Rechercher dans ce blog

jeudi 13 avril 2017

Délit de mensonge

Comment faire du mensonge public, des fake news, un délit ? Pourtant, cela me semble s'imposer. Bien que profondément attaché à une certaine forme de relativisme méthodologique, qui s'apparente certainement au perspectivisme, je suis, comme Feyrabend l'était certainement, très opposé à l'idée que tout se vaut, ce qui voudrait dire que la vérité ne vaut plus rien, et que, chacun pouvant dire n'importe quoi, il n'y a plus que des rapports de force entre les hommes, et que le discours qui réussit à rassembler le plus d'adhésions devient le discours le plus fort, le discours du plus fort. La force se mesurerait au nombre d'alliés que l'on peut susciter autour de l'idée qui les rassemble. Fâcheuse distorsion de l'idéal démocratique qu'il est difficile de contester. En fait, plus ce qui apparaît comme la vérité suscite d'adhésions, plus un discours se prétend fort de ces adhésions, moins il risque d'être vrai. Chaque adhésion supplémentaire l'éloigne d'autant de ce qui pourrait être considéré comme vrai. Certes la vérité ne peut en aucun cas se targuer d'être la propriété d'un seul, sauf à tourner au vinaigre du mysticisme. Mais dès qu'elle se partage, elle se dilue. Nul ne peut prétendre posséder la vérité. Mais ce n'est malheureusement pas en se mettant ensemble, en faisant nombre autour d'elle, que l'on dissipera ce qui est illusoire dans le sentiment de la posséder. Bien au contraire. Plus on est de monde à y croire, moins il est raisonnable d'y croire. Voilà pourquoi les religions sont désastreuses. Elles n'existent vraiment qu'en fonction du nombre de leurs convertis.
Vive l'anarchisme.

La vérité est hors d'atteinte, certes. Mais nous ne pouvons pas ne pas désirer qu'elle existe. C'est grâce à elle que nous pouvons parler, discuter, débattre dans l'espoir que la discussion puisse nous rapprocher de ce qui est hors d'atteinte justement, de ce qui ne peut-être qu'un horizon, reculant toujours au fur et à mesure que l'on marche dans sa direction tout en sachant parfaitement bien que nul ne pourra jamais marcher sur cette ligne de l'horizon, juste au bord du ciel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire