon voyage de Luxembourg à Strasbourg en train. Il faudra que je prenne mon billet au guichet. Pourquoi pas ? 

Ce matin dans l'avion qui m'amenait à Luxembourg, j'ai continué la lecture de My Absolute Darling par Gabriel Tallent. Je le lis en anglais et ça va plus lentement que le français. Mais le livre est passionnant. Il semblerait que l'on ait déjà fait un film à partir de ce livre. 




lundi 20 mai 2019

Perec

J'ai fait de nouveau mes 5 km aujourd'hui en trois quarts d'heure. Marcher de manière alerte. Je suis revenu de l'université de Lisbonne à pied. J'y étais allé ce matin en scooter électrique. Très agréable décidément ces scooters qui ne vont pas au delà de 50km par heure. Il faut que je m'informe pour voir s'il serait possible d'en acheter un. 

J'ai repris La vie mode d'emploi de Perec et je suis maintenant mieux à même d'apprécier l'ouvrage dans lequel on reconnaît tout ce qu'il décrit : les gravures, les objets, les gestes, les odeurs... tout y est. C'est merveilleux.

dimanche 19 mai 2019

Marche

Longue marche ce matin pour me maintenir en forme. Je suis allé jusqu'à la colline Amoreiras où se trouve le grand magasin Jumbo. J'y ai acheté des fruits, du yaourt de chèvre, un fromage, un litre de lait d'amande Alpro, quatre citrons verts, deux paquets de tranches de saumon fumé d'Alaska et deux petits poulets que l'on mangera ce soir. J'ai mis une grande partie de ces achats dans mon sac à dos, le reste dans un un sac en toile que je transporte toujours dans une poche de mon sac à dos pour ne pas être pris au dépourvu par une quantité trop importante de courses. J'étais finalement bien chargé et je l'ai senti surtout en arrivant à la maison comme si le poids de ces provisions essentiellement alimentaires augmentait au fur et à mesure que j'avançais. Arrivé chez moi, je constatai grâce à mon iPhone que j'avais fait 8.837 pas ce qui correspond à 5,3 km. Avec 1.163 pas supplémentaires, je serais arrivé à 10;000, l'objectif que m'assigne le logiciel que j'utilise pour compter mes pas. 

samedi 18 mai 2019

Journée blanche

Mon appréciation du style d'Aluni a été un peu rapide car, au fur et à mesure que l'on avance dans le texte, les idées deviennent plus difficiles à saisir. Certaines phrases sont vraiment difficiles à comprendre. Excellent exercice, me dira-t-on, pour maintenir les neurones en forme. Sans doute. Je mettrai sans doute beaucoup plus de temps à lire tout l'ouvrage que je ne l'avais prévu. 

Le temps est très variable, actuellement, à Lisbonne. Beaucoup de vent, un vent assez frais qui nécessite que l'on se couvre un peu avant de sortir. Je ne sais pas pourquoi je dis ça, parce que, hier déjà, je ne suis pas sorti du tout. Je suis même resté en pyjama —pas vraiment en pyjama mais dans ce costume d'ouvrier japonais que j'ai acheté à Tokyo il y a bien longtemps et qui me serta de pyjama de temps en temps— toute la journée. Ce fut une journée blanche. Je me suis mis au lit avant 9 heures et j'ai dormi presque dix heures avec un seul réveil au milieu de la nuit pour pisser. C'est la première fois de ma vie que je passe ainsi une journée blanche. Ce n'est pas désagréable. 

vendredi 17 mai 2019

Alunni

J'ai entamé hier soir le gros livre de Charles Alunni, Spectres de Bachelard. Gaston Bachelard et l'école surrationaliste (Hermann, 2018). J'ai été surpris par son style, très simple et direct, ce qui rend la lecture de ce livre —impressionnant par la multiplicité et la précision de ses références—,  presque facile. En fait, Charles —qui viendra à Lisbonne en septembre prochain— a un style alerte. "Alerte", c'est le mot qui convient le mieux, même dans les passages qui traitent des thèmes les plus sérieux du monde : la théorie de la relativité, Einstein, etc. J'ai relevé une critique assez sévère de Michel Paty, le collègue de Strasbourg avec qui j'ai dirigé la revue internationale Fundamenta Scientiae (Pergamon Press, Oxford), pendant une dizaine d'années.

