Il est difficile en tant qu'homme d'imaginer le sens de ce que peut être la maternité. Ou peut-être que le constat est mal formulé. Ce n'est peut-être pas une question de sens justement. Contrairement à la paternité qui ne se définit qu'à travers le sens que chaque père peut lui donner en fonction de son expérience et des conditions de sa vie, la maternité implique, semble-t-il, l'existence d'un noyau dur, cette expérience incroyable qui consiste à faire grandir dans son propre corps un être qui est en même temps entièrement soi, et entièrement un autre. On a longtemps cru que l'imagination des femmes, pendant la gestation, allait déterminer certaines caractéristiques, physiques et/ou mentales, de l'enfant à naître. Cette croyance avait des aspects extrêmes que l'on ne retiendrait plus aujourd'hui. Mais, il y a sans doute un fond de vérité dans cette incidence de l'imagination des femmes sur l'enfant qui est en elles, qui est elles, pendant un certain temps.
En liaison avec ces réflexions, je trouve sur internet ce compte-rendu d'une expérience chinoise :
Messieurs, seriez-vous prêts à faire le test du
"Labor Pain Challenge"? 20 hommes ont pu "expérimenter
la sensation d'un accouchement" par le truchement d'un simulateur
physique. C'est une chaîne de télévision chinoise qui a eu l'idée de cette
expérience intitulée "Labor Pain Challenge", qui a été
diffusée dimanche pour célébrer la fête des mères en Chine. L'émission
("Le défi de la douleur de l'accouchement"), a été tournée à
Nanchang, dans la province de Jiangxi, dans le sud-est du pays. Elle
rassemblait une vingtaine d'hommes, dont la compagne attendait un
enfant. Les futurs papas étaient équipés de faux ventres et de capteurs
électriques, et devaient supporter une douleur équivalente à celle qu'endure
une femme pendant un accouchement. Certains candidats ont eu
visiblement eu beaucoup de mal à supporter la sensation, hurlant de douleur dès
que les organisateurs réglaient leur machine sur l'indice de douleur 30. Le
courageux vainqueur est un pompier, qui a supporté une vive douleur de niveau
80.
Je ne suis pas convaincu par cette curieuse expérience. Surtout, ça n'a pas grand chose à voir avec les réflexions que j'entreprenais et que ce texte a détournées vers des fantasmes médiatiques plutôt bizarres. Je m'orientais plutôt vers la manière dont Malinowski décrit les relations de parenté dans les îles Trobriand où le père (tama) de l'enfant n'a rien à voir avec la procréation, l'enfant étant complètement fait de la chair, du sang et du lait de sa mère. C'est l'oncle maternel qui exerce l'autorité sur l'enfant, étant fait lui aussi de la même chair et du même sang que la mère. Pourtant, le rapport du père à l'enfant a un sens, c'est un compagnon, un ami, un conseiller amical des premières expériences de l'enfant. En fait, la paternité ici ne peut avoir que ça : un sens. Alors que le frère de la mère relève de la réalité d'une loi, celle-ci n'ayant pas à convoquer un sens quelconque pour valoir.
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