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mercredi 29 juin 2016

Pieds-nus

Ce fut le rêve de cette nuit. Je glissais pieds-nus dans la neige. C'était assez agréable en fait et je m'étonnais de ne pas avoir trop froid.

L'intervention de JMLL au Colloque Sciences et littérature était très éclairante et, comme toujours, pleine d'intelligence et de finesse. J'ai exprimé mon désaccord partiel avec certains de ses propos, au grand dam d'une dame qui assistait au Colloque et qui voyait ce désaccord comme pouvant entraîner une brouille entre "les deux amis" comme elle se plaisait à nous appeler. Mais bien évidemment, rien de tel ne s'est produit.

J'ai écouté ce matin le discours de Nigel Farage au parlement européen après "sa" victoire du Brexit. Affligeant. Vulgaire. Triste.

mardi 28 juin 2016

Imprimante

Dimanche je suis allé m'acheter une imprimante, car ma vieille HP était tombée en panne, sérieusement. Donc, j'ai trouvé une HP 4520, me semblant pouvoir se substituer sans problème à mon HP4500. Mal m'en prit : quand j'ai voulu faire un premier essai, je me suis aperçu qu'il fallait que je change de système pour mon ordinateur et que je passe à Lion Mountain OsX 10.8 alors que je n'en suis encore qu'à Mountain OsX 10.7.5. Et le passage s'avère plus compliqué que je ne m'y attendais. On reçoit beaucoup de conseils sur Internet mais ce n'est pas toujours simple de les mettre en oeuvre. L'imprimante m'a coûté 63 euros. Pas très cher en effet. Ce sont les cartouches d'encre qui leur font faire les plus gros bénéfices. Bon ! C'est aujourd'hui la dernière journée du Colloque. Je vais entendre mon ami JMLL tout au début de l'après-midi. Je m'en réjouis.

lundi 27 juin 2016

Tout juste...

...avant que l'heure de minuit nous fasse passer du 27 au 28 juin. Juste pour dire que le colloque s'est bien passé et que, semble-t-il, ma communication sur "la psychanalyse dans le boudoir" a été bien reçue. En fait, je suis moi-même assez content de cette intervention que j'ai préparée dans la hâte mais qui finalement tenait assez bien la route.

dimanche 26 juin 2016

Ecrire

C'est ce que j'ai fait hier pendant toute la journée en vue de l'intervention que je dois faire au Colloque Sciences et littératures : Dialogues interdisciplinaires qui commence lundi matin à l'Université nouvelle de Lisbonne. Le titre de cette intervention : "La psychanalyse dans le boudoir où se rencontrent science et littérature". Bon c'est le titre que les organisateurs ont choisi. J'avais proposé d'autres titres moins provocateurs mais c'est celui-là qu'ils préféraient. En vue de ce moment, j'ai relu La Philosophie dans le boudoir du Marquis de Sade en portant sans doute plus d'attention à la partie strictement philosophique du dialogue. C'est un livre intéressant. Athée militant, Sade est allé jusqu'au bout d'un individualisme outrancier qui prétend qu'il ne faut se préoccuper que de ses propres plaisirs, sans tenir aucun compte de l'autre —ni des souffrances éventuelles que l'on pourrait lui faire subir— si ce n'est pour l'instrumentaliser totalement au profit de la jouissance que l'on peut en tirer. Le discours de Sade se tient mais son déni de toute compassion pour autrui est aujourd'hui contredit pas les études neuro-scientifiques sur le cerveau humain, qui, notamment, avec la découverte des neurones-miroir, montrent que l'attention à l'autre est l'une des forces qui ont permis la survie de l'humanité. Autrement dit, la compassion est inscrite dans notre programme neuro-physiologique. Elle n'est pas issue d'une injonction morale inspirée par la religion, elle est nécessaire à l'espèce humaine. On pourrait même penser que la référence religieuse pour justifier la nécessité de la compassion est plus nuisible que bénéfique. Cela mérite réflexion.

samedi 25 juin 2016

Courir

Tous les enfants aiment courir. Je l'ai vérifié dans mon rêve de cette nuit. J'étais avec deux autres gamins —mes frères aînés, sans doute— et nous attendions des adultes. Pour passer le temps nous décidons de faire des courses. Et nous voilà tous les trois sur une même ligne de départ. "Partez", entends-je. Et nous voilà partis. Au début tout va bien. L'un de nous se détache en tête et disparaît dans un tournant. J'essaye de le suivre mais, manifestement je me trompe de parcours, je ne vois plus personne, mais je continue à courir. Finalement on se retrouve et on décide de recommencer. Nouveau départ, nouvel égarement. J'ai l'impression que l'on s'y est repris plusieurs fois.