Hier soir, nous avons reçu Pedro et Lucia, nos amis musiciens avec lesquels nous avons toujours beaucoup de plaisir, le plaisir d'une conversation à la fois légère, intéressante, variée... Charlotte est restée avec nous pendant toute la soirée, participant elle aussi activement à cette conversation qui aborde tous les sujets. Superbe soirée.

jeudi 16 mai 2019

Un juif ordinaire

Après Nuit, je me suis mis à lire, toujours du même auteur, Fuck America, l'un des livres qui l'a fait connaître en Allemagne et aux Etats Unis. Toujours ce même style sans style, le plus simple et direct possible, essentiellement des dialogues d'ailleurs, aucune description détaillée, un personnage sans cesse en alerte avec autrui et avec lui-même, très préoccupé par le sexe et surtout sa propre bite, très soucieux également de sa santé, bref un juif très ordinaire, qui se débat comme il peut dans le monde où ses parents l'ont fait naître, et qui écrit des livres auxquels on s'attache vraiment. Les derniers chapitres de Fuck America, sont incroyablement émouvants justement parce que les dialogues qui les constituent se déroulent sans émotion. Merci Hilsenrath. Et merci Richard qui me l'a fait connaître.

Hier soir, j'ai vu Julietta de Pedro Almodovar, film qu'il est difficile de ne pas aimer tant le propos est actuel et pertinent. Une jeune fille se débarrasse de sa mère. Et cela, bien sûr, est la cause d'une peine infinie, chez la mère.

*  *  *

Je me posais la question, ces derniers jours, des raisons pour lesquelles je ne pouvais pas m'empêcher de décevoir les gens que je rencontre et qui, bien souvent, attendent quelque chose de moi. Many people had strong expectations about me. Et, curieusement, j'ai l'impression de ne pas répondre adéquatement à leurs attentes. Selon moi, cela vient de loin. C'est quand je suis né garçon, plutôt que fille, comme attendu par mon père et ma mère, que j'ai dû causer une première déception chez mes parents. Ma mère me l'avait dit clairement : "Je me réjouissais déjà de cette première fille qui allait naître. Et voilà, encore un garçon, le troisième en quatre ans." C'était moi.  

mercredi 15 mai 2019

Nuit

J'ai lu les dernières pages du roman d'Hilsenrath hier soir et, en explorant ce qu'on en disait sur internet, j'ai appris que Nuit fut son premier roman, écrit juste après la guerre et sa propre expérience dans un ghetto en Ukraine. Beaucoup de lecteurs ont fait des commentaires sur ce chef d'œuvre et presque tous disent qu'on ne sort pas indemne de la lecture de ce texte. Je pourrais dire la même chose. C'est un roman qui vous apprend quelque chose sur vous-même et cela fait peur. "Il n'est pas de nuit qui ne trouve à la fin le jour" a pu écrire Shakespeare —à moins que ce ne soit John Florio !—. Le roman d'Hilsenrath nous prouve que si, il existe des nuits qui ne trouvent pas le jour et c'est le cas de celle qui est au cœur du récit de cet auteur extraordinaire.

