Rechercher dans ce blog

mercredi 31 janvier 2018

Reybrouck

J'ai enfin trouvé le livre Congo, de David van Reybrouck, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin  chez Babel (Actes Sud) et les premières pages de l'introduction m'ont convaincu de la qualité de l'écriture de cet auteur que je ne connaissais pas. C'est vraiment superbe. Cela va me tenir en haleine pendant quelque temps, je présume, car le livre est très épais (plus de 800 pages).

* * *

Cet après-midi, je prends le train pour Porto où je vais donner un cours en collaboration avec mon ancienne doctorante, Juliana. Il semblerait que quinze Brésiliennes se soient inscrites. C'est au moins la quatrième fois que je fais ce cours et ce sera sans doute la dernière car Juliana ne veut plus travailler en collaboration avec l'Université de Porto dans ce domaine. 

Jury

Je faisais partie du jury pour une thèse de 3e cycle et le candidat était Franck. Parmi mes collègues il y avait la mère d'Isabel. Le jury s'est réuni dans un jardin sous un arbre. La thèse n'avait pas de titre et était à peine au niveau d'un master de licence. Malgré cela, les autres membres du jury avaient l'air de vouloir accepter ce travail. J'étais le seul à avoir exprimé, avant la réunion, quelques réticences et bientôt, ce fut à mon tour d'intervenir mais, malheureusement je me suis réveillé à ce moment-là. On peut dire que mon réveil m'a coupé la parole ! Et j'ai ressenti une grande frustration à m'être réveillé trop tôt. À tel point que j'ai tenté de me remettre dans mon rêve, me raccrochant désespérément aux dernières images, sans succès.

mardi 30 janvier 2018

Inhumain

À propos du sauvetage d'Elisabeth Revol dans l'Hymalaya, je tombe sur un commentaire de la vidéo publiée par Le Monde d'aujourd'hui : "...OK, se dépasser en dépassant les limites, repousser l'humain en allant dans l'inhumain, pourquoi pas ?" Mais pourquoi faudrait-il "repousser l'humain" si ce n'est parce qu'il est bien possible de s'y sentir comme enfermé, emprisonné ? On retombe sur la problématique de David Abram qui nous disait que si l'homme était devenu sourd à ce que la nature lui dit, c'était à cause de l'écriture alphabétique. Celle-ci emprisonne l'homme dans l'humain. L'inhumain devient la seule ouverture possible pour ceux qui ressentent l'emprise de cet enfermement. Et cette ouverture peut prendre différentes formes : le divin, le mal, l'extrême, le dépassement de soi, la course aux étoiles, la souffrance, la mort, la folie... L'art (la musique) fait-il partie de ces modalités d'ouverture de l'humain sur l'inhumain ? Peut-être. En tout cas il constitue une sorte de contrepied à l'instrumentalisation humaine de la nature, cette instrumentalisation pouvant être considérée comme l'un des symptômes de l'enfermement de l'homme dans l'humain. Quand on tape "inhumain" sur Google et que l'on voit ce que ce mot suscite comme "images" on tombe sur des exemples d'inhumanité assez étranges comme celui que j'ai choisi sur la base d'une analogie entre l'écriture et la corde. Mais, il y a des images terrifiantes, un tableau de Salvador Dali, des photos ou dessins de robots de science-fiction, etc. Il y a aussi un livre, intitulé L'inhumain de Nicolas Grimaldi. Je vais essayer de me procurer cet ouvrage.


Le problème de l'inhumain ne se pose véritablement qu'à partir de la définition dite "humaniste" de l'être humain, réduit par cette définition à une dimension individuelle incompatible avec l'idée que l'homme est indissociable aussi bien des éléphants (Romain Gary) que des galaxies ou des moustiques (Cf. l'intérêt des Japonais pour les insectes). L"homme de l'humanisme, c'est la représentation qu'en a donnée Léonard de Vinci dans ce cercle qui l'enferme effectivement, même si on peut le concevoir comme prêt à l'envol : ne bat-il pas des bras, comme si c'était des ailes ?

On trouve aussi dans Google "Images" quelques citations comme celle-ci de Frank Herbert : "Entre le surhumain et l'inhumain il me reste peu de place pour être humain" ou bien Philippe Aalberg : "Les animaux c'est inhumain", etc., ou encore : "L'inhumain est le propre de l'homme." Cette dernière citation pourrait être le sujet d'une dissertation philosophique au bac. En continuant mon exploration iconique sur le net, je trouve cette citation de Jean-Paul Sartre : "Qu'importe d'ailleurs, monstre ou saint, je voulais être inhumain." Jean-François Lyotard également a écrit, semble-t-il un ouvrage intitulé L'inhumain. À vérifier.

lundi 29 janvier 2018

Henri Pick

L'avion est toujours une bonne affaire pour la lecture. Durant mon vol de retour avec la TAP j'ai lu Le mystère Henri Pick de David Foenkinos, dont j'avais déjà lu Charlotte au moment de sa parution. Le mystère dont il est question est celui des rapports ambigüs et souvent problématiques entre un auteur, son œuvre et son éditeur, les difficultés éditoriales d'un premier roman, les stratégies associées à la publication du deuxième, les tactiques publicitaires, le tout traversé par des liaisons amoureuses et des ruptures sur fond de Bretagne et de vie parisienne...

*  *  *

La veille, j'ai regardé sur mon ordinateur le film Fargo (Joel Coen, 1996, Prix de la Mise en scène à Cannes) dont Fabien m'avait dit le plus grand bien. Et c'est effectivement un film superbe qui nous fait suivre pendant deux heures les routes eneigées du Minnesota dans de grosses voitures américaines et en compagnie d'hommes glauques, prêts à tout pour décrocher le gros lot d'un kidnapping qui, finalement, échoue lamentablement. Est-ce que c'est ça l'Amérique ? 

