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vendredi 13 avril 2018

Horreur

J'ai lu hier le petit livre de Frédéric Neyrat, Échapper à l'horreur. Court traité des interruptions merveilleuses (Lignes, 2017). Je vous livre les "propositions" autour desquelles tourne son texte. Il y en a 10 qui donnent chacune lieu à des "explications", et des "scolies" qui ne sont pas toujours aussi éclairants qu'ils devraient l'être.
"Proposition 1. Tout commence par un surgissement d'abîme.
Proposition 2. Le surgissement d'abîme est l'être dans ce qu'il a d'étonnant.
Proposition 3. L'exologie est l'étude de l'énigme que constitue l'existence en abîme.
Proposition 4. L'énigme de l'univers a deux versants : celui du merveilleux et celui de l'horreur.
Proposition 5. Le merveilleux est l'impossible demeuré impossible.
Proposition 6. L'horreur se révèle toujours rétroactivement possible.
Proposition 7. Possible indéfiniment, l'horreur est ce qui se répète.
Proposition 8. Ce qui se répète dans l'horreur est le réel, qui s'interrompt dans le merveilleux.
Proposition 9. L'imaginaire littéraire donne lieu à l'irréalisé.
Proposition 10. Le merveilleux est la non-capitulation devant l'horreur. "
Ensuite, dans le deuxième livre, nous avons droit aux "figures de l'impossible", à savoir l'amour, la beauté, le poème, le Bien, la folie, le sauvage, l'extra-terrestrialité, le rêve et le réveil. 
Le troisième livre s'articule à nouveau autour de 10 propositions dont certaines sont assez énigmatiques.
"Proposition 1. Le monothéisme a subjugué l'abîme.
Proposition 2. La libération de l'abîme fonde la souveraineté du politique.
Proposition 3. La technoscience subsume le surgissement d'abîme en promettant de donner corps à l'impossible.
Proposition 4. L'offre capitaliste consiste à rendre possible l'accès à l'impossible technoscientifique.
Proposition 5. L'Etat assite et garantit la pérennité de l'offre capitaliste.
Etc., etc.

Je viens de googler "horreur" et j'ai fait défiler les images qui nous sont proposées sur internet, pour illustrer mon propos d'aujourd'hui. La plupart des images repésentent des visages qui, bien entendu, sont horribles, mais qui, pour la plupart, présentent une bouche grande ouverte, d'où on imagine sortir d'épouvantables cris, comme si l'horrible visage était lui-même horriblement déformé par la vision de l'horreur. L'horreur est ce que voit le visage de l'horreur. De quoi être horrifié par ce méchant tour de la réflexivité.

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