Voici un passage du livre que je lis en ce moment, Sur la piste animale de Baptiste Morizot (Actes Sud, 2018) :
"Pourquoi certains animaux nous regardent-ils spontanément dans les yeux ? S'ils pensaient que nous sommes des corps mus par des forces physiques, des pierres chutant, des arbres ; ou bien s'ils ne pensaient pas, ils poseraient leur regard indépendamment sur toute la surface du corps, sans trouver nos regards. Ici, le fait qu'ils nous regardent dans les yeux indique qu'ils savent quelque chose : il y a une intentionnalité cachée derrière nos yeux, comme s'il y avait quelque chose à voir, comme si nous avions vraiment une âme, trahie dans ces miroirs. Je ne sais pas le dire. Le eye-contact révèle ce que ces animaux comprennent de ce que nous sommes. Ils nous attribuent une intériorité, nous qui peinons tant à leur rendre cette politesse, que leur geste pourtant appelle : il n'y a qu'une intériorité pour en reconnaître une autre, parmi les rochers, les forêts, les nuages." (pp 34-35)
Ce passage m'a fait réfléchir à ce qu'est l'intériorité. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que je réfléchis à ça. Il m'est apparu, en lisant ce passage, que l'on pourrait interprèter l'intériorité comme ce que nous ne comprenons pas de nous-même et qui nous fait porter notre interrogation sur un autre à travers son regard. Ce n'est pas très bien formulé et c'est très intuitif, ce que je dis là, mais cela s'accompagnait d'un sentiment d'évidence qui n'est pas justifié par ce que j'en exprime. À suivre.
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