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vendredi 31 octobre 2014

31 octobre 2014 : Reyhaneh Jabbari

Ils l'ont pendue. Elle avait 26 ans et avait poignardé celui qui voulait la violer. Un procès biaisé par le pouvoir judiciaire en Iran. Avant de mourir, elle écrit une lettre à sa mère. Ne pleure pas. Une fois dans l'autre monde on verra bien qui seront les coupables. Je fais don de mes organes à ceux qui en auraient besoin. Plus de 850 exécutions en Iran sous Rohani. Que se passe-t-il dans ce monde pour que cela arrive ? Comment cela est-il possible ?

Nous avons tous les jours des nouvelles de ce genre. Médiapart accuse la procureur de Tarbes de donner des informations sur l'enquête qui vise le maire Gérard Trémège. Corruption. Hier, sur Arte, des informations concernant les écarts grandissants entre riches et pauvres dans tous les pays du monde, en particulier dans les pays riches. Le président du Burkina-Fasso, Compaoré, veut se faire élire pour la Xème fois, en dépit de la constitution qui limite l'élection présidentielle à deux mandats. Le peuple se révolte et met le feu au parlement. Violences. Des drones inconnus survolent les centrales nucléaires en France. Israel continue à construire des logements à Jérusalem-Est, transgressant toutes les lois internationales.

Ne pas se laisser submerger par ce flot sinistre, ces vagues d'injustices qui semblent recouvrir tout. Faut-il même s'indigner comme nous le recommandait Stéphane Hessel ? Au lieu de vouloir être heureux, on veut de l'argent, du pouvoir. Et pour lutter contre l'injustice et la violence, il faut de l'argent, du pouvoir. L'efficacité dans l'action se paye, quelle que soit l'action. Alors tout le monde s'y met. Douloureusement. Tout en continuant à aimer le monde et la vie.

Z. me rappelait hier, au cours du repas que nous prenons ensemble tous les jeudis à midi (j'ai fait une tarte aux tomates et au chèvre que même Charlotte a trouvé délicieuse !), cette parole philosophique de Gaston Bachelard qu'il faudrait méditer plus souvent : "L'être commence par le bien-être." Je donne le contexte de cette phrase tirée de La Poétique de l'espace : "La vie commence pour l'homme en dormant bien... L'expérience de l'hostilité du monde — et par conséquent nos rêves de défense et d'agressivité — sont plus tardifs. Dans son germe, toute vie est bien-être. L'être commence par le bien-être." (p.103)

jeudi 30 octobre 2014

Le 30 octobre 2014 : Rêver en Modiano

Je me suis réveillé au milieu de la nuit avec un rêve dont le contenu était très indistinct mais qui s'était déroulé, j'en étais persuadé au réveil, selon une dynamique propre à l'écriture de Patrick Modiano, l'auteur que je lis en ce moment. C'était très étrange. Il y avait des grilles, de la pluie, des taches de soleil découpées par des ombres particulières, des pièces vides ou ne contenant qu'une seule pièce de mobilier, un canapé, des robes de chambre, du vert et du rouge, des rues souvent vides, de Paris, Mégève, Genève, Annecy, Saint Lô, etc. J'énonce ces éléments de contenu sans vraiment les revoir dans une sorte de souvenir du rêve qui, semble-t-il, a besoin d'une cohérence narrative pour faire exister les enchaînements d'images. Je me suis rendormi pour faire d'autres rêves.

Parallèlement à Modiano, je lis l'ouvrage déjà mentionné antérieurement de George Marshall, Don't Even Think About It. Analyse très intéressante des deniers, les sceptiques du Tea Party, et autres groupes conservateurs aux Etats Unis : importance des groupes de référence (on pense comme ceux que l'on voit souvent et à qui l'on fait confiance, sans se poser de questions). Enfermement socio-culturel. Cela vaut autant pour les deniers que pour ceux qui croient fermement à l'origine anthropique du changement climatique. Importance également des rapports de proximité. L'information qui vient, de manière anonyme (ou quasi-anonyme), à travers les réseaux sociaux et les médias est presque toujours jugée suspecte, unreliable, et en tout cas incapable de changer notre vision des choses.

