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mercredi 31 juillet 2013

Vinho verde

Il fait très chaud pendant la journée à Lisbonne. Pendant la journée... et pendant la nuit. Il y a juste les soirées qui sont agréables avec un petit vent frais qui nous vient de la mer pendant que l'on boit un verre de vinho verde sur la terrasse avec des biscottes et du fromage.

J'ai reçu la date de mon rendez-vous avec le dermatologue de l'Hôpital Santa Maria qui doit examiner une tâche noire que j'ai dans le creux de l'oreille : le 30 avril 2014 ! J'espère que ce n'est pas quelque chose de grave.

J'ai rangé mon bureau qui, du coup, devient plus agréable pour y travailler ou même y lire, tranquillement, à l'abri des va-et-vient de la maison. D'après JM, c'est aussi un endroit agréable pour discuter comme on l'a fait hier soir avec N. également, sur le thème de la diversité. C'est quelque chose d'important sur laquelle nous reviendrons certainement.


mardi 30 juillet 2013

30 juillet***Les petits maux de l'âge

Après la France et l'Espagne, encore un accident de trains en Suisse ! Décidément le rail n'est plus ce qu'il a été longtemps, un mode très sûr d'aller d'un point à un autre.

J'ai passé une nuit plutôt bonne avec un seul réveil vers 4h30 du matin. Et tout a l'air de fonctionner assez normalement, à part quelques douleurs à l'arrière des jambes et des cuisses quand je me baisse. C'est ça l'âge : quand ça va mieux d'un côté, c'est l'autre qui se détraque. Les usures du corps qui se font sentir les unes après les autres. De petits maux —de petits mots— qui se suivent comme une chaîne de hérissons, l'un derrière l'autre : "Ne poussez pas là derrière, il y en aura pour tout le monde !" De quoi ? des petits maux, pardi. "Mais où allez-vous, comme ça, à la queue leu leu ?" De petits maux en petits mots jusqu'à la mort, pardi !

JM est arrivé hier avec sa famille après un long voyage à travers l'Espagne et le Portugal. Des autoroutes très dégagées, m'a-t-il dit, ce qui me rassure un peu pour mon prochain départ en sens inverse.

lundi 29 juillet 2013

29 juillet

Hier, FD nous annonce sa visite pour la fin août début septembre. Je me réjouis de le revoir. Et aujourd'hui, dès ce soir, JM et toute sa famille sera avec nous pour quelques jours. Là aussi, je me réjouis de le voir et de discuter avec lui. 

Ma nuit a été relativement tranquille. Seulement deux réveils. 

Je me pose toujours plein de questions sur l'écriture de ce blog. Je sais qu'il fait lien avec ma famille et mes amis les plus proches. C'est un lien qui se resserre tous les matins au moment où je me mets à écrire. Et même quand je n'ai pas grand chose à dire —comme ce matin !— je m'efforce de maintenir ce lien avec quelques mots. 

En tout cas, un constat : je me fatigue plus vite. Est-ce la maladie ? l'âge ? je n'en sais rien mais je sens que toute activité un peu remuante me demande plus d'efforts. Il faudrait sans doute que je refasse mes exercices du matin, les fameux cinq tibétains que je n'ai plus pratiqués depuis six mois. 

dimanche 28 juillet 2013

28 juillet : Moshi Hamid

Ce matin j'ai eu des nouvelles de Sasha, après sa méditation Vipassana, en Inde. Je suis très tenté de faire un stage à Dhamma Mahi, près de Paris. Simplement, il faudra que je me trouve un créneau de 10 jours pour le faire. Cela ne devrait pas être trop compliqué !

Cette nuit s'est terminée par un rêve très étrange. Irène (ou Agnès) avait hérité d'un immense espace vert traversant Paris du Nord au Sud. Je leur ai proposé d'installer une école expérimentale dans cet espace mais les clauses de cet héritage inattendu stipulaient "Pas d'école !" Des hommes d'affaires (costards, cravates) sont arrivés pour discuter avec Agnès et un autre homme d'affaires, peut-être un notaire, qui était plutôt du côté d'Agnès. Les autres voulaient profiter de cet espace pour installer leurs trucs. Et tout-à-coup, l'un de ces hommes d'affaires, particulièrement bien portant d'ailleurs, se précipite vers moi pour s'asseoir sur mes genoux. Je suis quasiment écrasé par cette énorme masse de chair qui a d'ailleurs du mal à maintenir son équilibre sur mes maigres genoux. Nous tombons tous les deux à la renverse.

La journée d'hier n'a pas été aussi bonne que les précédentes. Avec des alertes constantes pour pas grand chose. Vivement que mes tripes se remettent à fonctionner normalement !

J'ai terminé hier le livre de Moshi Hamid, que j'ai bien apprécié. En particulier les passages qui traitent de l'attitude des Américains vis-à-vis des étrangers — et surtout ceux qui peuvent avoir l'air de "terroristes", notamment les Pakistanais barbus — après le "nine-eleven". Mais cette attitude se cristallise également à partir d'une sorte d'intériorisation du problème des étrangers chez les étrangers justement. C'est un roman très subtil qui décrit toutes les nuances des émotions qu'un Pakistanais éduqué et presque totalement américanisé a pu ressentir à la suite de l'attentat.


samedi 27 juillet 2013

27 juillet

Une insomnie entre 1h30 et 4h30 cette nuit. Invité par Z., j'avais bu deux cafés le matin vers 11h. Je n'en avais pas bu depuis environ six mois. Il est possible que mon insomnie ait été causée par cet écart à mon régime habituel. J'en ai profité pour lire plusieurs chapitres d'un livre acheté la veille : The Reluctant Fundamentalist par Mohsin Hamid (Penguin, 2007). Livre assez curieux mais qui se lit très facilement. Tout se passe à Lahore au Pakistan entre l'auteur et un interlocuteur qui ne dit rien mais qui est bien là, un américain sans doute. L'auteur, pakistanais, raconte sa vie d'étudiant à Princeton, ses premiers contacts avec le monde occidental, ses succès universitaires et professionnels, ses premières émotions amoureuses...

