Ce matin, vers 8 heures, Lisbonne avait de grosses joues de brume. Si bien que, par la fenêtre de mon bureau, on ne distinguait plus que le poil hérissé de quelques antennes anachroniques, les plus proches de ma fenêtre. On aurait dit une grasse matinée d'hiver, mais comme il ne fait pas particulièrement froid, l'impression est étrange. Les sons habituels du réveil de la ville semblent s'étouffer à travers une blancheur qui ne sait pas d'où vient la lumière. Les avions passent comme d'habitude, mais leur barrissement sombre semble s'être perdu lui aussi dans le ciel invisible, laissant derrière lui une sorte d'horizon sonore continu, une rumeur céleste au ras des collines.
Je viens de finir Never Let Me Go de Ishiguro. C'est un livre vraiment étrange tant il ne cesse, jusqu'à la fin, de nous intriguer, d'intriguer le lecteur. Celui-ci ne comprend pas au début, cette affaire de "donation", de "donneur" ou de carer. Il y a des indices tout au long de la lecture, mais on ne sait pas trop comment les prendre, comment les articuler les uns aux autres dans ce flot des pensées et des émotions de Kathy. Ces indices assez vagues, ressentis plus que précisément évoqués (très vite le lecteur que je suis a remarqué l'absence de toute référence à des parents - pères ou mères - dans les interactions entre les students, par exemple !), convoquent parfois un monde fantastique mais dont la dimension fantastique nous est soigneusement cachée jusqu'à son dévoilement en fin de parcours.
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