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lundi 30 avril 2018

Véranda


C'est dans cet espace particulièrement calme et silencieux que nous avons travaillé, Jeannot et moi, hier après-midi. Une magnifique véranda, dominant la rivière qui semble sortir des fourrés, s'ouvrant sur une colline couverte d'arbres magnifiques. J'y avais installé mon ordinateur et nous tentions de mettre la dernière main à notre manuscrit commun. Nous nous interrompions souvent pour discuter de stratégie : comment mobiliser le monde entier sur le problème de l'école, les problèmes posés par l'école ? cette institution soit-disant neutre, intouchable, acceptée par tous comme une nécessité sociale fondamentale et qui draine dans des lieux clos une multitude d'enfants à qui l'on demande d'écouter et d'apprendre avec leur tête plutôt qu'avec leur corps, leurs mains, leurs gestes, leurs paroles... Comment reprendre pour nous et le reste du monde le message d'Ivan Illich, que personne à l'intérieur du "monde de l'éducation" ne semble avoir véritablement entendu.

dimanche 29 avril 2018

Tyrans


Colyn : c'est le nom du bébé de Jeannot. Bébé magnifique si tant est que ce qualificatif puisse s'appliquer aux nouveau-nés de l'espèce humaine. Depuis trois semaines, il tète et il crie. Quand il ne tète pas, il crie, et quand il ne crie pas, il tète. Il ne dort pas et, bien entendu, empêche ses parents de dormir. Les bébés sont des tyrans. Impatients, tètants et têtus. Fragiles aussi, comme tous les tyrans sans doute. On se sent obligé de les choyer, de satisfaire leurs caprices. On ne veut pas les fâcher. On peut tenter de leur faire entendre raison comme Platon s'y risqua avec Denys de Syracuse. Cela peut marcher pendant un certain temps. Jusqu'au moment où le tyran s'aperçoit qu'on veut le rendre raisonable. Quoi ! La raison pourrait avoir raison de mon caprice ? Pas question. Le tyran veut se maintenir au dessus de tout. Sur cette photo, Colyn a l'air tout calme. On croirait qu'il dort. Mais il pense sans doute à ses prochaines explosions de fureur. Où est MON sein ? Que l'on me donne MON sein, immédiatement. La mère s'exécute. 
En fait, depuis hier, Colyn, est un peu plus calme. 

samedi 28 avril 2018

Persona

Je crois que c'était en novembre dernier. Tous mes lieux habituels de squat (quand j'ai besoin de dormir une ou deux nuits à Paris, généralement sur ma route vers le Luxembourg) étant indisponibles, je me suis adressé à mon ami Andreas M. qui avait emménagé dans un grand appartement dans le Xe. Je lui ai demandé s'il pouvait me loger pour une nuit —je l'avais accueilli, avec son épouse et son enfant, dans mon bel appartement de la rue des Veaux à Strasbourg, il y a au moins 25 ans—. Il a très chaleureusement accepté et m'a offert, juste avant que je ne le quitte, le catalogue de l'exposition Persona. Étrangement humain, qui s'était tenue au Musée du Quai Branly du 26 janvier au 13 novembre 2016, sous la direction, notamment, d'Emmanuel Grimaud, et que je n'avais pas eu l'occasion de visiter. Comme toujours ce catalogue se présentait sous la forme d'un volume luxueux (et d'un poids conséquent —ce qui me fit hésiter un instant à l'emporter avec moi—) avec des photos splendides et des textes parfois très intéressants. Le texte de mon ami, par exemple, sur la "magie expérimentale" du Professeur Staudenmaier (1865-1933) m'a interpellé. "Selon sa théorie, écrit Andreas, les personnifications se localisent dans des organes bien déterminés du corps selon un ordre hiérarchique : alors que les personnifications nobles et religieuses, seraient situées dans la partie supérieure des intestins, le colon est le lieu où sont censés résider les sentiments diaboliques et lascifs." D'où lui viendra l'idée, défendue par ce professeur viennois un peu fou, de combats que l'on peut légitimement appeler "intestinaux" entre l'angélique et le diabolique. Donc, en lisant quelques uns de ces textes, je suis tombé sur de petites perles philosophiques. Je pense notamment au texte de de Katrin Solhdjiu, historienne et philosophe des sciences de Berlin, intiulé "L'univers animé de Gustav Fechner : anges, humains, plantes", dans lequel on peut lire de belles phrases telle que celle-ci : "...tout être a pour but la jouissance de soi." C'est à travers cette conviction que Fechner a interrogé passionnément des intériorités différentes de celles propres aux humains, l'intériorité des plantes en l'occurrence. 
C'est du même volume que j'extraie cette photo d'un objet magnifique —et qui n'est pas sans évoquer les préoccupations du Pr Staudenmaier !— en provenance de Madagascar et exposé sous le titre "Lianes".

vendredi 27 avril 2018

Dentelle

Je termine actuellement Le roman égyptien de Orly Castel-Bloom, traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech (Actes Sud, 216), qui raconte l'histoire familiale d'une famille juive d'Égypte qui émigre en Israël. Je ne sais pas si c'est l'effet de la traduction, mais le style de l'auteur est très particulier comme s'il cultivait les maladresses ou ce qui apparaît comme telles dans la traduction. La quatrième de couverture nous prévient : "La romancière explose ici la narration classique façon puzzle, pour mieux dire les éparpillements de l'âme..." C'est fort bien dit, en effet. Le puzzle en question n'est pas toujours facile à suivre car le fil de l'écriture ne s'en accomode pas très bien. Mais on pénètre quand même dans l'atmosphère à la fois chaleureuse et désordonnée de cette famille toujours en mouvement. 