La lecture de ce texte s'est faite au cours d'une semaine pendant laquelle les "chemins de la philosophie" d'Adèle van Reeth étaient balisés par un examen plurivocal du totalitarisme tel que décrit et analysé par Hanna Arendt. C'était ma collègue de Paris 7, Martine Leibovici, qui intervenait ce matin pour nous décrire comment l'Etat disparaît sous un régime totalitaire au bénéfice d'une structure en oignon du pouvoir. Elle cite l'ouvrage de Claude Lefort La complication, que j'ai l'intention de lire également.

mardi 14 mai 2019

Ghetto

Je n'ai pas encore fini ce livre terrible d'Hilsenrath sur la vie et la mort dans le ghetto de Prokov en Ukraine. C'est un livre terrible parce qu'il ne s'y passe rien d'autre que de trouver, jour après jour, une solution au problème de la faim, puis une solution au problème de la nuit : dormir ? mais où ? L'auteur a tiré ce roman de sa propre expérience entre 1941 et 1945, dans le ghetto ukrainien. Son écriture nous attache au récit que l'on suit pas à pas comme si on était en train de marcher dans la Pouchkinskaia, au milieu de cette foule de gens affamés, malades, prêts à tout pour manger un quignon de pain sec, ou une poignée de haricots qu'il faudra vomir juste après les avoir avalés.

Nous avons passé la matinée au chantier qui a pris beaucoup de retard. Il y a beaucoup de problèmes et notre entrepreneur ne sait pas trop comment les résoudre. L'épicerie du rez-de-chaussée devrait fermer pendant un mois ou deux pour que l'on puisse refaire le premier étage mais le fils de l'épicier a refusé de fermer la magasin pendant une telle période. Le magasin a un chiffre d'affaire de 500.000 euros annuels. Virgilio, le père, était tout à fait d'accord pour fermer pendant quelque temps mais le fils n'a pas voulu. Personnellement je suis d'avis qu'il faudrait lui imposer cette fermeture provisoire sans quoi, on ne renouvellera pas le contrat de location du magasin. 

lundi 13 mai 2019

Hilsenrath

Le génie d'Hilsenrath dans Nuit, c'est de nous faire "vivre" dans ce ghetto de Prokov. C'est de "l'humain" en barre, pourrait-on dire, pas de l'humain à contempler pour y trouver quelque dimension inconnue ou méconnue de nous-mêmes, pas de l'humain destiné à nous rappeler que nous sommes des hommes par rapport à des robots ou à des bêtes, pas de l'humain à nous dégoûter de l'humain ou à nous en faire douter, pas de l'humain spectaculaire ou démoniaque, mais de l'humain qui n'a besoin d'aucune qualification supplémentaire pour convaincre. De l'humain comme "matière", matière brute à romans peut-être, car il n'y a aucun effet de style, aucun maniérisme, aucun indice pouvant nous convaincre d'un message, d'une intention...

dimanche 12 mai 2019

GERSULP

Sarkozy lui-même était là, dans mon rêve, un rêve qui mettait en scène le GERSULP. L'équipe devait subir un examen d'évaluation et c'est Sarkozy lui-même qui pilotait le comité. Il était vêtu d'un long manteau gris du genre de ceux que mon père avait l'habitude de porter, sauf que celui de mon père était roux. Sarkozy me tend les mains en me demandant : "Où est votre bloc ?" Je comprends qu'il s'attend à ce qu'on lui remette un dossier mais, dans le rêve, il utilise ce mot : bloc. Je lui réponds que nous n'en avons pas et qu'il faudra qu'il se fasse son idée en parlant avec nous et en regardant ce que nous faisons. Il est entouré d'une cour d'énarques. Je lui montre l'endroit où je travaille et où une fillette est en train de dessiner ou de s'occuper. Nous arrivons dans les locaux du groupe. Josiane est présente, resplendissante. Elle s'est coiffée un peu différemment avec les cheveux en arrière. Elle porte une combinaison étincelante de couleurs vives. Elle est toute jeune et souriante. Sarkozy utilise un langage très vulgaire. Il parle de certaines personnes en disant que ce sont des "porcs". Je me fous de ce qu'il dit et l'invite à poursuivre. Je me réveille avant qu'il ne passe dans mon bureau.

