J'ai dormi dans cet hôtel à 40 euros, l'expérience du monde à venir : personne à l'accueil, on reçoit la clef de la chambre en tapant des codes reçus par internet, la chambre est glaciale, il fait -7° dehors et, manifestement il n'y a pas de chauffage ; la porte de la chambre 205 donne sur une rampe extérieure au 2e étage, Je me suis endormi vers 2 heures du matin et me suis réveillé plusieurs fois, j'avais l'impression que quelqu'un grattait devant ma porte... Le matin, je descends pour prendre mon petit-déjeuner à 5 euros... tiens ? un être humain, une femme apparemment, la gorge enrouée qui, après le nescafé et le 10e de baguette avalé, m'indique le bus à prendre pour aller à Lyon : s'arrêter à Grange Blanche, puis, prendre le tram, puis le métro... jusqu'à l'Hôtel de Ville (Pablo habite à 300 m). Je traverse la place des Terreaux, en quête d'un bistrot où je pourrais me connecter... difficile à trouver ! mais je prends une photo sur cette place désertée où seuls les chevaux semblent vivants...
Rechercher dans ce blog
mercredi 28 février 2018
mardi 27 février 2018
Tiers-exclu
Je m'envole dans quelques heures vers Lyon mais je ne veux pas rater l'occasion de raconter une bribe du rêve que j'ai fait cette nuit. J'étais dans une salle de classe et nous étions les élèves. Il y avait Igor, Joëlle et moi. Je suis assis à côté d'Igor, à ma droite. Joëlle est à ma gauche. Entre Igor et moi, je mets en place une chaise vide, un peu en retrait, à propos de laquelle je dis : "C'est le tiers-exclu !" Le tiers-exclu, comme le disait Michel Serres dans ses livres sur la communication, c'est la garantie d'une communication réussie. Hum ! J'ai beaucoup réfléchi à cette proposition et je ne suis pas absolument certain que ce principe qui fonde la logique d'Aristote soit toujours valide. Beaucoup de propositions peuvent être à la fois vraies et fausses, ou en tout cas indécidables pour le moment. J'ai tapé "tiers-exclu" sur google et, dans la rubrique "Images", j'ai trouvé une illustration qui n'a pas grand chose à voir avec ce que je viens de raconter mais que j'ai trouvé si belle que je ne résiste pas à l'afficher. Voilà. La justification de cette présence d'Aphodite serait la suivante : "La défense de la raison suppose un tiers exclus, un irrecevable : la femme, la castration." Cela vient de Derrida.
lundi 26 février 2018
Le Dantec
Il ne s'agit pas de Maurice, l'auteur de romans très noirs, mais plutôt de Félix Le Dantec, biologiste et philosophe, grand champion de l'athéisme et du scientisme au début du XXe siècle. Reçu major à l'ENS à 16 ans, il va écrire 40 ouvrages avant de mourir en 1917 à 48 ans. J'ai lu deux ou trois de ses livres et c'est avec lui que je termine mon argumentation pour dire que, décidément non, la science n'est pas un humanisme. Cela vaut mieux pour elle, et surtout pour l'humanisme également si l'on a quelque estime pour cette idéologie qui met l'homme au centre des préoccupations humaines. Je me méfie beaucoup d'une idéologie ainsi centrée, et de plus, "scientifiquement centrée" sur l'humain qui, pour moi, peut devenir la pire des prisons. Mais j'éprouve une tendresse particulière pour ce scientifique dont la philosophie incroyablement naïve et sans prétention, a le mérite d'expliciter ce qu'est le scientisme, cette idéologie que l'on a refoulée de manière systématique mais qui resurgit en permanence dans les ouvrages de philosophie écrits par les scientifiques comme Le hasard et la nécessité de Jacques Monod.
dimanche 25 février 2018
Trocmé
Il est presque trois heures du matin et je sors d'un rêve qui risque d'engendrer encore une insomnie si je ne m'en débarrasse pas. Je participais à une réunion qui devait mettre au point les derniers détails de notre intervention à l'ESOF de Toulouse, le Forum européen des sciences qui doit se dérouler en juillet prochain. En fait, cette réunion me plongeait dans l'ennui le plus profond et j'étais en train de m'endormir quand, brusquement, je me réveille pour dire que j'étais en train de rédiger une contre-proposition sous la forme d'un dialogue minimaliste se déroulant dans le compartiment d'un train en direction de Toulouse, justement. Le chairman de ce meeting, curieusement, était Etienne Trocmé, ancien président de l'Université des Sciences Humaines de Strasbourg dont l'air sévère m'avait toujours impressionné à l'époque. C'était un protestant austère et méfiant, ancien résistant, qui me disait (dans mon rêve, évidemment) : "D'accord, d'accord. Vous êtes en train de rédiger votre texte mais n'oubliez pas qu'il nous le faut pour lundi, dernier délai." Je réponds : "OK ! Vous l'aurez lundi. J'ai déjà quatre pages. Je peux facilement en écrire quatre de plus d'ici lundi. Cela vous va ?" Trocmé prend un air sceptique mais me donne son accord. Ouf !