Retourné dans mon lit, j'ai fait plusieurs rêves, le dernier étant assez violent. Nous (qui nous ?) nous étions abrités derrière une voiture et les autres (qui les autres ?) nous canardaient avec des fusils dont les balles faisaient éclater les choses autour de nous. C'était une scène de film. Sans grand intérêt. à vrai dire. Je n'avais même pas peur !


vendredi 26 juillet 2013

26 juillet : Bruits de pelle

Des nuits qui continuent d'être hachées menu par des réveils. Avec, évidemment, tous ces rêves que j'oublie le plus souvent. La nuit dernière, j'ai dû me lever toutes les heures, une demi-douzaine de fois... Ce matin, de gros nuages traversent le ciel. Le vent m'apporte les bruits de la rue, des discussions portugaises, des bruits de pelle raclant le trottoir, des voitures, des camions, les soupirs compressés des autobus au moment où ils s'arrêtent, les gémissements sonores d'une ambulance... bon ! je ne suis pas devenu sourd ! C'est déjà ça !

* * *

Les statistiques m'indiquent que mon blog a de moins en moins de lecteurs. C'est sans doute normal. Beaucoup sont partis en vacances. Et puis... je vais mieux. Les préoccupations que mon cancer a pu induire chez certains de mes lecteurs, se font plus légères. Le suspens s'atténue. La vie reprend son cours normal, sans surprise, sauf celles, distantes, de l'actualité avec son cortège de catastrophes : innondations en Chine, déraillement en Espagne, assassinat en Tunisie, menaces de guerre civile en Egypte, procès truqués en Russie, espionnage et méfiance partout...

jeudi 25 juillet 2013

Bon anniversaire, Fabien

Il est 2h42 et je n'arrive pas à dormir. Alors, je me suis dit que j'allais souhaiter un bon anniversaire à mon fils Fabien qui, lui n'est pas encore arrivé au 25 juillet puisqu'il se trouve en Californie. Mais comme il est né en France, je me sens tout-à-fait en droit de le fêter maintenant.

* * *

J'ai terminé hier le livre de Bruce Hood, The Self Illusion. L'ouvrage nous montre comment le cerveau, ce réservoir de souvenirs retravaillés en permanence au contact des mondes que nous traversons au cours de notre vie, crée cette illusion d'un "soi",  constitutif de notre identité. Il s'agit d'une sorte de fantôme dont les contours sont dessinés par nos expériences du monde social qui nous entoure, comme l'illustre le diagramme ci-joint qui se trouve à la page 293 du livre. "...nous savons qu'il existe des circuits dans le cerveau qui se déclenchent comme si le cercle illusoire du diagramme était réellement là. C'est pour cela que vous voyez le cercle invisible. Ce que cela signifie, c'est que le cerveau, en considérant cet arrangement, décide que la seule explication sensée pour rendre compte de la manière dont chaque sphère semble tronquée d'un morceau d'elle-même est de créer le cercle "you" au milieu. En d'autres termes, le cerveau hallucine l'expérience de ce "you" en stimulant ces propres circuits neuronaux pour créer cette impression." (p.294) Cela m'a fait repenser au "stade du miroir" de Jacques Lacan, totalement ignoré par l'auteur. Le moi serait une fiction élaborée à travers la traversée des mondes sociaux dont nous faisons l'expérience dans la vie. Je ne peux pas m'empêcher non plus d'évoquer cette idée selon laquelle le savoir que nous avons de nous-mêmes proviendrait intégralement de l'extérieur. Ce qui fait de la psychanalyse, en tant que dispositif voué à la transformation de ce savoir, à la fois une science, pour le patient, et une épistémologie, pour l'analyste. [Cf "La psychanalyse est-elle une épistémologie populaire", Apertura n° 13 (1993)]

mercredi 24 juillet 2013

Rendez-vous dans 50 ans

Aujourd'hui, je vais revoir mon oncologue préféré, le Dr Quintela après une prise de sang que je dois faire environ trois heures avant de le rencontrer. Je vais pouvoir lui dire que je vais mieux et je suis sûr qu'il sera ravi de l'apprendre.
Mon régime alimentaire se normalise de plus en plus. J'ai mangé deux pêches plates dans la journée d'hier, ainsi que plusieurs assiettes d'un crumble aux pommes que j'avais cuit la veille au soir. Le matin je mange une banane écrasée avec mon yaourt au soja. A midi, j'ai mangé quelques crevettes avec les restes d'une mayonnaise que j'ai préparée dimanche. Tout cela arrosé d'un ou deux verres de vin.

Je continue ma lecture du livre de Bruce Hood, The Self Illusion. 

* * *

J'ai fait faire ma prise de sang et suis allé à mon rendez-vous avec le Dr Quintela (N°9157 !). Celui-ci en voyant les résultats de l'analyse de mon sang, avait l'air ravi. Mon sang est apparemment revenu en l'état où il était avant le traitement. Quand j'ai demandé au docteur quand je pourrai être sûr des résultats du traitement, il m'a répondu en riant : "Dans 50 ans !" J'ai néanmoins rendez-vous avec lui à nouveau le 3 octobre prochain. Pendant la première quinzaine de septembre, je repasserai à la casserole d'une anoscopie, avec le médecin qui avait décelé mon nodule en janvier dernier, pour voir ce qu'il en reste après tout ce qu'il a enduré pendant le mois de mai et de juin. En attendant septembre, je suis enfin en vacances. Je vais pouvoir me remettre au travail !


mardi 23 juillet 2013

23 juillet***The Self Illusion

Cette nuit, j'ai rêvé d'une situation étrange : j'étais sur un bateau —peut-être un bateau— avec Isabel, et je devais accrocher un filin, ou quelque chose comme ça, à un emplacement particulier du "peut-être bateau". Le filin se terminait par une sorte de crochet en métal, et je devais trouver le système qui permettrait à ce filin d'être solidement tenu à une sorte de plancher en bois. J'avais la perceuse en mains et je m'apprêtais à faire des trous pour visser une sorte de ruban qui devait assurer l'accrochage. Je glissais le crochet sous le ruban maintenu à la pièce en bois par plusieurs visses. C'était une sorte de bricolage pas très orthodoxe. Ce qui est étrange, c'est que je ne sais absolument pas ce qu'il y a à l'autre bout du filin et qui doit absolument être accroché à ce "peut-être bateau".  Drôle de rêve.