Je lis actuellement Nuit de Edgar Hilsenrath (Le Tripode, 2014). Cela se passe dans le ghetto de Prokov en Ukraine. C'est la vie du ghetto. C'est le troisième roman que je lis de cet auteur que m'a fait connaître Richard. 

samedi 11 mai 2019

10000

Hier matin, je suis allé au petit Colloque de Régis Salado sur le "franchissements" de frontières. Les interventions portaient surtout sur des films que je n'avais pas vus. Si j'avais été au courant, j'aurais pu faire un topo sur le livre de Cercas, Les Lois de la frontière, où précisément, tout porte sur le franchissement de cette frontière entre une banlieue pauvre et le reste de la ville. L'après-midi, nous avions le comité d'évaluation de FCT (le CNRS portugais) venu faire son travail au Centre de Philosophie des Sciences de Lisbonne. Ils avaient l'air plutôt positif malgré un certain nombre de critique sur l'activités internationale du Centre en matière de recherche. Je suis parti après les premières interventions et suis rentré à pied. Ce qui me permet de dire que, hier, j'ai enfin fait mes 10.000 pas, ce qui correspond à 7 km.

jeudi 9 mai 2019

Lectures

J'ai lu hier Le Requiem de Terezin (Ed. du Sonneur, 2019) par Josef Bor, un écrivain tchèque que je ne connaissais pas. Très beau livre sur la manière dont un chef d'orchestre interné à Terezin va organiser un concert dont le programme sera le Requiem de Verdi, avec exclusivement les ressources présentes dans le ghetto de Theresienstadt. Il y aura une seule performance devant Eichmann et d'autres SS qui, quelques jours plus tard, en octobre 1944, déportera les membres de cet orchestre à Auschwitz. Le soir, j'ai lu le petit livre de Javier Cercas, Le mobile (Actes Sud, 2019), qui fut le premier roman de cet auteur. Il nous dit que parmi tous les romans qui viendront plus tard, celui-là était son préféré. Et l'on comprend pourquoi, car il s'agit d'une sorte d'exercice de réflexivité de l'écriture littéraire particulièrement original et très convaincant : comment l'écriture se sert du réel pour "faire littérature" et comment finalement, le réel trahit son masque littéraire. 

mercredi 8 mai 2019

Canetti

Le livre de Marc Degain ? Pas mal, surtout au début, mais quelque peu prêchi-prêcha à la fin sur tous les thèmes qui font la une de l'actualité, actuellement : réchauffement climatique, biodiversité agonisante, poussée du numérique, pollution, etc. avec, cerise sur le gâteau de lettres qu'il nous offre, quelques réflexions superficielles sur Dieu et les religions, en particulier la catholique —rencontre entre la "femme-Dieu" et le Pape entouré de ses prélats vieillissants et sévères—. Après avoir assez bien commencé, ce roman m'a finalement déçu par les souverains poncifs auxquels il se raccroche dans une écriture qui reste assez élégante malgré tout.

Parallèlement, je continue la lecture du Livre contre la mort, d'Elias Canetti. Ce ne sont que des pensées mais elles sont si aiguisées qu'on peut avoir le sentiment qu'il faille les penser avec précaution. Canetti était l'un des auteurs préférés de Zbyszek.  J'apprends, en navigant sur Internet dans la coque du mot "canetti", que la mère de cet auteur était Mathilde Arditi, tante directe de l'acteur Pierre Arditi qui, récemment, a interprêté, en lecteur particulièrement avisé, Histoire d'une jeunesse, d'Elias Canetti. Je trouve, dans le blog de Fabien Ribery (que je ne connaissais pas) une phrase qui rejoint si adéquatement mes impressions que je ne peux pas ne pas la citer (cette image rejoint aussi la citation en allemand que j'ai publiée dans ce même blog il y a deux jours) :

Chez Canetti, sorcier anthropologue ayant traversé de graves épisodes de dépression, les citations sont des armes blanches (lire la postface de Peter von Matt).