L'apparition de la figure de Trocmé ici est évidente car, au cours de cette réunion, il s'agissait bien de "troquer" un texte contre un autre.
Une expression anglaise insiste pour s'introduire dans mon texte, celui que je suis effectivement en train de rédiger, en liaison avec le sigle de ManPower inspiré par le dessin de Léonard de Vinci que j'ai commenté récemment dans ce blog : ... this naked man, flapping his arms as if to fly out of his placentary bulb !
samedi 24 février 2018
St Laurent-de-Mure
La virgule blanche
Entre deux espaces bleus
Traverse le ciel
C'est là que se trouve l'hôtel où j'ai réservé une chambre pour la nuit du 27 au 28 février prochains. Pas cher certes, mais je ne sais pas comment je vais atteindre cet hôtel. Le lendemain j'irai voir Pablo à Lyon. Puis je prendrai le train pour Dijon.
* * *
Je suis en train de lire un roman d'Augusten Burroughs, Courir avec des ciseaux. C'est un livre que j'ai retrouvé dans ma bibliothèque. Je ne l'avais jamais lu. Et je trouve qu'il est pas mal du tout. Amusant en tout cas. Plein de détails instructifs sur la vie quotidienne des familles ordinaires aux Etats-Unis pendant les années 70.
vendredi 23 février 2018
Pr Strabismus
J'ai commencé à réécrire notre intervention pour le Forum européen de la science (ESOF) à Toulouse en juillet prochain. Une première version avait été rédigée par JPC mais elle était peu conforme à la manière dont Jeannot et moi voyions les choses. J'essaye maintenant d'être plus fidèle à notre projet initial et ça marche assez bien. Je fais sans doute quelques fautes en anglais mais mon écriture ne rencontre pas d'obstacle majeur. Je me sens dans cette même veine qui m'avait fait écrire Reflecting on Science Made Public, un "pentalogue", comme je l'appelais à l'époque dans la mesure où il s'agissait d'une discussion entre cinq personnes sur le thème de la communication scientifique publique. Cette fois-ci, il s'agit de voir quels sont les rapports entre science et humanisme. Notre héros est le Professeur Strasbismus, physicien théoricien, qui veut nous faire croire, au cours de son voyage fictif à Toulouse en train, que la science, c'est l'humanisme. Il devra malheureusement affronter les arguments d'autres voyageurs qui, manifestement, ne sont pas d'accord avec une telle affirmation.
jeudi 22 février 2018
Myosotis
C'est le nom d'un supermarché bio à Lisbonne. J'y suis allé ce matin pour "remplir" le frigidaire avant mon propre départ pour Lyon. Contrairement à d'habitude, il n'y avait pas de Genmaïcha, ce thé au riz qu'Isabel apprécie. J'ai pris un thé vert censé être excellent en remplacement. Dans le supermarché, il n'y avait pratiquement personne et c'est évidemment le meilleur moment pour faire ses achats. Pas de problème de parking, pas de problème de queue, les gens sont relax et l'on peut même engager une petite conversation en portugais avec la jolie caissière originaire du Cap Vert. Idéal.
Hier je suis allé faire quelques courses vestimentaires : un anorak bien chaud pour la semaine prochaine qui s'annonce particulièrement glaciale en France : entre -15° et -20°, et une occasion : un pantalon de velours bleu nuit, taille 46. Tout ça pour faire honneur à ce qui sera sans doute ma dernière soutenance de la vie, celle de Lionel Maillot. Je m'en réjouis. Surtout de revoir Joëlle qui, pendant la nuit, m'a rendu visite en rêve. C'était une grande réception avec des morceaux de viande qui avaient l'air très bons. J'ai hérité d'un morceau de cabri. Joëlle a eu dans son assiette un morceau de viande en forme d'oiseau. Et ne voilà-t-il pas que ce morceau ce met à sautiller dans l'assiette comme un oiseau ? Il ne s'est quand même pas mis à chanter, mais il était très guilleret et sautillant. Je n'ai pas vu Joëlle le manger...
mercredi 21 février 2018
Travaux
Je vais, aujourd'hui même, virer 31800 euros à l'entrepreneur qui doit entamer les travaux de notre immeuble. Cela commencera par la démolition de l'intérieur et cela devrait prendre environ trois mois, semble-t-il. Après, on verra. L'aventure commence.
mardi 20 février 2018
Signé
C'est signé : Richard est maintenant le propriétaire d'une petite maison portugaise au bord de l'océan. Il est venu avec une bouteille de champagne et nous avons fêté, avec Izilda venue nous rejoindre, dignement et joyeusement cet événement, en buvant chacun une coupe de champagne d'abord, puis en allant faire bombance dans un restaurant chinois du voisinage avec toutes sortes de plats délicieux.
