Rechercher dans ce blog

mardi 16 juillet 2013

Style de l'intime

Mes difficultés d'élimination persistent : j'élimine au compte-goutte, ou plutôt, risquant un écart de langage, au compte-crotte, pour être plus précis. Plusieurs fois par nuit, je fais des efforts immenses pour des quantités ridicules : des crottes de lièvre ou de raton-laveur, une seule par séance, et parfois même, le cul boudant toute matière solide, il bavouille un peu de mucus transparent... ou rose de sang. Puis, une fois par semaine environ, ce sont des flots de matières et de sang qui s'échappent de mes tripes en cascade inquiétante.

Il est difficile d'écrire ce genre de situations, très intimes en vérité, mais j'avoue être stimulé précisément par cette difficulté singulière. Comme s'il y avait des mots qui se ressentent comme les choses mêmes qu'ils désignent. Certes j'aurais pu dire les choses autrement, en "chiant" ma prose par exemple, sans chercher à me rendre lisible grâce au maintien d'une certaine légèreté de ton. Faire du Céline. Mais autant la fiction peut supporter toutes les audaces, voire s'en nourrir pour réjouir le lecteur, autant le témoignage écrit en quête d'authenticité, s'accommode mal d'un langage trop cru. Pourquoi ? Je ne sais.

* * *

Toujours Jaulin (p. 226) : "Si l'ouverture où la vie s'assume suppose "l'immédiateté" alliée d'une globalité de référence, c'est aussi ou néanmoins en des points choisis ou de focalisation, là où l'immédiateté est extrême, "signifiante", points concomitants à l'invention de vivre, que se situe l'ouverture en question, donc "l'immensité" de l'univers."
Curieusement, Robert Jaulin donne ici des indications qui justifieraient, sur le plan théorique, les apports de Matrix Energetics. Je citerai sans doute d'autres passages ultérieurement. Mais Jaulin, ici, n'est pas très facile à comprendre. A creuser !

2 commentaires:

  1. je n'ai jamais lu ce livre de Jaulin, mais la citation que tu en donnes fait écho à mon intérêt depuis quelques temps déjà au thème de la sublimation, à un rapport à l'inconscient non d'interprétation mais de création. J'ai cogité à ce propos sur la notion de "répétition en avant" terme qui m'a arrêtée chez Kierkegaaard. Tout cela implique un au delà du sens, un écart par rapport au fantasme , met en évidence ce qui relève de la tuché, de la rencontre, bonne ou mauvaise, qui touche, fait résonner, déchaîne ce qui a fait marque sur notre corps et à quoi nous pouvons donner forme dans une création. En ce moment je commence la lecture de Ehrenzweig, "l'ordre caché de l'art".
    bises
    Danièle

    RépondreSupprimer
  2. Ce commentaire est vraiment intéressant. J'aimerais savoir dans quelle oeuvre de Kierkegaard tu as rencontré cette "répétition en avant" que tu évoques. Merci Danièle.

    RépondreSupprimer