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James Ensor


mardi 7 mai 2019

Almodovar

Parle avec elle, c'est le film que l'on a vu sur Arte, hier soir. Je l'avais déjà vu une fois, mais je m'aperçois que, comme le livre qu'il faut souvent relire une fois, les bons films gagnent à être revus. Ce fut le cas pour La Chute et c'est le cas pour ce film absolument magnifique de Pedro Almodovar —est-ce que ce nom espagnol voudrait dire en français "l'âme du vrai" ? mais le vrai n'a pas d'âme, voyons—. Il s'agit bien de la parole dans ce film, de cet extraordinaire faculté innée chez l'homme, sa faculté de langage, dont il est impossible de connaître les ressources infinies. J'ai été complètement capturé par les images de ce film qui effleuraient délicatement mes fantasmes philosophiques les plus profonds (qu'est-ce que ça veut dire "fantasmes philosophiques profonds" ?). D'abord, il n'y a pas de profondeur dans les fantasmes. Certes, ils peuvent stagner au plus profond de nous-mêmes, mais il n'ont rien de profond en eux-mêmes.  

Par ailleurs, j'ai lu hier le nouveau livre de Marc Dugain, Transparence (NRF, 2019) qui met en scène une vision de notre avenir proche avec cette domination des algorithmes capables de traiter les milliards de données qu'un seul être humain devra fournir pour pouvoir conquérir l'immortalité après avoir été "réssucité" grâce à ces données aussi bien physiologiques que psychologiques recueillies au cours de toute la vie. Comme nous sommes des milliards d'êtres humains sur terre, la compagnie Endless —qui a avalé Google et qui est dirigée par une femme— devra traiter des milliards de milliards de données. Mille sabords ! Où va-t-on ?

lundi 6 mai 2019

Kafka

Je remercie Fred qui m'a envoyé la version originale allemande de la phrase de Kafka que j'ai citée hier à la suite de mon commentaire du livre de Delphine Minoui. Cette phrase est tirée d'une lettre à Oskar Pollak, datée du 27 janvier 1904. Voici donc l'original :

[...] "Ich glaube, man sollte überhaupt nur noch solche Bücher lesen, die einen beißen und stechen. Wenn das Buch, das wir lesen, uns nicht mit einem Faustschlag auf den Schädel weckt, wozu lesen wir dann das Buch ?" [...] "Ein Buch muß die Axt sein für das gefrorene Meer in uns." [...]
Ce livre de Delphine Minoui est un témoignage remarquable sur la résilience de quelques habitants de Daraya. Toutes les informations qu'elle nous livre ont été recueillies par Skype interposé. Elle n'a rencontré ses interlocuteurs principaux que bien après, quand Daraya a pu être évacuée le 27 août 2016.

Hiers soir, j'ai revu La Chute, avec Bruno Ganz, sur Arte, film terrible, qui retrace la vie dans le bunker de la Chancellerie du Reich au cours des derniers jours de la guerre. La scène où l'on voit la femme de Goebbels tuer ses propres cinq enfants endormis avec des ampoules de cyanure est l'une des scènes les plus terribles que j'ai vues au cinéma. Le souvenir de cette scène m'a très souvent tourmenté. La performance de Bruno Ganz est remarquable bien qu'il lui manque ce regard exorbité de fou qu'Hitler avait, semble-t-il, d'après le témoignage du père de Samantha qui l'avait rencontré, et qui fascinait autant qu'il inquiétait. 

Avant de m'endormir j'ai lu quelques pages d'Elias Canetti. Le début du Livre contre la mort, où j'ai trouvé un extrait que je lirai quand nous irons rendre hommage à Zbyszek le 22 septembre prochain, juste après le Colloque que nous organisons pour lui rendre hommage.