Les séquelles de mon opération s'atténuent doucement. Heureusement.
lundi 19 février 2018
Incendies
On en avait parlé samedi quand nous sommes allés manger À l'Entrecôte avec Richard... alors, j'ai regardé le film de Denis Villeneuve ce matin et j'avoue que j'ai beaucoup aimé ce film. Hier, nous sommes allés chez Vera dans la campagne où j'ai pris contact avec José-Luis Casanova, sociologue à l'ISCTE, le labo le plus important en sciences sociales de l'Université de Lisbonne. Je lui ai proposé d'animer un séminaire sur les "enjeux politiques, culturels et épistémologiques de la vulgarisation scientifique". Il a eu l'air très intéressé et je pense qu'il va me proposer quelque chose prochainement.
Aujourd'hui, Richard doit signer l'acte de vente de la maison qu'il achète à Cova do Vapor. Nous nous réjouissons beaucoup de cette possibilité qu'il nous offrira de regarder l'océan dans de bonnes conditions.
samedi 17 février 2018
Attendre
Voilà ! Il faudra attendre un peu avant de lire mon article d'aujourd'hui. Nous allons à la campagne, et je présume que je trouverai bien, dans les paysages que je traverserai, l'inspiration d'un petit texte.
Ce ne sont pas les paysages qui m'ont inspiré mais plutôt ma rencontre avec un Liégeois, ingénieur de l'air et de l'espace, de 88 ans, au rire tonitruant, avec qui j'ai beaucoup sympathisé. Il avait encore cet accent liégeois inimitable et il en était fier. J'ai également rencontré un sociologue très intéressant.
Le soir, nous sommes allés voir le dernier film d'Agnès Varda et JR, Visages Villages, magnifique plein d'émotion retenue et de véracité. Vraiment très beau. Ensuite, nous sommes allés au restaurant avec Richard qui nous a rejoint après le cinéma. Superbe soirée.
Ce ne sont pas les paysages qui m'ont inspiré mais plutôt ma rencontre avec un Liégeois, ingénieur de l'air et de l'espace, de 88 ans, au rire tonitruant, avec qui j'ai beaucoup sympathisé. Il avait encore cet accent liégeois inimitable et il en était fier. J'ai également rencontré un sociologue très intéressant.
Le soir, nous sommes allés voir le dernier film d'Agnès Varda et JR, Visages Villages, magnifique plein d'émotion retenue et de véracité. Vraiment très beau. Ensuite, nous sommes allés au restaurant avec Richard qui nous a rejoint après le cinéma. Superbe soirée.
vendredi 16 février 2018
Kersten
Les mains du miracle de Joseph Kessel. C'était le cadeau que Célia m'avait fait à Noël. J'avais déjà lu ce livre magnifique que m'avait offert Liliane Stéhélin, aujourd'hui baronne de Lassus, directrice du GERSULP à l'époque c'est à dire, il y a environ quarante ans. Je l'avais lu et j'avais beaucoup aimé. Liliane m'avait encouragé à me lancer dans la kinésithérapie, voyant dans la forme de mes mains le gage d'une compétence potentielle en tant que masseur, comme Félix Kersten, médecin finlandais qui a été le seul à pouvoir soulager les souffrances endurées par Himmler au niveau de l'estomac. C'est grâce à ses mains, les "mains du miracle" que beaucoup de Juifs ont pu être sauvés, Kersten demandant à son patient tristement célèbre, la grâce de milliers de victimes potentielles, notamment en Hollande, son pays d'adoption, en échange des soulagements que ses mains pouvaient lui procurer. Ces éléments biographiques concernant Kersten ont été mis en doute par des historiens (Cf. Peter Longerich, auteur de la dernière biographie de Himmler) dans la mesure où nous ne pouvons compter que sur le témoignage personnel de Kersten pour les attester.
