Dans l'eau bleue du ciel
Un avion nage en silence
Sans bouger la queue
Le clapotis du vent
Dans les feuilles du peuplier
Fait naviguer l'âme
Un avion nage en silence
Sans bouger la queue
Le clapotis du vent
Dans les feuilles du peuplier
Fait naviguer l'âme
Et oui ! nous avons obtenu un jour de rab, pour vider vraiment l'appartement de tout ce qu'il contenait. Hier après-midi, j'ai fait un grand vide dans mes archives. Deux exemplaires annotés de ma thèse de troisième cycle sont partis à la poubelle, ainsi que de nombreux tirés à part qui ne me servent plus à rien puisque je ne savais pas où ils se trouvaient. En fait, pour garder des archives il faut, au préalable, avoir beaucoup d'ordre et savoir exactement où se trouve quoi. Sinon, ça ne sert qu'à mettre durement à l'épreuve les nerfs de vos héritiers qui auront beaucoup de mal à comprendre le fratras que vous leur laissez. C'est donc demain que nous remettrons nos jeux de clés à la représentante du propriétaire. Pendant qu'on bouge les choses, pendant qu'on les transporte d'un endroit à un autre, on pense beaucoup. Les bras (et le dos) sont occupés, la tête peut s'activer avec mille pensées.
En levant les yeux au ciel je m'aperçois que le spectacle que me livre ma fenêtre est assez varié : le vert des feuilles de peuplier, le bleu du ciel, le gris des nuages, le blanc des immeubles, etc... J'aimerais bien qu'un oiseau vienne discuter avec moi en se perchant sur une branche de mon peuplier. Pas facile cependant, car les branches de peuplier s'élèvent très verticalement vers le ciel. Je m'aperçois cependant que l'une des branches a un parcours pratiquement horizontal. Comment signaler cette opportunité formidable aux oiseaux du coin ?
* * *
Le trou de mon passé, qui était comblé à ras bord par de lourdes caisses d'archives, est maintenant plein de trous, au nom de ce détricotage de ma carrière qui me fait retenir telle période plutôt que telle autre, tels documents plutôt que ceux-là, telles correspondances plutôt que ces autres qui ont été écartées, avec peine d'ailleurs. C'est fou ce qu'on peut avoir du mal à jeter des écritures manuscrites. Les documents d'ordinateur ne suscite guère cette peine. Ils s'en vont parce qu'on croit qu'ils sont ailleurs, quelque part, inscrits dans des puces numériques qu'on imagine pouvoir retrouver si l'on s'en donne la peine.