Beaucoup d'informations sur le Brexit pendant la journée d'hier.  Et un repas avec Z. à qui j'ai apporté de Paris le livre de Gilbert Simondon qu'il m'avait demandé.


vendredi 24 juin 2016

Orgulhosamente sós

C'est triste de voir l'Angleterre reprendre à son compte ce mot d'ordre de Salazar, le dictateur portugais qui a soumis son pays aux dures lois d'une dictature obscurantiste et complètement refermée sur elle-même. Certes, je ne crois pas que l'Angleterre va évoluer vers une telle orgueilleuse solitude. Mais je crains fort que le réflexe qui a poussé environ 52% des Anglais à voter pour le Brexit était inspiré en grande partie par cette fierté nationale héritée d'une maîtrise des mers et d'un immense empire colonial, à tout jamais perdu. Perdu dans la réalité mais pas dans la tête des "brexiters".

Farewell

Hier soir, quand je me suis couché le "Bremain" semblait, d'après les médias français, sur la voie d'emporter la victoire et voilà que ce matin, ce fut la douche froide : le Brexit avait gagné et l'Angleterre semblait avoir décidé de quitter l'Union Européenne. Je crois sincèrement que c'est une mauvaise décision pour tout le monde : aussi bien pour les Anglais que pour les Européens. La livre sterling dévisse. Les bourses s'affolent. Il s'agit bien d'un tremblement de terre, d'un tremblement d'idéologie. Les populistes qui misent sur la haine et la peur ont gagné. Comme d'habitude. Mais il y a des responsables : ceux qui propagent sciemment cette haine et cette peur pour conquérir le pouvoir, qui est toujours un pouvoir d'oppression des plus faibles.

* * *

Bon ! La victoire du Brexit m'a mis de mauvaise humeur et mes réactions sont peut-être un peu exagérées. Au fond, ce Brexit est un choc et il suffirait de peu de choses pour qu'il soit salutaire aussi bien pour l'Angleterre que pour les Européens. J'ai trouvé le discours de Cameron (où il reconnaît sa défaite) très digne. L'événement a le mérite de nous obliger à penser à l'avenir ce qui est plutôt positif.

jeudi 23 juin 2016

Cristal

Je me réveille chez Jeannot derrière une baie vitrée qui me dévoile un ciel magnifiquement bleu. Je pars dans trois heures pour Paris d'où je prendrai l'avion pour Lisbonne. J'espère que les manifestations prévues ne m'empêcheront pas de prendre le RER B de la Gare du Nord à Antony. A l'arrivée, Isabel et moi fêterons nos noces de cristal, ce qui correspond à 15 ans de mariage.

mercredi 22 juin 2016

3 - 3

Tel est le score du match Portugal - Hongrie. J'en ai vu la fin avec Jeannot et j'avoue que j'ai été très impressionné par les buts de Cristiano Ronaldo. Vivacité et élégance. Il est vraiment magnifique. Les buts hongrois étaient aussi excellents. Je ne suis pas un grand amateur de football mais j'avoue que regarder un match de temps en temps n'est pas pour me déplaire.

J'ai bien travaillé avec Julia aujourd'hui. Nous sommes sur une bonne voie par rapport aux résultats de l'Escale de recherche.  Je vais dormir aujourd'hui chez Jeannot. Demain matin, je prends le train pour Paris.

Je me réjouis de rentrer à Lisbonne.

mardi 21 juin 2016

Faust

Hier matin, j'ai assisté à une mise en scène du Faust de Gœthe par les élèves de 1ère du Lycée Ermesinde. J'ai été très impressionné par la qualité du travail de ces élèves qui, pendant la même période, devaient préparer le Bac.

Par ailleurs j'ai poursuivi les travaux de recherche entamés pour l'Escale. Le document final qui doit témoigner de nos questionnements sur l'avenir des systèmes éducatifs du XXIe siècle sera bouclé très prochainement.

lundi 20 juin 2016

Brumes

La vue, ce matin, sur les collines qui dominent le petit village de Beringen, était superbe. Coiffées de brumes grises, elles disparaissaient, ou plutôt elles apparaissaient comme sur le point de disparaître. Le soleil diffusait une lumière à la fois douce et vive, qui rebondissait sur des pans de brume au dessus des toits. C'était très beau.

Hier, c'était l'anniversaire de J.M. C'était aussi la fête des fraises au Lycée Ermesinde.