Par ailleurs, je viens de lire l'article de Guy Maruani sur la "psychanalyse de l'Euro", article très intéressant que j'avais reçu il y a quelques jours mais je n'étais pas vraiment en état de le lire et d'en faire un commentaire critique à ce moment-là, puisque je sortais de mon opération. "Je prétends, écrit Maruani, à titre d'hypothèse, que la catégorie des services est en train de phagocyter peu à peu la catégorie des objets naguère porteurs de pérennité et, par le biais de la volatilité des prix généralisée et non plus restreinte, provoque un retour brutal du refoulé de la modernité à savoir l'idée de la mort - idée que l'Occident essayait d'ignorer, comme l'effectue l'Incnscient..." C'est vrai que tout tend à transformer le durable en éphémère et que c'est bien l'argent qui se trouve à l'origine de cette mutation étrange. Une revanche de la parole sur l'écrit ? Peut-être.
Le rêve de cette nuit était complètement surréaliste. J'en parle parce que, en effet, Liliane —celle dont je viens d'évoquer le nom à propos de Kersten— en était l'un des personnages principaux, avec René K. Tous deux essayaient de me faire faire une expérience grâce à la prise d'une drogue étrange qui reliait mon pénis au blue jeans de Liliane par le biais d'un fil. Je vois son visage complètement déformé, sa lèvre devenue paupière, etc., mais je crains qu'en tirant sur ce fil, mon pénis ait à en souffrir.
jeudi 15 février 2018
Diatra
Ciel bossu : nuage
Au dos gris brodé d'argent
Très haute couture
Ce matin je suis allé avec Charlotte au Laboratoire Diatra pour qu'elle se fasse faire une prise de sang et d'autres analyses. Charlotte était un peu stressée parce que c'était la première fois qu'on lui faisait une prise de sang. En fait, elle n'a presque rien senti. Après cet épisode, nous sommes allés prendre un petit déjeuner au Balcao do Marquès, pas loin de chez nous et nous y avons mis la dernière main au TPE (travail en équipe) qu'elle doit remettre demain à ses professeurs. Charlotte vit comme si elle avait l'éternité devant elle pour faire les choses. Du coup, seul le présent a de l'importance, et ce présent est entièrement au service de ce qui lui fait plaisir. Je comprends qu'il lui soit difficile de vivre le présent comme si celui-ci était au service de l'avenir, un avenir qui n'est pas là et dont elle n'a aucune notion, en fait.
mercredi 14 février 2018
Fabien
Mon fils nous a rejoints, Isabel et moi, dans un cabinet de notaires pour signer en tant que garant l'emprunt bancaire qui va nous permettre de commencer les travaux dans notre immeuble. Ce fut donc un grand moment avec quelques petits problèmes au départ (nécessité d'un traducteur, retards, etc.). Fabien avait apporté une excellente bouteille de whisky japonais que nous avons ouverte dès hier soir. Toujours très cool, mon fils. C'est un plaisir.
mardi 13 février 2018
Visiteurs
Il est toujours émouvant d'accueillir dans ses rêves des personnes pour lesquelles on avait beaucoup d'estime et d'affection qui sont mortes depuis longtemps. Cette nuit, j'ai donc reçu Jean-Jacques Salomon, mort en 2008, historien des sciences et l'un des fondateurs (avec moi et quelques autres) du champ STS en France, et son épouse, Claire Salomon-Bayet, disparue en 2016, et qui a eu une grande importance dans ma carrière puisque c'est elle qui, après avoir lu ma thèse d'Etat, a convaincu son mari de l'intérêt de ce travail très peu orthodoxe, il faut le dire. Je me souviens très bien avoir assisté à la cérémonie de crémation de Jean-Jacques Salomon au Père Lachaise à Paris.
Ensuite, je vois une scène qui implique mon ex-belle-mère, Agnès Schlumberger, disparue en 2011 à la veille de ses 100 ans. Je la rencontre au sommet des escaliers de sa maison rue Richard Brunck et je la serre dans mes bras. Nous étions tous les deux très émus. Elle aussi, avec son mari Daniel Schlumberger, par l'accueil qu'ils m'ont réservé dans leur famille, a eu une très grande importance dans mon évolution intellectuelle.