Hier nous avons fêté l'anniversaire d'Isabel qui nous a invités, Charlotte et moi, dans un restaurant dont la cuisine est dirigée par le chef étoilé José Avillez. C'était très bon. L'année prochaine nous irons au Bel Canto, le restaurant étoilé du chef !

mercredi 29 octobre 2014

Joyeux anniversaire, Isabel

C'est aujourd'hui l'anniversaire d'Isabel. Il y a environ trois mois, je lui ai acheté des boucles d'oreilles portugaises en or que je vais lui offrir aujourd'hui. Ce soir sans doute. Isabel nous invite à dîner dans un bon restaurant dont la cuisine est dirigée par un "chef étoilé". Je me réjouis d'y aller quoique une cuisine trop riche le soir ne soit pas à conseiller. Je veillerai à choisir un plat léger.

Je suis dans Pedigree de Modiano. Très autobiographique apparemment. Mais toujours aussi envoûtant. Le feu d'artifice des noms de personnes, de rues, de villes, de marques, etc. L'auteur est né en 1945. C'est vraiment notre époque. Quand je lis certaines de ses descriptions, j'ai l'impression que c'est mon enfance qu'il décrit, mes interrogations devant les mouvements des adultes qui nous entourent et dont les raisons nous échappent, sans pour autant que nous déclarions forfait devant ces aléas kaléidoscopiques de la chair humaine : nous imaginons les causes, très loin de celles qui sans doute, ont motivé les va-et-vient de ces animaux étranges que sont, pour les enfants, les adultes. La complexité de ces mouvements. Leur apparente nécessité. Leur contingence essentielle.


mardi 28 octobre 2014

28 octobre : Méditer en rêve

Cette nuit, en rêve, j'avais du mal à méditer. Des gens se trouvaient dans la chambre et même la femme de ménage s'est mise à repasser dans la pièce où j'essayais d'empiler des coussins sans y réussir vraiment. Mon empilement se désagrégeait dès que je m'asseyais dessus. Les coussins étaient en soie et ça glissait. En plus, avec tout ce monde autour de moi, c'était frustrant. J'ai essayé de méditer debout (toujours dans mon rêve). Peu concluant. Au réveil il n'y a pas eu de problème : ma petite tour habituelle de coussins m'a supporté pendant 65 minutes.

Hier je me suis vraiment plongé dans le monde un peu évanescent, mais pourtant si précis, de Patrick Modiano. J'ai terminé Rue des boutiques obscures  et me suis lancé dans Dora Bruder que je viens de terminer. Il y aurait beaucoup à dire sur l'écriture de Modiano, les récurrences de son style, mais surtout, ses obsessions des traces topographiques et patronymiques que le passé nous abandonne avec une sorte d'indifférence nonchalante que l'auteur questionne méticuleusement.

Par ailleurs, je viens de recevoir le livre de George Marshall Don't Even Think About It. Why our brains are wired to ignore climate change. Je l'ai commencé et cela m'a l'air très intéressant en effet. Je vous en dirai plus quand j'aurai terminé.

Hier nous avons vu notre architecte Carlos. Nous en sommes à la dernière étape pour avoir l'autorisation de la municipalité pour faire les travaux. Après ce sera l'emprunt à la banque. Puis, les travaux eux-mêmes. Il faudra bien choisir l'équipe qui sera chargée du gros oeuvre. Pas évident !

lundi 27 octobre 2014

27 octobre : Jus de fruits et légumes

J'ai repris mon régime lisboète : le matin je me fais un jus de fruits et légumes avec du persil (une botte par jus), des fans de céléri, quelques tranches de concombres, quelques feuilles d'épinard ou/et de basilic, un kiwi, une pomme, deux carottes, un citron et un morceau de gingembre frais. C'est très bon. J'accompagne cela avec deux ou trois noix du Brésil et une poignée de raisins de Corinthe et de graines de courge. Evidemment je ne peux pas avoir ce petit-déjeuner quand je me déplace à Paris ou Luxembourg. Mais cela n'a pas beaucoup d'importance. Avec l'heure de méditation que je fais avant de préparer ma potion magique, cela me prend au moins deux heures pour être enfin disponible aux aventures de la vie quotidienne.  C'est pour cela que je me réveille tôt : 4h et demi ou 5 heures.

Je continue Modiano, charmé par cette écriture superbe.


dimanche 26 octobre 2014

26 octobre : Patrick Modiano

De retour à Lisbonne après une brève halte de deux jours à Paris. Pendant ces deux jours, et dans les creux que me procuraient mes rendez-vous, j'ai lu La mort est mon métier de Robert Merle. Un livre assez ancien qui parle de la vie de Rudolf Lang (Hoess dans la réalité), le grand organisateur d'Auschwitz. Ce n'est pas un roman historique et je serais assez curieux de savoir comment l'auteur s'est documenté pour faire ce livre étrange. Il a surtout travaillé, semble-t-il, avec les entretiens préalables au procès de Hoess et avec son autobiographie. Le personnage de Rudolf Lang est d'une froideur glaciale. L'auteur parle de son enfance, de son père dont le catholicisme bigot lui a fait tant de mal. La description du personnage dans son rôle de grand ordonnateur d'Auschwitz est terrible. Toujours à cause de cette froideur directement liée à l'obéissance aux ordres. Obéissance aveugle, aveugle, aveugle.