*  *  *

De belles et longues discussions avec Jeannot à Mersch à la fois sur notre "destructionnaire" qui avance doucement et sur notre intervention commune avec Jean-Patrick pour le forum Euroscience de Toulouse en juillet prochain. Il est vraiment temps de boucler ces différents projets.

dimanche 28 janvier 2018

Contrebasse

J'ai trouvé un autre petit livre bien intéressant hier dans la pièce commune de l'hôtellerie Sigefroid à l'internat du lycée Ermesinde : La Contrebasse de Patrick Süskind, l'auteur du Parfum. Ce petit texte est magnifique. Je ne sais pas si Sarah, non pas celle qui dans le récit de Süskind fait l'objet des attentions amoureuses du contrebassiste, mais celle qui, contrebassiste elle-même, est la fille de mon amie Claude, donc, je ne sais pas si Sarah partage les récriminations constantes du héros contre son instrument si encombrant, sans doute, mais certaines remarques, au début, sur la place et le rôle de la contrebasse dans l'orchestre d'abord, dans la musique en général ensuite m'ont vraiment interpellé. 

"Je suis d'un naturel modeste. Mais je suis musicien et je sais où je pose les pieds ; je connais le sol nourricier où tout musicien s'enracine ; la source vive où pulse toute création musicale ; le pôle générateur dont les reins (c'est une image) font jaillir la semence musicale... : c'est moi !... Je veux dire que c'est la basse. La contrebasse. Et tout le reste n'est que le pôle opposé. Ne devient pôle qu'à partir du moment où la basse est là. " (p.10)

samedi 27 janvier 2018

Zweig

Je viens de lire La confusion des sentiments de Stefan Zweig dans la traduction d'Olivier Bournac et Alzir Hella au Livre de Poche. Fred l'avait lu quand il est venu à Luxembourg pour le CEIP et j'ai retrouvé le livre dans la salle commune de l'internat à Sigefroid. Livre passionnant qui parle de l'amour d'un vieux professeur pour cet étudiant qui, plein d'admiration pour l'esprit de son maître, lui redonne l'enthousiasme pour écrire l'ouvrage qu'il n'a jamais pu terminer sur l'Histoire du Théâtre du Globe, celui de Shakespeare.

J'ai trouvé ce passage qui me semble pouvoir s'appliquer à moi-même — qui suis aussi un "vieux professeur"— :

"Enfin il s'approcha de moi, me regarda longuement et ses lèvres tremblèrent plusieurs fois avant de s'entrouvrir légèrement ; puis sortit le douloureux aveu : "Je ne puis pas mener de grands travaux. C'est fini : seule la jeunesse forme des projets aussi hardis. Maintenant je n'ai plus de ténacité. Je suis (pourquoi le cacher ?) devenu un homme au souffle court ; je ne peux pas persévérer longtemps. Autrefois j'avais plus de force ; maintenant elle n'existe plus. Je ne puis que parler : là je suis parfois inspiré, quelque chose m'élève au-dessus de moi-même ; mais travailler, assis, dans le silence, toujours seul, toujours seul, je ne le peux plus." (p.60-61)

Forêts

Les forêts dont nous parle Peter Wohlleben sont très attachantes. Ce sont des communautés vivantes qui expriment une saine dépendance vis-à-vis de leurs conditions environementales et dont les membres s'entraident dans l'adversité. L'auteur va même jusqu'à donner aux arbres la possibilité d'une sorte de pensée dont nous, humains, ne pouvons guère avoir idée mais qui se trouve attestée par la manière dont ils communiquent entre eux, protègent leur progéniture, combattent leurs ennemis. Nous sommes étranges, nous, humains : nous voulons absolument prendre contact avec des extraterrestres intelligents mais nous négligeons ces formes de vie singulières et très différentes de notre animalité que sont les arbres et les plantes dont la vie est faite de lenteurs insoupçonnées. À 100 ans un hêtre entre à peine dans son adolescence. Il va vivre 500 ans, un demi millénaire. L'auteur s'élève contre cette instrumentalisation aveugle de la nature qui nous rend sourds à ses exigences alors que, bien souvent pourtant, elles convergent avec les nôtres. 

vendredi 26 janvier 2018

Faune

La forêt de rêves
Embroussaillant mon sommeil 
Me fait faune en rut


*  *  *



Je poursuis, quand je le peux, ma lecture de l'ouvrage de Peter Wohlleben sur les arbres. J'ai appris hier comment les hêtres pouvaient vaincre la poussée d'un chêne et l'étioler jusqu'à l'issue fatale. Mais ce combat peut durer plus de cent ans. 

jeudi 25 janvier 2018

Le zouave

Le zouave du pont de l'Alma va-t-il se noyer ? On n'en est pas encore là mais les prévisions sur la crue de la Seine disent que l'eau va continuer de monter. 

* * *

Hier j'ai pris le train à la Gare de l'Est pour Luxembourg. Je n'étais pas en avance et pourtant je projetais d'acheter, en écho au récit d'Eric Vuillard que je venais de lire, le livre qui m'avait été conseillé par Christine, Congo de David van Reybrouck (Actes Sud). Malheureusement, le libraire de la gare de l'Est ne l'avait pas en stock et je me suis rabattu sur un livre qui a attiré mon attention au dernier moment : La vie secrète des arbres. Ce qu'ils ressentent. Comment ils communiquent de Peter Wohlleben, traduit de l'allemand par Corinne Tresca pour les éditions Les Arènes (2017). J'en ai lu la moitié dans le train qui, pour une fois, est arrivé trop vite à Luxembourg.  On regrette les quatre heures de trajet qui vous permettaient de finir un ouvrage conséquent. L'auteur a été forestier en Allemagne pendant 20 ans. C'est un livre magnifique.