Peut-être que ce qui a ravivé mes souvenirs de ces morts, c'est la lecture que j'ai terminée hier soir de la thèse de Lionel Maillot qui sera soutenue le 2 mars à Dijon, thèse qui traite des effets sur eux-mêmes de l'engagement de jeunes chercheurs dans des pratiques de vulgarisation scientifique. C'était là l'une des caractéristiques de ma propre thèse soutenue en 1973 : la vulgarisation scientifique bénéficie moins au public auquel elle s'adresse qu'aux scientifiques qui la pratiquent, car c'est par ce biais notamment qu'ils peuvent sauver leur âme si l'on en croit cette célèbre affirmation de Rabelais : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme". Pas de conscience, sans réflexivité. Or le discours scientifique hautement spécialisé exhibe un déficit de réflexivité qui peut se trouver compensé par des pratiques de vulgarisation car celles-ci exigent qu'on prenne le risque de ne pas se reconnaître soi-même dans ce que l'on dit à l'autre parce que, justement, l'autre, dans sa dimension d'inconnu, y prend une part active. Telle était la thèse que je défendais.
lundi 12 février 2018
Lire
Il ne faut pas croire que je ne fais que regarder des séries quand je suis à la maison. Hier, j'ai passé quelques heures avec Charlotte pour l'aider dans son travail. Elle devait rédiger un document sur le féminisme. Nous nous sommes bien documentés sur internet et nous avons réussi à écrire plusieurs pages avec des photos pour illustrer le propos. Charlotte est intelligente. Elle comprend très vite ce qu'elle lit et, quand elle lit, elle a une vitesse de lecture qui m'étonne. Et ce n'est pas une lecture superficielle. Elle retient très bien ce qu'elle lit. Quel dommage qu'elle n'ait pas plus le goût de lire de vrais livres plus souvent !
dimanche 11 février 2018
Hatfields & MacCoys
Dans la foulée de Godless, j'ai regardé une autre série sur Netflix, Hatfields & MacCoys, un film de Kevin Costner dans lequel il joue le rôle de Devil Anse Hartfield. En explorant un peu le sujet sur internet, je me suis rendu compte qu'il s'agit d'une histoire historiquement vraie. Le film retrace l'histoire de la haine entre deux familles américaines l'une, habitant dans l'ouest de la Virginie et l'autre, dans l'Est du Kentucky qui vont s'entretuer pendant plusieurs dizaines d'années dans des paysages forestiers sublimes. J'ai trouvé le film très bien fait également. Mon illustration représente le personnage historique de Devil Anse Hartfield, le chef de famille des Hartfields.
Cette nuit, entre mes rêves, j'ai eu de nombreuses inspirations de "rugues" qui, malheureusemnt, se sont envolés, comme des oiseaux, au réveil. Peut-être réussirais-je à en retrouver quelques uns plus tard.
samedi 10 février 2018
Encens
Cette nuit j'ai fait un rêve bizarre —tous les rêves sont bizarres, en fait, mais il y a parfois quelque chose de précis et sensé dans les images qui nous interpellent et dont on se souvient en se demandant : mais d'où est-ce que ça peut venir ? — : ce rêve était dominé par une odeur d'encens, une odeur d'église, et je me vois en train de courir dans un passage étroit, le long d'un mur d'église, pour, surtout, ne pas manquer l'odeur. Il y avait une certain monseigneur dans cette histoire, un certain monseigneur Bernard (????) et je me souviens que mon frère Dominique n'était pas loin. [Il pourrait quand même donner quelques signes de vie, celui-là !].
Mon illustration montre l'encensoir de Saint-Jacques de Compostelle qui traverse la basilique —ou la cathédrale ? je ne sais plus— dans toute la longueur de sa nef, en faisant une fumée de diable, si je puis dire, pour exprimer l'épaisseur des nuages qui s'en dégagent en liaison avec ce large mouvement de balancier. Fumée de diable peut-être, mais si Dieu a une odeur, et peut-être que c'est son unique attribut réel, ce serait celle de l'encens, à mon avis.
Remarque : il est étrange que je parle aujourd'hui de l'odeur de Dieu alors que la veille je commentais le western intitulé Godless ! Comme quoi on est toujours piégé par nos propres attentions et intérêts conjoncturels. Mais, contrairement à ce que je viens d'insinuer, il ne s'agit pas d'un "piège", mais au contraire, d'une chance, celle qui nous pousse sans arrêt vers nous-mêmes à travers la multiplicité des événements qui donnent du sens à ce que nous sommes.