Mon voyage Blablacar s'est bien passé bien qu'il ait mal commencé. Nous sommes partis 3 quarts d'heure en retard par rapport à l'horaire prévu. Du coup, je n'osais plus espérer arriver à temps pour la fête des fraises. Et bien si ! Comme quoi il ne faut jamais se laisser aller à une mauvaise humeur induite par une vision pessimiste de l'avenir. Ma conductrice a mis très exactement trois heures pour aller de Paris à Mersch. Belle performance. Nous sommes passés par la Belgique !
Je n'en revenais pas. Généralement, si l'on prend les autoroutes françaises en passant par Metz et Thionville on met au minimum trois heures et demi, voire quatre heures.

dimanche 19 juin 2016

Sables

J'ai commencé La femme des sables de Abé Kôbô, un auteur japonais que je ne connaissais pas du tout. C'est un roman très étrange qui vous plonge dans une atmosphère chargée de sables en effet, des sables qui finissent par pénétrer à l'intérieur du corps, au plus profond de votre être.

Je n'ai pas beaucoup de temps. Je dois rejoindre le conducteur avec lequel j'ai un rendez-vous "blablacar" à Neuilly Plaisance pour rejoindre Luxembourg. Mon séjour à Paris m'a permis de revoir beaucoup d'amis associés à des passés si différents que j'ai l'impression d'avoir passé bien plus de temps ici que ces quatre petits derniers jours. Comme quoi la manière dont on passe le temps et surtout avec qui on le passe, nous le fait apercevoir avec de multiples perspectives très différentes les unes des autres : hétérogénéité d'un temps que les émotions habillent de couleurs très diverses.

samedi 18 juin 2016

Impuissances

Je veux remercier Joëlle d'avoir organisé cette petite réunion vespérale avec les anciens du Master de Journalisme scientifique à Paris Diderot. Quelle joie de retrouver tout le monde en bonne forme et tous très enthousiastes malgré les grisailles de la météo et des malaises politico-médiatiques du monde actuel.
Petite discussion sur les impuissances du moment : impuissances politiques, médiatiques, institutionnelles, syndicales, militaires, culturelles, etc. Pourquoi cette situation n'est-elle pas que négative ? J'aurais tendance à lier ces impuissances à leurs visibilités qui se mettent en concurrence les unes avec les autres et finissent par s'annuler mutuellement. A revendiquer en permanence la plus grande visibilité possible, en vue d'une efficacité maximale, les puissances se défont dans cet élan vers la mise en visibilité, comme si celle-ci portait en elle-même la possibilité d'une efficacité supérieure. Mais il n'en est rien. C'est ce que je crois mais il faudrait aller plus loin dans la réflexion, évidemment.
Hier matin, comme je l'ai déjà mentionné hier, j'ai écouté Bruno Karsenti au Collège de France. Il nous faisait part de sa lecture maussienne de Totem et Tabou. Une intelligence et un sens des nuances absolument remarquables. J'aimerais beaucoup lire la présentation qu'il nous a offerte de cet ouvrage qui a suscité tant de controverses et de polémiques. Comment la pensée s'est dissociée de l'acte et de sa prise sur le réel. Les échos de son exposé m'ont poursuivi hier et aujourd'hui en rapport avec ma lecture de Mark Haddon et Tarjei Vesaas (Les Oiseaux).
Et ce matin, j'ai vu Fabien avec qui j'ai pris mon petit déjeuner dans un café de la place Saint Sulpice. Bonne discussion sur le Brexit.

vendredi 17 juin 2016

Rhin ou reins

C'était le rêve de cette nuit : nous élevions une palissade en bois —il fallait choisir soigneusement les planches à utiliser et qui devaient tenir  en les enfonçant en terre sur une vingtaine de centimètres—pour nous protéger du Rhin. Je vois la digue en effet telle que je l'ai connue au cours de ma jeunesse à Strasbourg. Cette palissade devait ensuite être peinte en noir. Et en y pensant cette nuit même, je me suis dit qu'il est possible que ce rêve ait quelque chose à voir avec les calculs aux reins qu'un médecin a décelé récemment chez moi au cours de l'échographie qu'il me faisait subir. Mais, alors que l'on m'a toujours dit que les calculs étaient très douloureux, je ne sens rien pour le moment. A surveiller quand même.

J'ai mangé avec Christine et Eric hier soir dans un magnifique petit restaurant à Joinville : Au Petit Pont. Ils m'ont reconduit jusqu'à la rue Vanneau ensuite.

Ce matin je vais aller écouter Bruno Karsenty au Collège de France sur le thème "Totémisme et animisme : une lecture maussienne de Totem et Tabou est-elle possible ?"