Peut-être à mettre en relation avec le livre que je suis en train de lire : The Self Illusion. How the social brain creates identity, par Bruce Hood (Oxford University Press, 2012), livre qui m'a été offert par Luis V., spécialiste des virus, qui m'a été présenté par Z. et avec qui nous avons pu avoir de passionnantes discussions sur la dimension sociale de notre identité la plus intime, celle qui nous fait croire que nous sommes libres de choisir notre parcours dans la vie. En même temps, cet ouvrage ne milite pas du tout en faveur d'un déterminisme strict. C'est beaucoup plus subtil. En tout cas, j'y trouve un écho d'une thèse que j'ai défendue dans l'un des derniers articles que j'ai écrits et qui consiste à dire que le savoir que nous avons de nous-même nous vient entièrement de l'extérieur. Ce qui conforte, à mon avis, cette idée de self illusion. Mais j'en dirai plus, une fois que j'aurai terminé le livre dont je n'ai lu que la moitié jusqu'ici.




lundi 22 juillet 2013

22 juillet

J'ai repris aujourd'hui, pour la première fois depuis environ 6 mois, le petit déjeuner Kousmine, avec une demi banane écrasée, le jus d'un demi citron, un yaourt de soja avec quelques gouttes d'huile de lin. C'est presque une expérience. Je vais voir comment mon corps supporte de reprendre un régime plus normal.

Hier soir, Isabel et moi sommes allés au cinéma dans une de ces grandes surfaces commerçantes dont le Portugal semble avoir le secret : un monde débordant de couleurs, de lumières et de bruits dans lequel flânent des familles hébétées comme des poissons dans un aquarium aux coraux de plastique. A peine entre-t-on dans ce monde que, déjà, on est fatigué, la démarche devient lourde, l'esprit se fait le plus petit possible, il rétrécit au fond de soi, il n'y a plus de pensée...

dimanche 21 juillet 2013

21 juillet***Diversité

Le mot de la nuit : diversité. J'en discutais hier soir avec Z. et son ami Luis qui est un grand spécialiste américain des virus. Nous étions chez Olga qui nous avait préparé un délicieux "riz au canard". Et nous parlions de la nécessité de cette diversité si essentielle pour préserver la vie en ce monde. Discussion passionnante au cours de laquelle j'ai pu évoquer l'épistémodiversité, mise à mal avec tant de constance par les politiques de l'éducation dans le monde dit civilisé. [voir à ce sujet l'article d'Alliage, Contre l'ordre épistémologique mondial, dont l'url est : http://revel.unice.fr/alliage/index.html?id=3244]
Il y avait un rêve derrière ce mot "diversité". C'était des carrés qu'il fallait dupliquer en utilisant toutes sortes de méthodes différentes.

A part cela, je continue à me renforcer. Je me sens mieux chaque jour avec encore, parfois, des alertes mais qui me font moins peur. Disons que je réussis assez bien à gérer pour le moment.

samedi 20 juillet 2013

Mort d'Olivier Ameisen

Je viens d'amener Eric H. à la gare de Santa Apolonia. Il prend le train pour Porto d'où il s'envolera directement pour Strasbourg. J'ai été très heureux de l'avoir avec moi pendant ces deux jours.

Hier soir nous sommes allés au restaurant au bord de l'océan. J'ai partagé un cabri avec Charlotte. C'était délicieux et tout se passe bien pour le moment. Enfin des épinards ! Avec des pommes de terre cuites au four : magnifique ! Je mange également beaucoup de yaourts pour le moment. Et toute mon horlogerie trippale interne semble apprécier le changement progressif de régime. Il faut évidemment rester prudent. Mais tout cela est très encourageant.

Eric m'a prêté cet excellent polar de Megan Abbott que j'ai lu en français Adieu Gloria (Livre de poche). Excellent ! A recommander à tous les amateurs de polars !

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Je viens de lire un article sur le site de Futura Sciences sur de nouveaux espoirs thérapeutiques pour le mélanome. Voici l'url de la page à consulter :
http://www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/actu/d/cancer-chemin-vaccin-melanome-47815/#xtor=EPR-17-%5BQUOTIDIENNE%5D-20130720-%5BACTU-Sur-le-chemin-d-un-vaccin-contre-le-melanome%5D
Très intéressant, en tout cas.

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Ce matin également, j'ai appris la mort, à 60 ans d'Olivier Ameisen, celui qui a découvert les vertus thérapeutiques du Baclofène pour se guérir du craving de l'alcoolique. C'était un homme remarquable. Initialement cardiologue à New York et mort d'un infarctus. Son livre Le dernier verre, est un témoignage d'une très grande richesse humaine.

vendredi 19 juillet 2013

Tavana Mac

Rêve très étrange aujourd'hui. J'étais allé avec Daniel B. acheter des chaussures. Des "Tavana" Mac ou quelque chose comme ça. En tout cas des chaussures de marque. Je fais un premier magasin où il ne restait plus que des chaussures de couleur bleue. Dans un autre magasin, on me fait essayer des chaussures, les fameuses "Tavana" Mac, mais elles ont de petits talons aiguilles. "C'est la mode aujourd'hui", me dit-on. Je les essaye, mais non ! je ne les achèterai pas.
Je me retrouve ensuite dans un autre rêve en train de rentrer chez moi sur un vélo, très moderne lui aussi où Irène a pris place également. Il faut longer un long mur sur une piste de métal rouge. Je ne vois pas l'entrée. Beaucoup de gens à pied encombrent cette espèce de piste qui n'en est pas vraiment une. Je réussis à maintenir mon équilibre malgré les obstacles nombreux, tel qu'une bande de vélos stationnés en bord de piste à travers lesquels je réussis à passer.

