J'ai longtemps cru que la forme verbale de ce que j'ai utilisé dans un haïku comme un adjectif qualifiant l'attitude d'un avion dans l'azur le 28 novembre 2019, n'existait pas. Le 26 août 2020, j'ai forgé "hébétude" pour dire l'effet qu'a eu ma chute dans une rue de Lisbonne en janvier de la même année. Et en 2015, le 13 mai, j'ai employé ce mot pour décrire le regard d'un orang-outang qui, du sommet d'un arbre esseulé, contemplait la destruction de sa forêt au profit de l'huile de palme en Indonésie. Ce matin j'ai de nouveau besoin de ce mot pour dire ce que la guerre nous fait à nous, êtres humains, même à ceux qui sont loin des zones de combat, même à ceux et celles qui se réunissent dans de grandes salles où des rangées de fauteuils en demi-cercle attendent les discours, même à ceux qui pourraient ressembler à cet orang-outang sur son arbre esseulé, mais qui parlent du fond du pouvoir, esseulés devant micros et caméras de télévision, comme Poutine au bout de sa table de six mètres de long ou Biden, flanqué de sa vice-présidente, à droite sur les écrans, la guerre donc, elle, celle-ci comme les autres, nous hébète. Elle nous abasourdit. Tous.
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