* * *

Je remercie Fred qui m'a envoyé hier un article intéressant sur Churchill :
"Churchill : Great and Mean" par Geoffrey Wheatcroft tiré de The New York Review of Books. Ce texte pondère quelque peu mon enthousiasme pour celui que j'ai appelé un "grand homme". Il l'était, certainement, mais pas aussi complètement "grand" qu'on pourrait le croire. 

jeudi 16 juin 2016

Tofu

J'ai revu Pierre L. hier soir, et j'ai longuement discuté avec lui. Il me faisait part de ses craintes de vieillir dans la précarité et je comprends très bien ce qu'il dit. Il n'a pas de boulot pour le moment et est toujours branché sur l'implantation du tofu japonais en France ou ailleurs en Europe. Son séjour au Japon lui a beaucoup apporté. Je l'ai trouvé bien à l'aise mais avec une petite baisse de tonus quand même par rapport à la dernière fois que j'avais parlé avec lui. J'ai l'impression que mon petit séjour à Paris va être l'occasion de plusieurs retrouvailles intéressantes.

mercredi 15 juin 2016

Churchill

A l'heure où il est fortement question que les Anglais quittent l'Europe, Arte a diffusé hier soir un programme qui retraçait la vie du vieux lion, Winston Churchill, peintre, écrivain, homme de guerre et homme politique —dont la carrière politique d'ailleurs a été secouée par plusieurs retournements de veste significatifs—. Très belle émission en tout cas, qui donnait une idée assez précise du destin fabuleux de ce grand homme qui a fumé plus de 250000 cigares dans sa vie. Belle performance.

Bon ! Il faut que je m'arrête ici, sinon je vais rater mon avion ! Ce soir je serai à Paris.

* * *

Voilà ! je suis à Paris. Tout va bien. Il paraît que c'est à Duroc que les violences se sont déroulées lors de la manifestation d'hier.  Je viens d'y passer. Aucune trace. A moins que je n'aie pas bien vu ce qui était à voir. 

mardi 14 juin 2016

Sisyphe


Il n'y a guère de réflexion plus "sisyphique" que celle qui porte sur l'école et l'éducation. Je ne suis d'ailleurs pas le premier à faire un tel constat, comme le montre l'image de droite. Mais pourquoi est-ce le cas ? En fait, nous aimerions voir un problème là où il n'y en a sans doute pas. Tous les systèmes sont à la fois bons et mauvais dans la mesure où on ne sait pas quel sens donner ici à ces qualificatifs : "bons" ? c'est-à-dire qui permettent à la société de se reproduire plus ou moins identique à elle-même dans le temps ? ou qui permettent aux jeunes générations de remplacer les moins jeunes ? pfffftt ! généraliser une certaine aptitude au bonheur et à l'équilibre psychologique ? si cela dépendait d'un système éducatif, on le saurait certainement... donner des compétences (des connaissances, des savoir-faire, des...) pour que les jeunes puissent trouver du travail dans un monde concurrentiel ? hum ! voilà qui est concret et bien ciblé, mais n'est-ce pas ce que font précisément les systèmes éducatifs ? aussi bien traditionnels qu'alternatifs d'ailleurs, sans qu'ils aient besoin de penser de manière spécifique à de tels résultats ? et quand on passe au sens à donner à "mauvais", on est encore plus embarrassé, car la plupart des jeunes, faisant parfois preuve d'une résilience quasi infinie, s'en tirent, même avec les pires systèmes, les plus répressifs, les plus barbares, les plus "brainwashistes", les plus religieux, même les plus bêtes... alors, que faire ? où sont les problèmes ? j'en reviens à une conviction que j'ai depuis longtemps : les systèmes éducatifs devraient veiller à ce que les êtres auxquels ils s'appliquent soient le moins malheureux possible en raison des convictions (très contingentes) et des préjugés de ceux qui les font fonctionner, pour le meilleur et pour le pire. 

lundi 13 juin 2016

Le dernier président

Une entretien très intéressant avec Julien Coupat (Une insurrection qui vient du Comité invisible) dans Médiapart aujourd'hui sur la situation politique de la France et la signification des mouvements de contestation de la loi "—Travaille !". On le trouvera ici :
https://www.mediapart.fr/journal/france/130616/julien-coupat-la-loi-travail-est-laffront-qui-fait-monter-au-front?utm_campaign=Alerte&utm_medium=email&utm_source=Emailvision&utm_content=20160613&xtor=EREC-83-[Alerte]-20160613
L'idée selon laquelle la politique telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui nous mène à une impasse me semble juste. Au fond, rien ne va plus et François Hollande ressemble fort à Louis XVI. Loin de moi l'idée qu'il serait bon qu'on lui coupât la tête, évidemment, mais il est tout à fait bien dans ce rôle d'un dernier président dont l'art de gouverner est propre à nous montrer ce qu'il y a de ridicule, vain et, à dire vrai, impossible, dans l'occupation qui consiste à gouverner.

