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mercredi 13 mai 2015

Léger

Après presque trois jours de jeûne complet, j'ai mangé une soupe délicieuse hier soir. Et ce matin, je me suis préparé mon jus de légumes habituel avec céleri, persil, carottes, concombre, gingembre, curcuma et citron. Excellent.
Je me réveille souvent la nuit, mais ce n'est pas nouveau. J'avais bu beaucoup beaucoup d'eau pendant mon jeûne. Aujourd'hui je me sens un peu plus léger.

Il commence à faire chaud à Lisbonne, même pendant la nuit. Et il est difficile de dormir avec la fenêtre ouverte à cause du bruit des voitures qui remontent la rua da Sociedade Farmaceutica. La rue est pavée et les voitures font beaucoup de bruit. Comme le quartier est assez chaud pendant la nuit en raison des clubs et boîtes de nuit qui nous entourent, la circulation est beaucoup plus importante que pendant la journée. A partir de minuit, il est impossible de trouver une place de parking dans notre quartier. Les voitures sont garées sur les trottoirs. Il y en a beaucoup et partout.

Hier j'ai assisté sur Arte à la discussion animée par Elisabeth Quin dans le cadre de son émission "28 minutes". Le thème était la réforme du collège. L'une des invitées était une représentante du ministère qui travaille actuellement avec Najat Vallaud-Belkacem, cible de toutes les agressivités possibles. Dès qu'on touche au système éducatif d'une nation, on exacerbe toutes les sensibilités liées à la religion, à la culture, à l'appartenance de classe, à l'économie bref à toutes les composantes de la vie en société. Il y avait un autre invité : un professeur de lettres classiques (latin-grec) manifestement furieux de cette réforme et dont les arguments étaient très étranges ; il s'opposait farouchement au projet d'intégrer le latin dans le cadre des heures dévolues à l'interdisciplinarité. Mais surtout, ce qui à la fois m'étonnait et me désolait, c'est la manière rigide dont il concevait les nouvelles règles, comme si son destin, ses compétences (mais aussi, de manière évidente, ses habitudes, sa routine) se trouvaient menacées par le nouveau dispositif. D'ailleurs, manifestement, il interprétait celui-ci d'une façon si dogmatique, si catégorique que ça en devenait presque ridicule alors qu'il s'agissait de ce qu'on appelle "un bon prof", un "prof motivé", qui va au devant des élèves et qui fait tout pour les intéresser au grec et au latin. Personnellement, cette réforme du collège me laisse très sceptique, comme n'importe quelle réforme scolaire, d'ailleurs. Ça ne peut pas marcher ! On demande au système scolaire de résoudre tous les problèmes. Comme le dit David F. Labaree dans un artcle que je viens de lire : "We ask them [schools] to promote democracy, improve health, save the environment, an dempty our prisons? And at the same time we also assign schools smaller missions, such as improving driver safety, reducing tooth decay, fighting obesity, and deterring teenage pregnancy." ("When is school an answer to what social problems ?" in Thrölher & Barbu, Education Systems in Historical, Cultural, and Sociological Perspectives, Rotterdam, Sense Publ., 2011). Par ailleurs, les collaborateurs d'Elisabeth Quin ont évoqué les classements PISA et Shangaï pour stigmatiser les défauts du système français, suggérant que l'on s'inspire de la Finlande pour changer les choses. Mais là encore, on voit à quel point l'absence de réflexion approfondie fait dire à des gens, qui sont certainement intelligents et cultivés, des bêtises qui, une fois émises par une télévision aussi sérieuse qu'Arte, se répandent à une vitesse incroyable dans le monde des intellectuels. On voit d'ailleurs très bien que c'est une question de temps. La télévision ne donne pas la possibilité de réfléchir vraiment, de se distancer de ses propres manières de voir, bref, du chewing gum pour les yeux et dans la tête, pour reprendre l'heureuse expression de mon ancien collègue, Ignacio Ramonet.

Enfin, je viens de lire une pétition destinée à faire pression pour sauver l'habitat des orang-outangs à Bornéo, de ces prédateurs que sont les grandes industries de l'huile de palme. Je cite le début du texte qui accompagne cette pétition : "Perché en haut des restes d'un arbre, un orang-outan regarde hébété ce qui fut il y a encore peu sa forêt mais n'est plus que champ de ruines. Armés de tronçonneuses et de bulldozers, les travailleurs du producteur d'huile de palme Bumitama Gunajaya Agro (BGA) ont détruit intégralement sa forêt tropicale sur plusieurs kilomètres."

J'en parle parce que j'ai trouvé la photo qui illustre cette pétition particulièrement parlante.


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