Je ne résiste pas à l'envie de citer un passage du livre de Navel. C'est d'ailleurs à ce passage que faisait référence, je pense, mon ex-belle sœur, Pauline, quand elle m'a parlé de ce livre qu'elle avait lu il y a longtemps. Ce passage est tiré du chapitre "Solitude" à la fin du livre :
"J'avais vécu dégoûté et presque accablé par les choses, je trouvais maintenant amical le contact des objets, même celui de l'arrosoir que j'allais remplir au puits. Il n'y avait pas de douleur à me baisser pour le remplir, à le ramener. Je m'appliquais à agir avec soin, à être tout le temps là sans distraction et sans turbulence. Je commençais à croire, on me l'avait appris, qu'il n'existe qu'une sorte de liberté, celle de gouverner ses pensées, et que tout le reste est dépendance, et je m'efforçais de chasser des remous de tristesse.
Il me semblait qu'il y avait une autre vie que cette tension et ce mécontentement où je vivais souvent, en étant plus heureux aussi souvent que beaucoup d'hommes, et je cherchais à gagner ces régions paisibles des bonnes ménagères conquises par la poésie du ménage. J'étais tendre avec la lampe, je la nettoyais, j'essuyais son verre pour qu'elle soit bien elle-même. J'avais fait briller les cuivres. J'étais tendre avec mon visage, je me rasais tous les jours. La tasse, le bol, l'assiette, le couteau, étaient des objets amicaux. Je songeais au dénuement des hommes des premiers âges pour me prouver qu'avec un couteau j'étais riche, qu'avec une assiette et de bons souliers l'épreuve de la vie était infiniment plus facile qu'autrefois.
(...)
C'est de la présence à ces gestes ménagers que je tirais songes ou réflexions. J'agissais et je me regardais vivre avec une extrême attention." (pp 206 à 208)
Ce passage m'a fait penser à Joëlle.
Cher Baudouin, j'aimerais bien avoir cette relation aux objets du quotidien. Ma mère l'a à un haut degré. Elle garde tous les objets car il n'y a pas de raison de les jeter une fois qu'on a vécu avec et qu'il s'est créé une relation. Il y a trois pendules à la cuisine, le lave vaisselle qui ne marche plus est recyclé en cachette à gâteaux, les assiettes ébréchées et les tasses sans anses sont au repos mais elles ne craignent rien. Tout est en paix chez elle!
RépondreSupprimerConnais-tu ce livre superbe ?
SupprimerEt non!
RépondreSupprimerJe le lirai à la sortie du confinement quand on pourra se procurer des livres.
RépondreSupprimerJe me réjouis de savoir ce que tu en penseras après lévoir lu.
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