Hier en début d'après-midi, nous sommes allés tous les trois voir une exposition à Gulbenkian. Au moment où nous arrivons près du parc, nous repérons une place de parking et je m'y rends tranquillement. A ce moment-là je vois un de ces gueux qui, à Lisbonne, repèrent des places de parking pour les automobilistes en échange d'une pièce de monnaie (50 centimes d'habitude), je le vois donc se précipiter vers cette place de parking et nous la montrer comme si c'était lui qui l'avait repérée. Je me gare. Et je le vois qui attend sa pièce, totalement abusive à mon avis, puisqu'il n'avait fait que courir vers nous pour l'avoir. Bref, après avoir pris conseil auprès d'Isabel, nous nous éloignons sans rien lui donner. Avec le sentiment partagé par Isabel et moi, que les choses n'en resteraient pas là. Isabel et Charlotte prennent leur déjeuner au soleil au milieu des canards et des cancans de nos voisins sur une terrasse au bord du petit lac. Quand nous sommes revenus à la voiture, nous avions un pneu crevé dans le flanc (ce qui le rend irréparable). On voyait très nettement la trace du coup de couteau qui avait percé notre pneu et... notre porte-monnaie en même temps. Cela nous fera une centaine d'euros pour remplacer l'une des chaussures de la voiture.
Question : aurions-nous dû donner ses cinquante centimes immérités à notre gueux, ce qui nous aurait évité la dépense d'une centaine d'euros et la perte de temps qui va avec la résolution de ce genre de problème ? En fait, c'est une sorte de chantage implicite : ou bien tu me donnes une pièce, ou bien je te fais dépenser 200 fois plus en te crevant un pneu ou en rayant la carrosserie de ta voiture de bourgeois. Généralement, on n'aime pas marcher dans un chantage. Cela froisse notre sentiment de la justice. Mais dans le cas présent, n'était-il pas plus simple de donner 50 centimes à notre "jeune misérable drogué" pour avoir la paix, quitte à faire violence à notre propre code de moralité ? Après tout, nous savons bien que ce prétendu travail des gueux de Lisbonne ne correspond à rien et qu'il s'agit seulement de charité déguisée. En fait, je crois que c'est l'arrogance du type à qui nous avions affaire, qui nous a poussé à ne rien lui donner. Comme quoi je crains fort que la justice n'ait pas grand chose à voir là dedans.
Et maintenant, notre haïku du jour :
Le brouhaha des voix
Sur la terrasse au bord du lac
Les cygnes s'en fichent
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