Arrivé à Luxembourg, j'ai retrouvé Jeannot avec qui j'ai eu une longue discussions sur la "brutalité" —c'est le mot qui nous semblait le plus adéquat— binaire de la pensée occidentale qui transforme souvent l'interlocution en un combat au cours duquel se multiplient les agressions, les défenses et les jugements à l'emporte-pièce. Rien à voir avec la pensée chinoise qui intéresse Jeannot pour le moment. Rien à voir non plus avec le dialogue au sens où Joëlle et moi l'entendons.  Le soir j'ai commencé la lecture de la pièce de théâtre de Chaunes, Cesarescu — le génie des Carpathes, Aux Poètes Français (2018) disponible seulement sur Amazon. C'est un livre qui intéresserait sûrement mon beau-frère, Francis H.

mercredi 24 janvier 2018

Congo

J'ai terminé hier le récit d'Eric Vuillard, Congo, que j'ai trouvé intéressant pour la manière dont il met en avant des personnages comme Charles Lemaire,  les jumeaux Goffinet ou Victor-Léon Fiévez qui ont été les hommes de terrain, on pourrait dire les hommes de main, d'ailleurs, et notamment, coupeurs de mains, de Léopold II dans son entreprise d'exploitation sanguinaire et impitoyable de l'ivoire et du caoutchouc au Congo. Il y en a eu bien d'autres, évidemment, mais Vuillard s'attache à certains personnages dans ses livres, pour les faire revivre sous un regard qui veut être aussi impitoyable et ironique qu'ils l'ont eux-même été avec les populations qu'ils étaient chargés de gérer pour le compte de Léopold II. 

Nous en avons beaucoup parlé lors du dîner que nous avait préparé Christine sur la péniche Mykonos, flottant sur une Marne qui avait manifestement envie de se libérer des berges. Une excellente soirée, d'ailleurs.

mardi 23 janvier 2018

Paris 7

J'ai repris le chemin de l'Université Paris Diderot (Paris 7) hier pour la journée d'études organisée par Igor Babou et où j'ai retrouvé plusieurs de mes collègues et complices, dont ma très chère Joëlle qui a fait une présentation remarquable sur cette vision plus grande, et bien souvent plus lucide, des gens "subalternisés", invisibilisés par la classe dominante. C'est en référence à cette idée que j'ai moi-même commencé mon topo en évoquant ce processus d'invisibilisation que j'ai subie lors de ma rencontre avec Jean Jacques qui était alors professeur au Collège de France et auteur des Confessions d'un chimiste ordinaire, publié aux éditions du Seuil. J'ai aussi beaucoup aimé les interventions de Mélodie Faury sur son expérience de l'interdisciplinarité à la Maison de la Science de Strasbourg, Marie Roué sur les savoirs locaux, Marc Neyra sur les habitudes phytosanitaires des viticulteurs du Beaujolais, Pierre Clément sur son activité en didactique des disciplines, Suzanne de Cheveigné, sur l'"interdisciplinarité diplomatique",  Arnaud Passalacqua (que je ne connaissais pas bien qu'il fut l'un de mes collègues à Paris 7) sur son Master inerdisciplinaire, et bien sûr, l'excellent topo introductif d'Igor. Ce fut une journée très riche qui s'est terminée chez Joëlle dans l'atmosphère la plus amicale que l'on puisse imaginer avec Claude et Amara, le migrant qu'elle a recueilli chez elle et qui était très discret mais semblait s'accomoder assez bien de nos discussions d'intellos parisiens.

lundi 22 janvier 2018

Douche froide

Grande discussion hier soir, chez mon fils, sur les nombreux bienfaits de la douche froide le matin. Fabien et Théo, munis de leur smartphone, fouillait internet pour vérifier le bien-fondé de cette pratique qui, a priori, fait un peu peur, mais qui, dès qu'on en prend l'habitude, devient une sorte de nécessité. Alors, ce matin, Fabien et Théo s'y sont mis et s'en sont vite remis. En effet, on se sent très bien après une douche froide. On n'en est pas encore à s'adonner à la méditation sous une cascade en montagne. Mais ça viendra sûrement après quelque temps.

dimanche 21 janvier 2018

Afrique


Je suis allé voir une exposition d'art africain au Musée Branly, juste après mon arrivée à Orly : Les forêts natales, exposition qui se termine aujourd'hui. J'y suis allé avec Marc. On était accueilli dans cette exposition par cette statuette de gardien reliquaire en bois sculpté. Mais la richesse et la diversité de ces statuettes, masques, heaumes ou piliers de case rituelle collectés en Afrique équatoriale atlantique, étaient surprenantes. J'ai particulièrement apprécié les masques punu.  Toutes ces figures sculptées nous interpellent, nous regardent avec des expressions incroyablement vivantes. Certaines nous lancent des regards de mépris, d'autres semblent nous inviter à quelque rite improbable, d'autres encore me semblaient éclater de rire en me voyant les regarder attentivement.  De nombreuses cultures étaient représentées : Fang, Kwele, Kota, Galwa, Aduma, Tsogo, etc. Magnifique en tout cas. 


samedi 20 janvier 2018

Allons-y

Où ? À Paris, bien sûr. Et  cet après-midi, j'irai sans doute au musée du quai Branly pour y voir une exposition sur les forêts. C'est un thème que j'ai à cœur pour les avoir souvent fréquentées dans ma jeunesse, avec mon frère Jean-Pierre d'abord, et ensuite, avec Irène et des bandes d'amis pour chercher des champignons. Si j'ai intitulé cet article "allons-y", c'est bien parce qu'il s'agit d'un effort qui ne m'enthousiasme pas outre mesure. C'est l'avion, les déplacements incessants dans la ville, manger dans des restaurants médiocres, etc., toutes ces conséquences de mes humeurs baladeuses ne m'amusent guère.

vendredi 19 janvier 2018

Terreur

Tout au fond de nous
Là où l'âme au corps se noue
L'impossible nœud


Juste en face de moi, le reflet du soleil dans une vitre du fond de la rue, m'éblouit. 
Je viens de télécharger ma carte d'embarquement pour Paris. Retour le 28 janvier prochain. Et entretemps, je serai allé à Luxembourg du 24 au 28.

Décidément, les oiseaux se méfient de cette mangeoire que j'ai collée à la vitre de ma fenêtre. Je les attire quand même avec des graisses que j'ai posées sur le rebord de la même fenêtre et je vois qu'ils ne se privent pas de ces petites choses grasses qui doivent les aider à supporter le froid. Mais ils ne vont pas jusqu'aux graines que je leur propose un peu plus haut.

