Tout en sirotant mon mug de thé Oolong, ce dimanche matin, je me demande quoi écrire. Le rêve de cette nuit ? Encore un truc un peu chinois, avec une sorte de mandala rond fait de branches noires entrelacées, qui m'évoque à nouveau ce rond de cuir noir auquel se trouve attachée une clé qui a perdu sa serrure. Dudule fonctionne-t-il lui aussi comme une clé qui a perdu sa serrure ? Une telle clé est encore plus inutile que le rond de cuir qui la supporte. Si je les sépare, le porte-clé peut encore servir pour d'autres clés tandis que la clé, elle, est vraiment perdue, elle se retrouvera dans un tiroir avec toutes les autres clés perdues ou devenues inutiles pour cause de déménagement, les clés de voitures, vendues ou données à la casse, les clés de bureaux quittés pour d'autres bureaux quittés à leur tour, les clés d'hôtels emportées par mégarde et qui ont été depuis remplacées par des cartes qu'on introduit dans les fentes appropriées, les clés de coffres à trésors aux serrures rouillées à jamais, etc. Ce tiroir, rempli de clés différentes dont certaines se couvrent de rouille certes tandis que d'autres étincellent encore à la lumière de la lampe, prêtes à ouvrir tout ce qu'on voudra bien leur demander, ce tiroir donc est l'image même d'un passé déchiqueté qui rassemble mille lieux traversés, habités, délaissés, clos, ouverts, abandonnés.
C'est l'image d'une prolifération métallique étrange. Pourquoi garde-t-on toutes ces clés dans un tiroir ? J'ai vu récemment, à l'étal d'un brocanteur au fond de la campagne portugaise, un énorme trousseau de clés rouillées à vendre, des clés de toutes les tailles avec notamment, en dehors du trousseau cette fois, une énorme clé qui devait sans doute ouvrir les portes d'une ville au Moyen-âge. Beaucoup plus chère que les autres, évidemment, si chère qu'on avait presque envie de l'acheter : une clé sans porte, mais peut-être capable d'ouvrir un jour le porte-monnaie d'un touriste égaré !
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