Hier soir, nous avons vu le dernier film de Hayao Miyasaki, Le Vent se lève, un dessin animé qui illustre l'extraordinaire talent de dessinateur de l'auteur. On a reproché à l'auteur de nous raconter l'histoire de cet ingénieur japonais, très brillant, qui a conçu cet avion qui fut un engin de mort pendant la guerre. Ce reproche me semble totalement ridicule. Le titre nous donne les premiers mots d'un vers de Paul Valéry tiré du Cimetière marin :



Le vent se lève ! ... il faut tenter de vivre !
L'air immense ouvre et referme mon livre
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies
Rompez, vagues ! Rompez d'eaux réjouies
Le toit tranquille où picoraient des focs !"



D'étranges cohérences se glissent ainsi dans ce tissu d'événements qui trament notre vie quotidienne. Car, tel est bien le message de Julien Coupat : "Le vent se lève..."

dimanche 12 juin 2016

Azar Nafisi

J'ai commencé, sur mon Kindle, la lecture de The Republic of the Imagination, de cette auteure iranienne Azar Nafisi, qui a émigré aux Etats Unis il y a bien longtemps et dont le livre que je cite semble avoir été traduit en français assez récemment. La dernière parution du Monde des Livres évoquait l'œuvre de cette femme passionnée de littérature et auteure du "best-seller" Reading Lolita in Tehran, que je n'ai pas lu mais que je compte effectivement lire après The Republic of the Imagination. Ces lectures combinent mon intérêt très vif pour l'Iran, où j'aimerais beaucoup aller avant que cela ne devienne impossible, et pour la littérature. Celle-ci, semble-t-il, a besoin d'être défendue dans le monde d'aujourd'hui qui, inondé d'images de toute sorte, compte de moins en moins de lecteurs.

Ce matin, dans le Guardian, un article de Michael Cohen qui nous fait espérer une défaite de Trump à l'élection présidentielle de novembre aux Etats Unis. Espérons. Autre article intéressant, celui de Kevin McKenna sur la position difficile de Nicola Sturgeon, leader du SNP (le parti nationaliste écossais) qui doit craindre les conséquences politiques pour l'Ecosse d'une victoire du "leave". Situation très compliquée qui nous réserve sans doute de grandes surprises.

samedi 11 juin 2016

Palettes

Des palettes sur le balcon pour fabriquer un potager vertical, telle est la dernière idée d'Isabel. Pas évident à réaliser mais intéressant. C'est le problème de l'arrosage qui semble le plus difficile à résoudre. Nous avons les deux palettes qui nous permettraient de commencer.

Je me demandais ce matin : qu'est-ce qui nous fait devenir vieux ? Je crois que c'est le manque d'activité. Tous les matins, je m'active pendant au moins deux heures avec les cinq tibétains en premier, la confection de mon jus de légumes, le vidage de la machine à laver la vaisselle, le nettoyage des choses qui sortent mal lavées, la confection du thé, nourrir le chat, éventuellement nettoyer sa caisse, prendre mon petit déjeuner souvent réduit à un oeuf à la coque, 10 minutes sous la douche, etc. Je devrais également faire une petite promenade dehors, un quart d'heure par exemple, juste pour prendre l'air et marcher. Bref, il faut être actif et les gestes nécessaires du quotidien sont d'excellents supports.

La vieillesse, c'est cette immobilité envahissante et "aquoiboniste" qui tend à nous transformer en statues. Bon ! il n'y a pas que ça, évidemment, mais le manque d'activité, qui affecte sans doute plus les hommes que les femmes —j'ai le souvenir de mon grand-père, sa longue barbe blanche bien fournie, assis dans son fauteuil club en vieux cuir, entouré des odeurs de son cigare, regardant le monde s'agiter devant lui, femmes, chiens, enfants, de loin, de très loin— me semble être fatal. La maladie ne serait-elle pas parfois l'une des compensations que le corps se cherche pour pallier ce manque d'activité ?

