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samedi 15 juin 2013

Une rencontre

Nous étions à l'hôpital hier en fin de matinée. Nous avons vu Quintela. Ensuite je suis descendu en radiothérapie pendant qu'Isabel me prenait un rendez-vous pour ma prise de sang. Vers midi et demi, cette prise de sang était faite. Il fallait encore que nous attendions pour disposer des résultats en vue de la chimio, lundi. Nous sommes allés manger un encas (rien de gastronomique, rassurez-vous !) pour passer le temps, puis nous sommes remontés au 3e étage, à l'hôpital de jour... c'est à ce moment-là qu'Isabel reconnaît A.L.A.. Je lui dis : "Allons lui dire bonjour !" Elle hésite, puis finalement, accepte. Je m'approche, je lui tends la main, et voilà ! Je lui parle de sa fille Joana, de Strasbourg, de GC, de la Librairie Kléber... il me dit : "Voilà une belle librairie !" Bref, nous faisons connaissance. Joyeusement. Il faut que j'aille voir l'infirmière. Isabel reste un instant avec lui et sa femme. "Il faudra utiliser le téléphone", dit-il. Le soir même, Isabel les appelle. Rendez-vous est pris pour mardi ou jeudi. Cela dépendra de mon état.

Rêves de fin de nuit. Rapides. Il y a là une sorte de machine qui fracasse tout sur son passage et qui a le pouvoir de se fracasser elle-même, puis de se reconstruire, comme quand on passe un film —qui nous montre des images de destruction— à l'envers. Alors, quand on remonte le temps cinématographique, tout se remet en place comme si nous nous trouvions avant le film. Il y a aussi une machine à laver le linge. Elle est apparemment détraquée.

Hier soir nous avons mangé chinois avec Z. Isabel a pu manger "ses" pattes de poulet qu'elle adore. Je me suis rabattu sur la chair d'un canard en enlevant la peau et le gras. J'espère que cela ne me causera pas d'ennui d'élimination. Pendant la nuit, cependant, je me suis réveillé plusieurs fois, avec l'impression d'avoir à chier une pelote d'épingles. La sensation n'est pas plaisante. Mais je me disais, quand cette métaphore m'est venue à l'esprit, que c'était très exagéré et que mon lecteur, devant une telle image, poussera lui-même des cris de douleur. Alors je me suis mis à chercher une autre métaphore moins effrayante : j'ai pensé à un oursin, à une coque de marron, à une crevette encore toute habillée... Bon ! rien de vraiment juste ne me vient. C'est la pelote d'épingles qui insiste. J'atténue la chose en disant qu'il ne reste plus que deux ou trois épingles sur la pelote !

* * *

Je le redoutais depuis le début de mon traitement... je le craignais. Et voilà : l'a-c-c-i-d-e-n-t, ce matin alors que je faisais des courses à Corte Inglès. Irrépressible. Juste au moment de payer à la caisse avec ce caissier qui n'en finissait pas de chercher la monnaie qu'il devait me rendre, alors que j'étais là, tremblant de tout mon corps, en proie à une vraie panique. Après avoir cassé un nouveau rouleau de petite monnaie, il finit par me rendre mon dû et je me précipite aux toilettes (pas loin, heureusement), avec ces sacs de plastique si remuants dans les deux mains, comme une vieille sorcière affolée entourée de ses chiens —pourquoi m'a-t-il donné tant de sacs de plastique ?—, et ce qui reste de mes sphincters,  rageusement, désespérément contractés. Heureusement, je limite quelque peu les dégâts. Quelle merde, ce cancer ! Quelle humiliation ! Et pendant ce temps, la compagnie "Emel" chargée de mettre des papillons jaunes sur les pare brise à Lisbonne, n'a pas raté le mien : 16 euros. La double peine, quoi ! 

18 commentaires:

  1. Oh! vous allez rencontrer cet extraordinaire écrivain, si j'ai bien reconnu les initiales. Un des gros chocs littéraires dans ma vie. Je me suis demandée pourquoi c'est Saramago qui avait eu le Nobel. Qu'est ce que la librairie Kléber?

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    1. Je suis bien d'accord avec toi sur cette erreur de casting pour le Nobel !