* * *

J'ai commencé L'ivrogne et la marchande de fleurs. Autopsie d'un meurtre de masse par Nicolas Werth, chercheur au CNRS et spécialiste de l'histoire de l'Union soviétique. Certes, cela se lit moins aisément que les romans d'Eric Vuillard, mais c'est plein d'informations sur la Grande Terreur de 1937-38 orchestrée par Staline et son fidèle exécutant, Nicolaï Ivanovitch Iejov, le "petit père des purges" dont on peut voir sur la photo le regard d'ange qu'il pouvait offrir à ses interlocuteurs effrayés. Au fond il a joué auprès de Staline le même rôle qu'Eichmann auprès de Hitler. Après ça, il faudra que je lise les témoignages de Varlam Chalamov sur la Kolyma.

jeudi 18 janvier 2018

Détails

J'ai été heureusement surpris avant-hier de retrouver László Kraznahorkai et l'une de ses très longues phrases dans le dernier numéro de la revue Alliage. J'avais lu Guerre et guerre, quand il est sorti, livre qui ne m'avait pas emballé à l'époque. Peut-être n'en avais-je pas bien compris le propos. En tout cas, ici, il s'agissait de courir "plus vite que la terre" dans son mouvement de rotation d'Ouest en Est : "...sachant que je courais désormais dans la bonne direction pour aller plus vite que la Terre, car la Terre est la pensée, pensais-je depuis le tout début, et je voulais aller plus vite que la pensée, distancer la pensée, telle avait été ma cible immédiate..." (p.11).

Par ailleurs, je lis mon quatrième récit d'Eric Vuillard, La Bataille d'Occident (Actes Sud, 2012) où l'auteur évoque avec des détails surprenants l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand et sa femme qui l'accompagnait, l'archiduchesse de Hohenberg, Sophie Chotek avec les conséquences que ce double crime a entraînées pour déclencher la première guerre mondiale. Ce qui est vraiment intéressant chez cet auteur, c'est qu'il prend les histoires de l'Histoire en y faisant vivre des détails qui rendent la vision que l'on pouvait en avoir, totalement différente. Quand on parle de l'assassinat de l'archiduc à Sarajevo, on ne dit rien, on parle de l'événement comme si celui-ci était une pure abstraction, vide de tout contenu, sans rien accrocher des détails qui font de lui quelque chose de réellement compliqué, concret et vivant.
En fait, le récit d'Eric Vuillard traite de toute la guerre 14-18 avec des pages magnifiquement ironiques sur les stratégies, le mouvement des armées, les tranchées, tout y est et travaillé par une écriture à la fois légère et grave car, cette guerre et ses millions de morts, ce n'est pas une blague.

Enfin j'ai lu dans Le Monde les "exploits" japonais en matière d'intelligence artificielle : ils ont réussi à "voir" dans le cerveau —et à transcrire sur support électrobique— la forme que la pensée donne aux choses que les yeux voient. Ils ne disent pas ce qui se passe, quand les yeux voient l'image que le cerveau fabrique quand les yeux voient une grenouille, par exemple.

Re-enfin, j'ai vu le Brésil apparaître dans mes statistiques de lecteurs. Je présume que Sasha a recomencé à lire mon blog ! 

mercredi 17 janvier 2018

Menteurs

Le programme d'Arte sur Poutine, hier soir, était vraiment intéressant. Un film de Michael Kirk et Mike Wiser traitant de ce qu'ils appellent la revanche de Poutine, son désir de redonner à la Russie son statut de "grande puissance". Ce qui continue à m'étonner chez le président russe, c'est l'aplomb avec lequel il ment. Les services américains ont des preuves bien réelles concernant les ingérences russes dans les élections de l'année dernière, ils ont également des photos et des documents sur la présence des Russes dans le processus de déstabilisation de l'Ukraine avec la guerre du Donbass. Bref, Poutine est un menteur. Trump aussi est un menteur. Évidemment, personne ne s'attend à ce que la politique définisse un monde d'hommes gentils et sincères, ne désirant qu'une chose : faire le bonheur des gens dont ils se sentent responsables. Mais quand même...

mardi 16 janvier 2018

Daeninckx

Je, tue, il... tel est le titre du roman de Didier Daeninckx que j'ai lu hier dans la Série noire. C'est un petit roman qui traite de l'imposture en littérature, c'est-à-dire de ces personnages qui se font passer pour des auteurs connus grâce à une ressemblance physique accidentelle ou grâce à d'autres subterfuges. Le livre de Daeninckx est bien écrit. L'imposteur se fait tuer par la jeune caldoche qui l'a épousé en croyant qu'il s'agit de l'authentique René Trager, auteur de plusieurs romans très appréciés. Cela se passe en Calédonie. Bon, d'accord. Dans le genre "histoire d'impostures", j'ai lu beaucoup mieux, notamment Cercas.

Je me suis aussitôt mis à la lecture de Tristesse de la terre, (Babel, 2014) le troisième roman que je lis d'Eric Vuillard dont j'apprécie beaucoup le style. Il s'agit, comme le dit le sous-titre, de l' "histoire de Buffalo Bill Cody" à partir du moment (1888) où il monte le grand spectacle du Wild West Show qui draine les foules américaines et européennes devant des batailles jouées entre Indiens et cow-boys, avec de vrais chevaux et de vrais Indiens. Il réussira même à intégrer le vrai Sitting Bull dans son spectacle avant la mort du grand chef. Chaque chapitre est le commentaire d'une photo de l'époque telle que celle-ci où l'on voit Buffalo Bill serrer la main de Sitting Bull selon les exigences d'une mise en scène bien travaillée : "...ils devaient, les pieds sur un tapis de paille, se tenir devant un maigre bouleau badigeonné sur une toile, censée représenter l'Ouest sauvage. Sitting Bull parait un peu mal à l'aise dans ce décor, comme un vestige déplacé de la Création. (...) C'est ainsi que, sur cette photographie, Buffalo Bill bombe démesurément le torse afin de paraître plus digne. Il se tient très droit, la jambe gauche légèrement en avant, la tête haute, royal, toisant l'Indien. Sitting Bull, les yeux dans le vide, se contente de tendre la main. Le progrès triomphe. On les regarde un peu perplexe." (p. 28-30) Le dernier chapitre du livre est surprenant. Intitulé "La neige", il évoque la passion de Wilson Alwyn Bentley pour la dimension microscopique du spectacle de la nature. Ainsi, il réussit après maintes tentatives avortées, à photographier un flocon de neige, cette réalité éphémère qui, bien avant lui, en 1611, avait déjà tant fasciné Johann Kepler. Lisons encore ce passage magnifique : "Et il prend des centaines de photographies, écailles de pomme de pin, fibres de mousse, pétales de fleur, coquilles d'escargot, lichens, il s'intéresse au nain, à l'infime, au rabougri. Mais ce qui l'ébahit le plus, ce qui l'éberlue, le magnétise, ce sont ces choses qui fondent, qui ruissellent, qui brûlent, dégèlent, qui s'éteignent, qui se cachent, qui s'évanouissent." (p.154) Comme Kepler qui offre à son bienfaiteur comme cadeau de ce nouvel an 1611, à défaut du rien, le "presque rien".