Vendredi, j'ai rencontré Natalia F., une jeune Brésilienne qui travaille sur les blogs de scientifiques au Brésil. Elle voulait me rencontrer pour aborder avec moi la question de la réflexivité. Nous avons discuté pendant une heure environ. Je l'ai trouvée très intéressante et intéressée. Sa formation de linguiste doit la rendre sensible à mes préoccupations sur les rapports entre parole et écriture. Elle doit venir à Lisbonne prochainement et j'espère beaucoup la revoir. Je lui ai envoyé quelques uns de mes articles, tout en lui conseillant de lire David Abram, bien sûr.

Dans l'avion qui me ramenait à Lisbonne j'ai entamé la lecture de Patrick Modiano. J'ai commencé par Villa Triste. Une écriture à la fois très simple, directe, descriptive, précise et vague en même temps, parsemée de légères hésitations qui ressemblent aux effets d'une brise légère qui passe à la surface des mots, avec beaucoup de noms propres, les personnes, les rues, les hôtels, les pays, l'histoire, le passé comme si c'était avec eux, ces noms propres, que l'auteur martelait les tôles vibrantes de ce que furent les vies qui nous ont précédés. J'ai lu Livret de famille dans la foulée. On comprend pourquoi dans ses interviews, l'auteur nous dit qu'il écrit toujours le même roman alors que ce n'est absolument pas répétitif même s'il y a beaucoup de traits qui reviennent constamment sous sa plume. J'ai acheté le livre qui contient une dizaine de ses romans, publié dans la collection "Quarto" de Gallimard. J'entamerai Rue des Boutiques obscures ce soir. Je m'en réjouis déjà.

vendredi 24 octobre 2014

Revoir les amis

Quelle joie hier, quand, de retour dans mon ancien bureau à l'Université, j'ai pu revoir tous mes anciens collègues, et Joëlle, très occupée comme d'habitude mais qui avait l'air en pleine forme. J'ai aussi fait la connaissance de Michel B., qui devait faire partie du jury de G.D. et qui voulait nous rencontrer pour nous parler du site qu'il est en train de créer pour faire exister un débat on line sur le changement climatique. J'étais enchanté de discuter avec lui. Je ne sais pas si notre discussion lui sera utile mais, en tout cas, j'espère que le site qu'il projette de lancer et d'animer aura tout le succès qu'il mérite. En tout cas l'affaire est à suivre de près.

Je suis ensuite allé au séminaire d'Andrée et Gabrielle. J'ai retrouvé tous les participants de ce séminaire d'épistémologie critique et comparative qui dure déjà depuis plus de dix ans et auquel je participerai avec une intervention sur David Abram en décembre. J'ai revu René T., Anne Q., et tous les autres, un peu vieillis sans doute mais, comme moi. C'est assez attendrissant de voir et d'entendre ces personnes âgées continuer à se poser tous les problèmes liés à notre condition humaine à une époque où l'urgence est là. Le thème du séminaire était l'autisme chez les enfants, la manière dont cette "maladie" est diagnostiquée, étiquetée, soignée, subventionnée, etc.

Le soir j'ai dîné avec Hugo L., un élève de l'école 42, très sympathique et plein de ressources. Il m'avait été recommandé par Malek O. Nous avons eu une bonne discussion et j'en ai aussitôt fait part à mes partenaires du Luxembourg qui sont enthousiastes à l'idée de visiter l'école 42 de Niel et à l'idée de recevoir Hugo au Lycée Ermesinde en décembre. Tout cela est très positif.

jeudi 23 octobre 2014

Paris

Après trois jours en Bretagne et trois jours à Luxembourg, me voilà de retour à Paris avec une flopée de rendez-vous ! La dispersion des cendres dans la mer au large de Cap Coz a été un moment fort. Nous avons chanté Le Testament de Georges Brassens, la chanson que nous avions choisie pour accompagner son dernier voyage à Strasbourg. Heureusement que René, un vrai marin de Bretagne, était avec nous. Il connaissait bien la chanson. Dommage qu'il n'ait pas apporté sa guitare dont il joue très bien paraît-il. En tout cas, c'est grâce à lui que nous avons pu chanter deux couplets.


