Son titre : Les Oiseaux (publié aux Editions Plein Chant). L'auteur : Tarjei Vesaas, norvégien, mort en 1970 après une carrière littéraire très reconnue en Norvège, semble-t-il. L'ouvrage met en scène un personnage étrange, Mattis, un simple d'esprit vivant avec sa sœur, Hege, qui tricote toute la journée pour gagner de quoi vivre. Des dialogues qui font penser à ceux de Faulkner dans Le bruit et la fureur. L'auteur norvégien fait bien sentir ce qu'il y a de fermé dans le monde de Mattis mais cette fermeture correspond à une ouverture à autre chose que les gens normaux ne comprennent pas et ne peuvent pas comprendre. Fermeture et ouverture ne sont pas disposées chez eux de la même façon que chez les gens ordinaires. Je trouve ce livre passionnant et instructif.
Ce livre est à la fois triste et joyeux. Il est difficile de ne pas s'identifier à Mattis en raison même de la singularité de son rapport au monde des arbres, des oiseaux, des eaux du lac, de ces deux jeunes filles qu'il rencontre sur l'île où il a échoué avec sa barque pourrie, de sa sœur Hege également, qui le protège avec cette sorte de tendre indifférence un peu fatiguée par ces dialogues avec son frère, sans cesse interrompus par les pensées justement, des pensées qui reculent devant la nécessité de leur expression sans pour autant rompre avec une parole brisée, fragmentée. Mattis sait qu'on ne le comprend pas et c'est avec la certitude de cette incompréhension qu'il noue des liens, à la fois distants et affectueux avec ceux qu'il rencontre. Voilà un très très beau livre.
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