*  *  *

Grande discussion hier soir avec Jeannot sur les aberrations de notre civilisation occidentale, par exemple : il observe à Bruxelles un groupe de touristes chinoises se précipitant dans un grand magasin pour y acheter à prix fort de magnifiques dentelles —les Chinois aiment la dentelle de Bruges apparemment dont la réputation est mondiale—. Or, quand on zoome sur les étiquettes de ces dentelles faisant pousser des exclamations aiguës d'émerveillement à ces femmes, on lit : "Made in China" ! Donc : il faut croire que des containers de dentelles "de Bruges" sont transportés de Changaï à Anvers dans d'immenses cargos polluants pour attirer une foule de touristes chinoises qui viennent les acheter dans des grands magasins bruxellois pour les ramener en Chine ! Le "global" a-t-il triomphé du "local" ? ou bien est-ce le contraire : le concret du "local" sodomisant l'abstrait du "global" ? À discuter.

jeudi 26 avril 2018

Lectures

Je viens de terminer le livre que m'avait conseillé Richard T. lorsque nous avons été ensemble dans la Nouvelle Librairie Française de Lisbonne. Il s'agit du seul livre écrit par Mary Ann Shaffer & Annie Barrows : Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, traduit par Aline Azoulay (2008) et dont le titre original est The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society. [J'aurais dû le lire en anglais bien sûr, mais au moment où je l'ai acheté, je n'ai pas pensé à vérifier sa disponibilité sur le Kindle !] C'est un roman épistolaire —genre devenu assez rare aujourd'hui— qui raconte, à travers un entrecroisement de lettres pleines d'humour et de gaieté, l'expérience que l'île anglo-normande de Guernesey a fait de la deuxième guerre mondiale et de l'occupation allemande qu'elle provoqua dans cet endroit avec construction de bunkers inviolables qui, finalement, ne servirent pas à grand chose. Les correspondants dont les lettres sont ici reproduites, font partie d'un cercle de lecteurs/lectrices, tout-à-fait analogue à celui auquel j'appartiens à l'Institut Français de Lisbonne, dont j'ai déjà parlé dans ce blog. C'est d'ailleurs pour cette raison que je l'ai acheté. Je vais pouvoir le conseiller aux participantes de notre cercle de lecture portugais qui, à vrai dire, ne fonctionne pas exactement de la même manière. 

Hier soir, j'ai mangé un kiwi, une mandarine et une pomme en guise de rupture de jeûne. C'est vrai que lorsque, après quelques jours de jeûne, on goûte ses premiers aliments, la saveur de ceux-ci est magnifique. On se surprend à manger très lentement pour maintenir le plaisir de cette saveur dont on avait perdu le souvenir à force d'avaler n'importe quoi. Ce matin, j'ai mangé un œuf à la coque, un kiwi et une mandarine. C'était parfait.

mercredi 25 avril 2018

44

Joëlle m'avait conseillé, à la suite de mes propos sur la cérémonie à laquelle j'ai participé, de regarder L'étreinte du serpent, un film réalisé en 2015 par Ciro Guerra. Je l'ai regardé hier en streaming. C'est l'histoire d'un chaman solitaire de la forêt amazonienne qui, sous l'impulsion d'un blanc, recherche une plante sacrée qui lui fera retrouver ses rêves. C'est un très beau film en noir et blanc et qui se termine par des images très colorées qui pourraient être celles que l'on voit après avoir pris un hallucinogène quelconque. Le film a été réalisé en s'inspirant des carnets de voyage de Theodor Koch-Grünberg et Richard Evans Schultes. J'aimerais bien lire ces carnets de voyage.

*  *  *

Résultat de recherche d'images pour "révolution de œillets 1974"J'ai écrit le texte ci-dessus ce matin à 6h44 avant de prendre l'avion. 44, c'est aussi le nombre d'années qui ont passé depuis la révolution du 25 avril 1974 et que, malheureusement, je ne pourrai pas célébrer avec Isabel, et tous nos amis de Lisbonne, puisque j'écris maintenant de Mersch (Luxembourg) où un avion de la TAP m'a emmené. Isabel préparait la fête hier soir pendant que moi je préparais mes bagages, ce qui demande une certaine attention.

*  *  *

J'en suis à mon quatrième jour de jeûne et je pense que je vais m'arrêter là, non pas que ce soit difficile, bien au contraire, mais ce n'est pas très pratique quand je suis au lycée et que beaucoup de discussions se font autour des repas. Il faut pouvoir maintenir un certain niveau de convivialité avec les gens qui m'accueillent.

mardi 24 avril 2018

Humour

Excellente blague inventée par mon fils Fabien sur son blog <https://fabien-daytoday.blogspot.fr/> aujourd'hui sous le titre de "Bla bla car". Je la traduis pour ceux qui ne lisent pas l'anglais. "Un Juif, un Hindou, un Musulman et un Évangéliste se retrouvent ensemble dans un blablacar. Au terme du voyage, ils sortent tous les quatre de la voiture." Ceci pour souligner les mérites du bavardage dans des situations d'un voisinage supposé problématique. En tout cas j'ai bien ri. 

C'est mon troisième jour de jeûne aujourd'hui. Je suis convaincu qu'un jeûne à la suite de cette cérémonie dont j'ai parlé récemment, réussit à en maintenir certains effets. Je le sens très clairement au niveau de l'attention que je porte sur les choses qui m'entourent et les gens que je rencontre. Mais ces effets se déploient lentement, en ralenti différé pourrais-je dire. J'ai reçu un mail de l'organisatrice aujourd'hui avec, en pièce jointe, un poème :

Rest in natural great peace
This exhausted mind,
Beaten helplessly
by karma and neurotic thoughts,
Like the relentless fury
of the pounding waves
In the infinite ocean of samsara
Rest in the natural great peace

C'est un peu ce que j'ai ressenti au cours de la cérémonie, en effet.

