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lundi 9 décembre 2013

L'air d'un crime

J'ai rêvé toute la nuit de la famille comme si j'anticipais leur arrivée à Noël. Et quand j'ai réveillé Charlotte, elle m'a dit la même chose. Elle avait rêvé de la famille.
Une couverture de nuages presque transparents ont blanchi le ciel de Lisbonne. Il fait encore très beau mais toujours assez froid. Mais cela peut changer d'ici Noël.
Hier j'ai relu "L'air d'un crime" de Juan Benet. C'est, semble-t-il le seul roman policier qu'il ait écrit. L'écriture est magnifique qui dénote un sens inouï de la description. C'est souvent le détail que personne ne songerait à insérer dans la description qui rend celle-ci particulièrement éloquente. Ce que Barthes appelait "l'effet de réel". Il y a en effet une énigme à résoudre mais c'est à peine si on la reconnaît comme une énigme quand elle est posée. En tout cas ce n'est qu'à la fin que l'on comprend quelle était l'énigme. Entretemps, nous battons la campagne de Region en compagnie du capitaine Medina à la recherche de deux évadés. Nous sommes très loin du polar traditionnel. Je vais également relire "Le Chevalier de Saxe" du même Benet.

J'ai voulu comparer le polar de Benet avec un polar traditionnel. J'ai choisi "Mort sur le Nil" d'Agatha Christie. Les deux expériences de lecture sont complètement différentes en effet. Dans le polar d'Agatha Christie, on finit par oublier complètement la forme pour s'attacher à l'action et au raisonnement d'Hercule Poirot. L'écriture doit se faire oublier comme écriture précisément. Elle doit opposer le moins d'obstacles possibles à une lecture qui ne s'intéresse pas du tout à elle. Chez Benet, c'est le contraire : l'écriture se fait sentir en tant qu'écriture à la lecture et c'est pour cela que l'on communique vraiment avec celui qui écrit. On est avec lui dans le processus même d'écrire. L'écriture est là pour surprendre la lecture, pour l'obliger à ne rien manquer. Le contraste est frappant.

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