Mon corps récupère bien pour le moment. Je mange presque de tout. J'ai l'intention de me remettre bientôt aux légumes et aux fruits. Progressivement bien sûr.

jeudi 18 juillet 2013

Cupcake bleu

Belle fête d'anniversaire pour Charlotte, hier soir avec un Cupcake bleu, un magnifique gâteau préparé par Isabel, de la gelée Royal "Tutti frutti" digne de la fière Albion, des macarons, et des chants dans toutes les langues pour la célébrer. Au menu, avant ces desserts multiples : une soupe froide d'avocats avec croutons de pain aillé et morceaux de tomates, puis gigot d'agneau avec pommes de terre, le tout arrosé de vin, de cidre et de mousseux. J'ai mangé et bu de tout. J'ai même goûté la mousse bleue du chapeau du Cupcake, couleur de Schtroumpf !!! C'est aujourd'hui que je devrais éventuellement payer mon crime alimentaire mais pour le moment, je ne vois rien venir. Autour de Charlotte, il y avait Agathe, Louise, Duarte, Catarina, Paula, Carlos, Grégoire et Ewan. Les parents étaient là également. Une belle soirée, très gaie. Avec Eric H. et Z. en prime.

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mercredi 17 juillet 2013

17 juillet

C'est l'anniversaire de Charlotte. C'est aussi l'arrivée d'Eric H. qui vient me rendre visite jusqu'au 20. Double plaisir donc. Triple plaisir puisque je viens d'avoir Duncan au téléphone. Il va célébrer aujourd'hui son 42e anniversaire de mariage avec Martine. C'est beau, l'amour !

J'ai l'impression que mes tripes vont un peu mieux. Comme s'il suffisait parfois de dire les choses pour qu'elles se remettent en place d'elles-mêmes.

Actuellement, je suis passionné par la dernière partie du livre de Robert Jaulin, L'Année chauve. Les chemins du corps, dont j'ai déjà parlé. Bien que son style soit assez difficile, j'ai l'impression de comprendre. Il faut le lire plusieurs fois. L'auteur parle beaucoup d'Henri Poincaré. Jaulin était lui-même mathématicien au départ. J'y reviendrai certainement.

mardi 16 juillet 2013

Style de l'intime

Mes difficultés d'élimination persistent : j'élimine au compte-goutte, ou plutôt, risquant un écart de langage, au compte-crotte, pour être plus précis. Plusieurs fois par nuit, je fais des efforts immenses pour des quantités ridicules : des crottes de lièvre ou de raton-laveur, une seule par séance, et parfois même, le cul boudant toute matière solide, il bavouille un peu de mucus transparent... ou rose de sang. Puis, une fois par semaine environ, ce sont des flots de matières et de sang qui s'échappent de mes tripes en cascade inquiétante.

Il est difficile d'écrire ce genre de situations, très intimes en vérité, mais j'avoue être stimulé précisément par cette difficulté singulière. Comme s'il y avait des mots qui se ressentent comme les choses mêmes qu'ils désignent. Certes j'aurais pu dire les choses autrement, en "chiant" ma prose par exemple, sans chercher à me rendre lisible grâce au maintien d'une certaine légèreté de ton. Faire du Céline. Mais autant la fiction peut supporter toutes les audaces, voire s'en nourrir pour réjouir le lecteur, autant le témoignage écrit en quête d'authenticité, s'accommode mal d'un langage trop cru. Pourquoi ? Je ne sais.

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Toujours Jaulin (p. 226) : "Si l'ouverture où la vie s'assume suppose "l'immédiateté" alliée d'une globalité de référence, c'est aussi ou néanmoins en des points choisis ou de focalisation, là où l'immédiateté est extrême, "signifiante", points concomitants à l'invention de vivre, que se situe l'ouverture en question, donc "l'immensité" de l'univers."
Curieusement, Robert Jaulin donne ici des indications qui justifieraient, sur le plan théorique, les apports de Matrix Energetics. Je citerai sans doute d'autres passages ultérieurement. Mais Jaulin, ici, n'est pas très facile à comprendre. A creuser !

lundi 15 juillet 2013

15 juillet

J'ai vu, dans les statistiques du blog, que l'Inde était apparue comme origine de quelques lectures. Je pense qu'il s'agit de Sasha, qui n'a donc pas encore commencé Vipāsana. J'espère que tu as fait bon voyage Sasha et que tout va bien pour toi. 

Hier, après avoir été voir une exposition, écouté une chorale et devisé chaleureusement avec quelques amis, nous avons conduit Charlotte dans la campagne à Bombarral, à l'Ouest de Lisbonne, où elle sera avec un groupe de jeunes pour avoir des activités sportives, ludiques, intellectuelles et autres. Le 17 elle reviendra à Lisbonne pour la soirée afin que l'on puisse célébrer son anniversaire. Le 17 également, je recevrai Eric H. qui vient passer quatre jours avec moi. Je me réjouis beaucoup de le voir. 

J'essaye, timidement, de diversifier mon régime alimentaire. Mais je ne prends toujours ni fruits ni légumes (sauf des carottes bien cuites) de peur d'enclencher ces diarrhées imprévisibles que je crains par dessus tout et qui continuent de menacer ma tranquillité d'esprit. La seule manière de s'en protéger est de sortir le moins souvent possible et toujours avec les accessoires susceptibles de limiter les dégâts au cas où... Je remarque aussi que, ces derniers temps, je perds beaucoup de cheveux. Je ne suis pas encore chauve mais ce qui m'étonne, c'est que ces chutes de cheveux interviennent si longtemps (deux semaines) après la fin des traitements. Ça repousse, dit-on. On verra bien ! De toute manière, j'ai l'âge qu'il faut pour porter dignement un crâne dégarni par... les responsabilités importantes que j'ai assumées dans ma vie... plutôt que par un cancer. Un crâne d'oeuf, quoi ! Hum ! J'espère quand même qu'ils vont repousser. 


