Ce matin, Joëlle et moi avons longuement dicuté sur l'état du monde actuellement et elle m'a dit quelque chose qui m'a bouleversé : l'effondrement, disait-elle, a déjà commencé ; nous sommes dans cette période dont tout le monde craint l'apparition à travers des images de terreur, des famines, des guerres, des épidémies, des migrations massives, des catastrophes naturelles, des tsunamis, etc. Mais comment ne pas voir que tout cela se passe effectivement, en direct, sous nos yeux. Dans nos fantasmes de fin du monde, nous voyons de grands désordres spectaculaires, la fonte des glaces du Pôle Nord, etc. Mais à travers ces images qui nous hantent, nous nous disons que nous ne sommes pas encore là, qu'il y a moyen de faire quelque chose et que même si l'effondrement est imminent, nous nous consolons en disant qu'il est moins une et qu'avec des politiques appropriées on pourra faire reculer les échéances. Mais cette attitude de déni nous emêche de voir que c'est bien ce qui arrive maintenant.
De là, on est passé au Brexit et là encore Joëlle a exprimé une position étrange. Pour elle, le Brexit est un symptôme de cet effondrement, un symptôme qui indique une direction, une voie où aller, qui donnerait beaucoup plus d'importance à des phénomènes d'auto-organisation et d'autonomisation locale et/ou régionale. Les Anglais veulent se détacher d'un Bruxelles qui se propose de devenir le centre de contrôle des 27 pays européens pour pouvoir maîtriser un peu mieux leur capture dans un monde globalisé. Mais, contrairement à ce que l'on a tendance à penser, la globalisation ne peut pas devenir un atout dans la perspective de reculer l'échéance de l'effondrement. Celui-ci met en œuvre des forces bien plus importantes que celles que l'on imagine. Ce serait plutôt dans la concrétisation de nouvelles modalités de vivre ensemble à l'échelle de notre insertion dans un espace donné que résiderait une réponse plus appropriée aux défis du présent. C'est vrai que les oiseaux disparaissent maintenant, que les insectes ne couvrent plus nos parebrises après des kilomètres de route, que les poissons meurent d'avoir tenté de digérer trop de plastiques. Tout cela se passe maintenant, sous nos yeux ébahis. L'effondrement, ce n'est pas pour demain, c'est maintenant, et les politiques ne pourront rien y faire. C'est là.
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