Je serai triste come un saule
Quand le Dieu qui partout me suit
Me dira, la main sur l'épaule :
"Va-t'en voir là-haut si j'y suis."
Alors du ciel et de la terre
Il me faudra faire mon deuil
Est-il encor debout le chêne
Ou le sapin de mon cercueil ?


Martine, Françoise Marianne et Patrick m'accompagnaient. René et Claude étaient les membres de l'équipage. Charmants et efficaces tous les deux. J'ai dû adhérer à l'association  "La misaine" (je crois que c'est comme ça qu'elle s'appelle !) pour trente euros. Je suis très content de faire partie de cette association dont le but semble être de conserver les vieux misainiers et de les faire naviguer de temps en temps.

Nous sommes revenus de Cap Coz le dimanche. Nous sommes partis très tôt mais le GPS de Fianna nous a fait battre la campagne pendant au moins une heure. Heureusement, nous avons très vite ignoré les indication du GPS pour prendre les autoroutes qui nous ont amenés à Rennes d'abord, où Marianne devait rejoindre son fils Lucas, qui fait ses études d'ingénieur là-bas, ensuite Paris où nous sommes allés chez Martine rejoindre Duncan.

Nous sommes allés à la Gare de l'Est où Françoise et Patrick prenaient le train pour rentrer à Strasbourg, et d'où j'ai pris, une heure plus tard, le train pour Luxembourg. Je n'ai pas de photos de Luxembourg mais cela me sera certainement pardonné. 

vendredi 17 octobre 2014

Jour de la "Saint Baudouin"

Jour du départ également après une petite heure de méditation. Sentiment très habituel d'avoir oublié quelque chose, d'être en train d'oublier quelque chose, ce qui, généralement, s'avère, mais trop tard ! Mon taxi arrive dans une heure et, d'ici là, il faut que je réveille la maisonnée. Et que je passe en revue tout ce que je dois emporter. Je n'ai ni bottes, ni ciré pour la Bretagne, mais j'ai mes grosses chaussures de marche, cela devrait suffire pour garder mes pieds au sec. Evidemment, si je tombe à l'eau, ce sera moins pratique que mes chaussures de ville pour rejoindre le rivage. Mais n'essayons pas d'anticiper.
J'emmène avec moi Viva de Patrick Deville. Pour l'avion et les attentes prévisibles. A demain pour des nouvelles plus fraîches.

jeudi 16 octobre 2014

Veille du départ

Je vais préparer ma valise aujourd'hui pour mon départ de demain. Ce sera tout d'abord la Bretagne, chez Eric, avec pour tâche de disperser les cendres de Jean-Pierre dans la mer ; ensuite, Luxembourg, où m'attendent de nombreuses discussions et peut-être un petit saut à Cologne pour visiter une école. Je ne sais pas si j'aurai le temps d'un coucou à ma fille Célia. Peut-être ! Ensuite, Paris où je participerai à un séminaire de la MSH et où, le lendemain, rencontrerai Balthazar pour déjeuner. En principe je devrais voir également Michel Bourqui. Je vais reprendre contact avec lui aujourd'hui.


Ne pas oublier d'emmener quelques photos de Jean-Pierre pour que l'on puisse se souvenir des moments les plus heureux qu'il nous a fait vivre ! Voici une photo qui me renvoie à des souvenirs d'adolescence très heureux. Je suis au bord de l'Ill (le fleuve qui traverse Strasbourg) avec Jean-Pierre qui s'apprête à pêcher avec une canne qu'il a fabriquée lui-même et qui lui a permis un jour, de sortir un joli petit brochet, admiré par tous. La photo n'est pas très bonne mais elle est suffisante pour que l'on puisse sentir cette atmosphère d'hiver au bord de l'Ill. Nous y sommes tous les deux. Dominique, l'aîné, devait déjà être parti en Belgique faire son école d'architecture. Jean-Pierre m'emmenait ainsi assez souvent, dans la forêt du Fuchs-am-Buckel, traversée par ce bras de l'Ill.