Hier, j'ai fait des courses avec Isabel. Nous sommes allés d'un endroit à l'autre de la ville, au bureau de la Freguesia do Arroios (qui correspond à l'administration du quartier où nous habitons), à l'atelier d'Isabel au Campo d'Ourique, puis au centre commercial d'Amoreiras, etc. 

Demain, je m'envole à nouveau pour le Luxembourg. 

lundi 23 avril 2018

Mitchum

Hier, j'ai commencé un jeûne qui, je pense, m'amènera jusqu'à mercredi prochain, jour de mon départ pour Luxembourg, où je resterai jusqu'à dimanche.  Ce matin, le ciel est comme j'aime qu'il soit : bleu. Tous les nuages gris et lourds ont été balayés. Ce côté-ci de la Terre communique avec l'infini. 

Hier soir, sur Arte, j'ai vu un western avec Robert Mitchum, L'aventurier du Rio Grande. Après quoi, il y eut une rétrospective biographique sur cet acteur légendaire qui a joué dans plus d'une centaine de films. Il a commencé sa carrière comme vagabond. Il a d'ailleurs été condamné pour vagabondage dans sa jeunesse. Il aurait pu jouer le personnage de John Sunkist si les romans de mon père avaient pu donner lieu à des films. 

Ci-contre à droite, l'une des scènes de The Night of the Hunter,  de Charles Laughton (1963).

dimanche 22 avril 2018

Love

Il ne s'agit pas d'une expérience superficielle, qui ne vous atteint qu'en surface, qu'un simple souffle du temps va reléguer dans le passé comme s'il ne s'agissait que d'un nouveau support de poussière, non ! je me sens atteint en profondeur, dans l'épaisseur de mon ventre, dans la manière dont mon ventre me monte à la tête, comme  pour y ouvrir ce qui était fermé. Je ne sais pas quoi, exactement, mais c'est cette impression qui domine. Il y a aussi quelque chose avec l'air, comme si je pouvais m'en nourrir. Je n'ai pas envie de manger. On voit plus intensément ce qu'on voit. Je voudrais parler avec des mots dont le sens aurait changé. Le mot "love" par exemple qui a brusquement pris le sens d'une matière, une sorte de substance indépendante de ce que les hommes ressentent de manière spécifique et qu'ils nomment "love" sans vraiment savoir ce qu'ils dénomment ainsi, un peu comme ce concept de "chair" dont Merleau-Ponty posait l'existence comme s'il s'agissait d'un élément aussi basique que la terre, l'air, l'eau et le feu...

samedi 21 avril 2018

Lianes

De retour de la cérémonie qui a eu lieu cette nuit dans une très belle maison à une trentaine de km de Lisbonne, tout le monde me demande : "Alors ?" Et je me sens très démuni pour parler de cette expérience singulière. Nous étions vingt autour de l'officiant, Fernando, parfait dans la conduite de la "cérémonie" accompagné de Kuitzy, son épouse, je crois, qui est française et qui, après avoir vécu plusieurs années au Pérou, s'est maintenant installée en Galicie où elle organise encore des "cérémonies". Les mots ont du mal à capturer cette réalité à laquelle on a affaire à ces moments-là. J'ai connu des moments très durs en alternance avec des émotions plus calmes. Autour de moi, les partenaires semblaient contrôler assez bien leurs états psychiques. Moi, par contre, je me suis exprimé de manière un peu trop bruyante ce dont je me suis excusé après coup.

vendredi 20 avril 2018

Un policier

Le peuplier qui se trouve en face de ma fenêtre est encore tout nu de l'hiver qui se termine. Alors que les autres arbres de la rue d'en face se couvrent de feuilles d'un vert tendre, "mon" peuplier a le renouveau tardif, pourrait-on dire : pas un seul bourgeon, pas le moindre petit vert ! 

Hier nous avons reçu Joao, l'un de mes collègues du Centre de philosophie des Sciences de Lisbonne qui travaille sur la "science participative" et qui est en relation avec le réseau des militants de la science citoyenne. Il était déjà venu chez nous quand nous avons invité David Abram à la maison. Zbyszek était là également. 

Je vois un policier descendre la rue devant ma fenêtre. Il a les deux pouces accrochés à son ceinturon et sa longue matraque se balance le long de sa jambe gauche.  Sa démarche est empreinte de nonchalance. On sent que la rue lui appartient en quelque sorte. Il est seul, ce qui est rare avec les policiers. Il remonte la rue maintenant. Je vois l'arme de service qu'il porte à droite.

Pas d'illustration aujourd'hui.

jeudi 19 avril 2018

Carmo

Avec Joëlle nous sommes allés visiter le Couvento do Carmo, qui est maintenant un magnifique musée. Très tranquille, calme, avec une terrase en contrebas, délicieusement ombrée où il fait bon discuter un peu. Charlotte nous a rejoint peu après. Nous avions déjà déjeuné dans un petit restaurant végétarien dont le buffet, à 7 euros, était absolument délicieux avec une grande variété de mets, chauds et froids, succulents. Nous avons eu des idées intéressantes pour la publication du volume de mes articles. Ce fut une longue marche. Avec beaucoup de montées qui sont assez pénibles pour moi.

La photo représente une momie péruvienne qui se trouvait dans le musée.

mercredi 18 avril 2018

Verte

Sur les conseils de Lucia, j'ai regardé hier le film, La belle verte de Coline Serreau (1996) en streaming sur mon ordinateur. Et j'ai été charmé par ce film qui est à la fois très joyeux et très étrange : beaucoup de fantaisie et de créativité dans la présentation de cette utopie dont l'un des mérites essentiels est de ne pas se prendre trop au sérieux et qui pourtant nous permet de jeter un regard lucide sur la manière dont la pollution abîme nos vies aujourd'hui. J'ai aimé également ce titre "la belle verte" pour désigner notre planète qui, de très loin dans l'espace, a la réputation d'être bleue. En tout cas je recommande à tous mes lecteurs la vision de ce film léger et joyeux.