* * *

Je ne résiste pas à l'envie de citer ce passage de Robert Jaulin (L'Année chauve, Paris, Métailié, 1993, p. 220) qui fait écho à certaines des réflexions qui traversent ce blog :
"L'ouverture à l'autre se constitue dans le respect de soi-même, ou/et le respect de l'autre est inhérent à l'ouverture à soi-même, en soi-même. L'être-le-monde se partage et s'actualise en un tel lieu ; la vie y est réflexive. Cette vie, en chacun de nous, n'est sans doute pas grand-chose, l'essentiel est pourtant d'y être attentif, d'en avoir l'immédiateté ; notre corps culturel y puise le meilleur de ses forces et fournit ainsi à notre masse ou corps biologique une bonne part de son énergie, de sa décence."








dimanche 14 juillet 2013

Fente ou faille

J'ai relativement bien dormi aujourd'hui : plusieurs réveils mais suivis de rendormissements non problématiques. Avec un rêve en fin de nuit : Martine et Duncan avaient acheté un nouvel appartement à Bordeaux. Un tout petit appartement au rez-de-chaussée dont l'entrée était vraiment étrange : il s'agissait d'une fente étroite avec une porte qui ne s'ouvrait vraiment que si on enlevait un pot de fleur susceptible de la coincer. Cet appartement avait une petite terrasse de l'autre côté de la rue. Où j'étais en train de déjeuner.

Rêve où l'on retrouve le thème de la fente qui revient assez souvent dans mes épisodes oniriques. Fente ou faille, toujours verticale, porte étroite, ouverture ou blessure, entrée d'un monde secret, bordure échancrée, frontière de pierre, fente qui enfante, sexe féminin évidemment... fente et faute aussi, mais sans culpabilité.

J'ai terminé hier le livre de Chevassus-au-Louis, Pourquoi Hitler n'a pas eu la bombe atomique, livre passionnant qui évoque l'expérimentation probable d'une petite bombe atomique les 3 ou 4 mars 1945 à Ohrdrurf en Thuringe. L'auteur fait le point, donne des indices éloquents tout en restant réservé sur cette hypothèse dont je n'avais jamais entendu parler. Aucun document ne vient attester explicitement l'existence de ce test mais l'événement n'est pas exclu. Et l'auteur explique assez bien pourquoi les historiens sont passés à côté.

Il faut aussi que je parle de mon chat, Zouky, qui me suit absolument partout depuis quelque temps. Chaque fois que je me lève, que je bouge, il bouge avec moi. Il me surveille peut-être. Il est vraiment très attentif. On pourrait presque dire attentionné.

samedi 13 juillet 2013

13 juillet***Dorminiou de dorminiou !

Comme un loir, cette nuit, j'ai dormi, bien dormi, dorminou, ni trop chaud, ni trop froid, ni trop haut, ni trop bas, juste à poings fermés, pas trop serrés, juste à point, comme un oeuf, dorminiou de dorminiou !
Ma tentative de ne pas prendre d'anti-douleurs n'est pas judicieuse. J'ai repris hier mes doses habituelles et du coup, je me sens un peu plus normal, un peu plus durable dans mon sommeil, un peu moins soucieux de mes entrailles... c'est une bonne leçon !

Hier j'ai reçu Marta S. qui veut faire un travail avec moi dans le domaine de la communication scientifique. Elle est docteur en physique, pleine d'enthousiasme et très intéressée par ce champ. Elle aura un répondant en interne, Anna S. que je connais bien : c'est elle qui m'a invité la première fois à parler aux doctorants de biochimie à l'ITQB à Oeiras. Marta S. est vraiment adorable, souriante, éveillée. Je lui avais prêté Against method  de Paul Feyerabend. Elle l'a lu. M'a avoué avoir parfois été secouée par les thèses de Feyerabend mais cela la faisait penser autrement et elle a aimé l'expérience (de penser autrement). Voir les choses sous un autre angle : c'est s'assurer de sa propre mobilité. Ce n'est pas toujours facile.

Elle était en train de lire, en traduction portugaise, Michel Houellebecq, sans véritablement apprécier m'a-t-elle dit. "Trop provocateur... pour rien" a-t-elle précisé. Je confirme personnellement ce diagnostic.

vendredi 12 juillet 2013

12 juillet : Un moral en dents de scie

Ça redevient difficile : des éliminations sanglantes, des douleurs, des diarrhées, des difficultés à s'asseoir, à se coucher, à se lever, bref à faire quoi que ce soit. Tout ça sans doute pour avoir mangé trois quatre fraises hier soir, et bu quelques verres de vinho verde ! Je paye cher les écarts à mon régime. J'avais également cessé de prendre des anti-douleurs. Ce qui n'est pas forcément une bonne idée.

Il fait gris aujourd'hui. Gris et froid. Je vais essayer de me coucher.

J'ai repris mes anti-douleurs et ça va un peu mieux. Difficile de gérer sa vie dans ces conditions. J'ai beaucoup de choses à faire, de livres à lire et d'articles à écrire, de traductions à poursuivre et pourtant, je me sens en rade, bon à rien si ce n'est à fermer les yeux et respirer profondément. C'est étrange ce retour de manivelle... tout allait plutôt de mieux en mieux et tout-à-coup, badaboum, je me retrouve très mal en point... avec un moral en dents de scie.


jeudi 11 juillet 2013

Métamizol

Dormir en pointillé, c'est ce qui m'est arrivé cette nuit : la chaleur, le chat, le bruit de la rue, quelques élancements sporadiques, trois morceaux de chocolat "Expresso" avant d'aller dormir, bref tout y était pour rendre ma nuit agitée avec lever toutes les heures environ pour tenter une élimination difficile. J'espère que ça ira mieux demain. En fait, j'avais décidé de ne pas prendre d'anti-douleurs cette nuit. Ce fameux Métamizol que je prenais régulièrement le soir avant d'aller dormir.


mercredi 10 juillet 2013

10 juillet***Le bout du tunnel ?

