Le problème de la dénonciation de l'antisémitisme et des manifestations scandalisées —très politiquement correctes qui vont avec—, c'est que l'écho spectaculaire que les médias n'hésitent pas à leur donner lui assure une sorte de publicité involontaire —ou peut-être pas si involontaire que ça— dont les effets sont incontrôlables. En plus, on ne peut pas s'empêcher de craindre que cette outrance médiatique ne serve un peu trop les intérêts politiques très concrets du premier ministre israélien qui tient beaucoup à ce que l'antisionisme soit assimilé à l'antisémitisme pour profiter de l'unanimité qui condamne à juste titre ce dernier. Curieusement, c'est à la veille du dîner annuel du CRIF que, tout-à-coup, se déclenche à nouveau la mise à jour des réactions bienpensantes aux flambées de haine antisémite. [Voir ici sous le titre "Vallsaille" ce qui se passait l'an dernier en mars] Enfin, on peut voir également que le gouvernement français n'est pas, lui non plus, complètement désintéressé par cet unanimisme qui, malgré des protestations rendues timides par leur faible résonance médiatique, risque de porter atteinte au mouvement des gilets jaunes et aux revendications de bon sens qu'il tente de faire reconnaître. La volonté de se désolidariser radicalement des expressions de haine qui furent lancées —notamment à l'adresse de Finkielkraut—, rencontre des obstacles en raison même de la diversité qu'il a réussi à rassembler sans la réduire justement. C'est bien cette diversité qui, jusqu'ici, a fait l'intérêt de ce mouvement de fond en quête de justice. Heureuse et précieuse diversité qui échappe malgré tout aux tentatives de sa domestication politique par le grand débat. C'est bien cette diversité qui pose problème au pouvoir. Comme le dit souvent mon ami Jeannot Medinger quand il parle des élèves, la diversité est perçue comme une complication pour toute politique. C'est pourtant là-dessus qu'il faut miser pour que le monde puisse continuer de changer, non ? Car, s'il arrête de changer, ce monde, il arrêtera en même temps de vivre.
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