C., la fille de L., m'a laissé espérer la possibilité de participer à une "cérémonie" qui s'organise après demain sous la houlette d'un shaman. Occasion inespérée que j'ai acceptée avec enthousiasme. Une belle expérience en perspective.

mardi 17 avril 2018

Odessa

Avec Richard et toute la bande de Pascaline, nous sommes allés déjeuner au Ponte Final, le restaurant dont je parlais hier, de l'autre côté du Tage, après quoi, nous nous sommes rendus à la maison de Richard, tout au bord de l'océan. Il nous a expliqué les plans. Ce sera une maison magnifique. 

Hier soir, avec Isabel, j'ai regardé le film de Ronald Neame (1974),Le dossier Odessa, une sorte de thriller sur Arte, évoquant le réseau d'anciens nazis après la guerre, dont le but était de faire échapper les ex-SS aux enquêtes des Alliés et réaffirmer les idéaux qui ont survécu à la mort d'Hitler. 

Je m'attendais à une journée lumineuse dès l'aube. Une brume légère imprègne l'air encore froid.

lundi 16 avril 2018

Les riches

Je vais traverser le Tage avec Richard à midi pour aller déjeuner de l'autre côté. Nous irons ensuite revoir la nouvelle maison de Richard en face de l'océan. Il semblerait que le beau temps soit déjà revenu. C'était prévu pour mardi mais ici, à Lisbonne, le ciel est magnifiquement, immensément bleu.

Hier soir, j'ai écouté l'interview de Macron par Edwy Plenel de Médiapart et Jean-Jacques Bourdin au Palais de Chaillot. Il faut reconnaître que le président connaît ses dossiers et qu'il peut être convaincant dans la passion dont il témoigne en répondant. Le métier de président de la République ne doit pas être de tout repos. Mais, je suis déçu par Edwy Plenel qui n'a pas insisté pour avoir des éclaircissements sur la phrase qui concluait sa précédente interview avec Jean-Pierre Pernaut  : "Les riches n'ont pas besoin de président." Sans doute que le pouvoir de l'argent leur suffit ?  Un pouvoir qui les rend indifférents aux autres. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : de cette violence de l'indifférence à laquelle Socrate est confronté dans le premier livre de La République. Mais, Monsieur Macron, les pauvres non plus, n'ont pas besoin de président, encore moins que les riches car ils sont beaucoup plus capables de solidarité et de décence les uns vis-à-vis des autres. 

Je suis en train d'écouter une interview de Philippe Sollers sur France Inter. Il dit à un moment donné : "Je n'ai pas besoin de psychanalyse parce que je lis." Les riches n'ont pas besoin de président et les grands lecteurs n'ont pas besoin de psychanalyse. Bizarre !

dimanche 15 avril 2018

Pluvieux

J'ai choisi de lire l'un des derniers romans d'Annie Ernaux, Mémoire de fille (Folio, 2016). J'aime bien cette auteure qui nous parle de la vie des gens ordinaires dans un style ordinaire. J'ai déjà parlé d'elle —elle a reçu le prix Marguerite Yourcenar pour l'ensemble de son œuvre, l'année dernière— dans ce blog, une première fois en août 2015 avec son roman La honte, et plusieurs fois du 5 au 8 juin 2016.

Aujourd'hui à midi, nous allons déjeuner chez nos chers amis portugais, Lucia et Pedro. Lucia est en train de finir une thèse de doctorat sur la voix. Je me réjouis d'en lire certains passages. Elle a été longtemps chanteuse d'opéra. C'est une famille qui vit complètement dans la musique. Pedro est contrebassiste. Leurs enfants, qui sont grands maintenant, évoluent dans le même champ culturel. Ils ont acheté un immeuble pas très loin de celui que nous sommes sur le point de restaurer. Nous serons voisins, ce qui me réjouit. 

Depuis une heure environ, je vois des gens défiler en descendant de droite à gauche, l'avenue qui, perpendiculaire à la rue que mon regard enfile en face de ma fenêtre,  va vers la place du Marquis de Pombal. Ils sont des centaines, habillés d'annoraks et de manteaux de pluie multicolores, parfois courbés dans cette bruine humide et froide. Où vont-ils ? D'où viennent-ils ? Est-ce une manifestation politique ? Avant qu'ils ne défilent ainsi, j'avais remarqué des sportifs en tea-shirt remonter la même avenue en courant, déjà sous la pluie. Peut-être les spectateurs de l'arrivée d'un marathon portugais ?

Ce défilé vient de cesser et les voitures ont repris possession de l'avenue dans les deux sens. Une éclaircie semble vouloir mettre un point final à ce moment pluvieux.

samedi 14 avril 2018

Cabellut



Hier soir, Richard T., Isabel et moi, sommes allés manger dans un excellent restaurant indien à Cascaïs, après quoi nous avons visité, toujours à Cascaïs l'exposition de quelques œuvres de Lita Cabellut, une peintre gitane née près de Barcelone et qui fut une "enfant des rues" jusqu'à l'âge de 12 ans. Elle vit en Hollande mais elle était présente. Les tableaux exposés grands formats témoignent d'un style particulier et d'une influence croisée des peintres espagnols et de peintres plus contemporains comme Francis Bacon. Une exposition intéressante. Je ne me suis pas senti très proche, émotionnellement, des tableaux exposés, mais en cherchant sur internet je trouve cette figure, très inhabituelle, de Don Quichotte (à gauche). Elle a également fait un portrait d'Einstein, plein de douceur et de calme sceptique, ennuyé peut-être, par on ne sait quoi :  le monde ? la vie ? ses admirateurs peut-être ?