À lire également aujourd'hui dans Le Monde, l'excellent article de Jacques Mandelbaum sur le nouveau documentaire de l'Algérien Merzak Allouache sur le mythe salafiste des 72 vierges du paradis promises aux kamikazes martyres.
http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20180117/html/1302845.html


lundi 15 janvier 2018

Braises

Le roman que j'ai lu dans mon avion de retour est encore un roman de Sandor Márai, Les braises, qui raconte les retrouvailles de deux amis après une séparation qui a duré quarante et un ans à la suite de la "fuite" de l'un des deux. C'est un roman sur l'amitié et les liens qui la caractérisent. Certains passages sont magnifiques. Cet auteur est décidément tout-à-fait digne d'intérêt. 

A luxemnourg, j'ai revu Jim et Florence chez Jeannot, mais surtout nous avons beaucoup travaillé sur la conférence-spectacle que nous préparons pour la grande manifestation de l'ESOF, 2018 à Toulouse en juillet. Les choses se mettent tout doucement en place et je pense que nos discussions sur les limites de la science et de l'humanisme vont pouvoir déboucher sur des textes intéressants. Ces discussions m'ont relancé sur l'idée d'écrire un essai sur le scientisme, idée qui couve depuis longtemps dans ma tête.

dimanche 14 janvier 2018

Humanisme

Dîner chez Jeannot, hier soir, avec Jim et Florence, que j'ai revus avec beaucoup de plaisir. Il y avait également Jean-Patrick avec qui j'ai cheminé hier soir, du Lycée Ermesinde jusqu'à Chruchten, à travers une campagne plongée dans le noir mais tout aussi odorante la nuit que le jour. Nous n'avons pas revu le renard que j'avais rencontré il y a quelque temps en faisant le même trajet et dont j'ai publié une photo dans ce blog. 

Le repas que nous avait préparé Jeannot était dé-li-cieux. Aujourd'hui, nous allons aborder avec Jean-Patrick la question de l'humanisme, ou plutôt la question des rapports entre la science moderne et l'humanisme. Cette question ne peut avoir de réponse simple dans la mesure où on ne sait pas vraiment comment la poser. 

samedi 13 janvier 2018

Postier

Dans le rêve de cette nuit, je prenais la place de mon frère Patrick pour faire son boulot de facteur des postes. C'est le hasard qui m'avait conduit dans le bâtiment où ils distribuaient les uniformes appropriés et j'avais demandé un complément qui m'avait été donné sur la base d'une déclaration d'identité : Jurdant, écrit en lettres capitales. J'étais ennuyé parce que je ne connaissais pas bien le tour qu'il était censé faire. Je le vois venir avec une personne handicappée qu'il soutient. "C'est lui qui t'indiqueras comment faire", me dit-il. Cette personne vient d'un pays lointain, Inde ou Afrique. j'associe son personnage à celui d"un de mes anciens collègues, aveugle que j'avais rencontré pour la première fois lors d'un Colloque international au Conseil de l'Europe.

vendredi 12 janvier 2018

Terminus

C'est le titre du livre de Boileau-Narcejac que j'ai lu dans l'avion. Philippe D. m'avait conseillé cet auteur pour faire passer le temps et ça a parfaitement bien marché. Nous sommes passés à travers de fortes turbulences au dessus de la France et j'ai pensé à ce que Sasha m'en avait dit ; "C'est ce que je n'aime pas dans le vol en avion." Évidemment, en lisant Terminus, les associations sinistres n'ont pas manqué. 

Hier soir j'ai revu avec plaisir tous les membres du CEIP à Luxembourg avec Fred en prime, qui était en pleine forme, et Guy qui a fait l'effort de venir nous rejoindre. On a mangé comme d'habitude le délicieux buffet de fruits de mer du chef. Guy l'espiègle a fait une photo intéressante : "BJ en crustacé". Eric n'est pas venu. Il se repose de son boulot de doyen dans la montagne. J'espère que les avalanches l'épargneront. Nous avons une thèse à faire soutenir ensemble en mars où il y aura également JMLL et Joëlle. Encore un bon moment en perspective pour 2018.

jeudi 11 janvier 2018

Le Chasseur

C'est le titre du premier roman d'Eric Vuillard, l'auteur qui a remporté le prix Goncourt avec L'ordre du jour, l'an dernier. Le Chasseur est une sorte de monologue réflexif sur le rapport du "chassé" au chasseur bien que toutes les émotions, sentiments, impressions, visions pouvant caractériser ce rapport puissent s'inverser, se compléter, se détourner selon les méandres de cette poursuite imaginaire réflexive du gibier. La réflexion va vite. Elle se heurte aux broussailles et aux aspérités du paysage imaginaire qui la façonne comme s'il s'agissait d'un rêve. Elle nous fait hésiter sur le statut de ce vivant qui a parfois des mains, des pieds, mais aussi des griffes ou des pattes selon la manière dont ce rapport entre chasseur et chassé se présente, s'inverse, se dédouble, se perd dans une dialectisation qui parfois frise la paranoïa sans jamais s'y installer pour de bon. Déconcertant. Curieux. Remarquable.

mercredi 10 janvier 2018

Oiseau de bois

La nuit dernière j'ai fait un rêve qui m'est revenu ce matin très brusquement : nous avions, dans notre appartement précédent, un bout de bois dont la forme, vue sous un certain angle, faisait penser à un moineau. Je ne retrouve plus ce morceau de bois depuis que l'on a déménagé. Cette nuit, dans mon rêve, non seulement je l'avais retrouvé, mais en plus, je l'avais placé tout près de la mangeoire installée sur la vitre de ma fenêtre, pour attirer les oiseaux vivants. Dans mon rêve cela fonctionnait parfaitement. Dans la réalité, il faudrait d'abord que je retrouve ce bout de bois dont je crains que, pris au mot, et se prenant lui-même pour un moineau, il se soit envolé ! 