Hier nous avons reçu Jean-Jacques et Chantal M. qui nous ont rapporté de Liège un magnifique sirop, sans le moindre sucre ajouté, absolument délicieux. Ils nous ont également apporté du boudin blanc. Voilà : un petit tour en Belgique à travers les papilles du palais. A midi, nous sommes allés manger au marché couvert de Campo d'Ourique avec un couple de retraités originaire de Lyon et dont la fille vit au Portugal. Nous avons inévitablement parlé de l'état de la France aujourd'hui sur le registre d'une plainte impuissante. C'est très répétitif. Alors que, beaucoup de choses se passent, mais non relayées par les médias. Les médias confèrent une sorte d'inertie incroyable à une actualité que les journalistes ne cherchent plus à observer avec attention et en essayant d'apercevoir le différent, pour, éventuellement, lui donner une chance de changer la donne. La répétition quotidienne des mêmes thèmes (les scandales sarkoziens, les horreurs de l'EI, l'impuissance d'Obama, les routines de l'UE, les menaces d'Ebola, etc.), sûrs de mobiliser des attentions blasées, alourdit considérablement l'atmosphère du présent. Tous les matins, on nous ressert la même poisse ambiante,  qui a peu d'intérêt. Au fond, il ne faudrait peut-être chercher à s'informer qu'une fois par semaine, le dimanche par exemple, assis tranquillement dans un fauteuil et avec une atmosphère de pain grillé !

La méditation d'aujourd'hui n'a duré que 50 minutes au lieu de l'heure habituelle. Bon ! N'en faisons pas une affaire.

mardi 14 octobre 2014

14 octobre 2014 : Le ciel du matin...

... est aujourd'hui magnifique. Juste quelques bouderies sombres au fond de l'horizon mais une belle lumière dorée nous vient de l'Est et on entend mieux la trajectoire des avions.

Aujourd'hui, je vais au Centre pour une grande réunion de rentrée. Je ne sais pas très bien ce que j'y ferai dans la mesure où tout se passera en portugais et ma langue est encore très rudimentaire. Au moins, je rencontrerai O.P. et je verrai Z. Cette nuit mon rêve était très inspiré de Gormley. J'étais l'un de ces personnages immobiles, regardant l'horizon, les pieds dans la mer, sauf que ce n'était pas la mer dans mon rêve, c'était les planches d'un théâtre. E.P. jouait dans la pièce. Elle était nue elle aussi. Elle m'aidait à répéter mon rôle que je connaissais très bien jusqu'à ce que je monte sur les planches. A ce moment là, tout était parti et je ne savais plus rien. Moment de stress sans doute. Je répétais en rêve ce qui est arrivé à Charlotte à l'école, hier : interrogation en math. Nous avions révisé ensemble et au moment où elle devait répondre aux questions, elle a eu un "blocage" comme elle dit, et s'est mise à pleurer. La maîtresse lui donnera une seconde chance.

Je relis David Abram en parallèle avec un livre de François Jullien sur le nu. J'apprécie encore plus Abram à la relecture de ses propos.

Excellent article (trop bref, malheureusement mais manifestement bien informé) dans Libé sur les travaux de Jean Tirole, qui vient d'être récompensé par le Prix Nobel d'Economie. Notamment l'avant dernier paragraphe où il promeut une distinction importante entre motivations extrinsèques (rémunération d'un service ou pénalisation financière) et motivations intrinsèques (quand nous agissons au nom de ce que nous sommes, ou de ce que nous croyons être). A noter également, de nombreuses références à l'implicite en économie. C'est vraiment passionnant !

lundi 13 octobre 2014

13 octobre : Automne

Oui ! décidément, c'est l'automne à Lisbonne. Le ciel est bas et rend tout (air et lumière inclus) gris.

55 minutes de méditation ce matin. Généralement, je fais une heure, voire une heure et dix ou quinze minutes. Bien entendu, rien ne me signale ce terme de la méditation : je ne mets pas de réveil et le gong de Dhamma Mahi ne résonne pas jusqu'à Lisbonne... Simplement, tout-à-coup, je me déplie et, quand je regarde l'heure, je vois qu'il s'agissait à peu près d'une heure (à cinq minutes près !). Pourtant, le vécu subjectif de ces temps de méditation varie énormément. Parfois, je trouve que c'est très long, parfois je suis étonné de la brièveté de cette heure qui a passé alors que j'étais assis en tailleur, immobile (additthana !) sauf quand il s'agit de redresser mon dos. Celui-ci a nettement tendance à laisser la gravitation s'emparer de ma colonne vertébrale pour, si l'on n'y mettait pas le holà, en faire une boule foetale moelleusement enfoncée dans les coussins. Donc, à intervalles réguliers, je réajuste l'empilement vertical de mes vertèbres comme s'il s'agissait d'une tour de légos. Se déplier n'est pas toujours facile. Mon pied gauche est si engourdi que je ne le sens plus. Il est en bois. Mon genou droit a, quant à lui, tendance à garder le pli que ma position lui a imposé, ce qui rendrait la marche vraiment difficile, si jamais les cloches de Rome sonnaient à ce moment-là, fixant pour l'éternité la grimace d'un corps tout chiffonné de méditation !
Dans les discours qui accompagnent ces pratiques de méditation bouddhiste, il y a des récurrences terminologiques qui continuent à m'agacer quelque peu. Notamment l'idéal de pureté qui nous est rappelé sans cesse ainsi que l'universalité à la dimension de laquelle l'expérience de nos sensations est appelée (c'est ce qui la rendrait parfaitement "scientifique" selon Goenka). Pureté ? Universalité ? Vérité universelle ? Cela me rappelle l'adolescence et ce désir fou, oui ! vraiment fou, de perfection qui, à l'époque, m'habitait au nom de mes élans mystico-religieux ! Restons modestement perplexe !