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  2. Oui ! Nous l'avons rencontré à l'Hôpital Santa Maria. Le librairie Kléber est une très belle librairie à Strasbourg qui reçoit et présente les auteurs. C'est souvent mon ami GC qui fait les présentations. Ce fut une belle rencontre en tout cas !

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  3. test test... c'est frustrant, j'avais mis un long commentaire qui a tout simplement disparu de la circulation!

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  5. Bon ça marche... alors j'essaie de résumer ce que j'avais écris tout à l'heure. Primo: Il n'en tient qu'à toi papa de retenter de connecter par Hangout. Ou bien tu prends rendez-vous avec Lyra pour faire la séance via skype. Secondo, je notais le grand-écart entre la courtoisie de ta phrase entre parenthèse, "(rien de gastronomique, rassurez-vous !) " - ce qui ne me rassure pas d'ailleurs puisque j'ai hâte que tu puisses manger un "encas gastronomique" ce qui serait le signe sûr d'une santé retrouvée- et le langage plutôt crû un peu plus bas dans "l'impression d'avoir à chier une pelote d'épingles". C'est moins l'image de la pelote qui m'inconforte que le choix du mot après tant de délicatesses auparavant. Le contraste linguistique entre ce qui passe par le haut et sort par le bas est-il lié à la nature des choses? Peut-on s'imaginer l'inverse? Un langage vulgaire ou "direct" en haut allié à une délicatesse du bas. Peut-on parler d'une élégance du "cul" ?

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  8. A.L.A., il ne manque que le "H", la part de l'homme... Celle-là même qui s'est ému hier du sourire de Baudouin et de son air si joyeux et serein malgré les épines du chemin.
    C'est toujours bizarre d'approcher comme ça des gens que nous connaissons (comme tout le monde, par son écriture) mais qui ne nous connaissent pas. On craint de déranger, d'avoir l'air de demander quelque chose, de contrarier leur besoin d'anonymat surtout dans un endroit comme la salle d'attente d'un service d'oncologie. En l'occurrence j'ai eu l'impression de lui offrir cette possibilité de rencontre et le plaisir de partager une autre façon de vivre la maladie : élégante, brave, sans mièvrerie ni misère.
    Si c'est le cas je me sentirai quitte, après tout ce qu'il m'a donné sans le savoir.

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  9. Je n'ai rien supprimé. Qu'on se le dise !

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  10. ?? Alors à quoi riment toutes ces "supprimeries" (plus joli et moins français que "suppressions")

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  11. C'est moi, c'est moi ! Je voulais publier mon commentaire et ça sortait signé par Baudouin. Du coup je commentais ça en pensant le publier à mon nom et rien, encore comme si c'était Baudouin. Quand j'ai finalement réussi j'ai supprimé les essais précédents.

    Je suis vraiment désolée pour ton accident :-(
    Si ça te rassure, les 16€ du PV de EMEL sont le cumul du tien avec un autre que j'ai eu il y a quelques jours. Une moindre consolation mais une consolation quand même.

    A plus tard. La journée ici au magasin se passe plutôt bien pour un samedi ensoleillé.

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  12. Et voilà, encore une publication qui sort comme si elle avait été écrite par Baudouin ! Celle ci je la laisse

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  13. C'est qui cet ecrivain? Je me creuse la tete pourtant ... A.L.A ??

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  14. J'ai supprimé la réponse qu'une certaine Joëlle Schlumberger t'avait faite, Sasha, et qui était d'ailleurs erronée. Je l'ai fait par discrétion pour cet écrivain justement. Si je n'ai mis que ses initiales, c'est bien pour que son nom n'apparaisse pas ! Désolé.

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  15. Un indice! Un indice! Suis-je la seule dans le noir? Bon. j'attendrai de te voir alors. :)

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  16. joelle Schlumberger16 juin 2013 à 14:41

    Mais pourquoi l'anonymat? Je voulais justement te le demander, en quoi ça peut porter préjudice à l'écrivain? et en quoi la réponse était erronée? tu peux me répondre en privé su tu veux mais j'aimerais savoir

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  17. Pour pouvoir te répondre en privé, il faudrait que j'aie ton adresse électronique. Je ne l'ai pas. Dès que je l'aurai je te répondrai. Mon adresse électronique est :

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