Bac blanc

Très haut dans le ciel
Un avion s'est enfoncé
Dans le gras du gris



Charlotte est partie ce matin pour le lycée où elle devra subir les premières épreuves du bac blanc : français ce matin et sciences cette après-midi. Je l'ai réveillée à 6h30 mais elle ne s'est levée qu'un quart d'heure plus tard. Pas le temps de se maquiller. Du coup, je la trouve vraiment jolie et le lui ai dit. Mais non ! Cela fait sans doute partie du mal être de l'adolescence : prendre le contrôle de soi-même à travers la vision normative et stéréotypée que la société de vos pairs vous donne de la beauté. 

Je suis allé hier à l'aéroport pour vérifier que mon aller pour Luxembourg avait bien été programé par l'agence eDreams auprès de qui je l'avais acheté pour 15 euros. Au comptoir Rianair, je pose la question. Une femme charmante me répond : "Non, vous n'êtes pas sur la liste !" Bon, je râle un peu mais elle n'y est pour rien. C'est votre agence qui n'a pas fait la réservation. Du coup j'achète un nouveau billet: 150 euros (10 x plus cher). Et aujourd'hui, veille du départ, je reçois un message de l'agence me disant de ne pas oublier mon vol, demain ! Je vais retourner à l'aéroport ce matin pour tenter de me faire rembourser. Conclusion, cette agence eDreams n'est pas sérieuse. J'aurais dû être prévenu bien avant pour que je puisse imprimer ma carte d'embraquement. Evidemment, l'agence pourrait me répondre : vous n'aviez qu'à nous faire confiance, tout vient à point à qui sait attendre, etc., etc. Mais quand l'avant-veille du départ, vous voyez que vous n'êtes pas sur la liste des passagers, il est normal de s'inquiéter, non ?

Comme prévu, j'ai terminé Serena, hier. Merci Ron Rash.

mardi 9 janvier 2018

Voyages




J'ai fait beaucoup de rêves cette nuit, des rêves d'écriture de nombreux haïkus qui, malheureusement, n'ont pas laissé de traces tangibles. 

Je finirai sans doute aujourd'hui le livre de Ron Rash, un roman vraiment noir, comme si le "noir" était parfaitement intégré dans la vie de cette communauté de forestiers de Caroline du Nord, subjugués par l'autorité et la violence discrète mais implacable de Serena et son mari.

Hier, j'ai envoyé mes "rugues" à quelques éditeurs, ceux qui acceptent l'envoi électronique de manuscrits en PDF. Délai de réponses : entre trois et 12 semaines. Patience. Les grandes maisons d'édition n'acceptent pas les envois électroniques, mais seulement les manuscrits "papier". Je vais essayer de faire quelques copies de mes haïkus. 

J'ai commandé mon billet Lisbonne - Lyon pour aller à la soutenance de Lionel Maillot le 2 mars prochain. J'irai ensuite directement de Dijon à Londres en train (c'est beaucoup moins cher !), puis de Londres à Luxembourg, avec un retour à Lisbonne le 15 ou le 16 mars. Cela fera une longue absence mais je ne vois pas comment je pourrais faire autrement.

lundi 8 janvier 2018

Crotales

Le livre de Ron Rash, Serena, tient ses promesses. Scènes de déforestation en Caroline du Nord, à la fin des années 1920, à une époque où le travail se faisait rare. Spéculations foncières. Les hommes y sont sauvages. On y tue facilement. Pemberton, le mari de Serena, a tué le père d'une jeune fille à qui il avait fait un enfant. Il tue ensuite l'un de ses associés à la chasse. Deux meurtres accomplis dans la plus grande simplicité, sous l'autorité implicite et bienveillante de cette femme austère qui a dressé son aigle à vider le pays de ses rattlesnakes (crotales). Je suis à la moitié du livre. Je présume que ce n'est pas fini. 

dimanche 7 janvier 2018

K.O.B.

Knowledge of Beef : c'est le nom du restaurant où nous sommes allés hier soir avec Richard et Izilda. Très bonne viande en effet mais service déplorable. Ceci dit, c'était une joyeuse ambiance. Izilda nous a raconté les péripéties de cette aventure qui consiste à acheter une maison à Cova do Vapor. En tout cas, c'est en bonne voie et nous nous réjouissons déjà à l'idée d'aller visiter Richard et Izilda de l'autre côté du Tage. 


samedi 6 janvier 2018

Rash

Comment fait le mot
Qui se prend lui-même au mot
Pour rester un mot ?

Nous avons célébré au champagne, hier soir, la signature d'une promesse de vente par le propriétaire de la maison qu'Izilda a trouvée pour Richard au bord de l'Océan à Cova do Vapor. C'est la maison dont j'ai publié la photo il y a quelques jours. La situation de cette maison qu'il faudra refaire entièrement, est exceptionnelle. On y entend le concert des vagues en permanence. Nous sommes allés manger chez Senhor Fernando pour partager ce bonheur avec Richard. Ce soir, nous retrouverons Izilda pour fêter encore une fois l'événement.

Alors qu'hier, il a plu toute la journée avec des nuages très bas qui obscurcissaient tout, aujourd'hui, le ciel est complètement dégagé, en tout cas dans la découpe que m'en offrent les immeubles qui peuplent ma fenêtre. 

