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mardi 27 janvier 2015

27 janvier : Auschwitz il y a 70 ans

Il y a 70 ans, les Russes découvraient Auschwitz. Les actualités sur Arte ont passé quelques images prises par les premiers sur les lieux. C'est toujours le même choc qui secoue peut-être encore plus au fur et à mesure que les années passent. Je n'ai jamais visité le site et j'aimerais bien le faire avec Charlotte et mes petits enfants un jour. Tous mes petits enfants. Un élève d'Ermesinde m'en parlait l'autre jour. Il y était allé avec d'autres élèves : un groupe mené par Julia.  Il me disait qu'il n'irait jamais plus. "C'est trop dur", disait-il.

Hier soir, une soirée cinéma avec Melville, Le Doulos et Jarmusch, The limits of control, deux films puissants. Le second qui étonne : une réflexion prolongée sur la solitude, l'imaginaire et le réel, bref, sur le cinéma.

C'est mon deuxième jour de jeûne.

A propos de mon dessin d'hier : je sais qu'il peut choquer mes amis anglais. Et pourtant, c'est un souci "pédagogique" qui m'animait par le biais de cette référence à Magritte. La liberté extrême de nos représentations du monde, des gens, des dieux, de la terre, des choses... cette liberté est un fait. Notre esprit explore tous les caprices de l'imaginaire, toutes les nuits, en rêve, et tous les jours dans nos fantasmes. Cette liberté définit l'humain, factuellement. Il n'est pas d'autre issue que de l'accepter et de la défendre quand elle est attaquée. Objection : cette liberté (d'expression) serait une affaire individuelle et il serait toujours possible de ne pas faire de nos rêves et pensées l'enjeu d'une communication avec autrui. On pourrait les garder pour soi. Devenir le coffre-fort de nos propres représentations. Enfermer l'humain dans l'humain que nous sommes. Ce serait oublier que nos représentations sont déjà l'expression de tout ce qui nous vient d'ailleurs que soi. Ce qui rend difficile l'exercice de cette liberté (d'expression), c'est précisément autrui en tant qu'il peut, factuellement, tenter de la contrôler, d'y opposer un pouvoir quelconque, de brider (joli verbe) nos rêves, qui ne sont pas si "nôtres" que nous croyons. Ce sont les rêves qu'il faut défendre. Brider l'expression de nos pensées, c'est leur donner du poids, c'est couler du plomb en elles, ça revient à les farcir de réel. Et c'est à ce moment là qu'elles deviennent dangereuses pour tout le monde.

5 commentaires:

  1. D'autant plus difficile pour tes amis anglais que "pipe" n'a qu'un seul sens en anglais... et ce n'est pas celui du dessin

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  2. C'est beau cette idée d'une circulation des rêves des fantasmes qui ne doivent pas de farcir de réel. Ca me rappelle ton idée à propos des maladies du savoir

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  3. Je publie ici le commentaire que Martine m'a envoyé par mail ainsi que ma réponse.
    Moi, je trouve que la liberté a des limites; celles du respect. Tout simple, évident même, a mon avis. On oublie un peu trop vite la valeur du respect dans la societe.
    ... Mais ton talent est une nouveaute! A moitie etonnante parce que tu as toujours fait l'eloge de l'ironie. Pour moi, l'ironie c'est un outil qui me sert a me distancer d'une issue qui me fait quelque peu bouillir; ce qui est personnel et sacre ne devrait pas conduire au ridicule.
    Je pense qu'un des problemes de notre époque est le manque de respect qui se perd avec l'individualisation. La liberte devient trop souvent de l'anarchie, qui devient aggressive, dangereuse et desolente, developement flagrant en Angleterre depuis que j'y vis ; malheureusement plus normal en France ou les nombriles du monde coexistent sans frissons.
    Voilà la réponse que je lui ai envoyée :
    Mais pourquoi le respect devrait-il limiter la liberté d'expression. Le respect est quelque chose de tout-à-fait essentiel quand il est orienté vers l'autre, quel qu'il soit. Mais faut-il avoir du respect pour les croyances de l'autre, et ainsi entériner la tendance qui pourrait l'amener à s'identifier avec ses croyances et ses propres représentations ? Ne vaut-il pas mieux, je dirais même par respect pour l'autre, justement, lui faire comprendre qu'il ne doit pas, lui, se confondre avec les images de ses rêves. Celles-ci vont et viennent. Elles changent. Elles peuvent changer si on accepte d'abord de ne pas s'identifier à elles. En ce sens, l'humour et la dérision sont les meilleurs moyens pour rendre à nos croyances leur légèreté sans laquelle elles s'alourdissent de plomb, comme je le disais dans mon blog. En fait, je pense qu'il n'y a pas d'autre moyen (à part peut-être celui de la méditation bouddhiste) pour se débarrasser de tout ce qui nous colle à la peau de l'esprit.
    Tu me diras sans doute : "Mais respecter l'autre, c'est évidemment aussi respecter ses croyances." Mais c'est en même temps, l'enfermer, le réduire à la représentation qu'il a de lui-même et qui convoque volontiers le sacré pour s'affermir, mais aussi s'enfermer. La foi ouvre-t-elle notre esprit au monde ? Je ne le crois pas.

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  4. Baudouin, I'd also like to take my kids so would be great to go together at some point...

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