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vendredi 16 janvier 2015

Pragmatisme

Grande discussion hier avec Z. sur le bien fondé des caricatures "Je suis Charlie". Pour lui, avec sa culture britannique très pragmatique, le problème est de savoir en quoi les caricatures peuvent être considérées comme utiles, bénéfiques, ou profitables. Il demande : "A quoi servent-elles ? A qui servent-elles ?" Est-ce que ça fait du bien aux dessinateurs de caricaturer Mahomet, tout en sachant que cette représentation est une insulte pour les musulmans ? Est-ce que ces derniers vont acquérir le sens de l'humour à travers ce qu'ils considèrent comme des insultes ? Est-ce que cela nous fait du bien, à nous les tiers, d'être du côté des rieurs ? Bref on n'a pas fini de réfléchir aux différents aspects de cette affaire compliquée.

Je me permets de signaler à nouveau (Cf le 9 janvier) l'article du Monde Diplomatique qui m'a été recommandé par Josiane :
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/11/GRESH/8182

16 commentaires:

  1. Merci cher Baudouin de nous faire partager ces moments. La question "a quoi ça sert?" "à qui ça sert," '"quelle est l'utilisé" ne me paraît pas être si pragmatique que ça. A quoi sert ton blog? A qui ça sert? Pour ceux qui poseraient la question en ces termes : à rien. Tous ceux qui le pratiquent ne se posent même pas la question : c'est ça pragmatisme. A quoi servent les caricatures dans Charlie Hebdo? La réponse était dans la rue le 11 janvier, elle est tous les jours partout en ce moment dans la rue et à table. A quoi sert d'avoir des conversations et des débats? Là encore, la réponse est dans les pratiques que ça génère, certainement pas chez ceux qui posent la question. Si on pose pas question en ces termes d'utilité, on est pour une gestion des pratiques qui est ce qui est en train de nous faire du mal.

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  2. Je comprends bien mais là où la question de l'utilité ou de l'inutilité peut faire problème, c'est quand il s'agit d'une insulte. Ce que je mets en cause ici, c'est l'insulte gratuite. Qui n'est là que pour que l'insulté se sente insulté et notamment par les rires qui prennent en dérision son manque d'humour. J'essaye d'y voir clair tout en restant absolument solidaire de Charlie Hebdo.

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  3. helas je perds mon commentaire pour la troisième fois, je ne réécris pas mais en substance : non pas toi Baudouin s'il te plaît! Pas cette position là. Quelle fatigue cette envie d'un monde où on aurait peur de l'insulte sous chaque provocation. Je vis.dans un quartier très sensible, heureusement que je vis autre chose que la hantise de déplaire aux susceptibles. Je suis déçue du retournement ambiant.

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  4. Mais je suis convaincue que toi justement, tu n'es pas là-dedans, dans la présupposition de l'insulte dans toute expression provocatrice, et c'est justement ton exemple qui est stimulant!

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  5. Bien sûr, Joëlle, que je ne suis absolument pas là-dedans. Je ne conçois pas l'insulte. Parfois elle m'échappe, quand je vois ce que j'estime être une connerie ! Mais c'est rare et je voudrais que ça ne m'arrive plus. Quand on m'insulte, je cherche toujours en quoi je mérite des reproches et si je ne trouve pas, j'en ris effectivement. Mais, en y réfléchissant, je me dis que cela dépend aussi de qui me fait des reproches. Si c'est une personne que je respecte énormément, alors ça me touche au plus profond. Si c'est une personne qui, à mes yeux, ne mérite pas vraiment mon respect, alors, je m'en fous. Mais je m'aperçois que j'introduis dans la réflexion plein de nuances dont on ne tient pas compte quand on parle en général. C'est-à-dire, comme un général !

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  6. En tout cas, j'ai des copines, "musulmanes" puisqu'il faut les renvoyer en ce moment à cette identité, qui espèrent bien que les intellos ne vont pas se mettre à délirer sur la sensibilité des "musulmans" à partir des réactions de fanatiques et qu'elles sont bien dans un pays qui va les défendre.

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  7. Tu te poses trop de questions, cher Baudouin. Dis-toi simplement qu'avec un tel "pragmatisme" (soi-disant britannique, mais qu'en penserait Churchill ?), nous serions encore sous la botte des nazis. Je préfère faire court, car, comme le dit Joëlle, je pense que nos discussions n'ont aucun intérêt dans le contexte délétère actuel.
    Amicalement,
    T.

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  8. Je ne comprends pas pourquoi ce "pragmatisme" nous aurait empêché de faire barrage au nazisme. Peut-être y a-t-il une distinction à faire entre le pragmatisme à la française (l'opportunisme servile de Pétain) et le pragmatisme britannique justement, qui n'a rien de servile et admet qu'on puisse se battre jusqu'au bout pour préserver un certain nombre de valeurs.

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  9. En france le pragmatisme serait l'opportunisme servile à a pétain? contrairement aux britanniques capable de défendre leurs valeurs??

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  10. Je répondais à T. C'est comme ça que j'avais compris sa critique du pragmatisme. Mais je me trompe peut-être.

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  11. Je crois que je me sens un peu comme T : je n'ai pas envie qu'on commence à critiquer des personnes qui ont usé de leur liberté de faire des dessins satyriques et qui en sont morts, massacrés avec des armes. Et à propos de pragmatisme, au sens philosophique, constater que les dessins de Charlie Hebdo n'ont jamais fait de mal à personne.

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  12. Cela dit je ne nie pas l'importance de discuter de ces questions. Mais comme tu disais tellement bien, à ceux qui discutent tant des "problèmes" posés par Charlie Hebdo : il faut commencer par regarder leurs dessins, ça fait du bien!

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  13. "A quoi ça sert ?" Et pourquoi Ça, quoi que ce soit, devrait absolument servir à quelque chose ?
    A quoi ça sert l'art, l'écriture, la liberté d'expression ? Leur conséquence dans nos vies ne peuvent être calculées après coup sur ceux qui s'y exposent et en sont touchés. En aucun cas elles ne sont à l'origine de l'élan créateur de ceux qui les produisent.
    Bien d'autres pratiques du monde occidental insultent les intégristes de tous bords : l´émancipation des femmes, le droit à l'avortement en sont des exemples. Faudrait-t-il ne pas en faire des réalités pour ne pas les insulter ?
    Je ne crois pas que la question du pragmatisme soit pertinente dans cette affaire.
    No passarán !

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  14. D'accord avec Isabel. Il fut un temps où on se demandait si ce n'était pas la tenue ou le comportement d'une femme qui avait été la cause du viol qu'elle avait subi lorsqu'on avait à décider si la plainte était recevable. J'y ai pensé aussi car "à quoi servait" cette mini-jupe sinon à séduire et donc à assumer le risque de provoquer la réaction à la séduction?

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  15. Cette info dans le huffington post : j'ai du mal à y croire tellement c'est gros, mais c'est repris dans la presse généraliste.
    http://www.huffingtonpost.fr/2015/01/15/grande-bretagne-cochons-saucisses-livres-enfants_n_6478978.html?ncid=fcbklnkfrhpmg00000001
    et
    http://www.lexpress.fr/actualite/monde/les-images-de-cochons-bannies-des-livres-pour-enfants-au-royaume-uni_1641392.html

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  16. Oui. No passaran !
    Et point barre.
    T.

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