Bloquer
Le mot est assis au milieu
du palais, ou couché sur le divan de ma langue, têtu comme un bouc dans ma
bouche, bloquant le passage de mes pensées embouteillées, un mot qui justement
m’échappe et qui, ce faisant, fait un trou dans mes textures neuronales, un mot
qui se tient, silencieux, oublié mais incroyablement présent, dans
l’antichambre du parloir intérieur. Je
la ressens très bien, cette absence du mot — justement, je ne sais pas lequel —
qui bloque tout. Il suffit de ce manque de mot, celui-là qui n’est pas
celui-là, pour que tout manque.
Le petit trou d’un seul mot disparu crée un abîme où
tombe toute la langue à la renverse. Le petit trou d’un instant d’inattention qui mobilise
toute l’attention, en pure perte.
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