J'ai repris contact avec Malek, l'un de mes compagnons de méditation à Dhamma Mahi, qui, lui aussi, essaye de se maintenir dans le sillage des enseignements de S.N. Goenka. Il n'a pas encore lu David Abram, mais m'a dit que cela ne saurait tarder. On pourra en discuter lors de l'un de mes prochains brefs séjours à Paris. Je m'en réjouis !

dimanche 12 octobre 2014

12 octobre 14 : Antony Gormley

Ce matin, en parcourant la Newsletter de Libération, je tombe sur un article évoquant une oeuvre particulière du sculpteur britannique Antony Gormley, oeuvre installée sur la Crosby Beach tout près de Liverpool. Interpellé par l'image publiée par Libé je "google" le nom du sculpteur et, magie d'internet, je tombe sur une conférence TED, où le sculpteur parle de son oeuvre mais surtout de ce que la sculpture est pour lui. Et j'ai trouvé sa présentation extrêmement intéressante et pertinente.
je vous envoie ci-dessous le lien URL :
http://www.ted.com/talks/antony_gormley_sculpted_space_within_and_without
Je vais également essayer de capturer une photo ou deux de cette oeuvre impressionnante. En fait je reprends la photo publiée par Libé.
Qui veut venir avec moi regarder cette oeuvre à Liverpool ?

Ce matin, il faisait carrément froid à Lisbonne, avec du vent et de gros nuages roulés en boule au fond du ciel.

Il faut que je me mette au travail pour ma présentation de David Abram, très bientôt, à la MSH à Paris.

samedi 11 octobre 2014

11 octobre : Lisbonne dans la brume

Ce matin, vers 8 heures, Lisbonne avait de grosses joues de brume. Si bien que, par la fenêtre de mon bureau, on ne distinguait plus que le poil hérissé de quelques antennes anachroniques, les plus proches de ma fenêtre. On aurait dit une grasse matinée d'hiver, mais comme il ne fait pas particulièrement froid, l'impression est étrange. Les sons habituels du réveil de la ville semblent s'étouffer à travers une blancheur qui ne sait pas d'où vient la lumière. Les avions passent comme d'habitude, mais leur barrissement sombre semble s'être perdu lui aussi dans le ciel invisible, laissant derrière lui une sorte d'horizon sonore continu, une rumeur céleste au ras des collines.

Je viens de finir Never Let Me Go de Ishiguro. C'est un livre vraiment étrange tant il ne cesse, jusqu'à la fin, de nous intriguer, d'intriguer le lecteur. Celui-ci ne comprend pas au début, cette affaire de "donation", de "donneur" ou de carer. Il y a des indices tout au long de la lecture, mais on ne sait pas trop comment les prendre, comment les articuler les uns aux autres dans ce flot des pensées et des émotions de Kathy. Ces indices assez vagues, ressentis plus que précisément évoqués (très vite le lecteur que je suis a remarqué l'absence de toute référence à des parents - pères ou mères - dans les interactions entre les students, par exemple !), convoquent parfois un monde fantastique mais dont la dimension fantastique nous est soigneusement cachée jusqu'à son dévoilement en fin de parcours.


vendredi 10 octobre 2014

10/10/14 : Nuages

Il fait très gris à Lisbonne depuis deux ou trois jours. Pas un seul petit rayon de soleil, hier.
J'ai vu Z. hier à midi. Très en forme. Il se remet au travail sur le livre qu'il écrit sur la philosophie de Bachelard et sur Bachelard lui-même. Il a des idées très originales sur ce philosophe français que beaucoup de philosophes français ignorent surtout pour l'avoir catalogué trop vite à travers ce qu'il écrit dans La Formation de l'esprit scientifique, qui, comme le dit Z., est sans doute le moins bon livre de Bachelard, celui qu'il a écrit par énervement contre les historiens des sciences justement qui cherchent à trouver la raison du présent dans le passé. Or, comme le dit Bachelard, et c'est une citation que Z. adore répéter, "le passé est passé". Ce qui est fondamental pour la vie et pour la pensée, c'est l'instant, maintenant, là, hic et nunc. Le livre sera publié par les Presses Universitaires d'Edimbourg, en anglais, bien entendu. Ce sera certainement un bon livre à traduire. Z. me le réserve !