Remarque : il est étrange que je parle aujourd'hui de l'odeur de Dieu alors que la veille je commentais le western intitulé Godless ! Comme quoi on est toujours piégé par nos propres attentions et intérêts conjoncturels. Mais, contrairement à ce que je viens d'insinuer, il ne s'agit pas d'un "piège", mais au contraire, d'une chance, celle qui nous pousse sans arrêt vers nous-mêmes à travers la multiplicité des événements qui donnent du sens à ce que nous sommes.
vendredi 9 février 2018
Godless
Comme je suis mieux au lit pour l'instant, proche de ma propre salle de bains où je me rends toutes les dix minutes environ, j'ai enfin pu regarder, avec beaucoup d'interruptions, c'est vrai, la première saison d'une série Netflix que Fabien avait téléchargé sur mon téléphone : Godless. C'est un western très long mais bien fait, avec de bonnes lenteurs et de belles scènes qui nous permettent d'en profiter à loisir. Evidemment on nage en pleine idéologie de l'Ouest. Les méchants sont parfaitement identifiables même si, dans de nombreux passages, ils ont l'air d'être des bons. Et les bons, évidemment, sont parfois très méchants. Mais cette complication éthique n'est qu'apparente et ne réussit pas à nous embrouiller. Ceci dit, les personnages, tout comme les chevaux et les paysages, sont parfaits.
jeudi 8 février 2018
Baculum
Je suis bien installé dans mon lit à la maison alors qu'il est déjà 11h20. Isabel m'a préparé un œuf à la coque et du thé. Je reste au lit car, parmi les séquelles provisoires de l'opération que j'ai subie lundi, il y a une certaine incontinence urinaire. Il faut que les muscles qui ont été rendus impuissants contre le tuyau en plastique, très dur, qui remplaçait mon propre tuyau "en chair et en os" —bien que je sois à peu près sûr qu'il n'y ait pas beaucoup d'os dans cet endroit (je ne suis pas un gorille ou un panda muni de son "baculum" [os pénien] comme l'indique mon illustration)— il faut donc que ces muscles, qui ne sont rien d'autre que des sphincters appropriés à la rétention du flot urinaire, se remettent à fonctionner normalement. Les médecins m'ont promis que tout rentrerait dans l'ordre au bout de deux ou trois jours. Bon ! Je me réjouis de retrouver cette capacité. À propos du baculum d'ailleurs, je suis surpris de voir que cet os "flotte" en quelque sorte, il n'est pas directement rattaché à la structure osseuse de l'ensemble. C'est assez étrange.
En écrivant ce texte, je me rends compte qu'il a une dimension "intime" incompatible avec le caractère "public" de mon blog. Réfléchissons : Si je pouvais expliquer oralement à mes amis ou aux membres de ma famille, ce qui s'est passé lundi dans mon corps, je n'hésiterais pas à donner ces détails dont leur curiosité amicale et bienveillante pourrait s'aviser. Détails qui, d'ailleurs n'ont pas grand chose d'intime à vrai dire : tout est exposé sur internet. Mais le "public" me dira-t-on ? Dans ce "public" il y a les gens qui tombent par hasard sur mon blog et qui ne me connaissent pas du tout : de vrais inconnus. Pour eux, l'intime tombe dans le vide. Il n'est pas utile d'en faire état. Mais il y a aussi les gens que je ne connais que vaguement et qui, sans doute, ne sont pas vraiment intéressés par de tels détails. Dans ce cas, ils peuvent passer outre, tout en m'accusant d'exhibitionisme. Encore que, ils remarqueront quand même que mon langage reste très "correct" pour parler de ces choses.
Dernier ajout avant de passer la main au 9 février : il me restait quelques pages de Congo à lire avant d'aller à l'hôpital. J'ai lu ce dernier chapitre qui traite des Congolais en Chine à Gwangzu et de ce rapprochement improbable entre le raffinement kitsh de la Chine et la négritude affolante et chaotique du Congo. Ce livre est sublime et je le conseille vivement, pas seulement à ceux qui aiment le Congo — je me souviens de cette passion qui me paraissait si étrange chez mon frère Louis-Marie qui a passé plusieurs années au fin fond de ce pays fantastique et fantasmatique— mais à toutes les personnes intéressées par les "bons" livres, ceux qui vous donnent de la richesse intérieure.
Dernier ajout avant de passer la main au 9 février : il me restait quelques pages de Congo à lire avant d'aller à l'hôpital. J'ai lu ce dernier chapitre qui traite des Congolais en Chine à Gwangzu et de ce rapprochement improbable entre le raffinement kitsh de la Chine et la négritude affolante et chaotique du Congo. Ce livre est sublime et je le conseille vivement, pas seulement à ceux qui aiment le Congo — je me souviens de cette passion qui me paraissait si étrange chez mon frère Louis-Marie qui a passé plusieurs années au fin fond de ce pays fantastique et fantasmatique— mais à toutes les personnes intéressées par les "bons" livres, ceux qui vous donnent de la richesse intérieure.
mercredi 7 février 2018
Chambre
J'entame ma troisième journée d'hôpital. Il est presque 5h. L'horizon ne va pas tarder à s'enflammer et les avions à atterrir un peu plus loin.