Pendant la journée j'ai terminé un roman de Mikhaïl Tarkovski, le neveu de ce réalisateur, Andreï Tarkovski, qui, à l'époque où je m'endormais systématiquement au cinéma dès les premières images, m'a réveillé avec The Stalker. Le roman de Mikhaïl a pour titre Le temps gelé (Verdier, 2018, dans la collection Slovo). L'auteur nous présente des chasseurs de zibeline sur les bords du fleuve Ienisseï en Sibérie. Le froid est omniprésent, tout comme il l'est à Lisbonne pour le moment. Évidemment, rien à voir avec les -40° ou -50° dont parle Tarkovski, mais assez désagréable quand même. Notre note de gaz a beaucoup augmenté ce dernier mois.

En allant chercher Isabel avec Richard T., nous avons discuté des "deux cavernes" de Platon. J'ai retrouvé d'un seul coup tout l'enthousiasme qui m'avait animé quand j'ai eu l'idée de mettre en relation la caverne du Livre VII de la République, celle du mythe, avec celle du Livre II, la caverne de Gygès. Je passerai l'article que j'ai écrit sur cette question à Richard qui m'en a fait la demande.

Après Tarkovski, je me suis attaqué à Déluge (Actes Sud, Babel) de Henry Bauchau, l'histoire d'un peintre en souffrance, apparemment.

C'est plutôt l'histoire d'une toile qui représente le déluge, précisément, l'histoire de la peinture de cette toile. L'écriture de Bauchau est très singulière. Délirante, folle, fantastique mais toujours retenue par l'évocation de gestes ordinaires et d'un rapport très simple au quotidien, constemment là, comme un voile transparent que le vent fait bouger doucement, dans des plis qui parfois dévoilent ce qu'il faut voir et parfois obscurcissent certaines parties du monde.

vendredi 13 avril 2018

Horreur

J'ai lu hier le petit livre de Frédéric Neyrat, Échapper à l'horreur. Court traité des interruptions merveilleuses (Lignes, 2017). Je vous livre les "propositions" autour desquelles tourne son texte. Il y en a 10 qui donnent chacune lieu à des "explications", et des "scolies" qui ne sont pas toujours aussi éclairants qu'ils devraient l'être.
"Proposition 1. Tout commence par un surgissement d'abîme.
Proposition 2. Le surgissement d'abîme est l'être dans ce qu'il a d'étonnant.
Proposition 3. L'exologie est l'étude de l'énigme que constitue l'existence en abîme.
Proposition 4. L'énigme de l'univers a deux versants : celui du merveilleux et celui de l'horreur.
Proposition 5. Le merveilleux est l'impossible demeuré impossible.
Proposition 6. L'horreur se révèle toujours rétroactivement possible.
Proposition 7. Possible indéfiniment, l'horreur est ce qui se répète.
Proposition 8. Ce qui se répète dans l'horreur est le réel, qui s'interrompt dans le merveilleux.
Proposition 9. L'imaginaire littéraire donne lieu à l'irréalisé.
Proposition 10. Le merveilleux est la non-capitulation devant l'horreur. "
Ensuite, dans le deuxième livre, nous avons droit aux "figures de l'impossible", à savoir l'amour, la beauté, le poème, le Bien, la folie, le sauvage, l'extra-terrestrialité, le rêve et le réveil. 
Le troisième livre s'articule à nouveau autour de 10 propositions dont certaines sont assez énigmatiques.
"Proposition 1. Le monothéisme a subjugué l'abîme.
Proposition 2. La libération de l'abîme fonde la souveraineté du politique.
Proposition 3. La technoscience subsume le surgissement d'abîme en promettant de donner corps à l'impossible.
Proposition 4. L'offre capitaliste consiste à rendre possible l'accès à l'impossible technoscientifique.
Proposition 5. L'Etat assite et garantit la pérennité de l'offre capitaliste.
Etc., etc.

Je viens de googler "horreur" et j'ai fait défiler les images qui nous sont proposées sur internet, pour illustrer mon propos d'aujourd'hui. La plupart des images repésentent des visages qui, bien entendu, sont horribles, mais qui, pour la plupart, présentent une bouche grande ouverte, d'où on imagine sortir d'épouvantables cris, comme si l'horrible visage était lui-même horriblement déformé par la vision de l'horreur. L'horreur est ce que voit le visage de l'horreur. De quoi être horrifié par ce méchant tour de la réflexivité.

jeudi 12 avril 2018

Insectes

Le roman à la première personne de Maro Douka, cette auteure grecque qui raconte ses déboires amoureux entremêlés avec ses déboires politiques à une période où la Grèce était secouée par des idéologies contradictoires, m'a beaucoup plu. L'auteure nous met vraiment à l'intérieur des événements et des échos qu'ils peuvent avoir pour un certain nombre de personnages de classes différentes, d'âges différents, de sexes différents, d'orientations politiques différentes et dont les relations (amitié, amour, famille, groupuscules, partis) forment un nœud que le fil de l'écriture rend presque inextricable.

Soucieux d'aborder des choses plus légères j'ai comencé Insectes de Lafcadio Hearn (Les Editions du Sonneur, 2016). L'auteur (1850-1904) nous raconte des histoires chinoises et japonaises sur ces petites bêtes qui volètent autour de nous et qui, bien souvent, selon la perspective des philosophies extrême orientales, ne sont rien d'autre que des âmes réincarnées. Dans l'un des contes, une jolie jeune femme se réincarne en une grosse mouche qui insiste auprès de sa famille jusqu'à ce que celle-ci reconnaisse enfin que c'est bien l'âme de leur bien aimée qui attire ainsi leur attention. L'auteur cite de nombreux haïkus qu'il appelle d'ailleurs hokkus. La description, très élogieuse, du monde si bien organisé des fourmis, donne à l'auteur l'occasion d'anticiper une évolution des humains qui rejoindrait la perfection morale du fonctionnement des foumillières. Il se situe dans les traces d'Herbert Spencer qu'il consacre comme étant le plus grand philosophe de tous les temps. Hum ! On pourrait discuter.