dimanche 5 mai 2019

Daraya

Je lis Les passeurs de livres de Daraya. Une bibliothèque secrète en Syrie, par Delphine Minoui, un petit livre de la collection "Points", qui nous parle de la guerre en Syrie, de la résistance courageuse des quelques milliers d'habitants de cette banlieue de Damas qui a subit des bombardements aux barils de poudre lancés par des hélicoptères pendant plusieurs années. C'est ainsi qu'au milieu des bombes et des massacres à l'arme chimique, est née une bibliothèque constituée de tous les livres trouvés dans les ruines. Une bibliothèque, c'est déjà bien, mais avec des lecteurs, c'est encore mieux et d'après le témoignage de l'auteur de ce livre, ils ne sont pas rare à prendre ainsi contact avec le savoir des livres. Le livre est très bien écrit. Belle phrase de Kafka, citée p. 81 : "Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous." Ce doit être encore plus beau en allemand.

samedi 4 mai 2019

Pénéloppe


La nuit dernière, j'ai lu l'un des romans policiers de Joël Henry, un ami lointain de Strasbourg que m'avait présenté Christine Laemmel avec qui je gérais l'Association "Viens Savoir". Son livre  ? Pêche mortelle à Strasbourg. Je l'ai trouvé très attachant avec un style plein d'humour et des personnages assez bien campés. Le commissaire Pénéloppe, qui fait du crochet pendant les interrogatoires m'a fait penser à son homologue créé par Fred Vargas. J'ai beaucoup apprécié ce retour dans la ville où j'ai vécu pendant au moins quarante ans. Le nom des rues, la cité Rotterdam, le pont de la Robertsau, le château de Pourtalès, les bistrots de la Krutenau, bref tous ces lieux que j'ai arpentés pendant des années, ont tout-à-coup resurgi avec une vie que seule la fiction peut encore leur donner pendant quelques heures. J'avais téléchargé le roman sur mon kindle ce qui fait que j'ai pu lire sans déranger Isabel. Merci Kindle ! 

vendredi 3 mai 2019

3 sur 10

Hier, notre groupe de lecteurs et lectrices s'est réuni et nous avons beaucoup parlé du livre de Nicolas Mathieu qui a obtenu le dernier Goncourt pour son livre Leurs enfants après eux. Nous avons également évoque le livre My Absolute Darling de Gabriel Tallent, un auteur Américain dont c'est le premier roman. Extrêmement difficile à lire d'après les deux ou trois lectrices qui en ont parlé. Livre sur la perversion d'un homme qui abuse sa propre fille. Je vais le télécharger en anglais et vous en dirai plus quand je l'aurai lu. Le livre de Nicolas Mathieu a été très bien commenté par une de nos lectrices et par un nouvel homme dans le groupe. Nous sommes trois hommes pour une dizaine de femmes, environ. Le groupe est très intéressant.

Ce matin j'ai écouté François Jullien interviewé par Adèle van Reeth. J'ai bien reconnu sa voix de fausset et les idées qu'il professe et ressasse depuis très longtemps. Il a dit des choses intéressantes —comment pourrait-on ne pas être intéressé par François Jullien, hélléniste et sinologue, bardé de diplômes, de récompenses et d'honneurs—notamment quand il dit qu'il ne s'intéresse absolument pas à la réception de ses livres, "il s'en fiche complètement", disait-il, ce qui correspond bien à mon hypothèse selon laquelle la créativité dans les sciences se nourrit d'une attention particulière à la réception de ce que l'on publie, contrairement à cette créativité philosophique ou littéraire qui se nourrit du risque de ne pas être entendu parce que la réception n'est pour rien dans ce qui s'énonce. 

jeudi 2 mai 2019

1er Mai

Nous avons passé la journée d'hier avec Eric G. et Anne-Christine, nos amis de Mykonos à Paris. Nous sommes allés de l'autre côté du Tage, à Seixal où nous avons déjeuné et où nous nous sommes promenés le long de l'un des bras de l'estuaire du Tage. Il faisait très beau, très chaud avec moins de monde qu'à Lisbonne où les touristes ont envahi la ville de façon presque obscène. Aujourd'hui, il fait de nouveau très beau.  J'ai rendez-vous tout-à-l'heure avec Isabel Serra à propos de notre Colloque de septembre. Il faudrait aussi qu'Isabel contacte la personne qui fait des mandalas pour qu'elle s'occupe de la tombe de Z.