D'ailleurs à propos de maladie justement, je n'ai pas donné de nouvelles de mon rendez-vous avec Quintela. Et bien voilà : tout va bien pour le moment, mes analyses de sang sont excellentes, dit-il, et l'échographie n'a rien révélé de catastrophique. Le médecin qui y avait procédé avait repéré des calculs au rein, mais Quintela suggère qu'ils ont été éliminés naturellement, sans douleur apparemment.

vendredi 10 juin 2016

Encore elle

C'est une autre phrase que je trouve dans "Je ne suis pas sortie de ma nuit" d'Annie Ernaux, la publication de son journal pendant les deux années qui ont précédé la mort de sa mère.
"Ecrire sur sa mère, écrit-elle, pose forcément le problème de l'écriture". Intuitivement, je pense que c'est juste. Mais il faut se méfier de l'intuition, comme nous le rappelle Mark Haddon, dans l'ouvrage que j'ai cité hier, à propos du Monty Hall Problem :
"You are on a game show on television. On this game show the idea is to win a car as a prize. The game show host shows you three doors. He says that there is a car behind one of the doors and there are goats behind the other two doors. He asks you to pick a door. You pick a door but the door is not opened. Then the game show host opens one of the doors you din't pick to show a goat (because he knows what is behind the doors). Then he says that you have one final chance to change your mind before the doors are opened and you get a car or a goat. So he asks you if you want to change your mind and pick the other unopened door instead. What should you do ?"
L'intuition vous dirait sans doute que ce n'est pas la peine de changer d'idée dans la mesure où l'on croit qu'après le premier choix (dont on ne connaît pas le résultat) on a 50 chances sur cent de tomber sur la porte qui vous fera gagner une voiture. Erreur, nous dit Marylin vos Savant. En changeant d'idée, vos chances de gagner la voiture sont de 2/3 !
Le livre cite les interventions de 6 mathématiciens provenant de diverses universités américaines qui dénoncent cela comme une erreur. Mais la démonstration qui prouve la justesse du raisonnement probabiliste de Marylin vos Savant est tout-à-fait convaincante. A méditer.

jeudi 9 juin 2016

Asperger

"Au début, je croyais que j'écrirais vite. En fait je passe beaucoup de temps à m'interroger sur l'ordre des choses à dire, le choix et l'agencement des mots, comme s'il existait un ordre idéal, seul capable de rendre une vérité concernant ma mère — mais je ne sais en quoi elle consiste — et rien d'autre ne compte pour moi, au moment où j'écris, que la découverte de cet ordre-là." (p. 569)
Et plus loin encore une fois :
"Cette façon d'écrire, qui me semble aller dans le sens de la vérité, m'aide à sortir de la solitude et de l'obscurité du souvenir individuel, par la découverte d'une signification plus générale. Mais je sens que quelque chose en moi résiste, voudrait conserver de ma mère des images purement affectives, chaleur ou larmes, sans leur donner de sens."
C'est une réaffirmation du projet d'Annie Ernaux : dire la vérité de/sur sa mère. Cela me fait penser au projet que j'avais tenté de partager avec mes frères et soeurs : que chacun écrive quelque chose sur la mort de notre mère, en 1960. D'où vient ce désir de vérité à propos de la mère ?

Entretemps, j'ai lu un livre très intéressant : The Curious Incident of the Dog in the Night-Time par Mark Haddon (Vintage, London, 2003). C'est un livre que Charlotte a ramené de Luxembourg et qu'elle devait lire pour son prof d'anglais. Elle l'a lu en partie. Je l'ai lu entièrement très rapidement. Mais le livre est passionnant. Il décrit des événements rapportés par un enfant de 14/15 ans affecté par le Syndrôme d'Asperger. C'est l'enfant qui écrit "son" roman. Et c'est remarquable. Il y a des exercices de math dans le livre et je me réjouis de les faire avec Charlotte.

Je continue mes 5 tibétains tous les matins. Je pense qu'effectivement cela me fait du bien.

mercredi 8 juin 2016

Singes

Prise de sang à l'hôpital Santa Maria, hier et, aujourd'hui, mon rendez-vous semestriel avec le Dr Quintela, mon oncologue préféré. J'espère aussi que tout se passera bien.
Depuis une dizaine de jours, j'ai repris les 5 tibétains et l'exercice est de plus en plus aisé. Mais je ne fais pas encore chaque exercice 21 fois. J'en suis à 12.
Longue leçon d'histoire avec Charlotte hier après-midi. Nous avons beaucoup parlé des régimes totalitaires allemand et soviétique, Hitler et Staline et des massacres que ces régimes avaient rendus possibles. Parmi les dictatures du XXe siècle, curieusement, celles de Mussolini, Franco et Salazar ne sont pas mentionnées. Ni les dictatures non-européennes provenant de coups d'Etat militaires : Argentine, Chili, Corée du Nord, pays africains, etc... Nous en parlerons certainement encore.
Après quoi, Charlotte et moi avons regardé le film de science-fiction La Planète des singes: les origines, de Rupert Wyatt (2011). Il ne s'agit pas du premier film tourné d'après le roman de Pierre Boulle, celui qui met en scène Charlton Heston en 1968 et qui sera suivi par 8 films autour du même thème : la relation hommes/singes où les rapports de domination des uns sur les autres sont inversés.