Richard T. m'a rendu le livre de David Abram, Comment la terre s'est tue, et, comme beaucoup d'autres lecteurs à qui j'avais recommandé cet ouvrage, il m'en a remercié. Cela fait plaisir.

mercredi 11 avril 2018

A.

C'est une des plus chères amies de Charlotte. Avant-hier, son père, furieux de ne pas savoir où elle était, lui a confisqué son téléphone et l'a mise à la porte de chez lui/elle. Auparavant, ses parents utilisaient un logiciel de traçage qui leur permettait d'être informés de tous ses mouvements. Ils se sont aperçus que A. déjouait cet espionnage en laissant son téléphone dans des endroits dits "permis". Chez nous par exemple. Exclue de chez elle, A. a trouvé refuge chez son amie Charlotte. Son père est venu jusqu'à la porte de notre immeuble. A. est descendue. Devant les menaces de violence, Isabel, au balcon, crie "Stop !". Deux fois. Le père se calme mais réitère son refus de la voir rentrer à la maison. Hier soir, la mère, qui, en fait, est la belle-mère —son père ne vivant plus avec la mère biologique d'A.— vient nous voir. Elle discute avec Isabel. Elle dit que, chez eux, la régle veut que les enfants n'aient pas le droit de faire l'amour avant 18 ans. Drôle de régle. Impossible à faire respecter sauf en utilisant des ceintures de chasteté, en enfermant les jeunes filles au couvent ou en les chaperonnant en permanence. Malheureusement pour les parents, les logiciels sont des chaperons plutôt ridicules quand il s'agit d'espionner une seule personne. Certes, statistiquement, ils se débrouillent très bien pour explorer l'intériorité subjective des gens et l'exploiter à travers des sollicitations publicitaires bien ciblées. Mais A. ne se réduit pas au profil 'instagram" ou "facebook" de son smartphone. C'est une jeune femme de 17 ans, faite de chair et de sang. Elle est encore chez nous pour l'instant. Elle a pu avoir une très longue discussion avec son père, hier soir. Les choses vont sans doute s'arranger. L'obéissance des enfants à leurs parents, leur fait croire que c'est toujours eux qui décident, ce qui est une manière de dénier aux enfants toute autonomie jusqu'au jour où le jeune homme ou la jeune fille, vers 15/16 ans (parfois plus tôt, parfois plus tard) prend lui-même les décisions qui le ou la concernent. L'enfant prend le risque d'exister pour lui-même. Coup dur pour les parents. Certains d'entre eux, en tout cas. Ceux qui se croient propriétaires de leur progéniture, corps et âme compris. 

mardi 10 avril 2018

Douka

Je me suis réveillé alors que j'étais en train de me baigner tout habillé —c'est-à-dire avec un short et une chemise à manches courtes— dans un torrent de montagne avec  FZ. Nous étions dans une sorte de communauté en vacances. Zuky était avec nous et s'était bien dépensé à courir comme Chika, la petite chienne de Célia, dans une prairie en pente assez raide où quelques tigres se promenaient lentement comme s'ils étaient des vaches. L'eau du torrent était tiède. Cet été avait été trop chaud, me suis-je dit.

J'ai commencé hier la lecture d'un roman publié chez Actes Sud en 1993. Il s'agit de L'or des fous par Maro Douka. Le livre m'avait été offert il y a très longtemps par Alexandra T., qui avait été mon étudiante dans le cours à option que je donnais à la Faculté de Droit de Strasbourg. Le livre a été traduit du grec et je l'ai retrouvé par hasard dans ma bibliothèque. Le livre retrace l'histoire récente (les trois dernières générations) de la Grèce. Mais il témoigne surtout de l'atmosphère qui régnait dans le pays à travers les tourmentes politiques par lesquelles il est passé.

lundi 9 avril 2018

Amant

Sur le conseil de Joanna, l'animatrice du cercle de lecteurs/trices de l'Institut français, j'ai lu hier le roman d'Eric Reinhardt, L'amour et les forêts, NRF, 2014.  C'était intéressant de voir l'action de ce roman se dérouler dans des coins que je connais bien : Metz, Luxembourg, Strasbourg, Paris. L'auteur évoque même, à un moment donné, le train de 18h40 qui part de la gare de l'Est pour Luxembourg et qui s'arrête effectivement à Metz, train que j'ai souvent pris moi-même pour aller à Luxembourg. Le roman de Reinhardt est très bien écrit. Il décrit une vie de couple pourrie par la routine et les remarques blessantes de l'homme, ses gestes machistes inconvenants et parfois violents, le sentiment d'emprisonnement dans la médiocrité que la femme ne cesse d'avoir et qu'elle va briser en se lançant dans l'aventure de l'amant d'un jour, dans une petite maison en lisière de la forêt dans les environs de Strasbourg. En lisant ce livre, on ne peut guère ne pas penser à L'amant de Lady Chatterley de D.H. Lawrence publié en 1928. Sauf que dans le roman d'hier, l'aventure ne dure qu'une seule journée, mais elle imprègne l'ensemble de l'œuvre. J'ai trouvé sur internet une maison qui pourrait être celle de cet amant d'un jour.