La feuille d'automne
Se débarrasse de l'arbre :
Enfin libre au vent


J'ai commencé la lecture de Serena, de Ron Rash, roman policier qui m'a été vivement conseillé par Bernard A. Cet auteur écrit également des poèmes. Il faudrait que je fasse plus ample connaissance avec lui. En avril dernier, je disais la même chose de cet auteur dont je lisais The Cove, qui m'avait été chaleureusement recommandé par Eric H. 

vendredi 5 janvier 2018

Do mal...

... o menos ! Telle fut la conclusion d'Isabel après mon examen urologique à l'Hôpital Santa Maria, ce qui veut dire : "Dans le mauvais, le moins mauvais !" En effet le médecin qui m'a examiné a identifié dans ma vessie trois petites anomalies malignes qu'il se propose d'enlever rapidement, en principe le 5 février prochain. Ce sont des tumeurs superficielles qui ornent la paroi interne de ma vessie sans y avoir déjà pris racine. Pas de quoi s'affoler, disait-il, très rassurant. Il s'agirait encore de séquelles tardives de mon intense tabagie antérieure, dont je me suis débarrassé il y a 25 ans environ. Comme quoi, les dégats du tabac se dévoilent même dans le très long terme. L'acte chirurgical impliquera un petit séjour à l'hôpital (cinq jours environ). En tout cas, il ne s'agit pas de métastases.

Mon passage à l'hôpital m'a permis de terminer le livre d'Emily Fridlund, History of Wolves, qui a été traduit en français sous le titre "Une histoire des loups" et que personnellement, j'aurais traduit par "une histoire de loups", parce que les loups ne sont guère présents dans cette histoire. C'est un roman étrange. En fait, je ne comprends pas bien ce titre malgré une lecture lente et attentive. 

Hier soir, j'ai été rejoindre le groupe des lectrices de l'Institut Français. Nous avons parlé de nos lectures et c'est toujours intéressant. L'une de ces lectrices est juriste et elle n'a pas du tout aimé le livre de Tanguy Viel, Article 353 du Code pénal, disant que ce roman donnait une idée extrêmement fausse des procédures juridiques impliquées dans ce roman. Tout d'abord, l'article 353 n'est pas donné en son entier et le livre nous apparaît comme l'histoire d'une instruction, or un juge d'instruction ne peut pas faire référence à cet article pour classer une affaire. Bref, elle n'a pas aimé cette distorsion de notre système judiciaire. Certes, c'est une fiction, mais quand on veut ancrer une fiction dans un fragment du réel, il est important selon elle, de ne pas dénaturer ce fragment. Même si tout est fiction dans un roman, cela ne devrait pas induire le lecteur dans des erreurs grossières sur le monde dans lequel il vit. J'aurais tendance à être d'accord avec elle.


*  *  *


Les uns sur les autres
Se bousculant dans le ciel
Rugues de nuages

jeudi 4 janvier 2018

Graines

J'ai placé la mangeoire pour les oiseaux qu'Isabel m'a offerte à Noël dans le coin gauche de ma fenêtre.  C'est une mangeoire en verre avec un trou qui permet aux oiseaux de se percher sur le bord et de picorer à l'intérieur du récipient. Sans doute un peu trop près de ma table de travail car jusqu'ici, les oiseaux n'y touchent pas. Ils sont sans doute effrayés par cette proximité que le carreau transparent accentue plutôt qu'il ne l'amoindrit. Peut-être que les graines que je leur propose ne sont pas les bonnes. Il faudra sans doute que je fasse d'autres essais. Il est difficile de changer cette mangeoire de place car elle est suspendue à une sorte de gros bouton collé à la vitre. Je ne sais pas si, après l'avoir décollé et placé ailleurs, ce bouton tiendrait bon. Je me réjouis quand même à l'idée qu'un jour je pourrai publier sur ce blog la photo d'une mésange ou d'un rouge-gorge picorant dans ce petit bénitier transparent.

*  *  *

Cette nuit j'ai fait au moins deux rêves étranges dont je me souviens. Dans le premier rêve, toute la famille était rassemblée. Nous étions dehors et j'enlevais les mauvaises herbes. Tout-à-coup, je mets dans ma bouche une petite touffe d'herbe avec non seulement les racines et la motte terreuse qui y était accrochée mais il y avait également un vers de terre entortillé dans cette motte. Je mâche consciencieusement cet ensemble faute d'avoir perçu à temps le cri d'une de mes sœurs m'avertissant de la présence de l'animal. J'associe sa présence incongrue à mon frère Louis-Marie, mort en 1982, qui, à deux ou trois ans, collectionnait les vers de terre dans une boîte qu'il cachait sous son oreiller. Des vers à faire rêver, sans doute, comme ceux des haïkus qui se tortillent dans tous les sens dans ma tête avant d'apparaître à la surface de l'écran. Des vers à croquer comme si j'étais moi-même un oiseau, un piaf, comme me le disait Charlotte il y a quelque temps. 

Le deuxième rêve me montre moi-même en train de retirer de l'argent à la banque avec mon ami Patrice B. Je suis étonné par ces nouveaux billets de 9 euros, et de 1 euro, ce qui me complique un peu la tâche consistant à les glisser en ordre dans mon porte-monnaie. Sans doute les graines d'une fortune à venir.

Après avoir raconté ces deux rêves, je lis dans Le Monde d'aujourd'hui un entretien avec le sociologue Bernard Lahire qui vient de publier un livre qui m'a l'air bien intéressant : L'interprétation sociologique des rêves. Voir cet entretien à l'adresse suivante :
http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20180105/html/1301548.html
Comme le dit Lancelot Hamelin dans la même page du Monde, en commentaire du livre de Lahire : "Nous avons constaté que raconter son expérience onirique dans l'espace public est un acte qui n'est pas sans conséquence." Hum ! Je me demande lesquelles ???

mercredi 3 janvier 2018

Zen

Je lis, dans la Newsletter de France-Culture, ceci :

"L'injonction au zen, en tant qu'illusion de l'idéologie du bien être, est dénoncée par François Jullien, philosophe, helléniste et sinologue..."