mardi 7 juin 2016

Littérature

Je lis dans Une femme d'Annie Ernaux : "Mon projet est de nature littéraire, puisqu'il s'agit de chercher une vérité sur ma mère qui ne peut être atteinte que par des mots. (C'est-à-dire que ni les photos, ni mes souvenirs, ni les témoignages de la famille ne peuvent me donner cette vérité.) Mais je souhaite rester, d'une certaine façon, au dessous de la littérature." (p. 560)
Le propos est mystérieux. Quelle est cette vérité recherchée par l'auteur, à travers des mots, tout en restant "au dessous" de la littérature ?

lundi 6 juin 2016

Polanski

J'ai vraiment beaucoup aimé Les armoires vides. J'ai commencé Se perdre, qui est le journal de sa passion pour un diplomate soviétique, S., dans les années 80.

Hier soir, nous avons revu le film de Polanski, Le Pianiste, œuvre magnifique et terrible qui décrit la naissance et la fin du ghetto de Varsovie pendant la dernière guerre.

Ce matin je conduis Charlotte à la gymnastique.

dimanche 5 juin 2016

Décrire

J'avais déjà lu La Honte, d'Annie Ernaux. Hier j'ai commencé Les armoires vides. Une écriture très prenante en raison même de la manière dont elle s'y prend pour nous plonger dans un monde que l'on ne connaissait pas avant qu'elle nous en parle. Ce n'est pas une écriture qui raconte quelque chose (comme celle de Remarque dans La nuit de Lisbonne). Elle nous montre la scène au sein de laquelle c'est à vous, lecteur, d'imaginer ce qui se passe, ce qui peut se passer, ce qui peut arriver.  Notre imagination est titillée par des micro-événements sans suites particulières parce qu'ils ne signifient rien d'autre que : la vie ; une vie qui, on le sent, n'a pas de sens global, elle n'est faite que de fragments de sens, sans ordre particulier même si nous appelons la chronologie à l'aide pour y voir une histoire justement. C'est certainement ce que l'auteure veut faire : décrire la vie, "désécrire" ce qui en elle pourrait faire penser à un destin. Elle y réussit magnifiquement.

Hier nous avons reçu Edilson et Lilian, des amis très chaleureux d'Isabel, vivant au Brésil où ils nous invitent à venir au cours de l'année qui vient. En fait, c'est Lilian qui avait préparé le repas : une paella absolument délicieuse. Nous nous sommes régalés.

samedi 4 juin 2016

Erich Maria Remarque

Je suis en train de terminer La nuit de Lisbonne d'Erich Maria Remarque. Rien à voir avec Les Oiseaux dont j'ai parlé hier. C'est une histoire d'amour qui se déroule au début de la guerre et dont porte témoignage, au cours d'une nuit passée à Lisbonne en attente d'un bateau pour l'Amérique en 1942, l'homme qui a vécu cette expérience singulière.

Ce matin, je suis allé faire des courses avec Isabel à Principe Real, l'un des plus beaux quartiers de Lisbonne. Le temps était délicieux et le marché bio dont nous avons parcouru les stands débordait de produits "faits maison" : des compotes, des confits de lapin ou de perdrix, des fruits secs, etc.

vendredi 3 juin 2016

Tarjei Vesaas

Son titre : Les Oiseaux (publié aux Editions Plein Chant). L'auteur : Tarjei Vesaas, norvégien, mort en 1970 après une carrière littéraire très reconnue en Norvège, semble-t-il. L'ouvrage met en scène un personnage étrange, Mattis, un simple d'esprit vivant avec sa sœur, Hege, qui tricote toute la journée pour gagner de quoi vivre. Des dialogues qui font penser à ceux de Faulkner dans Le bruit et la fureur. L'auteur norvégien fait bien sentir ce qu'il y a de fermé dans le monde de Mattis mais cette fermeture correspond à une ouverture à autre chose que les gens normaux ne comprennent pas et ne peuvent pas comprendre. Fermeture et ouverture ne sont pas disposées chez eux de la même façon que chez les gens ordinaires. Je trouve ce livre passionnant et instructif.