C'est un peu court, peut-être. Mais il faut dire que ce matin je n'en menais pas large avec les spasmes qui secouaient ma vessie. Mais voilà, Isabel est venue me chercher. J'avais vu le chirurgien qui m'a opéré et qui m'a assuré que tout s'était bien passé. Il faut maintenant que je boive beaucoup d'eau. Avant de me laisser partir, d'ailleurs, ils ont bien vérifié que je réussissais à pisser. La personne qui était en face de moi n'y réussissait pas et cela semblait vraiment sérieux. C'était un tailleur de pierre qui était à Paris en mai 68 et qui, de retour au Portugal il y a déjà longtemps, était devenu boucher. Son voisin, qui était au bout de la diagonale de la chambre entre nos deux lits, était quelqu'un de très sympa. Il compatissait quand il voyait mes élancements. Il s'est mis à pleurer quand je suis sorti de la chambre : je crois qu'il avait mal, mais il avait aussi l'air un peu désespéré. Cancer de la prostate, apparemment. Le signe de la main qu'il m'a fait au moment où je franchissais la porte était émouvant. D'ailleurs nous communiquions par signes dans la chambre. Quand il me voyait crispé par les spasmes, il me faisait des signes d'encouragement. Cette communication muette et attentive m'a beaucoup aidé. Surtout la nuit, cette fameuse nuit si longue dont on égrène chaque demi-heure en se répétant cette remarque que l'on trouve dans l'une des pièces de Shakespeare : "Il n'y a pas de nuit qui ne trouve à la fin le jour". La femme qui lui rendait visite, son épouse sans doute, très attentionnée avec lui, m'envoyait elle aussi, des signes de sympathie. Je me souviendrai longtemps de cette chambre d'hôpital, même ce voisin de lit, très créatif en ronflements, exprimait une sorte de chaleur humaine particulière. C'était un policier et on lui avait enlevé, trois semaines auparavant, le gros intestin. Il disait lui-même que son cas était sérieux mais il était plein de vie, parlant fort, et donnant des coups de téléphone qui pouvaient durer une heure.
J'ai changé le titre de cet article parce que c'est bien d'une chambre qu'il est question, une chambre d'hôpital, où l'on apprend cette étrange familiarité que l'on peut acquérir avec les drames de la vie humaine. Une chambre empreinte de "décence ordinaire" comme le disait Orwell.
mardi 6 février 2018
Confusion
Il s'agit d'une confusion d'organes plutôt que de sentiments. Quelque part, du côté de ma vessie, dans cette région où tout se croise avant de trouver une issue spécifique, j'ai des élancements assez douloureux mais, je sens aussi que le fait d'ignorer pourquoi ça fait mal, augmente l'intensité de mon désarroi. Voilà : je viens de ressentir ce spasme. Heureusement, cela se calme assez vite avec les antispasmodiques qu'une infirmière m'a donnés.
J'ai raconté à Richard et Isabel l'extraordinaire diversité borborygmique et la puissance des ronflements de mon voisin de lit. Claquements, sifflements, explosions suivies de frottements, pétarades, résonnances barriquales, bref ce dormeur portugais est à lui tout seul un orchestre intempestif.
lundi 5 février 2018
Bleu
Ne pas boire ni manger depuis 6 heures ce matin en vue de l'opération qui doit avoir lieu cet après-midi. Mais : je me suis réveillé spontanément à 5h20 ce qui m'a permis de m'hydrater correctement avant de passer sur le billard et de terminer ce délicieux pâté que j'avais ramené de Mersch il y a un peu plus d'une semaine. Parfait, ce casse-croûte matinal qui rappelle des scènes vécues il y a bien longtemps au retour de tournées bien arrosées. Charlotte me dit que ce sera seulement une toute petite période de ramadan. Pour moi, qui suis assez habitué à jeûner, cela ne pose aucun problème.
A part cela, le ciel est d'un bleu à faire pleurer les oiseaux. Une journée vraiment magnifique s'annonce
dimanche 4 février 2018
Théâtre ?
La nuit a été longue et sans accrocs bien que prise dans une coulée de rêves très divers. Le matin, comme je ne veux pas allumer ma lampe de chevet pour préserver le sommeil d'Isabel, je suis allé chercher mon kindle et j'ai téléchargé le livre de Jacques François que m'a conseillé Guy, La genèse du langage et des langues. J'en ai commencé la lecture, sans avoir fini Congo. La démarche de Jacques François est magnifique : il va tout droit aux questions qui lui semblent les plus intéressantes et il s'y maintient tout en considérant ce que les autres ont pu dire, évidemment, mais sans qu'il y ait ce lip service dont on se gratifie entre membres d'une même caste. Merci Guy.
