Je crois que c'était en novembre dernier. Tous mes lieux habituels de squat (quand j'ai besoin de dormir une ou deux nuits à Paris, généralement sur ma route vers le Luxembourg) étant indisponibles, je me suis adressé à mon ami Andreas M. qui avait emménagé dans un grand appartement dans le Xe. Je lui ai demandé s'il pouvait me loger pour une nuit —je l'avais accueilli, avec son épouse et son enfant, dans mon bel appartement de la rue des Veaux à Strasbourg, il y a au moins 25 ans—. Il a très chaleureusement accepté et m'a offert, juste avant que je ne le quitte, le catalogue de l'exposition Persona. Étrangement humain, qui s'était tenue au Musée du Quai Branly du 26 janvier au 13 novembre 2016, sous la direction, notamment, d'Emmanuel Grimaud, et que je n'avais pas eu l'occasion de visiter. Comme toujours ce catalogue se présentait sous la forme d'un volume luxueux (et d'un poids conséquent —ce qui me fit hésiter un instant à l'emporter avec moi—) avec des photos splendides et des textes parfois très intéressants. Le texte de mon ami, par exemple, sur la "magie expérimentale" du Professeur Staudenmaier (1865-1933) m'a interpellé. "Selon sa théorie, écrit Andreas, les personnifications se localisent dans des organes bien déterminés du corps selon un ordre hiérarchique : alors que les personnifications nobles et religieuses, seraient situées dans la partie supérieure des intestins, le colon est le lieu où sont censés résider les sentiments diaboliques et lascifs." D'où lui viendra l'idée, défendue par ce professeur viennois un peu fou, de combats que l'on peut légitimement appeler "intestinaux" entre l'angélique et le diabolique. Donc, en lisant quelques uns de ces textes, je suis tombé sur de petites perles philosophiques. Je pense notamment au texte de de Katrin Solhdjiu, historienne et philosophe des sciences de Berlin, intiulé "L'univers animé de Gustav Fechner : anges, humains, plantes", dans lequel on peut lire de belles phrases telle que celle-ci : "...tout être a pour but la jouissance de soi." C'est à travers cette conviction que Fechner a interrogé passionnément des intériorités différentes de celles propres aux humains, l'intériorité des plantes en l'occurrence.
C'est du même volume que j'extraie cette photo d'un objet magnifique —et qui n'est pas sans évoquer les préoccupations du Pr Staudenmaier !— en provenance de Madagascar et exposé sous le titre "Lianes".
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