Le navigateur s'intéresse aux étoiles les plus visibles, l'astronome aux moins visibles... telle est l'une des belles réponses que j'ai reçues à ma question d'hier.
La journée d'hier s'est plutôt bien passée, sans bouleversement de tripes ni pelote d'épingles... mon état s'améliore vraiment de jour en jour. Je me tartine encore de crèmes diverses et variées mais juste pour aller jusqu'au bout de mes tubes, ce qui me fera sans doute arriver au bout du tunnel...
Je vais me remettre sérieusement au travail.

mardi 9 juillet 2013

9 juillet 2013***Les signes du lointain

Une bonne nuit avec un seul réveil à mi-parcours. J'ai toujours l'impression de récupérer rapidement. Mais je ne sais toujours pas où en est Dudule. Ayons confiance dans la médecine, comme le dit Joëlle. Pour le moment il n'y a pas d'alternative.

Pour ce qui est de mon régime alimentaire, je le diversifie à nouveau très progressivement. Je ne mange pas encore de légumes mais je mange des yaourts et avant-hier j'ai bu quelques verres de Vinho Verde. Il faut dire que par cette chaleur, c'est un vrai délice. C'est frais, pétillant, léger. Avec des coquilles Saint Jacques, le soir sur la terrasse... c'était parfait !

* * *

Je viens de lire un article d'Yves Citton sur "l'économie de l'attention" publié dans La Revue des Livres du 11 mai 2013. Le 24 mai dernier, je m'interrogeais sur le "sens de la vie" et je disais que, pour moi, ce n'est pas tant de sens dont la vie aurait besoin que d'attention. Mais l'attention à laquelle je fais référence est indissociable d'un rapport de proximité maximale, indissociable des lieux de notre vie quotidienne dont "l'économie de l'attention" justement, tente de nous écarter. Le lointain multiplie ses signes d'appel pour capturer notre attention, pour la détourner de nos lieux de vie quotidienne, pour la détourner de notre voisinage immédiat, là seulement où nous sommes vivants. Ce détournement rend notre attention monnayable, d'où cette idée d'une "économie de l'attention". 
Pour moi également, le "lointain" c'est plus loin que l'horizon, c'est ce qui n'existe qu'à travers des signes. Des signes d'appel dont toutes les religions font leur beurre.

J'ajoute que "l'appel du large", comme on dit, c'est bien autre chose. Le large c'est justement ce qui est vide de signes. Et l'attention requise pour naviguer est celle qu'il faut porter à l'embarcation elle-même, à son maintien sur les flots, et aux étoiles dont la proximité devient alors surprenante. Comme si elles définissaient notre voisinage concret le plus immédiat. Y a-t-il une différence entre les étoiles du navigateur et celles de l'astronome ? 


lundi 8 juillet 2013

8 juillet***41°...

...au soleil, bien sûr. C'est beaucoup. C'est trop ! C'est presque 42° !

Charlotte est partie hier après-midi, passer quelques jours de vacances avec une amie au bord de la mer. Et c'est aujourd'hui que commence le grand Colloque annuel Gilles Deleuze. Je vais peut-être y faire un tour mais je suis encore un peu trop craintif d'un lâcher imprévisible de sphincters pour prendre la décision d'y aller en toute sérénité. Hier, Isabel et moi sommes allés à Macro faire quelques courses et j'ai dû me précipiter à deux reprises vers la "casa di bagno". C'est très désagréable.

En principe, je retourne à l'hôpital aujourd'hui pour voir si les tissus se reconstituent normalement. Ce sera la dernière fois avant ma nouvelle prise de sang et ma rencontre avec Quintela, le 24 juillet.

Il peut paraître étrange que ce blog, consacré au récit de mes aventures médicinales depuis le début des traitements, s'éparpille dans de multiples directions qui, a priori, n'ont pas grand chose à voir avec mon cancer. Mais c'est justement cette contextualisation multidimensionnelle qui me semble intéressante. Certes, Dudule est resté une préoccupation centrale pendant tout ce temps mais cela ne doit pas détourner mon attention des autres aspects de la vie.

* * *

Voilà ! je suis revenu de l'hôpital où Maria Luisa —j'ai appris son nom vendredi dernier— m'a de nouveau soigné avec douceur et doigté. Avant de nous quitter, elle m'a dit qu'elle était mariée à un militaire et que le 6 juin dernier, ils étaient allés tous les deux en Normandie sur les lieux du débarquement. C'était très émouvant, m'a-t-elle dit. Je l'ai beaucoup remerciée pour sa compétence et sa douceur. Je reviendrai certainement la voir pour lui raconter la suite de mes traitements. 




dimanche 7 juillet 2013

Où se trouve ma valise jaune ?

Il pleuvait à l'intérieur du château où se déroulait le Colloque. Le Maître des lieux se promenait avec un parapluie. C'était une pluie fine et régulière sous les douves. JON participait au Colloque également. Il y avait beaucoup de monde. Je voulais partir au bout de la première journée et je cherchais ma petite valise jaune. J'avais un autre bagage : une sorte de sac de voyage en cuir à l'ancienne avec une collection de pipes à l'intérieur. J'ai même pensé le vendre comme une antiquité. Mais ce qui me tracassait, c'était ma petite valise jaune, laissée dans ma chambre, et que personne ne retrouvait. Le Colloque devait continuer. D'autres gens, des conférenciers, arrivaient encore.