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Je viens de lire le dernier roman de Cyril Dion, Imago (Actes Sud, 2017), et malgré un  a priori très favorable —Cyril Dion est le coréalisateur du film Demain— j'ai été très déçu par ce livre qui, pourtant, traite d'un sujet qui me tient à cœur : le conflit israélo-palestinien. Enfin, non... il ne traite pas de ce thème, mais celui-ci sert d'arrière-plan et de fil conducteur pour une fiction entre un frère palestinien, qui veut commettre un attentat à Paris et son demi-frère, qui voudrait l'en empêcher. J'ai trouvé ce roman mal construit et embrouillé, rempli de détails qui ne servent à rien, terni par une histoire parallèle qui implique l'ambiance d'impuissance administrative d'une ONG humanitaire quelconque, bref, un texte dont je ne recommande pas la lecture. Le titre fait penser à une affaire psychanalytique à l'image d'une revue du même nom mais, comme l'auteur ne manque pas de le souligner au début, "Imago désigne le stade final d'un individu dont le développement se déroule en plusieurs phases (en général, œuf, larve et imago)." Maintenant il faudrait savoir comment ce titre énigmatique s'articule au texte, sans trop se contorsionner l'esprit. Pas facile.

dimanche 8 avril 2018

Archives

Voici un passage du livre que je termine : "Il est curieux d'observer que ces conquistadors, paysans illettrés, produisirent une somme considérable d'archives. Ils firent écrire. Eux incapables de signer en leur nom, éprouvèrent la nécessité impérieuse de l'écriture. Il leur fallait de tout : accords, pactes, ordonances, provisions, documents de toutes sortes. Peut-être prirent-ils goût à la manipulation de choses qu'ils ne comprenaient pas. Peut-être jouèrent-ils avec le droit comme un enfant avec une arme, ayant le sentiment de tenir là une chose dangereuse et excitante. Pourtant, ils le respectèrent peu. Ils firent écrire tout un tas de formules, et puis ils se torchèrent le cul sans beaucoup s'occuper de ce qu'on avait écrit sur ces pages." (p.333) J'ai tiré cette image très éloquente du blog Charybde 27 qui consacrait une note de lecture au livre d'Eric Vuillard.

samedi 7 avril 2018

Conquistadors

J'ai entamé hier Conquistadors d'Eric Vuillard. Il raconte l'histoire de Francisco Pizarre au Pérou. Publié en 2002 chez Leo Sheer, il a été repris dans la collection Babel en 2009. C'est, contrairemennt aux autres livres de Vuillard, un roman assez long, essentiellement descriptif : l'avancée de cette poignées de soldats espagnols dans la forêt, leur soif de l'or, leur audace inouïe à l'assaut de la Cordillière des Andes et de cet empire de l'Inca Atahualpa qu'ils ont décidé de s'approprier, on sent que l'auteur se fait plaisir à écrire ce que son imagination lui dicte.  Les romans qui suivront seront beaucoup plus courts et moins débordant de cette imagination qui tente, sans beaucoup de succès dans Conquistadors, de se domestiquer elle-même à travers le détail de références historiques précises.  

Dans le rêve de cette nuit, mon frère Jean-Pierre était très présent. Je devais aller le chercher dans un bistrot où, après 11 verres de whisky, il avait de la peine à tenir debout. Je l'emmène chez le médecin. Quand il voit le médecin, il tombe sur l'homme qui, assez vieux, est entraîné dans cette chute. Quand le médecin se relève, je m'aperçois qu'il est tout jeune. 

vendredi 6 avril 2018

Stéréoblog


J'ai rejoint, hier en fin d'après-midi et après deux mois d'absence —involontaire puisque j'étais en voyage— le groupe de lecteurs et lectrices de l'Institut français de Lisbonne. Nous étions nombreux, hier, ou plutôt, elles étaient nombreuses : 12 lectrices, chacune commentant ses lectures du mois. J'ai constaté que ma présence faisait plaisir. Je leur ai vivement recommandé la lecture du roman de Guy Boley, Fils du feu, que j'avais lu en allant à Luxembourg et que j'avais trouvé remarquable, pour un premier roman d'un auteur de 64 ans. Je leur ai recommandé également la lecture de Marcher avec les dragons de Tim Ingold et j'ai même prêté le livre à une lectrice manifestement intéressée par mon bref commentaire de cet ouvrage.

Hier j'ai reçu mon exemplaire du volume 14 (2018) de la World Haïku Association dont je fais partie et qui a publié trois de mes haïkus. Cela fait plaisir même si c'était prévu dans la simple adhésion à l'Association. Un bel article de mon amie Zlatka sur le haïku urbain dans ce numéro.

J'ai vu que mon fils Fabien publie depuis hier un blog quotidien dans lequel il ne racontera pas ses rêves. Heureusement que je suis là pour le faire avec les miens —il faut bien qu'il y ait un peu d'inconscient dans nos histoires de tous les jours—. En tout cas, je me réjouis de penser que nous allons "bloguer" ensemble pendant quelque temps sans doute, chacun dans son coin évidemment. Un stéréoblog familial en quelque sorte. Voici l'adresse de son blog (en anglais) :


Et, pour conclure, ce petit extrait du dernier Philip Kerr que j'ai lu :
« So, listen. This is some real wisdom for your next book, Paul. Good people are never as good as you probably think they are, and the bad ones aren’t as bad. Not half as bad. On different days we’re all good. And on other days, we’re evil. That’s the story of my life. That’s the story of everyone’s life.» (de The Lady From Zagreb: Bernie Gunther Thriller 10, par Philip Kerr)




jeudi 5 avril 2018

Ruben 2

Il est effectivement arrivé ce matin vers 7 heures de l'aéroport, de retour du Ghana où il a passé un mois avec son ami David. Très en forme, apparemment, bien qu'encore peu déterminé quant à la suite de sa vie professionnelle. En tout cas cela m'a fait très plaisir de le voir et de discuter un peu avec lui.  Je m'apprête à le ramener à l'aéroport d'où il prendra l'avion pour Cologne.