jeudi 9 octobre 2014

9 octobre : Lonesome Dove

J'ai terminé hier le roman de MacMurtry, Lonesome Dove et je ne regrette absolument pas d'y avoir passé l'essentiel de mes trois dernières journées. En effet, il s'agit là d'une véritable fresque littéraire sur l'Ouest américain dans la deuxième moitié du XIXe siècle. C'est magnifiquement écrit et le rythme du récit vous emporte pendant des heures sans qu'on sente le temps passer. (Je ressortais tout courbatu des profondeurs moelleuses du canapé du salon.) Merci à Ruben pour nous avoir signalé ce très beau roman où l'émotion, très présente à certains moments, est néanmoins tenue en bride par une écriture rapide, efficace et par la manière dont certains détails de la description des personnages et des situations nous donnent l'illusion d'être tout près de ce qui a pu se passer réellement à l'époque. L'évocation répétée de ces touches dans des situations très différentes les unes des autres accentue cet "effet de réel" pour parler comme Roland Barthes. Bref ce fut un plaisir de lire ce livre volumineux (850 pages). Fabien me l'avait conseillé également après l'avoir lu, lui aussi, sur Kindle ! Et je pense que Sasha ne va pas tarder à le lire également ! Je m'attaque maintenant à Kazuo Ishiguro, Never Let Me Go. J'avais été passionné par The Remains of the Day. Je présume que celui-là va me plaire également. En tout cas, j'adore l'élégance du style de cet auteur.

Je remercie Françoise pour son dernier commentaire. Le fait de savoir que j'ai encore quelques lecteurs (à part ceux qui sont chargés aux US de la surveillance des réseaux sociaux de la planète) m'encourage à poursuivre cette entreprise, même si je me rends compte que, souvent, je n'ai pas grand chose à dire !

Je viens d'apprendre que le prix Nobel a récompensé l'oeuvre de Patrick Modiano dont je viens d'écouter les entretiens sur Médiapart. Encore des lectures en perspective ! Quel bonheur !


samedi 4 octobre 2014

Rêve d'amphis

Etrange ce rêve que j'ai fait cette nuit et qui représentait une rentrée universitaire en fac de droit. Il y avait un nouvel amphi qui, curieusement, était tout en hauteur, en fait une succession de trois petits amphis dans le même volume largement vitré et donnant sur l'extérieur. Comme j'avais peu d'étudiants je décidai d'aller tout en haut où l'espace semblait plus convivial (avec canapés et fauteuils) mais, peu de temps après, avec l'arrivée d'autres étudiants, je descendis au niveau intermédiaire. Mon cours était intitulé "Introduction aux sciences sociales". Et j'avais à peine dit trois mots, qu'un étudiant m'interrompt pour me dire qu'en fait, les sciences sociales sont nées bien avant le début du XIXe siècle. Et de me citer un auteur que je ne connaissais pas avec des dates précises. Je vois tout de suite que cet étudiant va m'interrompre en permanence pendant le cours. D'ailleurs les étudiants deviennent si bruyants que j'annule finalement le cours en leur disant : "Si vous ne voulez pas prêter un minimum d'attention à ce que je vais vous dire, ce n'est pas la peine de venir." Les étudiants s'en vont et j'embranche sur un autre rêve dans lequel Josiane me reçoit avec mon père et sa nouvelle femme, ma belle-mère qui s'est comportée comme une vraie marâtre avec mes soeurs. Ma belle-mère avait prévu de se changer au dernier moment et de mettre une robe qui m'apparaissait comme une robe du XVIIIe siècle avec panier et toutes les dentelles et fanfreluches qui s'imposent. Mais finalement elle ne change pas de robe et je lui laisse le passage dans les escaliers très étroits qui mènent à l'appartement de Josiane.