Le château en question me fait penser à Cerisy ainsi qu'au château de Sintra où s'est déroulé le mariage d'Elsa. C'était assez drôle de voir des gens ouvrir leur parapluie à l'intérieur à cause de cette pluie fine qui mouillait tout. La valise jaune ressemblait à celle dans laquelle je range ma perceuse.

Quitter le Colloque au bout de la première journée. Laisser les autres continuer à parler et penser sans moi. Perdre mes outils de travail, en particulier ma perceuse qui s'attaque aussi bien aux murs qu'aux secrets. Et pourtant, je ne suis pas dans un esprit d'abandon : au contraire, je me sens en train de récupérer rapidement ; mon corps va mieux, certainement. Alors ?






samedi 6 juillet 2013

6 juillet***Wishful dreaming

Il faisait très très froid cette nuit dans mon rêve. Nous habitions des baraques de prisonniers dans la neige. Par contre, il faisait très très chaud dans la réalité de cette nuit portugaise à Lisbonne. Mais j'ai dormi presque d'un trait, jusqu'à 8h30. Performance remarquable après les omnibus des nuits précédentes.

Ma petite fille Sasha est partie hier. Ce fut un plaisir que de l'avoir avec nous pendant une semaine. Dans quelques jours elle s'envolera pour l'Inde (Dehli) où elle fera Vipāsana : 10 jours sans parler, sans regarder quiconque dans les yeux, sans communiquer d'aucune manière et avec une méditation quotidienne d'au moins huit heures. Lever à 4h, coucher à 9h30.

Je sens que je récupère rapidement. L'infirmière qui s'occupe de mon postérieur est également optimiste. J'y retourne lundi pour la dernière fois. Elle veut vérifier que tout se passe bien avec la crème au zinc dont elle me tartine la partie fragile du cul. C'est une infirmière adorable, d'une grande douceur et d'une compétence évidente. Elle a de long cheveux noirs et chaque fois que je la vois je me sens rassuré. Elle m'explique ce qu'elle fait en anglais pendant qu'elle le fait sans insister, avec tact et douceur. Elle est parfaite.

vendredi 5 juillet 2013

Insomnie

J'ai vraiment eu du mal à m'endormir la nuit dernière. Mon état de veille n'était pas agréable : il faisait trop chaud et en plus, j'étais constipé, ce qui, dans ma situation, n'arrangeait pas les choses. "A éviter", m'avait dit le Dr Beatrice X... Et en effet, je ne sais pas comment cela va se terminer. Mon ventre se fait passer pour un bloc de pierre. Mon insomnie m'a cependant permis de penser à plein de choses intéressantes. Notamment, en liaison avec ma lecture du livre de Giordan et Golay, sur la question du changement. Il faut changer, écrivent-ils en substance, et pour ce faire, il faut apprendre. Apprendre ou... désapprendre ? comme Diderot l'aurait formulé. Défaire les noeuds qui nous lient à un certain nombre d'habitudes et de pensées rituelles. Lâcher prise. Quand on m'a annoncé pour de bon que ma tumeur était maligne, j'ai immédiatement décidé de faire un jeûne. Le lendemain matin, je buvais de l'eau en guise de petit déjeuner. De l'eau, au déjeuner et encore de l'eau au dîner. Et entre ces repas assez frugaux, toujours de l'eau.
Mon jeûne a duré 14 jours et deux semaines plus tard, j'en entamais un autre avec mon frère Patrick. 14 jours également. Le médecin a levé ses sourcils en ayant l'air de dire :
"Ces malades font vraiment n'importe quoi. Internet les rend fous."
Même si ma décision de jeûner n'a pas eu les effets que j'espérais sur mon cancer naissant, je ne la regrette absolument pas. Au contraire. D'abord, il y a les effets d'une décision, une vraie décision, irréversible, une décision qui change effectivement les choses sans que l'on sache vraiment ce qui change. Cette décision je l'ai prise seul. Et bien sûr que je prenais un risque. Mais je ne crois pas que l'on puisse changer sans prise de risque. Le changement affecte notre devenir et cela est toujours risqué. Changer, c'est déjà mourir. Non pas de cette mort qui conclut funestement une maladie, celle-ci étant sans doute souvent liée à une sorte d'immobilité psychique et physique, une impossibilité de changer. Quand on change, il y a une part de soi dont il faut faire son deuil, il y a un "soi" auquel on renonce.  Renoncer à soi, n'est-ce pas mourir ?
Les deux jeûnes successifs que j'ai faits résultent d'une décision qui m'engage dans une aventure risquée. Non seulement je ne les regrette pas, mais je vais sûrement en refaire, régulièrement. La maladie nous rappelle que la mort fait partie de la vie. Et qu'il faut vivre sa mort plutôt que vivre sa maladie.

jeudi 4 juillet 2013

4 juillet***Rêves de vers

D'étranges rêves cette nuit. Je reviens de voyage et me trouve avenue des Vosges à Strasbourg, coincé entre une terrasse et le trottoir. Ma valise se renverse et par l'ouverture —je la croyais fermée— se disperse un certain nombre d'objets, mon porte-monnaie bien gonflé, mon nécessaire à cirer les chaussures, ma trousse de toilette achetée à Buenos Aires, etc. Je récupère le tout, mets la valise sur des roulettes et commence à marcher... sans doute vers mon appartement de la rue des Veaux... j'y suis... j'ai un gros problème avec ma pierre à aiguiser... il faut la ficher en terre dans un pot de fleur très abîmé qui laisse apercevoir une circulation intense de vers de terre à travers d'énormes trous ronds dans le fond du pot... l'un des bouts de la pierre à aiguiser est "verduré", c'est pour cela qu'il faut la planter, ce que je fais... mais il semblerait qu'il n'y ait pas assez de terre... quelles fleurs cette pierre va-t-elle faire s'épanouir ? je suis curieux et plein d'espoir...

