Notre premier ministre dénonce une montée de l'antisémitisme en 2018, une augmentation de 69% d'actes antisémites. Je suppose que, conformément aux consignes insupportables du gouvernement français, il inclut dans cette comptabilité toutes les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien, notamment à travers le mouvement BDS, dont Israël mesure enfin la portée et dont il craint qu'il puisse s'étendre encore à travers le monde. Quelles sont les intentions politiques d'une telle annonce le jour anniversaire de la nuit de cristal en 1938 ? Ne faut-il pas craindre que cette annonce fondée sur un malentendu honteusement exploité, n'accentue les manifestations de haine ? En vue de justifier de nouvelles répressions de la solidarité populaire avec les migrants ou les Palestiniens ? Tout le monde n'a pas l'art de Krzyzanowki (voir le 16 août dernier, "Oderint", sur ce blog) pour contrôler et utiliser l'énergie physique de la haine pour le bien de l'humanité !
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J'ai lu hier le dernier roman de Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main, Gallimard, Verticales, 2018 : une écriture toujours aussi brillante et rapide pour décrire la passion du trompe-l'oeil, la reproduction de la texture de tous les marbres possibles, et pourquoi pas, d'une écaille de tortue avec, au final, le fac-similé des chefs d'œuvre préhistoriques de Lascaux. Cela se lit d'un trait, vite. Avec, vers la fin, une sorte d'autoportrait improvisé : "La femme a relevé ses cheveux avec des peignes en écaille, elle a des lèvres pleines, les joues plates, le front large avec une implantation en pointe, le cou fort, les iris semblables à deux gouttes de whisky — un visage de déesse romaine." (p.238)
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