Ce livre est à la fois triste et joyeux. Il est difficile de ne pas s'identifier à Mattis en raison même de la singularité de son rapport au monde des arbres, des oiseaux, des eaux du lac, de ces deux jeunes filles qu'il rencontre sur l'île où il a échoué avec sa barque pourrie, de sa sœur Hege également, qui le protège avec cette sorte de tendre indifférence un peu fatiguée par ces dialogues avec son frère, sans cesse interrompus par les pensées justement, des pensées qui reculent devant la nécessité de leur expression sans pour autant rompre avec une parole brisée, fragmentée. Mattis sait qu'on ne le comprend pas et c'est avec la certitude de cette incompréhension qu'il noue des liens, à la fois distants et affectueux avec ceux qu'il rencontre. Voilà un très très beau livre.

jeudi 2 juin 2016

L'âme

Je lis aujourd'hui matin dans Le Monde un article intitulé "Frénésie patriotique en Russie" d'Isabelle Mandraud. Après avoir lu Alexievitch, on ne peut guère s'étonner. Dans l'un des témoignages une étrange équation apparaît : plus on souffre dans son corps, plus on donne d'espace à l'âme, jusqu'à ce que la suppression complète du corps dans la mort donne à l'âme tout l'espace. Il n'y a plus que de l'âme. L'âme slave. Mais il y a ici une sorte d'exacerbation du dualisme.

En réfléchissant à ce livre et aux témoignages qu'il évoque, je me demandais si le phénomène de radicalisation qui pousse de jeunes Tchétchènes à se faire exploser dans le métro de Moscou entre deux stations, n'est pas l'un des symptômes de ce dualisme outrancier. Il n'y a que dans sa tête qu'on peut à ce point nier l'exigence de vie d'un corps. Ce dernier n'a plus rien à dire. Il est devenu l'instrument d'un acte hypertrophié par sa dimension mentale ou psychique. Beaucoup de jeunes radicalisés, en France comme ailleurs, viennent de milieux plutôt favorisés, et cultivés. Ils ont souvent fait des études. Ils font en sorte, à travers la religion, que l'âme prenne toute la place sans se rendre compte que, ce faisant, il n'y a plus de place pour rien. Il n'y a plus de place pour leur corps, ou même pour le monde alentour, solidaire de leur matérialité physique.

mercredi 1 juin 2016

Alexievitch

Je termine La Fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement, de Svetlana Alexievitch (Actes Sud) qui se présente comme le rassemblement d'un certain nombre de témoignages sur les événements qui ont marqué la fin de l'Union soviétique : le putsch de 1991, la fin de Gorbatchev qui, avec ses belles manières d'intellectuel branché, a trahi les idéaux du communisme, les débuts des années Eltsine. Certains de ces témoignages sont absolument poignants et presque tous évoquent le désastre provoqué par l'introduction d'une sorte de capitalisme sauvage en Russie qui ne mise plus que sur la consommation purement matérialiste des produits de l'Occident : les jeans, les saucissons, les crèmes cosmétiques, les sous-vêtements féminins, les bagnoles de luxe, les voyages touristiques, etc. Qu'est devenue cette passion pour la poésie qui transparaît dans tous ces témoignages ? qu'en est-il de cet incroyable désir de littérature qui marquait toutes les étapes de la vie ? de ce romantisme slave qui donne à ces récits une saveur attendrissante malgré les misères, les épreuves de la cruauté des trahisons, la permanence des guerres ?
Je suis littéralement fasciné par ce texte.

Je me permets de citer un passage de Maria Voïtechonok (p.267) qui fait écho à Becoming animal de David Abram :
"Je dormais avec deux chevreaux sur une litière bien chaude... Mon premier mot a été "mèèè!". Pas "ma" ni "maman". Ma grande soeur Vladia racontait que j'étais très étonnée que les chevreaux ne parlent pas comme nous. Je n'en revenais pas. Je les considérais comme des égaux. Le monde formait un tout indivisible. Aujourd'hui encore, je ne sens aucune différence entre nous, entre les hommes et les animaux. Je leur parle toujours... Et ils me comprennent... [...] Je ne suis pas allée à la même école que les autres, je n'ai pas été éduquée uniquement par des gens. J'entends aussi les arbres, l'herbe. Ce qui m'intéresse le plus dans la vie, ce qui m'intéresse vraiment, ce sont les animaux. Comment me distinguer de cet univers, de ces odeurs... Je n'y arrive pas. Et puis enfin, le soleil ! L'été ! Me voilà dehors. Tout autour c'est d'une beauté éblouissante, et personne en prépare à manger pour personne. Partout des bruits, de couleurs. Je goûte chaque herbe, chaque feuille, chaque fleur... Toutes les racines..."