Je n'ai pas encore évoqué la soirée de mon anniversaire, qui fut... magnifique. Rien que des amis très chers, une ambiance très chaleureuse, des poèmes magnifiques, bref, une ambiance comme je les aime. En plus, je me suis sentis très en forme, décontracté et sûr de moi. Après avoir fait, de manière totalement improvisée, le spectacle des "animaux malades de la peste" de Jean de La Fontaine, Izilda me demande : "Tu as fait du théâtre, n'est-ce pas ?" comme si c'était absolument évident. Or je n'ai jamais fait de théâtre. Je suis même convaincu que c'est la chose que je pourrais le moins faire dans ma vie. Il faut que j'éclaircisse ce point sensible de ma propre biographie. C'est un nœud très compliqué qu'il faudrait que j'essaye de dénouer avant de mourir.
La courbe lunaire
De ton sein blanc presque bleu
Dans l'obscurité
samedi 3 février 2018
Mobutu
Je suis en train de lire le chapitre ("Les années électriques") qui concerne le règne de Mobutu au Congo, pardon, au Zaïre. A part le fait qu'il s'agissait d'un dictateur sanguinaire et qu'il fut sans doute à l'origine de la mort de mon cousin germain Jean-Marie Jurdant —qui lui avait vendu des jardins aquatiques sublimes—, ce personnage de l'histoire du Congo, présenté comme plutôt falot au départ, journaliste ayant poussé dans l'ombre de Lumumba, avait néanmoins quelques bonnes idées. Comme le dit van Reybrouck, il a réussi en 30 ans, dans un contexte de diversité tribale incroyablement complexe, un exploit comparable à l'unification européenne : à peu près même superficie du territoire, diversité spectaculaire, histoire très conflictuelle. Là où les situations redeviennent incomparables c'est quand on rappelle les différences de populations et quand on rappelle qu'une œuvre unificatrice de ce type là ne doit en aucun cas sortir, toute armée, de la tête d'une seule personne, mais doit au contraire impliquer un grand nombre de collaborateurs pour être véritablement collective et un tant soit peu durable. C'est sans doute ça qui prend le plus de temps dans le cas de l'UE.
vendredi 2 février 2018
Rhume
Dans un coin du bois
Auréolé de racines
Migrant endormi
La journée de cours que j'ai donnée hier à Porto a été très pénible. Un horrible rhume m'a accablé et, quand je suis revenu à Lisbonne, j'étais épuisé. Heureusement Charlotte m'a préparé une verveine avec du jus de citron et un peu de sirop de gingembre. Cela m'a fait du bien mais, comme je n'ai pratiquement pas dormi, je fais la grasse matinée. Dans le train qui me ramenait à Lisbonne, j'ai bien avancé dans Congo de David van Reybrouck. C'est un livre plein d'événements et de personnzges dont je n'avais aucune idée. Passionnant en tout cas.
J'ai lu avec plaisir les remarques de Billie Barbès sur le malaise de A. Il a le mal du pays semble-t-il. Confronté à de multiples épreuves, il n'avait sans doute pas le loisir de penser à son passé. Maintenant c'est autre chose.
Je suis très sensible au message que Guy m' a envoyé hier soir. Bien sûr je vais lire le livre qu'il me recommande. Je m'en réjouis.
jeudi 1 février 2018
20 euros
La chambre que m'avait réservée Juliana à l'Oporto Music Hostel était vraiment très particulière. Elle se situait au deuxième étage d'un petit immeuble, assez propre il faut le dire. Mais juste à côté de ma chambre il y avait des cabines dont l'intimité n'était préservée que par un rideau où dormaient plusieurs jeunes filles. Pour le petit déjeuner, il fallait tout faire soi-même. Je l'ai pris tout seul dans une salle où il y avait trois tables. Pendant la nuit, j'ai été réveillé plusieurs fois, notamment par ce qui ressemblait au bruit d'une machine à laver le linge, vers 2h du matin. La salle de bains était commune. Je fus le premier à l'utiliser à 6h30. Une douche froide, comme d'habitude malgré un mal de gorge qui a insisté toute la nuit. Malheureusement, je n'ai pas pu admirer, hier soir, la lune bleue, suivie de la lune de sang. Le ciel était couvert à Porto. Dommage. Après le petit déjeuner, j'ai rencontré l'un des clients de cet hôtel étrange : un Flamand qui appréciait cette pension singulière. Il faut dire que 20 euros pour la nuit, petit-déjeuner inclus, cela dépasse toute concurrence, non ?
Inscription à :
Articles (Atom)