Après l'Orénoque avec Mathias Enard dont le livre ressemble beaucoup, surtout à la fin, au livre magnifique de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, car il y est question là aussi de ce qui se passe après la mort d'un être jeune, ici, une jeune femme, infirmière dans une clinique et qui est entourée de ses deux amis chirurgiens, l'un d'entre eux alcoolique, l'autre amoureux d'elle alors qu'elle vit avec Youri l'alcoolique, son corps en état de mort cérébrale s'offrira aux scalpels chargés du prélèvement des organes... certes le livre d'Enard est différent et ce qui se passe à Paris se trouve interrompu par cette remontée imaginaire de l'Orénoque par la jeune femme à la recherche de ses origines mythiques... après l'Orénoque donc, j'ai lu le petit livre de Véronique Tadjo, L'Ombre d'Imana, dans la même collection Babel des éditions Actes Sud, qui raconte ses voyages "jusqu'au bout du Rwanda". L'auteure est ivoirienne. Elle recueille des récits très simples, des témoignages aussi bien de certaines victimes du génocide que des massacreurs. Il n'y a là aucun effet de style. C'est simple, cru et parfois cruel. L'auteure écrit ceci :
"Je partais avec une hypothèse : ce qui s'était passé nous concernait tous. Ce n'était pas uniquement l'affaire d'un peuple perdu dans le coeur noir de l'Afrique. Oublier le Rwanda après le bruit et la fureur signifiait devenir borgne, aphone, handicapée. C'était marcher dans l'obscurité, en tendant les bras pour ne pas entrer en collision avec le futur." (p.11).
Bien que bien loin de tout ce qui s'est passé là-bas justement, je n'oublie pas moi non plus, ce pays où ma soeur Martine séjournait en 1959/1960, lors des premiers massacres de Tutsi par les Hutus.
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