Ce matin méditation difficile. Esprit préoccupé. Les images et les problèmes défilent les uns après les autres. Le temps se fait long. Rien à voir avec le calme que je ressentais hier matin. Mais je ne m'en fais pas. Tranquillité et équanimité reviendront certainement.

vendredi 3 octobre 2014

3 octobre 2014 : Vipassana encore

Je médite pendant environ une heure tous les matins, de 4h30 à 5h30, parfois un peu plus tard. Quand j'étais à Dhamma Mahi, les trois heures quotidiennes d'Adhinatta ont été très difficiles. On a l'impression que le temps ralentit exponentiellement. "Lenteur exponentielle" ? qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ? C'est le sentiment qu'au fur et à mesure que le temps passe, il devient de plus en plus lent, comme s'il allait cesser de passer à un moment donné. C'est un drôle de sentiment et c'est alors que l'on souffre le plus. Mais, chez moi, à la maison, cette heure de méditation que je fais tous les matins, passe assez vite, presque trop vite même. C'est très étrange. Est-ce la présence des autres méditants qui donne ce sentiment d'une lenteur qui ralentit toujours plus de manière exponentielle ? En tout cas, cette idée me faisait réfléchir pendant ces heures de "strong determination" que je vivais à Dhamma Mahi et, paradoxalement, elle m'aidait sans doute à faire passer le temps, justement, ce qui, bien sûr, n'est pas très orthodoxe dans le cadre de la méditation vipassana !!!

J'ai commencé Lonesome Dove de Larry McMurtry. J'en aurai sans doute pour un moment !

jeudi 2 octobre 2014

2 octobre : Statistiques

En regardant les statistiques des pages lues de mon blog, je m'aperçois que mes seuls lecteurs se trouvent aux Etats-Unis. Je suis sans doute inscrit sur la liste des blogs à surveiller par la NSA. En tout cas je ne peux manquer de me poser la question suivante : Est-ce vraiment la peine d'écrire pour les agents de la sécurité américaine ? Bon ! je reprendrai certainement ce post un peu plus tard pour y ajouter quelques nouvelles. A tout-à-l'heure !

Je viens de terminer Réparer les vivants de Maylis de Kerangal et je trouve ce livre magnifique. Je crois qu'on en avait parlé chez Guy Chou et qu'A. n'était pas convaincue. "Trop émotionnel" disait-elle si je me souviens bien. Mais je ne trouve pas que ce soit le cas. Il y a de l'émotion certes mais justement, j'ai l'impression qu'elle ne prend jamais le pas sur l'écriture, une écriture travaillée, dense, avec un rythme rapide. Une écriture qui pense à la lecture, contrairement à celle de Juan Benet, qui, elle, pense au lecteur sans doute plus qu'à la lecture elle-même. Bref, j'ai vraiment aimé les moments que ce livre nous donne, un texte qui demande qu'on s'y enfouisse et qui pourtant nous maintient constamment au bord de l'enfouissement, par l'intermédiaire des faits qu'il rapporte et qui, même dans les préciosités de l'écriture, restent des faits. Un beau livre que, personnellement, je recommande très chaleureusement.

Je vois Zbyszek à midi. Je vais faire une tarte aux tomates. Et il y aura encore un peu de céléri- remoulade que j'avais fait pour moi hier à midi avec des carottes rapées. Et j'aurai beaucoup de choses à faire cet après-midi.

mercredi 1 octobre 2014

1er octobre 2014 : Dicker

Nous entamons le mois d'octobre.
Je viens de lire La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker, roman qui a obtenu le 25e prix Goncourt des Lycéens et le Grand Prix du roman de l'Académie française. Comme quoi, il est risqué de se fier à des honneurs officiels qui, manifestement, ont été obtenus autrement que par le pur mérite. Car ce roman d'environ 850 pages ne me semble absolument pas convaincant malgré la tentative de l'auteur de nous faire participer à l'élaboration de son écriture, à travers une sorte de réflexivité dont le dispositif m'a paru très artificiel : deux écrivains dont l'un est un vrai et l'autre un faux qui, néanmoins, est celui qui donne les meilleures leçons à la fois d'écriture et de boxe ! L'intrigue est pleine de rebondissements invraisemblables de telle sorte qu'on se demande si elle n'a pas été conçue en fonction de son potentiel sérendipitaire. Mais, comme dit, cela reste très artificiel d'un bout à l'autre. On se demande vraiment pourquoi ce roman a obtenu ces deux prix relativement prestigieux.
Ai vu Z. hier à midi. Très pris par ses relations avec le Centre et sa directrice. Cela devient lourd et compliqué. Il parle de quitter. J'ai essayé de lui faire prendre quelque distance avec son souci. Ce n'est pas facile.
Ce matin, jus de légumes et fruits, comme d'habitude avec, en supplément, une grande tartine de confiture, délicieuse !