La vie intense au fond du pot de terre fait sans doute référence à mes intérieurs à moitié brûlés qui frétillent de picotements aigus en continu. Les vers font aussi référence à un poème que je me promets depuis longtemps d'écrire ici. La pierre à aiguiser me semble traduire l'idée qu'effectivement, l'écriture de ce blog m'aiguise l'esprit. Cela fait aussi référence à Eric G. qui m'a offert une pierre à aiguiser belge dont je devrai me servir prochainement pour affûter les couteaux de la cuisine.
La contrainte du billet quotidien me plaît. Je me suis souvent demandé si je serais capable de tenir un tel rythme —celui du "papier de verre" d'Hervé Le Tellier dans la check-list du Monde, par exemple—. Et bien voilà : oui, je crois que je pourrais tenir.
Le fait que je constate qu'il n'y a peut-être pas assez de terre fait sans doute référence au fait que je suis à la fin de ma vie et que pour que la pierre à aiguiser puisse donner des fleurs, il va falloir s'y mettre rapidement.

mercredi 3 juillet 2013

3 juillet***De l'argent pour panser !

De retour à l'hôpital Santa Maria, hier en fin d'après-midi, pour voir le Dr Beatrice X..., qui a examiné l'état de ma région pelvienne. Pas terrible, apparemment. Elle m'a envoyé chez une infirmière adorable qui m'a soigné avec un pansement d'argent, destiné à cicatriser mes brûlures. Ne croyez pas cependant qu'elle m'a collé quelques billets de 100 dollars —l'argent américain doit être particulièrement efficace, évidemment—autour et à l'intérieur de ma fente anale. Il s'agit de l'argent colloïdal dont l'action anti-microbienne est bien connue. Bref, tel le toréador, mon cul n'est toujours pas en or, mais je progresse. Je dois retourner à l'Hôpital tous les jours pour me faire panser de cette manière.
Parmi les recommandations du Dr Beatrice X..., il y a également la prise de nourriture. Et c'est plus difficile. Mais hier, je suis allé au restaurant avec Isabel, un restaurant tout près de chez nous, absolument excellent et pas trop cher : le restaurant Carteiro, qui se trouve effectivement à côté de la poste. J'ai mangé un bon morceau de boeuf avec du riz. Et j'ai terminé avec une délicieuse mousse au chocolat ! J'avais l'impression de faire des excès qui me coûteraient cher, mais aujourd'hui matin, je me sens plutôt mieux qu'hier. Cela donne envie d'appuyer sur l'accélérateur de temps. Pour arriver plus vite à destination. Mais quelle destination ? 

Pendant la journée, j'ai lu un essai de Sasha sur les conceptions de l'art de Schopenhauer, et j'ai trouvé son travail effectivement remarquable. J'ai lu également l'essai d'André Giordan et Alain Golay, Bien vivre avec sa maladie (JC Lattès, 2013). J'en ferai un commentaire plus détaillé ultérieurement.

mardi 2 juillet 2013

2 juillet***Conquistadores

C'est le mot du réveil : conquistadores. Les conquérants, ceux qui vont chasser les armées du général Dudule, ces cellules sauvages dont l'envahissement anarchique a été interrompu par les rayonnements. Enfin, c'est ce qu'il faut croire. Il s'agit maintenant de se refaire physiquement, ce qui n'est pas évident. Le territoire est quelque peu saccagé par ces hordes barbares, ou plutôt par ce qu'il a fallu faire pour s'en débarrasser. De toute manière je ne saurai rien sur l'état des lieux avant deux ou trois mois.

* * *

J'ai posé la question à Célia, hier : à la fin du traitement ne faut-il pas associer la fin de ce blog ? Elle m'a répondu : "Ah ! non. D'ailleurs, ce n'est pas fini. On ne sait même pas si le traitement a fonctionné correctement. Et puis, maintenant il y a toute la période de reconstruction. Non, non... le blog continue." 

lundi 1 juillet 2013

1er juillet***Le lieu du douloureux

Comme le disait hier ma fille Célia, je terminerai mon traitement le jour même où son fils Joaquim aura cinq ans. J'en profite pour lui souhaiter un bon anniversaire. Je téléphonerai un peu plus tard.

Ma nuit a été pénible. Avec beaucoup de réflexions sur la douleur. Sur le fait qu'on ne s'y habitue pas. Elle est tout aussi vive après une heure qu'après cinq minutes. On ne peut pas installer la douleur, lui aménager un coin de soi-même où elle serait plus tranquille, moins arrogante dans son souci de se faire reconnaître par le corps, même si cela passe par le mental. Elle ne cesse de revendiquer l'attention du mental même si on ne peut la concevoir que comme quelque chose d'étranger à nous-même, quelque chose qui nous affecte de l'extérieur (même à l'intérieur), et donc, quelque chose qui n'est pas nous. Ce qui est "nous" ne se ressent pas. On voudrait alors que cet élément étranger, la douleur, s'en aille, qu'il nous quitte, qu'il retourne dans cet ailleurs qui n'est pas nous et qui n'est, en réalité, nulle part. Un "ailleurs" qui n'est "nulle part", cela signifie "ici", là, très précisément, très concrètement, où ça fait mal, de manière constante. C'est un "ici" plus fort que cette localisation à laquelle on est habitué avec les objets de notre environnement quotidien. C'est un "ici" sans "ailleurs" justement.
Je me souviens d'une réaction que j'ai souvent eue quand l'un de mes enfants venait me dire qu'il avait mal : "—Où as-tu mal ? demandais-je. —Ici, disait Fabien ou Célia, montrant un endroit précis de leur corps. —Ici ? disais-je, en montrant délibérément un endroit voisin de celui qui avait été indiqué. —Non ! Ici ! répondaient-ils, manifestement énervés par mon incompréhension." Le jeu pouvait continuer ainsi pendant un petit moment. Je visais sans doute à délocaliser la douleur, à la chasser magiquement du lieu physique qu'elle avait investi. Mais c'est sans doute impossible. En tout cas, on ne peut pas faire ça soi-même, avec sa propre douleur, sans doute.