Le temps s'est amélioré. Il fait plutôt beau. Je termine mon quatrième Philip Kerr. Passionnant. 

Ce matin j'ai réinscrit Charlotte au Lycée français de Lisbonne. Pas simple de s'y retrouver avec les exigences du logiciel qu'ils utilisent mais, grâce à trois coups de téléphone au Lycée avec une personne très aimable et pleine de ressources, j'ai pu finalement réussir à réinscire Charlote en Terminale L.

mercredi 4 avril 2018

Parapluies

Nos amis brésiliens, Edilson et Lilian, sont arrivés hier soir pour un petit séjour à Lisbonne. Ils logeront chez nous, dans notre chambre d'amis qui, malheureusement est un peu petite mais qui devra quand même faire l'affaire.  

J'espère que le temps va s'améliorer parce qu'aujourd'hui, après la tempête de cette nuit, le temps est gris et pluvieux, beaucoup de vent, les gens traversent la rue rapidement et en se tenant courbés, c'est le moment de sortir pour photographier les parapluies abandonnés sur les trottoirs, toutes griffes dehors. J'ai trouvé cette magnifique photo de Laurence Serre sur internet.

mardi 3 avril 2018

Bon train

D'après les articles que je lis sur le problème de la SNCF, le gouvernement me semble faire preuve de mauvaise foi en accablant la compagnie nationale, alors que, en tant qu'usager relativement fréquent, je n'ai vraiment pas à me plaindre. Les éléments de comparaison fournis par Libération aujourd'hui, montrent clairement que l'entreprise va plutôt bien et que le gouvernement mène une politique de dénigrement systématique absurde. Se mettrait-il lui aussi à diffuser des fake news ?  On aurait aimé que ce soit Macron, malgré tous ses défauts, qui inspirât Trump mais il semblerait que ce soit tout le contraire : c'est Trump qui donne des idées à Macron. 

À relire : les descriptions d'Albert Cohen du voyage en train d'Adrien Deume de Bâle à Genève dans La belle du seigneur (Quatrième partie, chapitre XLIX). 

lundi 2 avril 2018

Enfer

À la veille de Pâques, le pape François a, paraît-il, dit que l'enfer n'existe pas. Enfin, une bonne nouvelle, mais pour qui ? Pense-t-on vraiment, même dans les milieux les plus catholiquement conservateurs ou les plus islamiquement fanatiques, que c'est la crainte de l'enfer qui empêche les gens de faire ceci ou cela, tromper feur femme ou voler, ou même tuer ? Pourquoi les hommes auraient-ils besoin de cette menace, aussi infiniment lointaine que la mort, pour se comporter raisonnablement ? Je lis les propos d'un philosophe dans l'Express : la création divine de l'Enfer serait le truchement par lequel Dieu garantirait à l'homme sa liberté. La liberté de faire le mal ? celle de faire le bien ?  De quoi est faite cette liberté, bien illusoire, puisqu'elle se réduirait à celle d'un choix entre le bien et le mal, l'enfer et le ciel ? Comme tous les choix, celui-ci plombe nos actions de tous les possibles avortés par notre engagement dans le quotidien. Ces possibles n'ont d'existence que dans notre tête. Ce sont des abstractions. Des rêves qui ne sont même pas véritablement rêvés. Des fantasmes individuels certes, mais si peu personnels. 

La déclaration du pape a aussitôt été démentie par le Vatican. "Ouh là là ! Vous êtes complètement fou de dire une chose pareille ! Environ un milliard et demi de catholiques (un cinquième de l'humanité) vont se déchaîner et en profiter pour faire tout ce qu'ils veulent, sans plus se préoccuper des sanctions divines. Vous imaginez le bordel ! On tombe dans les arguments du Grand Inquisiteur de Dostoievsky : "Si Dieu n'existe pas, alors tout est permis."  Mais non, voyons. Comme si l'on avait besoin d'une permission quelconque pour faire quoi que ce soit. C'est ridicule." 

L'Enfer, c'est pour les enfants, qui, d'ailleurs, s'amusent avec la peur que cette histoire peut susciter en eux. À sept, huit ans, on aime avoir peur de sa propre imagination, celle-ci étant nécessairement requise pour faire exister la création divine de l'enfer.

dimanche 1 avril 2018

Ishtar

C'est du nom de cette déesse mésopotamienne que viendrait le nom d'Easter, c'est-à-dire : Pâques. C'est Isabel, qui par Facebook, a attiré mon attention sur cette origine du nom. Ishtar, ou Esther, était la déesse de l'amour et de la sexualité.

Célébrez la Déesse, la plus auguste des Déesses !
Honorée soit la Dame des peuples, la plus grande des dieux !
Célébrez Ishtar, la plus auguste des déesses,
Honorée soit la Souveraine des femmes, la plus grande des dieux !
- Elle est joyeuse et revêtue d'amour.
Pleine de séduction, de vénusté, de volupté !
Ishtar-joyeuse revêtue d'amour,
Pleine de séduction, de vénusté, de volupté !
- Ses lèvres sont tout miel ! Sa bouche est vivante !
À Son aspect, la joie éclate !
Elle est majestueuse, tête couverte de joyaux :
Splendides sont Ses formes ; Ses yeux, perçants et vigilants !
- C'est la déesse à qui l'on peut demander conseil
Le sort de toutes choses, Elle le tient en mains !
De Sa contemplation naît l'allégresse,
La joie de vivre, la gloire, la chance, le succès !
- Elle aime la bonne entente, l'amour mutuel, le bonheur,
Elle détient la bienveillance !
La jeune fille qu'Elle appelle a trouvé en Elle une mère :
Elle la désigne dans la foule, Elle articule son nom !
- Qui ? Qui donc peut égaler Sa grandeur ?
— Hymne d'Ammi-ditana de Babylone à Ishtar, traduction de J. Bottéro