Il persiste et signe en qualifiant cette "injonction" de "stupidité". Mais enfin quoi ! Pour qui se prend-t-il pour insulter de cette manière ces milliers de gens qui invoquent le "zen" pour échapper à la frénésie consommatoire de notre civilisation de merde et cultiver ainsi le calme de l'esprit ? Que le "zen" dont il est question ici n'aie pas grand chose à voir avec le "zen" de la "véritable" philosophie orientale dont Jullien monopolise tous les secrets pour pouvoir les diffuser à petites doses dans ses livres, c'est probable. Mais en quoi son érudition de sinologue patenté lui donne-t-il le droit d'insulter ainsi quelques croyances, ou même "superstitions" populaires qui ne font de mal à personne et qui nous invitent au calme de la réflexion ? Ce qui est insupportable ici, c'est l'arrogance du savoir, le même type d'arrogance qui poussait Alan Sokal à se moquer de l'usage singulier que certains penseurs français faisaient de quelques références mathématiques, dans des domaines qui se situaient en dehors des mathématiques. Il est bien triste de voir ainsi cette magnifique intelligence de Jullien se corrompre stupidement par l'arrogance dont elle s'autorise à travers le savoir.

Camion

L'année redémarre comme un camion lourdement chargé de ses 365 jours, 8760 heures, 525600 minutes ou encore un peu plus de 30 millions de secondes grâce auxquelles on peut se représenter ce chargement de temps comme un tas de sable et ce camion comme un sablier. Chaque jour sera sans doute livré, bien emballé dans un ciel différent mais les secondes ... ne sont-elles pas toutes les mêmes ou bien ont-elles des formes variées comme les atomes de Démocrite ? Et d'où vient le camion ? Et où va-t-il ?

*  *  *

Sasha est partie hier après-midi pour Rio. J'espère que son vol s'est bien déroulé. Elle est partie sans billet de retour et elle n'a pas pu nous dire quand elle comptait revenir. C'est l'aventure sans doute. Je devrai reprendre seul mes exercices du matin. Au moins quatre minutes de planche avec des intervalles de 30 secondes entre chaque minute d'efforts. Tant qu'elle était avec nous à Lisbonne, elle faisait cet exercice avec moi au milieu de notre salon.

Dans quelques jours je m'en vais moi aussi pour Luxembourg, cette fois en tant que membre du CEIP (Comité d'évaluation et d'innovation pédagogique). Je pars pour trois jours. Isabel a repris elle aussi son travail pour Accenture. 

Nous avons accueilli hier Helena P. qui nous a été recommandée par Guy M. Elle est psychanalyste, psychothérapeute et enseignante à l'ULB. Je lui ai vivement recommandé la lecture de David Abram, Comment la terre s'est tue... traduit par Isabelle Stengers aux Editions La Découverte à Paris. Nous devons nous revoir aujourd'hui. Son mari nous a invités à déjeuner.

mardi 2 janvier 2018

G. Bruno

G pour Giordano. Nous en discutions, Richard et moi, sur l'une des grandes plages à proximité de sa future maison. Ce n'est pas sur le bûcher qu'il a prononcé cette phrase sur laquelle nous devrions continuer à réfléchir avant de prononcer quelque jugement que ce soit : "Vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre cette sentence que moi à la recevoir." On lui avait mis une sorte de baillon en bois pour qu'il ne puisse pas s'exprimer à ses derniers moments. C'est juste après avoir entendu la sentence qu'il a prononcé ces paroles.

Giordano Bruno est un personnage fascinant, une sorte de chamane de la modernité. Il ne disposait pas encore des outils argumentatifs (scientifiques) qui auraient pu soutenir ce que sa pensée réussissait à concevoir. Je présume qu'en défendant l'idée d'un univers inifini qui n'a pas de centre ou dont le centre est partout, il avait été influencé par la "docte ignorance" de Nicolas de Cuse, livre qui m'a passionné pendant quelque temps, il y a de nombreuses années.  


lundi 1 janvier 2018

Hier

L'année dernière, c'est-à-dire hier, nous sommes allés voir la maison que Richard T. aimerait acheter à Cova do Vapor de l'autre côté du Tage, au bord de l'océan. La matinée était grise mais quand nous sommes arrivés là-bas, le ciel était dégagé et nous avons pu profiter d'une vision magnifique de sa future maison et surtout du paysage. Cette maison est à une dizaine de mètres des vagues et on les entend déferler derrière une barrière de blocs de roche protecteurs. Izilda me disait que tous les soirs on pouvait se perdre dans la contemplation magique de couchers de soleil tous plus beaux les uns que les autres. Il y a quelques travaux à faire, certes, pour la rendre habitable mais, si l'affaire se conclut, cela pourra se faire assez vite, sans doute. Cette maison a un potentiel extraordinaire. Je me réjouis beaucoup d'aller rendre visite aux deux amis que j'aurai là-bas à Cova do Vapor : Richard et Izilda. 
Richard est ensuite venu, le soir, chez nous avec son amie Ute, qui était, elle aussi, enthousiaste devant cette maison. Nous avons fêté le passage de 2017 à 2018 ensemble, en respectant la tradition des 12 raisins secs que l'on s'échange en couple sur les douze coups de minuit que nous n'avons pas entendus, d'ailleurs. Isabel (avec Sasha) avait préparé une entrée délicieuse qui nous a permis d'étrenner les pocheuses à œuf que nous avait offertes Fabien à Noël. Ce matin, le ciel que j'ai découvert par la fenêtre était d'un bleu très pur sans la moindre parcelle de vapeur blanche. Une fort belle journée s'annonce.

Je souhaite à tous mes lecteurs, occasionnels ou non, en Ukraine, au Congo, en Algérie ou ailleurs, à Hong Kong notamment, une très bonne année 2018. Puisse-t-elle compter, comme celle d'il y a un siècle, comme une année de paix, de bonheur et de partage. Nous fêterons le cinquantenaire de mai 68. Et le bicentenaire de la naissance de Karl Marx. Ma fille Célia aura 50 ans. J'espère que nous pourrons nous retrouver pour célébrer l'événement.